« C’est avec une infinie tristesse que j’apprends la mort de cinq de nos soldats en Afghanistan. Quand cela cessera-t-il ? Je pense aujourd’hui aux familles des soldats tombés ainsi qu’aux quatre soldats blessés dans cette explosion. Je souhaite que l’exigence politique soit à la hauteur de l’idée qu’ils se font, que nous nous faisons, de la France.
Nous devons la vérité aux Français. Nous devons la vérité aux soldats engagés en Afghanistan. Cette guerre n’a plus de sens. Avançant à l’aveugle, nous y offrons nos hommes au sacrifice.
Dix ans de guerre, c’est assez. Il était de notre devoir de participer à la force internationale, et on ne répétera jamais assez ce que l’intervention courageuse de nos soldats là-bas aura permis d’attentats évités sur notre sol. Mais nous n’avons jamais eu vocation à y rester. L’armée a fait son devoir, les politiques ont manqué au leur en ne tenant pas suffisamment tête à nos alliés américains, en ne jouant pas leur rôle de chercheurs d’alternatives et de solutions.
Il n’y a pas de solution miracle pour sortir d’un bourbier. Il n’y a pas de solution tout à fait satisfaisante. Mais rien ne serait pire que l’inaction. Rien ne serait plus dangereux que des demi-solutions avançant masquées. Un retrait partiel, ne l’oublions pas, ce sont des risques accrus pour les soldats restés sur le terrain. Tant qu’il y aura un seul soldat français en Afghanistan, nous ne pourrons être en repos.
Alors comment faire ? Je plaide inlassablement, depuis plus de cinq ans maintenant, tant auprès de Jacques Chirac que de Nicolas Sarkozy, pour un processus de désengagement qui tient en trois points essentiels. Un calendrier ferme de retrait de nos troupes, d’abord, coordonné avec nos Alliés de l’ISAF. Une conférence nationale des forces politiques afghanes, ensuite, pour enclencher une démarche de réconciliation politique, rendue crédible par la perspective d’un départ effectif. Une conférence régionale, enfin, organisée dans le même temps pour placer face à leurs responsabilités les puissances régionales qui trouvent dans la présence américano-européenne un prétexte commode à l’inaction et au désintérêt, alors que leurs intérêts de sécurité sont directement en jeu, l’Iran, la Russie, l’Inde et la Chine notamment.
A la veille de la célébration de notre fête nationale, souvenons-nous avec reconnaissance et émotion de ceux qui sont prêts à donner leur vie pour la défense de notre pays. Retrouvons nous dans ce qui fonde la cohésion et la continuité inébranlables de notre nation. Soyons lucides et courageux. Méditons une fois de plus les paroles d’un chant national qui a exprimé l’amour de la patrie de tant de générations de Français, à travers les épreuves et les victoires : « Nous entrerons dans la carrière / Quand nos aînés n’y seront plus / Nous y trouverons leur poussière / Et la trace de leurs vertus ». »
Source: Communiqué de Dominique de Villepin (site de République Solidaire)