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Le roman de lui-même – Dominique de Villepin, par Jean-Michel Ribes

Jean-Michel Ribes, auteur, metteur en scène, cinéaste et directeur du Théâtre du Rond Point à Paris signe un portrait de Dominique de Villepin dans le dernier Télérama .

Pour l’auteur, « Dominique de Villepin n’est pas une personnalité, pas une personne non plus, c’est un personnage. Poète, bretteur, séducteur, marathonien, il court dans la grande histoire ».

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Né dans ce Maroc où galopent les pur-sang, élevé au Venezuela, terre de conquistadors, il est naturel que Dominique de Villepin ait du panache et de la crinière.

Ni l’un ni l’autre ne seront mis en plis par l’Ecole nationale d’administration, où il s’engouffre pour en ressortir diplomate. Affaires étrangères avant les affaires étranges.

Volant d’une ambassade à l’autre, il découvre le monde et met le sien en poèmes.

Ayant porté beau sa patrie de l’Inde aux Amériques, le voilà de retour au pays. Allure de prince, mâchoire de fauve, l’oeil bleu, Hollywood pourrait nous l’envier mais Villepin choisit le théâtre, c’est là qu’on vous acclame, c’est là qu’on y parle et ce sont les mots qui le portent. Les siens l’emportent parfois au sommet de lui-même d’où il regarde la France.

Sa destinée ? En ce temps de paix, l’héroïsme n’est pas facile, ni Radio Londres, ni Paris à libérer, et l’Algérie n’est plus française. Faute de grives il se rapproche de l’héritier Jacques Chirac. S’il n’a pas la grandeur de De Gaulle, il en a au moins la taille.

L’amitié est immédiate. Ce n’est pas Montaigne et La Boétie mais plutôt Sancho Pança et Don Quichotte. Ils ne se quitteront plus pendant douze ans.

Villepin désigne l’inaccessible étoile, Chirac assis sur sa mule tente d’y conduire le pays. Que de moulins à vent combattus ! Que de lances brisées, que de chutes de cheval, que de folles équipées jusque dans la jungle amazonienne pour délivrer la dulcinée captive, Ingrid Betancourt. Fiasco qui ne porte aucune ombre au discours de l’ONU où, de sa voix d’airain, Villepin refuse à Bush le glaive pour sa croisade.

Le théâtre du monde l’applaudit debout.

Villepin ne s’était pas trompé de destin, il est soudain la France ! Celle qui se redresse et résiste. Mais la victoire sans péril est fade. Il lui faut un ennemi. Le Ciel lui sourit. Nicolas Sarkozy de Neuilly arrive. C’est son envers. Son contraire. Un roman de gare. Mais qui se vend. L’intrigue énergique et populiste est populaire. On y parle d’argent.

Le sarkozysme envahit la France.

Villepin étouffe, sa douleur est immense. C’est celle d’Alfred de Vigny prisonnier dans Le loft de TF1. Que faire ? Rallier à soi la jeunesse. Il lui offre un contrat d’embauche prioritaire. Un bienfait ne restant jamais impuni, les étudiants se révoltent et le jettent à terre.

Il écrit La Chute ou l’Empire de la solitude. Napoléon et lui, kif-kif. Glacé, il regarde sa femme le quitter et son rival monter sur un trône trop grand pour lui. Sarkozy bon prince lui offre son dernier grand rôle, celui du traître-innocent. Le Palais de justice devient l’Odéon, Villepin déclame : « Je suis ici par la volonté d’un homme… » De l’autre côté de l’Atlantique, son rival se prend les pieds dans le vocabulaire, confondant « suspect » et « coupable ». Les mots sauvent Villepin.

Dominique de Villepin, on l’a compris, n’est pas une personnalité, pas une personne non plus, c’est un personnage. Poète, bretteur, séducteur, marathonien, il court dans la grande histoire. Il est Cyrano de Bergerac manquant parfois de pif, Don Juan perdu sans Commandeur, d’Artagnan trahi par ses mousquetaires, Bonaparte abandonné par Joséphine, Ganelon malgré lui !

Il n’empêche, la tignasse argentée, le verbe haut, la phrase un peu trop longue mais au moins grammaticalement correcte, il continue à dire aux Français qu’avant d’être les enfants de Danton, de Jaurès ou de Maurras ils sont ceux d’Alexandre Dumas et que leur salut se trouve dans un roman flamboyant qu’il leur propose d’écrire sous sa dictée. Vaste épopée en Technicolor qui redonnera à cette France s’épuisant dans l’impressionnisme d’une politique sans horizon la vigueur héroïque des gladiateurs peints par Gérôme.

Ne souriez pas, moqueurs ! Les peintres pompiers redeviennent à la mode, le dernier d’entre eux, Jeff Koons, a été célébré à Versailles il y a peu.

A la surprise de tous, M. Galouzeau de Villepin surgit à nouveau la flamberge au poing pour se présenter à la fonction suprême face à l’imposteur. Son rêve, réussir où Hugo lui-même a échoué : chasser Napoléon le Petit du pouvoir. Voilà le nouveau roman qu’il nous envoie. Attention, à la fin de l’envoi, il touche.

Source: Jean-Michel Ribes (Télérama du 4 janvier 2012)

12 Commentaires

  1. Michel

    Ci-dessous, le retranscription du blog de Thierry Desjardin, journaliste du Figaro.

    Pour mémoire, en janvier 2007, François Bayrou était à 7% pour terminer à 19%…

    Certains se demandent pourquoi, brusquement, nous ne sommes plus submergés par les sondages. De la rentrée de septembre à la mi-décembre, nous avons eu droit, trois ou quatre fois par semaine, à des enquêtes d’opinion qui nous affirmaient que François Hollande oscillait entre 38 et 32%, Nicolas Sarkozy entre 23 et 27% et Marine Le Pen entre 15 et 20%.
    Depuis, plus de sondages, plus rien. Comme si tous les sondeurs étaient partis en vacances de neige et s’étaient cassé les deux jambes ou comme s’ils avaient trouvé dans leurs petits chaussons des martinets déposés par le Père Noël.
    Intrigué, j’ai posé la question à un spécialiste des sondages d’un grand quotidien du matin qu’on situait autrefois « proche du Rond-Point des Champs Elysées ». En fait, il n’était pas « proche » du Rond-Point, il y était carrément.
    -Pourquoi n’avez-vous publié aucun sondage ces derniers temps ? lui ai-je demandé. -Ah, ne m’en parlez pas, m’a t-t-il répondu, ils sont impubliables. Bayrou est à 9% mais surtout Villepin est à 8%. Ca les a rendus hystériques à l’Elysée. Ils ont demandé qu’on ne donne pas plus de 5% à Villepin et comme l’institut de sondages a refusé, nous avons décidé de ne rien publier en prétextant la trêve des confiseurs. Comme ça, Villepin végète à 2%, ça permet de dire qu’il a raté son entrée dans la course et ça décourage ceux qui seraient tentés de le rejoindre.
    Naturellement, personne ne veut croire une seule seconde que l’Elysée puisse demander à un institut de sondages de tricher sur les résultats de ses enquêtes d’opinion, ni qu’un grand quotidien parisien soit à la solde du pouvoir.
    Il n’empêche que nous n’avons plus de sondages depuis maintenant trois semaines, qu’on attribue toujours à Villepin 2% d’intentions de vote comme au lendemain de l’annonce de sa candidature et qu’un certain nombre de gens qui auraient pu être, en effet, tentés par cette candidature hors du commun ont dû se décourager en voyant que l’ancien Premier ministre ne décollait pas.
    Si on peut parfois contester que les sondages représentent parfaitement les intentions de vote des électeurs, il ne fait aucun doute qu’ils influencent leurs choix. Personne n’a vraiment envie de voter pour un candidat qui se morfond à 1 ou 2%. Mais si ce même candidat dépasse les 5% (et verra donc ses frais de campagne remboursés) et s’il atteint les 7 ou 8%, il devient sérieux. On le regarde et on l’écoute d’un autre œil et d’une autre oreille. En tous les cas, il peut devenir redoutable.
    La seule question qui se pose est donc de savoir pendant combien de temps encore « on » va nous priver de ce petit plaisir que sont les sondages…
    Villepin à 8% voilà qui ferait plaisir non seulement aux villepinistes mais aussi à beaucoup d’autres car il n’est pas besoin d’être un politologue averti pour deviner d’où pourraient venir ces 8%.

  2. yanamar

    Oui, bin rien d’étonnant, attendons confirmation. certains dans LePoint.fr annonce alain Juppé directeur de campagne de Dominique de Villepin……à moins que lepoint.fr et sont équipe aient abusé d’une boisson gazeuse….

  3. yanamar

    Le portrait de DDV par Jean-Michel RIBES est absolument superbe, bravo

  4. charles

    Pour l’auteur, « Dominique de Villepin n’est pas une personnalité, pas une personne non plus, c’est un personnage. Poète, bretteur, séducteur, marathonien, il court dans la grande histoire ».

    Pour moi aussi, DDV court la grandeur, donc son Pays.
    La France.

  5. Sonatine

    Qui que l’on soit, quoi que l’on puisse en penser, D.de Villepin n’aura jamais laissé
    personne « indifférent », et c’est cela que symbolise le portrait présenté par JM Ribes dont on ne peut qu’apprécier les propos à son égard.

  6. Miss Nicopéia

    Pas d’accord!
    Ce portrait, c’est du clinquant , du superficiel, du tape -àl’oeil !
    Rien de profond, rien d’exhaustif . Du manga.
    Je ne le redirai jamais assez: si on veut rencontrer DDV, C’EST LUI MEME QU’IL FAUT LIRE !

  7. Christiane

    Tout à fait d’accord avec vous, Miss Nicopéia. Je n’ai pas aimé ce texte qui témoigne davantage des fantasmes et des délires de l’auteur que de la réalité du personnage. J.M. Ribes se fait son cinéma. Si ce texte décrit une quelconque réalité de la personnalité complexe de Dominique de Villepin, cela n’en représente au mieux que le quart (et encore) et délaisse totalement sa profondeur et sa richesse. Très mauvais portrait. Les autres candidats ont été mieux servis par les auteurs des articles qui les décrivent dans Télérama.

  8. Miss Nicopéia

    @ Christiane, exactement! je viens de m’acheter le Télérama pour lire aussi les autres articles…

  9. battement d'elle

    Ribes vous avez dit : « Je préfère les bordels de gauche aux raisons closes de droite ».

    Donc…DDV n’est ni de vos amis ni de vos ennemis… alors pourquoi ce texte si incisif ?

  10. Espoir

    Spirito Santo XVII,
    Ah ! Victorieux héraut,
    Sous les pétales de roses s’avancer,
    Les âpres combats de la roche Tarpéienne s’offrir,
    Par un chant de Muses Héliconniennes, khorshid d’or briller,
    Ah ! Du Parthénon soudain atteindre la source au vent de ses cheveux lumineux,
    Amphitrite de ses perles passer, ses pas accompagner,
    Ah ! La clameur de cent gladiateurs aryaques porte son esprit à la joie, à l’extase,
    Parmi les effluves du muguet, une voix douce s’entendre,
    « N’oublie pas que tu n’es qu’un homme »,
    Au loin Briarée rejeter, les noirs injustes desseins idolâtres promis à la nation…

  11. Sonatine

    Ce soir, dans l’émission de FR 2  » On n’est pas couché  » on apprend par L.Ruquier que
    les candidats à la présidentielle seront invités chacun 8 semaines durant avec un temps
    de parole attribué SELON LEUR RESULTAT DANS LES SONDAGES ……… ! Le comble
    de tout c’est quand on apprend que DDV bien entendu a un temps de parole de 10 mn
    d’ores et déjà prévu et que « cerise sur le gâteau » H.Morin devrait lui avoir un temps de
    parole plus important ………… ! Tout simplement révoltant et cela va durer jusqu’au
    22 avril 2012 probablement………. M. Bayrou a lui eu droit à 30 mn ce grand homme.
    Il faudrait changer le titre de l’émission en  » On est déjà couché  » afin de réduire le temps
    perdu à écouter certains candidats qui n’auront sans doute pas grand chose à dire.

  12. charles

    Ah !.. Mais.. on le sait bien qu’il n’est qu’un homme !.. fait tout comme Sarkozy.
    Tout comme.
    Hors qu’il « porte » autre chose, son poids de Corps est plus léger, son Esprit plus rempli.
    Il marche, il court.
    Il pense, il médite.
    Un équilibre quoi : Verbe & Action.
    ( vous le dîtes tout le temps : « il faut positiver » et « aimer la poésie » )

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