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Dominique de Villepin, invité de la matinale du Mouv' (1/2): "Se retrousser les manches et dépasser les clivages idéologiques"

Dominique de Villepin était, ce mardi, l’invité d’Amaëlle Guiton dans la matinale du Mouv’, la radio « jeune » du groupe Radio France.

Rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de l’Elysée, coût de l’avion présidentiel, emploi des jeunes, leçons de la crise du CPE: les principaux points de la première partie de son intervention…

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Sur le rapport de la Cour des Comptes concernant la gestion de l’Elysée

Les rapports de la Cour des Comptes se suivent mais ne se ressemblent pas, ce qui est une bonne chose. Ca montre l’indépendance des magistrats de la Cour. En l’occurrence, le suivi des budgets spécifiques et importants, comme ceux de l’Elysée, c’est un rendez-vous important, donc je suis heureux de voir que les choses s’améliorent, même si, comme vous le dites, il y a encore un certain nombre d’éléments qui peuvent être améliorés. Je vois que le Noël de l’Elysée est épinglé: 350 euros par enfant, ça paraît cher, effectivement. On peut sans doute mieux répartir cette manne financière, en tout cas pour plus d’enfants, plus d’orphelins, plus d’enfants qui mériteraient ou ont envie de découvrir l’Elysée. (…)

Dès lors que l’on s’endort sur ses lauriers, en politique, on se trompe. Donc c’est bien qu’il y ait toujours une incitation et effectivement, on peut mieux faire, on peut chasser les gaspillages. Mais enfin, il faut saluer l’effort quand même. Il faut être bon joueur.

Sur le coût de l’avion présidentiel

Il y a une seule chose de sûr, c’est que (le président de la République, ndlr), il a besoin d’un avion, d’un avion confortable et d’un avion sûr. Un Chef de l’Etat, ça se déplace: il faut qu’il puisse se déplacer dans de bonnes conditions. Les principaux Chefs d’Etats étrangers bénéficient de cet outil. Alors on peut, effectivement, limiter les économies somptuaires. C’est ça qui me paraît important. Mais ne pas rogner sur la sécurité, ne pas rogner sur la qualité. En matière d’aviation, nous sommes tous attentifs à cette exigence. (…) Moi, je ne suis pas juge de paix dans cette affaire.

Sur la politique de Nicolas Sarkozy concernant l’emploi des jeunes

J’élargirais votre question à l’ensemble des politiques qui ont été menées en matière de l’emploi, et pas uniquement vis-à-vis des jeunes. C’est vrai qu’il y a une très grosse déception vis-à-vis de ces politiques, et droite et gauche confondues. Ce qui me convainc qu’il est temps sans doute de se retrousser les manches et de dépasser les clivages idéologiques. Ni la gauche ni la droite n’ont réussi à relever ce défi.

Il y a en tout cas deux approches historiques. La première, c’est celle des contrats aidés qui coûtent très cher au budget de l’Etat et qui a montré historiquement ses limites, même si dans certaines circonstances, c’est nécessaire: donner un petit coup de pouce dans des situations particulièrement difficiles. Et puis, il y a l’utilisation du marché: c’est ce que j’ai fait moi-même avec le Contrat Nouvelle Embauche et le Contrat Première Embauche, qui évidemment parfois suscite, hérisse le poil des jeunes et des moins jeunes.

Sur le CPE

Ah, je regrette la méthode et je regrette que cette mesure ait été mal ou insuffisamment expliquée. Il est vrai que le calendrier ne m’était pas favorable. (…)

Vous savez, le fond du projet, c’est important d’y revenir: trouver une réponse à l’emploi des jeunes qui ne coûte pas un centime au budget de l’Etat, vous pouvez chercher: je ne suis pas sûr qu’il y ait de meilleures idées. (…)

Les jeunes qui étaient dans la rue n’étaient pas les jeunes qui étaient concernés par ce contrat. Il faut le redire ! Historiquement, on a maintenant la distance qui nous permet de le dire. Ce contrat s’adressait à des jeunes qui n’avaient jamais accédé au marché du travail et qui rencontraient des difficultés exceptionnelles, et en particulier les jeunes des banlieues. C’était surtout les jeunes des banlieues qui étaient concernés, pas les jeunes universitaires. (…) Le sentiment de précarité a été ressenti par ceux qui faisaient des études et qui sont descendus dans la rue, mais ce n’était pas ceux qui étaient visés. Ceux qui étaient concernés par ce contrat, c’était ceux qui sont à 40% de taux de chômage dans les quartiers, qui n’ont jamais pu faire un stage et qui souffrent de discriminations. Donc c’était un contrat très spécifique qui visait une certaine jeunesse, particulièrement défavorisée, et qui, elle, n’est pas descendue dans la rue, en tout cas beaucoup moins. (…)

Vous savez, ça sert à rien de s’entêter dans la vie. On a négligé dans l’échec du CPE: on a retenu la rue, mais sans doute plus important que la rue a pesé le combat politique, le combat politique dans ma propre famille. L’échec du CPE, c’est d’abord une lutte intérieure à la majorité, qui a condamné ce contrat (…). Rappelez-vous, le CPE a bénéficié d’un très fort soutien dans les premières semaines et ce soutien s’est effiloché à mesure qu’une contestation montait, encouragée y compris au sein de ma propre famille politique. Tout ceci a rendu ce projet impossible, parce qu’incompréhensible et illisible. Mais voilà, c’est de l’histoire ancienne ! (…) Quand on reprend l’histoire, je crois qu’il y a relative unanimité sur ce qui s’est passé à l’époque.

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