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Dominique de Villepin répond aux auditeurs de France Inter (1/2): "Mon devoir à moi, c'est de servir"


Dominique de Villepin by franceinter

Suite de la participation de Dominique de Villepin à la Matinale de France Inter, ce mercredi… Le président de République Solidaire répond aux questions des auditeurs de la station et réaffirme sa volonté de « servir les Français »:

« L’engagement qui a été le mien depuis 30 ans en politique m’a donné une expérience, une expérience qui est indispensable quand vous aspirez à servir les Français. (…) Aujourd’hui, j’estime que je suis libéré, dépouillé de tout ce qui trop souvent accompagne la vie politique, de toutes les mesquineries et les bassesses qui font la politique pour me consacrer entièrement. Une fois de plus, c’est un choix que j’offre aux Français. Les Français, ils font ce qu’ils veulent, c’est eux qui décident. Mais j’estime que mon devoir à moi, c’est de servir. A partir de là, les Français choisiront! »

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Dominique de Villepin, la seule alternative ?

Il n’y a jamais trop de monde, vous savez, pour proposer, pour imaginer. Non, je ne crois pas qu’il y ait trop de concurrence dans ce domaine. Et puis, c’est un engagement que j’ai pris dès le premier jour du quinquennat, donc j’ai quelque légitimité à me situer sur ce créneau.

La réforme territoriale proposée par Dominique de Villepin

Oui, c’est bien de mille-feuilles français dont il faut parler, et finalement d’une certaine forme d’incohérence territoriale. Donc oui, à tous les échelons, il faut rationaliser. Mais ce qui me paraît le plus important, c’est d’avoir des entités administratives qui soient capables de mener des missions qu’on attend d’elles. Nous avons aujourd’hui des régions françaises qui n’ont pas de port, qui n’ont pas d’aéroport international, qui n’ont donc pas de capacité à agir et à peser face à des régions espagnoles, des Länder allemands qui, eux, ont une surface économique, sociale qui leur donne un avantage dans la mondialisation. Donc oui, réduire le nombre de régions.

« Une série de référendums-clés » après l’élection présidentielle

Je sais bien qu’il n’y a à peu près aucune chance qu’un Parlement français ne vote une telle décision et c’est pour ça que j’ai choisi de soumettre à référendum dans les semaines qui suivront l’élection présidentielle le paquet central, stratégique, qui modifiera ces données de la vie politique pour que ce soient les Français eux-mêmes qui prennent la décision. Il n’y a aucune chance qu’un Parlement vote la suppression du cumul des mandats, donc c’est aux Français qu’il faut s’adresser et je pense qu’une série de référendums-clés, soumis aux Français dans les semaines qui suivraient seraient susceptible de transformer tout de suite l’essai de l’élection présidentielle.

Il y a eu tant de déceptions après les élections présidentielles qu’il faut d’emblée que ces mesures, que ces réformes soient adoptées pour présenter la garantie d’un quinquennat qui, d’emblée, réponde aux attentes des Français.

« Nous sommes si petits que nous sommes incapables de parler la langue du monde »

Une région dynamique, une région qui double son commerce avec les régions voisines espagnoles, italiennes et qui est capable d’entreprendre sa propre politique vis-à-vis de l’Inde, la Chine et des pays émergents, c’est une région qui a confiance en elle, c’est une région où les jeunes sortant de l’Université auront une capacité à entrer immédiatement dans le monde.

Aujourd’hui, nous sommes si petits que nous sommes incapables de parler la langue du monde, incapables de comprendre la mondialisation. Et le résultat, c’est que nous avons tellement peur de la mondialisation, qu’on veut démondialiser, élever des barrières, se protéger du monde. Si on veut changer ces mentalités, il faut se doter d’outils qui nous rendent plus forts. On ne peut pas lutter dans le monde d’aujourd’hui si on n’a pas les armes qui permettent de lutter à armes égales.

Verdict de l’affaire Clearstream le 14 septembre

Je remercie le Parquet pour sa très grande mansuétude. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a de la suite dans les idées. Mais le Tribunal a dit ce qu’il avait à dire en première instance. Nous verrons ce que dira la Cour d’Appel. Je l’ai toujours dit: ma détermination ne saurait être infléchie par quelque décision que ce soit. (…) Vous savez, je n’ai pas l’habitude d’envisager les mauvaises nouvelles.

Après le sauvetage de l’Euro, « l’essentiel reste à faire »

L’essentiel, c’est de se doter des armes à la fois conjoncturelles et structurelles qui vont nous permettre de régler définitivement les problèmes de la zone euro. Aujourd’hui, la zone euro reste une zone bancale, puisque nous avons une politique monétaire, nous n’avons pas de politique budgétaire et économique. Et nous avons réussi à colmater les brèches de la crise et à calmer les marchés, mais pour combien de temps?

Un certain nombre de mesures sont positives, et je les salue, par exemple relever le plafond d’engagement du fonds de stabilité, par exemple recourir aux créanciers privés, mais est-ce que tout cela suffira face à un risque de spéculation accrue qui pourra entraîner dans la danse l’Italie, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne? Non.

Donc nous devons aller vers une gouvernance économique. Nous devons aller plus loin dans des outils comme les euro-obligations qui permettraient une mutualisation des dettes. Qu’on puisse mutualiser les dettes à hauteur de 40% du PIB pour chacun des Etats européens, cela créerait une véritable solidarité européenne.

Donc nous sommes aujourd’hui, une fois de plus, en situation intermédiaire. Nous avons évité le pire, mais il y a pas de garantie que les marchés ne reprendront pas leur revanche et qu’ils n’utiliseront pas toutes les failles du système. Donc oui, il faut continuer dans la voie qui a été initiée. Je note, et c’est ce que je propose depuis des années, que c’est le couple franco-allemand qui a pu entraîner les autres Européens. Il faut donc que le couple franco-allemand prenne des initiatives structurelles pour aller plus loin et définitivement sortir la zone Euro de la mauvaise passe dans laquelle elle est.

Dominique de Villepin, l’homme du CPE et de l’état d’urgence dans les banlieues ?

L’état d’urgence en 2005, c’est ce qui a permis d’éviter peut-être une crise majeure dans notre pays. Je vous rappelle qu’il y a pas eu un blessé et un mort lors de cette crise. Donc il faut des Hommes d’Etat en France, capables de prendre des décisions et qui évitent les catastrophes. Ca fait partie de la responsabilité d’un homme politique.

Pourquoi? Ben d’abord parce que l’engagement qui a été le mien depuis 30 ans en politique m’a donné une expérience, une expérience qui est indispensable quand vous aspirez à servir les Français. Deuxièmement, parce que les épreuves, ça forme! Vous savez, vous pouvez débarquer dans la politique tout beau, tout neuf. Si vous n’avez pas payé comptant votre ticket d’entrée dans la vie politique, si vous n’avez pas été capable de mettre un mouchoir sur vos douleurs personnelles, vos pensées personnelles pour être capable justement de servir l’intérêt général, eh bien vous n’avez pas ce qu’il faut pour servir les Français.

Donc voilà, aujourd’hui, j’estime que je suis libéré, dépouillé de tout ce qui trop souvent accompagne la vie politique, de toutes les mesquineries et les bassesses qui font la politique pour me consacrer entièrement. Une fois de plus, c’est un choix que j’offre aux Français. Les Français, ils font ce qu’ils veulent, c’est eux qui décident. Mais j’estime que mon devoir à moi, c’est de servir. A partir de là, les Français choisiront!

A suivre: dernière partie en ligne samedi…

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