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Le Monde vu par… Dominique de Villepin, invité de Daniel Picouly sur France Ô

Dominique de Villepin était l’invité de Daniel Picouly dans l’émission Le Monde vu par…, ce dimanche à 18h45 sur France Ô.

Election présidentielle, origines familiales, discours de l’ONU, relations avec la Martinique, rôle de l’Outre-Mer, Césaire et Glissant, situation en Syrie et en Iran: retrouvez dans ce billet le verbatim de ses principales déclarations…

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Les principales déclarations de Dominique de Villepin

Sur les 500 signatures

On se bat pour, et croyez-moi, je compte sur l’Outre-Mer !

Sur le sens de sa candidature

C’est Villepin pour la France, par définition ! Autant viser grand !

Sur ses origines familiales

Je suis issu d’une famille de militaires qui s’est battu sur beaucoup de champ de batailles, un peu partout, en France et dans le monde, et oui, ça prédispose à une certaine idée de la France !

Sur son frère Eric

Il aimait la poésie que je lui avais fait découvrir et il considérait que les mots, c’est ce qui ouvrait le chemin. (…) Il avait saisi, sans doute plus fortement que moi à quel point un livre, ça peut changer la vie, à quel point un livre, ça change un jour, à quel point un livre, ça change les humeurs ! (…) Quand la langue devient vitale, quand la littérature devient vitale, quand l’art devient vital, alors ceux qui aiment cet art et cette littérature comprennent à quel point c’est le sang de la vie !

Sur le discours de l’ONU

Ce combat est révélateur des combats de ma vie, c’est-à-dire des combats que je mène jusqu’au bout, avec l’idée qu’il y a derrière un idéal à accomplir. (…) C’est un combat pour une certaine idée des relations internationales, pour une certaine idée des rapports entre les cultures et les civilisations. Les civilisations sont à l’ordre du jour, on en a beaucoup parlé depuis la politique de civilisations que Nicolas Sarkozy voulait emprunter à Edgar Morin… Je sais bien, c’est un mot qui dérape, mais il n’en reste pas moins que pour moi, la France, c’est le pays de l’universel. Donc ça nous crée des devoirs importants et ça veut dire qu’il faut être capable de mener des combats pour d’autres que nous, pour d’autres peuples que nous et qui se retrouvent en nous.

Sur sa relation avec la Martinique

C’est vrai, mon épouse est originaire de la Martinique et moi, j’ai grandi tout près de la Martinique, au Venezuela. Et donc nous venions souvent et d’ailleurs, pour arriver jusqu’au Venezuela, nous nous posions soit en Guadeloupe, soit en Martinique, soit en Guadeloupe. (…) Je connais bien ces îles et j’y suis profondément attaché: ce sont des paysages qui sont ancrés dans ma mémoire et qui font partie de mon identité. Plus j’ai parcouru cette île, plus je l’ai sillonnée, plus j’ai rencontré ses habitants, plus j’ai aimé cette terre !

Sur Césaire et Glissant

Ce sont des aides, des figures qui ne meurent pas, parce qu’ils nous apportent cette part d’universel dont nous avons tellement besoin, et pour ce qui est de Césaire, cette capacité à survivre à travers tous les combats. Et quant à Glissant, c’est merveilleux de voir à quel point dans cette relation à l’autre, dans cette projection à travers le monde, dans cette identité en archipel, nous arrivons à grandir.

Sur le rôle de l’Outre-Mer

Notre relation est devenue une relation asséchée avec, trop souvent, cette Outre-Mer, alors que nous sommes grands grâce à l’Outre-Mer. La présence française sur les 5 continents n’est possible qu’à travers l’Outre-Mer ! C’est le coeur de la France qui bat, et ça, je crois que la Métropole ne le comprend pas assez. (…) Elle fait de la France un grand pays du Monde. Elle fait de la France un pays du Monde. Elle fait du Français une langue du monde. Et je crois qu’on sous-estime à quel point la France est attendue et entendue sur la scène internationale parce que nous sommes une langue et parce que nous avons des racines plantées très loin.

(…)

Il faut comprendre qu’il y a une valeur propre à l’Outre-Mer et que ce n’est pas un fardeau. Nous devons complètement changer le regard que nous avons par rapport à l’Outre-Mer: ça fait partie pas seulement de cette grandeur, du mémorial de la grandeur de la France que nous voulons défendre, mais ça fait partie de cette présence. Nous ne pouvons pas avoir la politique que nous avons aux Nations-Unies si nous ne pouvons pas compter sur l’Outre-Mer !

(…)

L’Outre-Mer est essentiel à la survie de la Nation: c’est une seule et même Nation ! Le Président de la République, à partir de là, il peut construire une politique ! (…) Le problème, c’est la reconnaissance d’une identité qui est plus grande, parce que cette Outre-Mer justement nous ouvre à d’autres réalités.

(…)

Je crois qu’il ne faut pas hésiter à adapter, à expérimenter. Et de ce point de vue là, l’Outre-Mer est une formidable possibilité pour nous de mettre en place des dispositifs d’insertion, de formation qui doivent nous aider.

Sur les mots du députés martiniquais Serge Letchimy à l’Assemblée cette semaine

J’ai trouvé que c’était une polémique triste, et en même temps prévisible. On voit bien comment une polémique peut faire boule de neige ! Voilà une déclaration du Ministre de l’Intérieur qui part d’une confusion entre la civilisation et les régimes politiques, avec leurs défauts et leurs qualités. (…) Ce qui est certain, c’est que nous sommes dans une situation aujourd’hui en France où il faut faire extrêmement attention à ce que nous disons, parce qu’il y a des risques de polémiques. Les mots, c’est très important ! Et on le voit bien, parce que c’est ce qu’exprime Serge Letchimy que je connais bien: il est blessé effectivement, il est blessé et il pousse, il pousse cette logique absurde de ce qui a été dit jusqu’à cette horreur qui est la civilisation de barbarie, la civilisation nazie. Donc je dis bien « triste et prévisible ». C’est bien pour cela que nous devons, les uns et les autres, faire extraordinairement attention dans le débat public, à prendre en compte ces mémoires blessées, ces blessures qui peuvent se ranimer à chaque instant: c’est une logique de responsabilité ! (…)

Je crois que parce qu’on sent une douleur vécue dans ce que dit Serge Letchimy, ça nous incite encore plus à la réflexion. Et je crois que ce n’aurait pas été un député de la Martinique, on aurait été dans quelque chose qui aurait été beaucoup moins « acceptable », je mets ce mot entre guillemets… Donc je crois qu’on peut resituer dans l’Histoire, dans les épreuves de l’Histoire… Ca montre une fois de plus combien nous devons être vigilants !

Sur la situation en Syrie et en Iran

C’est toujours ce monde fracturé, ce monde blessé mais vis-à-vis duquel nous n’avons toujours pas aujourd’hui les instruments qui permettraient de corriger, de ramener l’humain au coeur de toute chose. Nous avons pu en Libye, grâce à un consensus au Conseil de Sécurité, adopter une démarche humanitaire puis militaire, et c’est pas le cas en Syrie. L’ONU est incapable parce que nous sommes sur un champ de mines: nous sommes dans une géopolitique d’une très grande complexité, d’une très grande fragilité avec la proximité de l’Iran, la proximité d’Israël, la situation du Liban et de la Palestine et un jeu diplomatique qui rend très difficile l’action diplomatique.

Il n’en reste pas moins que je crois que l’action est toujours possible. Et c’est la leçon que j’ai tirée de la diplomatie ! Quand la diplomatie veut pousser le plus loin possible, alors l’action est possible et l’action devient imaginable. Mais ce qui manque le plus, c’est l’imagination ! (…)

Sur l’action d’Alain Juppé

Je pense que la diplomatie français ne doit jamais oublier d’aller davantage au contact. Le génie français, c’est d’être en contact avec tous les peuples du monde, y compris les plus radicaux, y compris ceux avec lequel on ne parle pas. Je crois, en l’occurence, que dans le cas syrien nous devrions faire preuve de plus d’imagination: explorer la voie des corridors humanitaires, explorer la zone de protection avec les pays qui comptent aujourd’hui. Je pense à la Turquie et je pense à l’ensemble des pays de la Ligue Arabe. Il y a là un chemin, une piste !

Quant à l’Iran, de la même façon, allons au contact de l’Iran ! Il faut des canaux de communication, il faut des dialogues souterrains. Vous savez, la diplomatie, c’est pas l’angélisme ! La diplomatie, c’est d’accepter de prendre le risque de parler à l’autre, même quand l’autre est montré du doigt. (…)

J’ai vu à quel point l’absence de dialogue, et nous l’avons vu en Irak, peut conduire à des choses catastrophiques et horribles, combien de morts pour rien. Donc la prise de risques en diplomatie est indispensable. Trop souvent, la diplomatie, elle est faite avec des gants blancs, et avec le souci, entre gens bien élevés, d’avancer des arguments. Je crois que la diplomatie, elle doit se salir les mains !

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Le principe de l’émission

Après l’arrêt de son émission Café Picouly diffusé sur France 5, Daniel Picouly a rejoint la chaîne France Ô pour présenter une toute nouvelle émission : Le Monde vu par…

Chaque semaine, Daniel Picouly accueille une personnalité du monde politique ou de la société civile pour un entretien sans concessions de 26 minutes pour recueillir l’avis de l’invité sur l’évolution de notre monde et la place de la France dans le monde. La personnalité de la semaine sera invitée à réagir sur trois thématiques différentes : le monde, l’Outre-mer et l’autre.

Le métissage des cultures aura également une place de choix dans les différents débats de l’émission. Pour rythmer ce programme, plusieurs séquences en images viendront ponctuées le dialogue instauré entre l’animateur et son invité.

Enfin, dans une dernière séquence baptisée Repentir, l’invité pourra reprendre ou rectifier certains de ses propos.

Source: Télé Première

1 Commentaire

  1. Miss Nicopéia

    Sur son frère Eric, sur Césaire, sur Glissant…et beaucoup d’autres : lire les pages poignantes de « L’Eloge des Voleurs de Feu », Gallimard, 2003, par D. de Villepin.

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