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Election à la présidence du Sénat: le socialiste Jean-Pierre Bel, deuxième personnage de l'Etat

Le socialiste Jean-Pierre Bel a été facilement élu samedi président du Sénat dès le premier tour de scrutin. Il a obtenu 179 voix, soit la majorité absolue des suffrages exprimés (172) plus sept voix. Le président sortant, l’UMP Gérard Larcher, a recueilli 134 voix. La candidate centriste, Valérie Létard, a réuni 29 suffrages. Cinq sénateurs de l’ancienne majorité sénatoriale ont voté blanc ou nul.

Dans son premier discours, le nouveau président du Sénat a indiqué que l’opposition serait respectée. «Je ne serai jamais là pour servir un clan ou une clientèle», a-t-il affirmé.

L’accession de Bel à la présidence de la Haute Assemblée parachève le basculement du Sénat à gauche. Pour la première fois depuis l’après-guerre, le PS et ses alliés ont obtenu la majorité absolue plus deux sièges aux élections sénatoriales du 25 septembre.

Vivement ému, Jean-Pierre Bel a pris place dans le fauteuil du président à l’invitation du doyen d’âge, le communiste Paul Vergès (Réunion), âgé de 86 ans, qui avait ouvert la session. La gorge serré, le nouveau président du Sénat a prononcé son premier discours. Il a adressé «un salut très sincère» à Gérard Larcher, qui a écouté avec attention l’allocution de son successeur. «L’exercice des responsabilités publiques exige pudeur et retenue», a déclaré Jean-Pierre Bel avant d’évoquer ses grands-parents, ses parents, sa femme et ses enfants. «Je ne serai jamais là pour servir un clan ou une clientèle», a affirmé le deuxième personnage de l’Etat. Le sénateur de l’Ariège a invité le Sénat à «prendre sa part dans la longue marche du progrès social». Il a promis «un bicamérisme rénové dans lequel l’opposition sera respectée». Le premier discours du nouveau président du Sénat a été applaudi sur tous les bancs.

Une élection facile

L’élection de Bel a été acquise sans difficulté. La gauche s’était présentée unie dès le premier tour. Jean-Vincent Placé avait finalement renoncé à se présenter au nom d’Europe écologie-Les Verts. Il avait indiqué samedi matin avoir reçu «des engagements forts» de Bel en matière d’environnement. Par ailleurs, Bel a obtenu toutes les voix des sénateurs de centre gauche qui siègent au sein du groupe charnière du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Larcher, lui, confronté à la concurrence de la candidature centriste de Létard, a dû se contenter des voix des seuls sénateurs UMP.

A titre de comparaison, voilà trois ans, lors de l’élection de Larcher à la présidence du Sénat, le candidat UMP avait lui aussi été élu dès le premier tour. Mais, à l’époque, Larcher avait été soutenu par les centristes, qui n’avaient pas présenté de candidat. Et, lors du scrutin d’octobre 2008, Bel, déjà candidat pour le PS, n’avait pas obtenu toutes les voix de gauche.

La séance a été levée à 17h30. Bel devait se rendre ensuite à la résidence officielle du président du Sénat, «le petit Luxembourg», voisine du Palais du Luxembourg. Il devait y être accueilli par le président sortant afin d’avoir un entretien en tête à tête. Puis Larcher, raccompagné par Bel jusqu’au perron, devait quitter les lieux. La gauche est désormais chez elle au Sénat.

Source: Le Figaro

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Gérard Larcher réplique à Nicolas Sarkozy

Le président sortant du Sénat, Gérard Larcher (UMP), estime dans un entretien au Monde que « les élus » ne « comprennent pas toujours » l’action de Nicolas Sarkozy et qu’il faut « y être très attentifs », après la défaite de la droite aux élections sénatoriales.

« Lors des nombreux déplacements que j’ai effectués » durant la campagne, « les élus m’ont d’abord parlé de questions nationales et européennes, puis de la réforme des collectivités », analyse le sénateur des Yvelines, pour qui « le premier facteur » de la défaite de la droite est « essentiellement politique ».

« Ce qui ressort, ce sont de profondes incertitudes, la peur de la récession. Une sorte d’incompréhension, aussi, par rapport à certaines réformes. Je suis frappé, enfin, des questions qui m’étaient adressées par les élus sur l’action du président de la République, qu’ils ne comprennent pas toujours. Nous devons y être très attentifs », poursuit Gérard Larcher. Selon lui, le scrutin a été « sans doute plus politisé que nous ne l’avions estimé ».

« Les grands électeurs sont devenus des grands citoyens ; ils se sont faits la chambre d’écho de l’état d’esprit des citoyens. Les élections sénatoriales ont permis avant tout d’adresser un message politique », poursuit-il.

Le sénateur, qui avait prédit la victoire de la droite, estime que ses « prévisions se sont totalement vérifiées, à l’unité près, dans les départements à la proportionnelle », mais que « la surprise est venue du scrutin majoritaire ». Selon lui, « c’est cela qui est révélateur de l’état d’esprit du pays. Personne n’avait vu la mutation politique de cette élection ».

Le chef de l’Etat avait appelé Gérard Larcher à « accepter dignement la défaite », mardi dernier, au lendemain de l’élection. Une manière détournée de demander au sénateur des Yvelines de ne pas tenter à tout prix de garder la présidence du Sénat.

« Candidature de devoir »

Vendredi le maire de Rambouillet a par ailleurs adressé une lettre, vendredi, à tous les sénateurs, dans laquelle il explique que sa candidature samedi à la présidence de l’Assemblée, après la victoire de la gauche, était une « candidature de devoir, claire, loyale et républicaine ». Larcher écrit qu’il se présente « pour préserver le principe d’une gouvernance collective, équitable, indépendante, qui est la seule qui (lui) paraît convenir à la diversité de (cette) Assemblée ».

« Je me présente pour porter l’autonomie politique du Sénat ; elle est plus nécessaire que jamais en ces moments de bouleversement qui appellent au rassemblement », fait-il valoir. C’est une « candidature de devoir, claire, loyale et républicaine », résume-t-il.

Dimanche dernier, la gauche a fait basculer dans son camp le Sénat, pour la première fois de la Ve République. Elle compte 177 élus, soit deux de plus que la majorité absolue. Aucun groupe politique ne la détient à lui seul.

Dans ce contexte, le président sortant de l’Assemblée fait valoir que « jamais l’ampleur des efforts, le courage de la volonté et l’exigence d’équité que la crise internationale impose dans tous les domaines ne pourront se faire bloc contre bloc, en opposant les Français et les territoires les uns aux autres ». Pour lui, « il faudra savoir montrer à nos concitoyens qu’au Sénat un accord républicain est possible quand il en va de l’intérêt supérieur de notre pays ».

Une « grande institution »

Il insiste sur « la diversité » des élus et leurs « sensibilités » différentes, et relève que le Sénat « est la seule grande institution qui ne découle pas de l’élection du président de la République ». « Il doit rester maître de son temps. Il doit refuser la pression de l’immédiateté et des choix de court terme ». Dressant un bilan de sa présidence, Gérard Larcher souligne que « la collégialité » a été « un principe de (son) action ». Il cite « l’élargissement et le nouveau mode de fonctionnement pluraliste du bureau », « la réforme de la conférence des présidents », « le refus du temps global partagé » et « le respect des droits des groupes minoritaires et d’opposition ».

Pour lui, « si le Sénat revient sur sa tradition de respect de tous par tous, alors le Sénat reculera. Si le Sénat renonce à répondre à l’attente de nos concitoyens en matière d’éthique des parlementaires, alors le Sénat reculera. Si le Sénat oublie qu’il est une chambre spécifique du Parlement, alors le Sénat reculera. »

Source: Agence France Presse

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Les présidents du Sénat sous la Ve République

Le Sénat, après la victoire historique de la gauche, élit samedi son président qui sera le sixième de la Haute Assemblée sous la Ve République. Voici ses prédécesseurs:

- Gaston Monnerville (1897-1991): radical-socialiste, avocat, député-maire de Cayenne, conseiller de la République de Guyane, puis sénateur du Lot en 1948, il a présidé aux destinées du Sénat de 1947 à 1968, soit sous les IVe et Ve Républiques. Il ne se représente pas à la présidence en 1968, mais reste au Sénat jusqu’en 1974 avant d’entrer au Conseil constitutionnel.

Gaston Monnerville se heurta au général de Gaulle lorsque celui-ci proposa, en 1962, un référendum pour l’élection du président de la République au suffrage universel.

- Alain Poher (1909-1996): président du Sénat de 1968 à 1992, ce centriste est le seul à ce poste sous la Ve à avoir été chef de l’Etat par intérim, deux fois: en 1969 après le départ de de Gaulle suite à l’échec du référendum sur la réforme du Sénat — à laquelle M. Poher s’est opposé — et en 1974 à la mort de Georges Pompidou. En 1969, il avait été défait par Pompidou à l’élection présidentielle.

Réélu sept fois consécutives, il siège durant 40 ans au Palais du Luxembourg, dont 24 ans au « plateau ». Après 1981, il anime la bataille au Sénat, devenu bastion de l’opposition, contre le pouvoir socialiste de François Mitterrand et notamment pour l’école privée.

- René Monory (1923-2009): sénateur UDF de la Vienne, il est élu au « plateau » en 1992, réélu en 1995, puis battu en 1998. Ministre de l’Industrie, puis de l’Economie de Raymond Barre (1977-1981), ministre de l’Education de Jacques Chirac (1986-1988), ancien maire de Loudun, il quitte en 2004 le conseil général de la Vienne après l’avoir présidé pendant 24 ans et y avoir siégé durant 43 ans.

- Christian Poncelet (né en 1928): il effectue trois mandats à la présidence du Sénat à partir de 1998, avant de partir sur une polémique liée à l’appartement qui lui avait été attribué, auquel il a finalement renoncé.

Sénateur des Vosges depuis 1977, il a été membre des gouvernements Messmer, Chirac et Barre entre 1972 et 1977. Agé de 83 ans, ancien député et maire de Remiremont, il préside le Conseil général des Vosges depuis 1976.

M. Poncelet a lancé la réforme du Sénat votée en 2003: abaissement de l’âge d’éligibilité de 35 à 30 ans et réduction progressive du mandat de neuf à six ans.

- Gérard Larcher (né en 1949): désigné candidat par l’UMP pour un deuxième mandat, il préside le Sénat depuis le 1er octobre 2008 après une primaire UMP. Sénateur-maire UMP de Rambouillet (Yvelines), ce Normand de 62 ans a été ministre délégué au travail dans le gouvernement Raffarin III (2004-2005) puis dans celui de Dominique de Villepin (2005-2007).

Amateur de bonne chère et de chevaux, couronné « bébé Blédine » avant de savoir marcher, il a été vétérinaire durant 14 ans. Membre du bureau politique du RPR de 1995 à 1998, puis du comité politique, il a été longtemps proche de Charles Pasqua.

Vice-président du Sénat de 1997 à 2001, président de la commission des affaires économiques (2001-2004), il est sauf sa parenthèse ministérielle sénateur des Yvelines depuis 1986 et maire de Rambouillet depuis 1983. Il a été conseiller régional d’Ile-de-France de 1985 à 1992.

Après son élection, il annonce des économies et notamment une baisse de 30% de ses indemnités de président. En décembre 2010 le régime de retraite des sénateurs est aligné sur le régime général.

En septembre, il refuse de recevoir le président rwandais Paul Kagame pendant sa visite officielle à Paris.

Source: Agence France Presse

6 Commentaires

  1. charles

    Lu : « Candidature de devoir ». J’ ne pense pas. Plutôt d’intérêt, non ?
    Lu : « Une grande institution ». Chambre d’avant et vieille. Pourquoi faire ?
    Ce scrutin, ces votes ont été politiques politiciens d’abord. On s’est placé, on a placé, en vue du changement prévu pour 2012 car Sarkozy n’a aucune chance de faire deux mandats. Tout le monde le sait ou commence à le bien savoir.
    Les Partis : un « écolo vert » à la présidence de « ce machin »..
    Ah .. Quel cadeau, quelle belle tribune, quel tricotage avant la Présidentiel !
    Le sénat ne m’intéresse pas, il n’intéresse pas les français, il s’intéresse lui-même, c’est simple et c’est tout.
    Si la bonne Mesure des dépenses, des déficits, de la dette française, était bien prise, il fermerait de suite ce sénat. Mr Larcher l’aurait clos.
    Les français regardent effarés ces parlementaires riches & désuets, ils voient stupéfaits les Affaires du Jour sur toutes les chaînes TV, ils comptent les chômeurs dans leur famille respective, ils comptent les usines qui ont fermé depuis 35 ans, ils découvrent éffrayés leur pays et presque toute l’europe endettée de façon incroyable, ils s’inquiètent de l’Impôt à payer pour le futur, certains voudraient normalement acheter un logement normal en ville, ils ne voient aucune Réforme venir, ils ne perçoivent aucun Projet, aucune vision, rien..
    LA FRANCE.
    La france.
    LA POLITIQUE FRANCAISE.
    La politique française.
    Nul doute. Tout cela participera à l’Abstention ou au vote pour les extrèmes.

  2. WEBER

    LE GASPILLAGE FRANÇAIS Je suis étonnée que pas un seul candidat ne s’intéresse au nombre pléthorique de députés et de sénateurs.
    Les Américains n’ont que 435 Députés pour 285 millions d’habitants, et nous 577 pour 63 millions soit six fois plus qu’eux ! Et 15 fois plus de sénateurs. Sans compter nos 78 députés européens. En gros, les revenus de ce trop-plein de hautes personnalités représentent le salaire de 100.000 emplois annuel au SMIG et de combien d’appartements pour loger les étudiants à Paris !!!
    Sans compter qu’après deux mandatures, la retraite est payée jusqu’à la fin de leur vie… Qui aura le courage de réduire le nombre de Députés et de Sénateurs français ? Qui limitera les mandats à deux mandatures ?
    Nous avons 36.784 communes alors que l’Allemagne a réussi à réduire ses 25.000 communes pour n’en conserver que 8.500.
    La Communauté d’Agglomération, si elle réussit difficilement à s’imposer pour diminuer le nombre de communes, commence par augmenter considérablement le nombre de ses salariés… et par conséquent, les Impôts. Sans compter le faste des installations au moment où les économies devraient s’imposer.

  3. yanamar

    @ weber

    « Je suis étonnée que pas un seul candidat ne s’intéresse au nombre pléthorique de députés et de sénateurs »

    Si, Dominique de Villepin y songe et a fait des propositions dans ce sens-là, moins de ministres, moins de députés, moins de sénateur et moins de régions

  4. esca

    Il est indiscutable que la politique nourrit très bien ceux qui en vivent. Et quand on a mis un pied dedans il est difficile d’en sortir…surtout quand on a été élu pendant 30 ans ou plus. D’abord on a perdu ses compétences, et ensuite le retour aux réalités de la vie en entreprise ou dans l’administration est forcément très difficile. Pour corriger tout cela, il y aurait trois mesures à prendre immédiatement : la première c’est de limiter les mandats dans la durée ( pas plus de deux mandats de parlementaire dans une vie). Ensuite, la règle absolue du non-cumul. Déjà cela ferait une sélection. Enfin, limiter la rémunération au niveau moyen du cadre A de la fonction publique, sans avantage particulier…ce qui est nettement inférieur à ce que perçoivent députés et sénateurs.
    Ces mesures seraient d’autant plus applicables qu’avec le non cumul des mandats, le secrétariat de ces messieurs-dames serait limité au strict nécessaire. On perdrait certes quelques emplois de secrétariat, mais on récupèrerait beaucoup d’argent.
    Un dernier mot enfin : est-il sérieux d’avoir des députés ou des sénateurs en place depuis 30 ou 40 ans? Vous allez me répondre qu’ils sont élus. Certes, mais justement est-il normal que les électeurs s’imaginent que s’ils votent pour « un nouveau » ils n’obtiendront rien pour leur commune, leur circonscription ou leur département. J’ai connu cela en son temps, et je sais de quoi je parle.

  5. esca

    J’ai oublié aussi de dire que j’étais d’accord avec ceux qui trouvent qu’il y a beaucoup trop de parlemantaires dans notre pays. On diviserai le chiffre par deux qu’on ne s’en porterait pas plus mal…et cela ferait des économies. Mais comme dit Weber : qui aura le courage d’engager une réforme dans ce sens?

  6. charles

    Le vert avait « jeté l’éponge », aussi le rose a gagné.
    Demain un rouge ? Un bleu ? Nous verrons bien. Un jour.
    Tout un Jeu à clore.
    Tout comme cette « boutique » sénatique, cette vieillerie inutile de 200 ans.
    Et donc ainsi, le nombre de nos sénateurs réduit à zéro. Nos députés ( trop nombreux ) nous suffisent bien. C’est largement assez.

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