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« La France exemplaire, la France du devoir » par Dominique de Villepin

« A l’heure ou j’écris ces lignes, je n’ai pas encore les parrainages d’élus nécessaires à ma candidature officielle. Les semaines qui viennent seront décisives pour ma campagne, mais pas seulement pour elle, parce que, au-delà de ma candidature, c’est un moment essentiel du débat républicain qui s’ouvre.

La situation est grave. Elle engage notre avenir, nous, Français, héritiers d’une grande nation, nous n’avons plus les moyens de ruser avec la réalité et de nous dérober à l’effort qui nous est demandé avec des demi-mesures.

Elle l’est aussi à l’égard de l’Europe. Notre responsabilité historique est en jeu. Nous en sommes un maillon essentiel, s’il casse, c’est toute la construction européenne que nous entraînerons dans notre faillite… Dans cet ordre implacable des choses, nous nous devons à la vérité et c’est parce que les deux grands partis s’y refusent qu’ils l’entourent de mensonges. Peut-on accepter que le premier tour se joue entre ceux qui prônent des politiques déjà connues des Français, qui ont produit des échecs répétés et nous ont amené là où nous sommes aujourd’hui : en perte rapide de puissance, d’indépendance, et de cohésion nationale ? Je ne sais qui sortira vainqueur de la confrontation, mais je sais déjà qu’il y aura un vaincu : la France. N’ayons aucune illusion sur cette opération de communication qui consiste à transformer deux immobilismes, l’un à base de peur, l’autre à base de ressentiment, en un combat hollywoodien.

Les Français peuvent-ils décider de leur destin en n’ayant entendu qu’un son de cloche, qui bascule de gauche à droite : un peu d’effort, et tout redeviendra comme avant. Cette petite musique qui donne un faux air volontaire à l’immobilisme est mortelle. Et pourtant, elle est devenue aujourd’hui la base d’un grand spectacle.

Quel est le résultat pour notre pays ? Le silence.

Silence face au mensonge sur l’effort que les Français devront consentir : ils doivent pourtant savoir que les sacrifices qui leur seront demandés n’auront, hélas pour eux, aucune commune mesure avec les annonces du favori des sondages et du président sortant.

Silence sur le renoncement face à la crise. Nous savons tous très bien que la société française va changer profondément, et qu’il ne saurait être question de conserver en vie nos structures, hors de souffle, cinq ans de plus. Ajustements insuffisants ou refondation courageuse, voilà le seul choix qui s’offre à nous. Ce n’est ni possible, ni souhaitable. Toute la question est de savoir si cette société va changer consciemment et en se fixant des buts, ou si elle va changer en laissant la nature, c’est-à-dire le rapport de force, faire triompher les intérêts particuliers.

Silence sur la confiscation du pouvoir aux mains des partis, des intérêts particuliers et de l’esprit de cour.

Je crois au sursaut. Mais quelle en est la condition ? Pouvoir parler aux Français en toute liberté.

Les Français ne peuvent se résigner à voter pour des politiques irréelles qui les conduiront à subir le réel, l’affaiblissement de l’État, la dévitalisation de la République, l’affaissement de la Nation.

Les maires, qui reflètent la démocratie vivante, la démocratie locale, encore moins. Il est temps qu’ils viennent au secours de la démocratie nationale. Je veux les appeler avec la plus grande clarté à faire leur devoir républicain. Ils savent que le débat doit être riche pour que les solutions aux problèmes soient intelligentes, à la hauteur des enjeux.

La preuve est faite déjà que ma candidature n’a pas été inutile : nombre de mes idées ont été reprises, à droite comme à gauche. Je plaidais seul il y a un an pour la TVA sociale. J’ai été rejoint par la majorité. Je plaidais seul il y a un an pour un référendum institutionnel couplé aux législatives, pour une réduction du nombre de sièges à l’Assemblée à 400, pour dix grands ministères, pour la refonte de la formation et de l’indemnisation-chômage, sur un parcours d’intégration civique des étrangers en situation légale. Sur tous ces points, j’ai été rejoint, par Nicolas Sarkozy, par François Hollande ou par François Bayrou.

Mais il reste nombre d’idées à débattre ou à reprendre, sur l’école, sur le service citoyen, sur le redressement économique par les PME. A condition d’avoir le droit de se faire entendre. Ce droit, il est aux mains des maires. Ils savent que toutes les idées non représentées, qui auront été exclues du débat politique, sont perdues pour la démocratie. Faut-il leur rappeler que le parrainage est dans l’esprit des institutions une censure que les élus doivent exercer uniquement sur les candidatures farfelues, indignes, ou étroitement catégorielles.

Alors quoi ? Plaider pour le devoir par temps difficile, ce serait farfelu et grotesque. Car oui, je crois que les réponses ne sont ni à gauche, ni à droite, elles sont dans l’esprit de devoir, dans l’esprit de service, dans l’esprit de rassemblement. Que chacun fasse son devoir, les responsables politiques en faisant preuve d’exemplarité, les plus aisés en contribuant à l’effort national, l’État en donnant les garanties essentielles à tous les Français.

Tous les Français doivent se demander quel est leur devoir et être mis en mesure de l’accomplir. Et les maires n’en sont pas exempts. »

Dominique de Villepin, candidat à la présidentielle, ancien premier ministre

Source: Tribune publiée dans l’édition du Monde datée du mardi 6 mars 2012

2 Commentaires

  1. Miss Nicopéia

    Vu de l’étranger:
    Si une personnalité telle que Dominique de Villepin, riche de 35 ans d’expérience au service de la France, ancien ministre des affaires étrangères, ancien premier ministre , n’obtient pas 500 signatures d’élus, c’est que quelque chose « est pourri dans le royaume de France » !!!!

  2. charles

    DDV : « A l’heure ou j’écris ces lignes, je n’ai pas encore les parrainages d’élus nécessaires à ma candidature officielle ».
    Nous, si.. nous avons 1700 Milliards d’euro de Dette. C’est officiel.
    Donc..
    Qui a Fait, ne doit plus faire.
    Qui n’a pas fait, doit Faire.

    Un Premier Ministre ne peut avoir ses 500 signatures !
    Vu les sondages actuels.. on fera encore.. du ni fait ni à faire.. et ceci dès le mois de mai ou juin.
    « Trop-Plein », de « droite » ou de « gauche », ruineurs de tout bord : « unissez-vous ! »

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