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Dominique de Villepin pour un Grenelle de l'Energie

Le drame actuel que vit le Japon, nous interroge, nous dont 80% de l’électricité est produite par le nucléaire à travers 58 réacteurs répartis sur 19 centrales en métropole.

Il y a trois raisons légitimes de s’interroger sur le nucléaire.  

  • La sécurité : Plusieurs très graves accidents dans le nucléaire civil ont frappé les esprits des populations. Nous commémorons cette année les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl et aujourd’hui l’accident très grave de Fukushima a réveillé les peurs des populations sur l’activité civile du nucléaire. Par ailleurs, le risque terroriste ne peut être négligé face à l’ampleur des conséquences encourues.
  • Les déchets : La gestion des déchets radioactifs pose un véritable problème qui n’est toujours pas résolu. Certains déchets restent radioactifs à un niveau dangereux pour l’Homme pendant des centaines et des milliers d’année. Il faut 171 000 ans pour que le plutonium perde 99% de sa radioactivité. La seule solution connue est l’enfouissement de ces déchets afin de les isoler (ANRA). 
  • L’indépendance : Contrairement aux idées reçues, le nucléaire n’est pas une garantie d’indépendance. L’uranium utilisé dans nos centrales est importé principalement du Niger. Aujourd’hui, dans le monde, 450 réacteurs sont installés et on en prévoit 300 de plus. A quel prix achèterons-nous l’uranium demain ?

Il faut en matière de sécurité et à court terme des exigences fortes:

  • Une exigence de transparence et d’information.
  • Une exigence de sécurité

- En garantissant les moyens et l’indépendance de l’Autorité de Sûreté Nucléaire

- En encadrant strictement la sous-traitance en matière nucléaire

- En  conduisant EDF à provisionner sous contrôle les sommes nécessaires à l’entretien des centrales nucléaires

- En faisant le diagnostic des besoins pour la prévention des risques sismiques, évaluée par certains à 1,9 milliards d’euros, alors qu’EDF n’y a consacré que 200 millions d’euros.

  • Une exigence de responsabilité internationale en encadrant fortement les exportations de savoir-faire français en matière nucléaire pour empêcher la construction d’installations qui n’offriraient pas les garanties de sécurité suffisantes – géopolitiques, sismiques. Car il y a aujourd’hui un développement très rapide de l’énergie atomique dans un contexte de demande d’énergie très tendue avec les pays émergents. D’ici 2020, la Chine vient d’annoncer qu’elle entendait multiplier par 8 ses capacités.

Il faut regarder les réalités en face sur notre propre dépendance énergétique :

  • Une énergie nucléaire qui comporte des risques réels, notamment concernant les déchets, mais qui est aussi source d’avantages.

- L’indépendance énergétique de la France vis à vis notamment des puissances pétrolières. Nous importons néanmoins l’uranium du Niger.

- Le bilan carbone nul du nucléaire en temps de réchauffement climatique

- Les retombées de la recherche de la filière, notamment en matière d’avancées médicales (cancer)

- Le rayonnement économique avec 120 000 emplois dans la filière nucléaire 

  • Une énergie fossile contribuant fortement au réchauffement climatique et en voie de renchérissement / raréfaction.
  • Des énergies renouvelables qui sont favorables à l’environnement mais qui ne constituent pas une alternative globale aux deux premières sources.

  Il faut aller plus loin et se saisir de l’occasion de cette prise de conscience pour lancer un deuxième Grenelle, le Grenelle de l’énergie.

Il faut en même temps agir sur l’offre :

  • En favorisant les sources alternatives: parcs d’éolien off-shore par exemple, remplacement des centrales thermiques obsolètes par des Centrales à Gaz à cycle combiné (CGCC).
  • En réorientant la recherche vers les énergies renouvelables, c’est-à-dire en se donnant les moyens de pouvoir sortir du nucléaire. Il faut développer l’énergie solaire photovoltaïque que la loi de 2006 avait permis de développer fortement. Aujourd’hui, tous les acteurs de la filière notent que la filière est sinistrée et abandonnée par le pouvoir, mettant en danger 30 000 emplois. Une bonne politique énergétique exige de l’engagement et de la continuité.
  • En redimensionnant notre parc nucléaire. Et là la question se pose de savoir quel est le bon niveau. C’est aux Français de trancher par un référendum. Mais un référendum sur le seul nucléaire risquerait d’être démagogique.

Il faut un référendum sur l’ensemble de la politique énergétique française à trente ans.

  • Réduction ou stabilisation du nombre de centrales
  • Remplacement de certaines centrales par des centrales plus petites
  • Option de sortie du nucléaire.

Il faut également agir sur la demande en favorisant les économies d’énergies.

  • Limitation des pertes sur le réseau de distribution à travers une modernisation
  • Fin des exportations massives d’électricité
  • Economies dans le tertiaire (gestionnaires d’énergies)
  • Economie dans le commerce et la grande distribution
  • Limitation du chauffage électrique (l’isolation, la géothermie actuellement sous-développée).

Source: République Solidaire

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