Dominique de Villepin, invité d’Hedwige Chevrillon dans BFM Business

Dominique de Villepin était, ce vendredi à la mi-journée, l’invité d’Hedwige Chevrillon sur BFM. Vous pouvez ré-écouter son interview en cliquant ici… ou retrouver dans ce billet quelques-unes de ses déclarations tout au long de l’émission.

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Sur la reprise de ses propositions par d’autres candidats

J’ai été heureux de voir que François Hollande reprenait l’idée que j’ai avancé de 10 grands ministères, 10 grand pôles ministériels. Derrière cette annonce, il y a la seule chance de réformer l’Etat, la seule chance de recentrer l’Etat sur ses missions.

De la même façon, j’ai entendu Nicolas Sarkozy plaider pour une réduction du nombre de parlementaires: c’est au coeur de mon programme, avec d’ailleurs plus d’ambition parce que j’ai la conviction qu’il faut pousser plus loin la décentralisation et je plaide ainsi pour qu’il y ait 8 grandes régions métropolitaines ! Si nous voulons porter de la puissance en Europe et dans le monde, nous avons besoin de territoires forts, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Sur l’interview donnée par Dominique de Villepin à VSD

Je ne dis pas que Nicolas Sarkozy va perdre. C’était il y a 8 jours. Aujourd’hui, je ne dirais pas la même chose. Les cartes évoluent, la campagne s’est accéléré. Une campagne se joue jusqu’au dernier moment. Rien n’est figé. Seul le combat qui est mené jusqu’au bout compte !

Sur la quête des 500 signatures

C’est un objectif atteignable. Il faut convaincre que les maires que la prérogative qui est la leur n’est pas un privilège: c’est un devoir républicain ! Aujourd’hui, le système est assez fermé, car les maires sont pris dans des réseaux politiques et craignent de déplaire. C’est un système à revoir, parce qu’il a été dénaturé.

Hier, nous avons eu 10 signatures supplémentaires. Si les choses continuent à ce rythme, nous aurons les 500 signatures, sachant qu’il ne faut pas en avoir 500, il faut en avoir 600 ou 700 si on veut avoir la garantie que les choses marchent !

Sur le besoin d’unité nationale

Je n’envisage pas que le nouveau Président élu puisse tenir le choc de ce qu’il y aura à faire longtemps. François Mitterrand a été corrigé en 1983, Jacques Chirac a été corrigé en 1997. Je pense que ce gouvernement, quel qu’il soit, sera corrigé dans les mois qui suivront par les marchés, par la réalité, par les Français. Nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Quand le bateau coule, nous ne pouvons pas nous permettre de nous disperser !

Sur l’attitude de Dominique de Villepin au second tour de la présidentielle

Je souhaite pouvoir prendre position. Nous verrons le contexte dans lequel les choses se feront. Je souhaite que les conditions soient créées d’un vrai débat qui conduise à un vrai choix.

Sur de possibles ambitions ministérielles de la part de Dominique de Villepin

Je n’ai pas de ministère en vue. Je n’ai aucun goût pour refaire ce que j’ai déjà fait. Ma démarche politique n’est pas une démarche intéressée: je ne suis pas à la recherche d’un fauteuil. Je suis un candidat par devoir. Quand on a passé 35 ans au service des Françaises et des Français, la moindre des choses, c’est que dans les grandes échéances nationales, on apporte sa vision et son expérience. Le thème du devoir est un thème essentiel. La classe politique doit faire son devoir.

Je suis convaincu que l’expérience peut nous permettre aujourd’hui de tirer un certain nombre de leçons et de rentrer dans une ère du politique qui soit moins désenchantée. Comment les Français ne seraient-ils pas déçus après 30 ans ou 40 ans de sentiments d’efforts fournis et puis jamais de résultats?

Sur les propositions du candidat Sarkozy sur le travail

Qu’y a-t-il de nouveau par rapport à la campagne de 2007? On ne peut pas faire du surplace en politique. On ne peut pas seriner tous les 5 ans les mêmes jolis mots ! Pourquoi cette politique qui a été préconisée en 2007 n’a pas fonctionné pendant 5 ans?

Sur la lutte contre chômage

C’est une bonne nouvelle que Nicolas Sarkozy ait décidé de se consacrer davantage au problème de l’emploi. Nous verrons tout à l’heure les chiffres du chômage, mais il y a peu de chances qu’ils soient bons. Il y a des solutions innovantes à trouver: je propose qu’on transfère les exonérations de charges sur les heures supplémentaires vers tout nouvel emploi en CDI créé par une PME !

Sur l’emploi des jeunes

L’une des premières pistes, c’est de créer une obligation pour les grandes entreprises de recourir davantage à l’apprentissage. L’autre solution, c’est d’essayer de bâtir un contrat qui soit le plus équilibré possible. La meilleure garantie d’emploi aujourd’hui pour les jeunes, c’est la qualité de leur formation.

Sur le modèle économique français

Nous allons être obligé de revoir en profondeur notre modèle économique et notre modèle industriel: nous sommes un modèle qui, de plus en plus, va vers les service. C’est un modèle qui va être performant.

Ne perdons pas l’avantage que nous avons dans le secteur des services. Ne perdons pas non plus le bénéfice de ce qu’il nous reste comme industrie, mais qu’il faut recentrer sur l’excellence. Choisissons les secteurs (et il y en a: l’agro-alimentaire, le luxe, le tourisme) et à partir de ces secteurs, essayons d’accroître notre compétitivité.

Sur le temps de travail

Je suis favorable à l’augmentation du temps de travail: passer de 35 heures à 37 heures payées 37.

Sur la stratégie économique à adopter

Il faut être capable de faire un travail sur la constitution de filières, sur le rassemblement de PME en véritable rassemblement d’entreprises travaillant avec des grandes entreprises pour porter notre ambition à l’exportation, avec des banques qui accepteraient de s’allier à ces groupements, des pôles de compétitivité bien plus resserrés qu’aujourd’hui et qui seraient tous à dimension internationale. Donc on le voit: c’est un exercice qu’il faut faire à l’échelle de l’ensemble de notre territoire si on veut marquer des points.

Sur le Mécanisme Européen de Stabilité

Je crois qu’on a un vision erronée de la souveraineté dans la mondialisation. On ne peut pas regarder la souveraineté aujourd’hui comme on la regardait en 1958 à l’époque du Général de Gaulle. Il y a les souverainetés régaliennes et les souverainetés partagées. La vision que nous avons de la souveraineté est parfois trop rétrécie: il y a la souveraineté nationale et des souverainetés partagées entre Etats qui doivent nous permettre d’utiliser ce fameux levier d’Archimède dont le Général de Gaulle parlait à l’échelon de l’Europe et là, on récupère une souveraineté que nous avions perdue.

Si ce traité n’était pas ratifié, il faudrait le revoir. Mais même si ce traité est ratifié, il faudra le compléter, pour qu’à côté de cet effort de discipline budgétaire, on intègre la solidarité financière, avec la réforme de la Banque Centrale Européenne pour poser clairement que cette Banque Centrale doive être prêteuse en dernier ressort et une mutualisation des dettes à travers la création d’euro-obligations.

Sur l’Europe

Je suis favorable à ce que le Président du Conseil Européen soit élu au suffrage universel européen et si nous avons une personne d’autorité à la tête de l’Europe, nous serons plus présents collectivement. Nous aurons quelqu’un qui aura une capacité d’entraînement. On a besoin d’être avec de personnalités de grande qualité capables de projeter l’ambition européenne.

Sur le creusement des déficits publics

La crise n’explique certainement pas tout. Il y a une part qui reste, et c’est vrai que l’héritage des dernières décennies est lourd. Je vous rappelle simplement qu’entre 2005 et 2007, nous nous sommes battus pour réduire les déficits et nous les avons réduits de 50 milliards. Nous nous sommes battus et nous avons marqué des points avec Thierry Breton et Jean-François Copé.

Sur la situation en Syrie

Alain Juppé a raison: la voix humanitaire est aujourd’hui la meilleure, à la fois à travers des corridors humanitaires et des zones de protection humanitaire. Nous avons deux leviers pour agir: la Ligue Arabe et la Turquie. Il faut faire progresser cette idée humanitaire, quitte à découpler pour un temps cet objectif humanitaire de l’objectif politique et c’est peut-être la seule solution que d’embarquer avec nous les Russes. Nous sommes dans des situations où il faut tout tenter. Nous ne pouvons pas laisser mourir en silence le peuple syrien.

Sur le Conseil de Sécurité de l’ONU

Dès lors que le Conseil de Sécurité de l’ONU ne rassemble pas les plus grands pays du monde (des pays comme l’Inde et l’Allemagne n’en sont pas), cela n’assure pas sa représentativité de la communauté internationale et cela explique pour une part son impuissance.

Sur une possible intermédiation de Dominique de Villepin dans le conflit syrien

C’est le propre de la diplomatie que d’utiliser tous les canaux. J’ai été en contact avec Alain Juppé au cours des derniers jours et j’ai un certain nombre de relations en Syrie et dans cette région. Chacun à son niveau se doit d’agir le plus efficacement possible, sans du tout gêner la diplomatie française et la diplomatie mondiale.

Sur la nouvelle candidature du président Wade au Sénégal

Le Sénégal, c’est un Etat souverain, nous sommes en Afrique et nous ne sommes plus dans la période coloniale ! Il est difficile pour la France de s’immiscer. Il ne nous appartient pas d’être en première ligne pour corriger la vie politique, revoir la copie politique d’un pays ami comme le Sénégal.

La probable réélection de Vladimir Poutine en Russie, un retour en arrière?

C’est un sentiment que l’on peut avoir dans beaucoup de réélection. Il faut souhaiter que les dirigeants changent, qu’ils apprennent !

Sur l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy

Il fait preuve de son dynamisme et de son énergie habituelle. Il avait promis une campagne métrique: pour le moment, il est fidèle à lui-même. Ce que je souhaite, c’est que dans les valeurs françaises mises en avant, celles du respect et la dignité ne soient pas oubliées.

Sur la nécessité d’un débat entre les candidats à la présidentielle

La campagne présidentielle, c’est ce que je constate sur le terrain, déçoit beaucoup de nos compatriotes. C’est un dialogue de sourds. Je souhaite que les candidats puissent se rencontrer, qu’ils puissent débattre et qu’ils puissent échanger de la façon la plus courtoise et la plus digne. On n’imagine pas choisir des produits sur un catalogue: c’est un peu ce qui se passe aujourd’hui !