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Dominique de Villepin a estimé lundi que les 15 mois de prison avec sursis requis à son encontre dans le procès en appel de l’affaire Clearstream s’expliquaient par le fait que le parquet était placé sous l’autorité de Nicolas Sarkozy.
« Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe », a dénoncé Dominique de Villepin en sortant de la salle d’audience à l’issue du réquisitoire.
« Tout ceci », a-t-il poursuivi, « serait incompréhensible si on oubliait que le ministère public est le représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l’autorité du président de la République Nicolas Sarkozy ».
« Vous me permettrez », a conclu l’ancien Premier ministre, « dans ces circonstances, de vous réaffirmer mon souci de me battre pour la justice et la vérité, mais bien plus ma détermination à combattre au service des Français ».
En première instance, le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin était lui-même monté à l’audience pour s’occuper du cas Villepin. Il avait requis contre lui 18 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d’amende. Alors que Nicolas Sarkozy, partie civile en première instance, avait renoncé à faire appel, le parquet avait, lui, interjeté appel de la relaxe de Dominique de Villepin.
Source: Agence France Presse
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Mardi 19 heures: Clearstream : Villepin accuse l’Élysée
La séance a été éprouvante lundi pour les accusés du procès Clearstream. Durant cinq heures de réquisitoire, le parquet général de Paris s’est appliqué méticuleusement à prouver la culpabilité de Dominique de Villepin.
Jean-Louis Perol a accusé l’ancien Premier ministre de « dénonciations calomnieuse par abstention. » Il a avancé pour cela que celui qui était à l’époque ministre des Affaires étrangères ne pouvait ignorer l’existence des fichiers Clearstream, et ce depuis 2004. Celui-ci aurait gardé pour lui l’information selon laquelle les listings bancaires où figuraient le nom de Nicolas Sarkozy étaient falsifiés.
Le parquet général a requis contre Dominique de Villepin 15 mois de prison avec sursis. En première instance le procureur avait demandé 18 mois avec sursis et l’ancien Premier ministre avait été relaxé.
« Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe », a dénoncé Dominique de Villepin à l’issue de la séance. « Tout ceci serait incompréhensible, si on oubliait que le ministère public est le représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l’autorité du président de la République », a-t-il ajouté. Une accusation qu’avait déjà formulé le leader de République solidaire en première instance.
Le parquet général de Paris n’a pas été plus tendre avec les autres accusés. Il a requis lundi 30 mois de prison, dont 12 ferme à l’encontre de Jean-Louis Gergorin et 30 mois de prison, dont 15 ferme contre Imad Lahoud. Les deux accusés, « deux doigts d’une même main » manipulatrice selon le parquet, encourent également 45.000 euros d’amendes.
La défense plaidera mercredi et l’arrêt sera ensuite mis en libéré pendant cinq ou six mois.
Source: France Soir
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Mardi 16 heures: Clearstream: un réquisitoire sévère contre les prévenus
Le procès en appel n’y change rien. Le fil de la vérité dans cette affaire de faux-listings semble irrémédiablement entortillé dans les « déclarations provocatrices et changeantes d’Imad Lahoud », le faussaire présumé, et « la mauvaise foi de Jean-Louis Gergorin », le cerveau présumé de la machination. Aussi l’avocat général, Dominique Gaillardot, concède-t-il d’emblée: « Je ne suis pas sûr que nous aurons des réponses à toutes nos questions, notamment la première: pourquoi cette manipulation, dans quel but, au profit de qui? »
Pour l’accusation, une seule certitude se dégage de l’affaire Clearstream: « Cette manipulation s’inscrit avant tout dans un contexte industriel. Ensuite, il y a eu des effets sur un plan politique, mais dans un deuxième temps. » Imad Lahoud, ex-trader et informaticien devenu professeur de mathématiques au lycée Chaptal à Paris, a les honneurs du début du réquisitoire. Dominique Gaillardot estime que c’est « un escroc, un vrai », avant d’interpeller le tribunal: « Ne vous laissez pas abuser par sa posture d’aujourd’hui, celle d’un modeste professeur de mathématiques. Il est un rouage essentiel de cette manipulation. C’est un menteur et un affabulateur. » L’intéressé, imperturbable, note scrupuleusement dans un petit carnet chaque argument avancé par le parquet général. Assis à ses côtés, Jean-Louis Gergorin gratte le papier avec la même énergie. Ils n’échangent pas un regard.
« Jean-Louis Gergorin est le corbeau » poursuit Dominique Gaillardot. L’ex numéro 3 du groupe aéronautique EADS avait en effet reconnu avoir adressé les listings falsifiés au juge Renaud Van Ruymbeke. Les mots s’emballent: « volonté de nuisance hors du commun », « mauvaise foi », « obsession de la manipulation », « sans lui il n’y aurait pas d’affaire Clearstream ». Ces trois heures de discours se soldent par une exhortation: « ne vous laissez pas impressionner par la fable du corbeau qui voulait se faire passer pour un pigeon! ». Dominique de Villepin est-il alors le renard de l’affaire ?
Le procureur Jean-Louis Pérol prend le relais. Il avance sur un terrain bien connu depuis la première instance : la « complicité par abstention ». Selon lui, dès juillet 2004, soit après le premier envoi de lettres anonymes à Renaud Van Ruymbeke, l’ex-Premier ministre avait su que les listings étaient faux. « Mais il a eu une gestion personnelle et secrète ». Jean-Louis Pérol retrace longuement la genèse de ce « processus de dissimulation » et son « effet d’aubaine » pour Dominique de Villepin. Il le répète volontiers:l’ex Premier Ministre et Gergorin avaient des intérêts convergents ». « Dominique de Villepin laisse la calomnie continuer puisqu’elle touche celui qui veut s’emparer de la tête de l’UMP dans la perspective des présidentielles », précise-t-il. La tête lourdement appuyée sur sa main, Dominique de Villepin accompagne les propos de l’avocat général de nombreux signes de dénégation.
Après plus de cinq heures et demie, arrivent enfin les réquisitions. « Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, les deux doigts d’une même main » voient leur sort s’inverser par rapport au jugement de première instance. Imad Lahoud, n’est désormais plus considéré comme la petite main informatique. Il est l’ « escroc de bas étage » contre lequel le Parquet demande quinze mois de prison ferme et 45 000 euros d’amende. Pour son acolyte Jean-Louis Gergorin, « le manipulateur compulsif », douze mois ferme et 45 000 euros d’amende ont été requis. Le 28 janvier 2010, devant le tribunal correctionnel de Paris, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud avaient été condamnés à quinze et dix-huit mois de prison ferme respectivement, assortis pour chacun d’une amende de 40 000 euros.
Quant à Dominique de Villepin, relaxé en première instance, il encourt quinze mois de prison avec sursis selon les réquisitions des avocats généraux.L’ex Premier Ministre a réagi vivement dès sa sortie de la salle, en accusant Nicolas Sarkozy d’avoir inspiré les réquisitions du parquet général.
Source: L’Express
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Mardi 14 heures 30: Le procès Clearstream en appel, un procès pour rien ?
Interminable et attendu. Ce sont les deux qualificatifs qui viennent immédiatement à l’esprit à propo
s des réquisitions du parquet général lundi 23 mai dans le procès Clearstream en appel. Sans surprise, et au terme d’un réquisitoire fleuve qui aura duré quelque 5 heures et demi, le ministère public a requis 15 mois de prison avec sursis contre Dominique de Villepin, relaxé en première instance dans cette affaire, alors que le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin avait réclamé 18 mois avec sursis et 45.000 euros d’amende en 2009. Cette fois-ci, donc, pas d’amende pour l’ancien Premier ministre.
L’avocat général a en revanche requis 45.000 euros d’amende à l’encontre des deux co-prévenus de Dominique de Villepin ainsi qu’une peine de 30 mois d’emprisonnement, dont 18 avec sursis contre Jean-Louis Gergorin et 15 avec sursis contre Imad Lahoud.
Sitôt sorti de la première chambre de la cour d’appel, le potentiel candidat à l’élection présidentielle de 2012 a fustigé « six années d’un lynchage politique, médiatique, judiciaire » et le fait que « le ministère public persiste et signe ». Y voyant la main de Nicolas Sarkozy.
Pourtant, pendant l’audience, il plaisantait avec ses avocats et à la pause avec son fils Arthur.
Décontracté, Imad Lahoud a profité lui aussi d’un instant off pour discuter avec des élèves venus le soutenir en cette journée éprouvante. « Vous pouvez m’appeler après jeudi », leur a assuré le professeur au lycée Condorcet, qui leur demandait comment s’étaient passées les vacances, tout en les tutoyant. La scène paraît surréaliste quand on sait que l’avocat général Dominique Gaillardot n’a pas mâché ses mots à son égard: « ne vous laissez pas abuser par sa posture aujourd’hui de modeste prof de maths », « Lahoud est un affabulateur, un menteur, un manipulateur », « capable de constituer des faux et surtout de se servir des autres ».
Jean-Louis Gergorin n’est pas non plus épargné, décrit comme « le corbeau qui voulait se faire passer pour un pigeon » alors qu’ »il est le bénéficiaire immédiat de cette manipulation ». « Sans Gergorin il n’y aurait pas d’affaire Clearstream, sans Gergorin il n’y a pas de Lahoud, sans Gergorin il n’y a pas de dénonciation », martèle le ministère public.
Si le parquet général estime que « cette manipulation s’inscrit d’abord et avant tout dans un contexte industriel » et qu’ »elle a ensuite des effets plus politiques, voire des effets d’aubaine, mais dans un deuxième temps et dans un deuxième temps seulement », il reconnaît aussi que « malgré quatre ans d’instruction, (il) n’est pas certain que nous aurons réponse à toutes nos questions ».
C’est précisément la sensation qu’éprouve tout un chacun alors que le procès touche à sa fin. Alors, un tour pour rien ?
Source: Challenges
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Mardi 13 heures: Affaire Clearstream : « le parquet est un représentant zélé de Sarkozy »
Le député-maire de Castelnau-le-Lez villepiniste Jean-Pierre Grand a qualifié lundi dans la soirée le parquet de « représentant zélé » de Nicolas Sarkozy après l’annonce de la peine de quinze mois avec sursis requise à l’encontre de Dominique de Villepin au procès en appel de l’affaire Clearstream. « Dans son réquisitoire, le parquet a été le représentant zélé d’une partie civile absente (Nicolas Sarkozy, ndlr) », a déploré M. Grand.
« La démonstration est faite que l’Elysée n’a pas renoncé à faire condamner Dominique de Villepin », a-t-il ajouté. « Ceux qui laissaient entendre qu’il pouvait y avoir un ‘deal’ entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont commis une grave erreur d’appréciation », a encore commenté le député de l’Hérault.
En première instance, le 28 janvier 2010, Dominique de Villepin avait été relaxé. Le procureur avait requis contre lui 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende.
Source: Midi Libre
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Mardi 12 heures: Un troisième procès n’est pas à exclure
La réquisition de l’avocat général a officiellement relancé la guerre Sarkozy-Villepin. Une peine de 15 mois de prison avec sursis a été requise lundi à Paris contre Dominique de Villepin, jugé en appel pour «complicité de dénonciation calomnieuse» dans l’affaire des faux listings de la société financière luxembourgeoise Clearstream, remontant à 2004. Pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, cela ne fait aucun doute: cette décision sonne comme un acharnement supplémentaire de la part du «Pouvoir». Pour ne pas le nommer: de Nicolas Sarkozy.
Ces derniers temps, la tendance de leurs relations était plutôt à l’apaisement, tout relatif –ils se sont rencontrés cette année, pour la première fois depuis 2008, dans le cadre des consultations du G20. Dominique de Villepin estimait néanmoins que c’était au chef de l’Etat de faire un geste à son égard s’il voulait la paix. Mais il n’a pas obtenu satisfaction. Qu’à cela ne tienne: ce sera la guerre.
«Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe», a déclaré Dominique de Villepin à la presse après l’annonce des réquisitions. «Tout ceci serait incompréhensible si on oubliait que le ministère public est représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l’autorité du président de la République Nicolas Sarkozy», a-t-il ajouté, dénonçant sans détour son ennemi juré. Et le président de République solidaire de promettre de «se battre au service des Français», comme il avait promis à l’ouverture de ce deuxième procès le 2 mai, de se présenter à l’élection présidentielle s’il était condamné.
«Une condamnation serait la preuve d’un acharnement supplémentaire. Cela ne pourrait que renforcer ma détermination», avait prévenu celui qui prévoit de dévoiler ses intentions à l’automne prochain –c’est justement à cette période que devrait être rendu le verdict de la Cour d’appel de Paris. En effet, la défense plaidera mercredi. Puis l’arrêt sera mis en délibéré pendant cinq à six mois.
«Complice par abstention»
Cette intrigue politico-judiciaire remonte à janvier 2004. A cette époque, l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, contacte Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, pour lui signaler toute une série de comptes bancaires occultes (895), sur lesquels un certain nombre de personnalités industrielles et politiques auraient fait transiter de l’argent sale provenant de l’affaire des frégates de Taïwan –autre scandale sur lequel enquêtait le juge Renaud Van Ruymbeke depuis déjà trois ans. Parmi ces noms, celui de Nicolas Sarkozy.
Devenu ministre de l’Intérieur, Villepin déclenche deux enquêtes du spécialiste du renseignement Philippe Rondot et de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Alors que les doutes sur l’authenticité des listings s’accroissent, Jean-Louis Gergorin les remet à Renaud Van Ruymbeke, entre mars et octobre 2004. L’affaire monte d’un cran. La manipulation éclate au grand jour. Outre le volet industriel –Gergorin est accusé d’avoir sciemment voulu nuire à ses adversaires et rivaux- le volet politique enflamme les médias. Villepin est soupçonné d’avoir volontairement participé à cette mascarade pour écarter son rival Sarkozy. Mais évidemment, plusieurs thèses se dessinent alors.
Celle retenue par l’avocat général Jean-Louis Pérol est la suivante: la machination est l’œuvre de Gergorin et l’informaticien Imad Lahoud (soupçonné d’être le «corbeau» ayant envoyé les lettres anonymes au juge Van Ruymbeke), qualifiés «d’association de malfaiteurs». Leurs motivations sont liées à leurs affaires. Mais Dominique de Villepin aur
ait en quelque sorte rebondi sur leur petit «jeu» pour servir ses propres intérêts. En d’autres termes, l’ancien UMP, aujourd’hui âgé de 57 ans, se serait bien gardé de mettre fin à ces agissements afin d’en profiter. Ce qui le rend «complice par abstention». Or, «la justice est là pour faire en sorte que la démocratie ne soit pas perturbée par des coups tordus», a souligné Pérol. «Il ne s’agit pas d’une affaire d’Etat, mais d’une calomnie qui a ensuite gagné le terrain politique», a-t-il poursuivi.
Il réclame par ailleurs 30 mois de prison dont un an ferme et 45 000 euros d’amende contre Jean-Louis Gergorin, ainsi que 30 mois de prison dont 15 mois fermes contre Lahoud. Rappelons que Villepin avait été blanchi en première instance en janvier 2010, mais que l’accusation avait fait appel de la relaxe. Après ce procès, le président s’était retiré de la partie civile. Un troisième procès n’est pas à exclure.
Source: Paris Match
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Mardi 11 heures 30: Clearstream : 15 mois avec sursis requis contre Villepin
Les événements se télescopent. La mort de Ben Laden avait largement éclipsé l’ouverture du procès, le coup de tonnerre de l’affaire DSK relègue sa fin au second plan. Le réquisitoire, temps fort théorique d’une audience, prenait ainsi lundi après-midi l’allure peu folichonne d’un passage obligé. Tels des élèves appliqués mais conscients de leurs points faibles, Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, assis côte à côte depuis trois semaines, prennent des notes. À quelques mètres, Dominique de Villepin s’est calé sur sa chaise, sachant que les deux orateurs du jour – les avocats généraux Dominique Gaillardot et Jean-Louis Pérol – ont prévu de retenir l’attention de la cour tout l’après-midi. Sous le plafond à caissons et dorures, on se prend à envier l’efficacité sans chichis du tribunal de Manhattan…
Au sein du ministère public, c’est Jean-Louis Pérol qui doit démontrer la complicité de dénonciation calomnieuse par abstention de l’ex-premier ministre, relaxé en première instance. Selon cette thèse, Dominique de Villepin est accusé d’avoir, à partir de juillet 2004, tout su de la fausseté des listings Clearstream mais de n’avoir rien entrepris pour mettre un terme à la manipulation. Animé par ce mobile présumé : barrer la route de l’Élysée à Nicolas Sarkozy, son rival de l’UMP.
Au pupitre du ministère public, Jean-Louis Pérol choisit de suivre à la lettre la chronologie. Un registre scolaire pour un réquisitoire souvent plus soporifique que didactique. Janvier 2004 : Dominique de Villepin est informé par Gergorin des « prémices d’un scandale». Mars 2004, Lahoud est en garde à vue pour une histoire d’escroquerie et celui qui est alors patron du Quai d’Orsay serait intervenu pour le faire libérer, craignant que la police ne vienne tarir cette «source» prometteuse. Juillet 2004, passé au ministère de l’Intérieur, Dominique de Villepin sait désormais que les listings sont faux mais ne s’oppose pas à la machination. En dépit des avertissements du général Rondot, de la DST et des autorités suisses, elles, vite convaincues du caractère fantaisiste des listings.
«Dans une attitude de dissimulation», le ministre n’interrompt pas – «alors qu’il avait la capacité de le faire» – deux envois du «corbeau» qui vont encore alimenter le juge Van Ruymbeke. Les carnets du général Rondot contiennent, selon l’avocat général, la signature du «forfait» avec cette phrase inquiète qu’aurait prononcée Villepin le 19 juillet 2004 : «Si le PR (président de la République) et moi apparaissons, nous sautons ?»
L’avocat général affirme plus qu’il ne démontre. Avec une fâcheuse tendance à devenir inaudible à force de s’éloigner du micro : «Comment monsieur de Villepin aurait-il été le seul à continuer à croire (aux listings) en juillet 2004 ?», lance-t-il. Ou encore, le ton entendu : «Comment penser qu’il a pu être berné par le manipulateur compulsif Gergorin et l’escroc Lahoud ?» Pour Jean-Louis Pérol, la «calomnie industrielle» – motivée par les luttes de pouvoir au sein du groupe aéronautique EADS – se transforme en « scandale politique» qui «perturbe les règles démocratiques par ses coups tordus».
Dissipé au premier rang, tourné de côté pour échanger des sourires avec ses avocats, Dominique de Villepin se redresse désormais alors que l’avocat général, après plus de cinq heures de réquisitoire à deux voix, égrène les peines demandées. Plus tôt, lors d’une suspension d’audience, le leader de République solidaire avait partagé un Perrier avec son fils, assidu à l’audience, tandis qu’Imad Lahoud, désormais enseignant, faisait visiter les lieux à ses élèves du lycée Chaptal. L’image affichée de la décontraction…
Auparavant, Dominique Gaillardot avait tenté d’installer le mathématicien Imad Lahoud, devenu en 2003 le protégé de Jean-Louis Gergorin au sein d’EADS mais surtout son double en théories fumeuses et paranoïa aiguë, dans un rôle de «menteur et manipulateur». Puis s’était attardé sur la responsabilité du numéro trois d’EADS à l’époque, son «implication directe dans la manipulation» et sa «mauvaise foi» caractérisée. Un Gergorin faisant fi des doutes pourtant exprimés par le général Rondot – non seulement spécialiste du renseignement, mais aussi son ami – sur le crédit à accorder à ces listings censés démontrer que la moitié du Who’s Who français détenait des comptes occultes à l’étranger. «Errare humanum est, perseverare diabolicum», croit-on entendre dans la cour d’appel…
Source: Le Figaro
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Mardi 10 heures: Clearstream, la farce judiciaire
Ainsi donc, il ne faudrait rien dire. Comme si la pathétique chute aux enfers de DSK pouvait éclipser la honteuse pantomime de justice à laquelle nous avons assisté ces derniers jours. Clearstream, l’autre raison d’avoir honte.
Ainsi donc, il ne faudrait rien dire. Faire comme si la justice pouvait passer dans un silence assourdissant, comme si nous étions dans un procès ordinaire. Comme si la pathétique chute aux enfers, dans les bas-fonds de la loi new-yorkaise de DSK pouvait éclipser la honteuse pantomime de justice à laquelle nous avons assisté ces derniers jours dans notre propre pays. Clearstream, l’autre raison d’avoir honte.
D’abord, rappelons une évidence. Jamais, en France, nous avons vu des enquêtes policières et judiciaires menées au seul profit d’un homme, le Président de la République, Nicolas Sarkozy. Il a été en fait le vrai chef d’une enquête qui lui a permis d’abattre celui qu’il considérait comme son principal rival. Chef de la police, patron des procureurs, il a instrumentalisé dans la plus grande indifférence, avec des moyens en hommes considérables, une affaire à son seul profit politique. L’accusation est grave ? Même pas.
Elle est d’une telle évidence qu’elle crève les yeux. Elle est un peu comme la lettre d’Edgar Allan Poe. Elle est là, devant nous, et nous ne la voyons pas. Nous sommes aveuglés par le trop plein de lumière, l’excès de bruits en tous genres entourant cette affaire qui oscille entre John le Carré et le théâtre de boulevard. Certes, les accusés ne sont pas des anges. Mais là n’est pas la question. Il faut se pencher sur les béances de l’instruction, sur les négligences, le refus d’aller fouiller des pistes oubliées, ou, plus exactement, délibérément obstruées par les plus hauts instances de notre pays.
Donnons quelques exemples : en 2004, quand Imad Lahoud, notre génial informaticien (que les services secrets s’arrachent alors car le gros malin a promis d’aider à la capture de Ben Laden, pas moins) , se perd en gesticulation autour de ces fameu
x listings, qui rencontre-t-il ? Qui sont ses interlocuteurs ? Jean-Louis Gergorin, bien sûr, mais aussi, et surtout, des collaborateurs directs et très proches des deux plus grands patrons des renseignements généraux de l’époque : le commissaire Brigitte Henri, grande spécialiste des affaires troubles d’Yves Bertrand, numéro Un des RG, proche de Chirac, et le commissaire Casanova, proche de Bernard Squarcini, alors numéro deux des RG, aujourd’hui patron de la DCRI, et surtout membre du cercle intime du Président Sarkozy.
A l’époque, les deux hommes se livrent une guerre impitoyable pour le contrôle des informations au profit de leurs mentors respectifs dans la perspzective de l’élection présidentielle de 2007. Un détail ? Donc, en d‘autres termes, Imad Lahoud livrait « en live » ses infos à qui voulait bien l’écouter. Le listing Clearstream était entre toutes les mains depuis le début, et donc manipulable par de nombreuses sources. Cette guerre secrète et oubliée est au cœur de l’affaire Clearstream. Mais elle a été totalement étouffée.
J’ai suivi au plus près, durant de longs mois, cette croquignolesque bacchanale politique, (j’en ai même fait un livre, « La guerre des Trois », chez Fayard), les acteurs en sont témoins, et je suis scandalisé par ce procès inique. Imad Lahoud, donc, au moment même où ce malheureux Jean-Louis Gergorin va livrer son « affaire d’Etat » au juge Van Ryumbeke, en mai 2004 -vous me direz que pour un corbeau, aller se confier à un magistrat considéré comme un modèle d’intégrité n’est pas le signe d’un comploteur, mais plutôt d’un pigeon – notre ami Lahoud rencontrait tout le monde, dans tous les camps.
Il n’y avait donc aucun secret pour tous ceux qui ont pour mission la cueillette des secrets. Le listing Clearstream était connu de tous et tout le monde l’avait. La DGSE, la DST, les RG, et donc, forcément les autorités de tutelle. Michèle Alliot-Marie à la Défense, et sans doute aussi Nicolas Sarkozy qui n’était plus à l’Intérieur, mais qui avait des relais d’une extraordinaire puissance au sein de la place Beauvau. Les juges n’ont pas voulu ouvrir cette boîte de pandore. La vérité judiciaire y est pourtant enfouie. Voir Villepin en « deux ex machina » est une belle blague. Pas forcément à son honneur, d’ailleurs. A l’époque, Dominique de Villepin, ministre de l’Intérieur, est un ministre de pacotille. Il est même considéré comme un intrus par la haute hiérarchie policière, toujours attachée à Sarkozy Vous suivez ?
Le listing Clearstream a, c’est sûr, été manipulé par Imad Lahoud, ce brillant mathématicien et incroyablement sympathique, mais ses commanditaires ne sont peut-être pas à la barre du tribunal. Quelques mois avant le procès, ce dernier se répandait dans Paris, annonçant qu’il était en train de négocier son témoignage avec des amis du Président pour charger Villepin et, en échange, pour protéger sa famille. Un pacte secret scellé dans l’ombre des juges ? Il faut se méfier, évidemment des élucubrations de Lahoud. Il a tellement menti. Mais quelque choise ne tourne pas rond dans ce procès. Quelque chose qui s’appelle un déni de justice. Il y a un bon vieux relent de procès stalinien, en ce moment au tribunal de Paris.
Source: Serge Raffy (Le Nouvel Observateur)
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Mardi 7 heures: L’effet émoussé de Villepin
Quinze mois de prison avec sursis ont donc été requis en appel contre Dominique de Villepin dans le procès Clearstream. L’ancien Premier ministre y voit à nouveau la main de Nicolas Sarkozy. Il essaie de refaire le coup qui lui avait réussi en première instance, c’est-à-dire se transformer d’accusé dans une affaire judiciaire en victime d’un complot politique.
Sa mise en scène il y a un an était : « Je suis ici par la volonté d’un homme, Nicolas Sarkozy ». Lundi, il a cherché à rejouer la pièce. « Tout ceci serait incompréhensible si on oubliait que le ministère public est représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l’autorité du président de la République, Nicolas Sarkozy », a-t-il déclaré aux journalistes juste après le réquisitoire du procureur général. Autrement dit, l’ancien Premier ministre part d’une réalité institutionnelle, le lien entre le Parquet et la Chancellerie, mais qui vaut pour tous les procès, pour en déduire l’existence d’une volonté politique de le briser.
Mais cette fois ça ne prend pas. Pour trois raisons :
D’abord, on n’obtient jamais deux fois le même effet avec la même technique. Le coup d’éclat de 2010 a un côté pétard mouillé en 2011.
Ensuite, Le premier procès était un vrai match Sarkozy-Villepin puisque le chef de l’Etat était à l’époque partie civile. On avait assisté à un duel d’avocat, remporté par l’ancien Premier ministre. En appel, Nicolas Sarkozy avait retiré sa constitution de partie civile. Le second procès a donc été moins politisé que le premier. En réveillant sa vieille querelle, Dominique de Villepin ressemble un peu à Don Quichotte contre les moulins à vent.
Enfin, et c’est une raison politique : à un an de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a besoin à tout prix de dissuader toute autre candidature à droite. Il a donc davantage besoin de faire des gestes de réconciliation que d’attiser les rancoeurs. Comme le résume un ministre : « La première fois, Sarkozy voulait que Villepin soit condamné ; il a été relaxé. Cette fois, il aurait besoin qu’il soit relaxé ; il risque d’être condamné ».
S’il est condamné, Dominique de Villepin se vengera-t-il en étant candidat à l’élection présidentielle ? Rappelons d’abord qu’on n’en est pas encore au jugement. Il y a eu le réquisitoire. Il y aura mercredi la plaidoirie de la défense et le verdict sera surement mis en délibéré à l’automne. Mais d’ores et déjà, Dominique de Villepin fait planer la menace en promettant de se battre « au service des Français ».
En fait, ce procès est un prétexte. S’il est à nouveau relaxé, il se sentira définitivement libéré pour se lancer dans la bataille présidentielle. S’il est condamné, il y puisera une motivation supplémentaire pour poursuivre Nicolas Sarkozy de sa vindicte.
Mais le vrai problème de Dominique de Villepin n’est pas judiciaire, il est politique. Cela fera un an le 19 juin que l’ancien Premier ministre a lancé sa campagne. Et cela ne prend toujours pas. Il reste scotché à 4 ou 5 % d’intention de vote. Et loin d’avoir fait de nouveaux adeptes, il a continué de perdre ses soutiens comme Marie-Anne Montchamp très heureuse d’être aujourd’hui ministre de Sarkozy ou le député Daniel Garrigue. Sa proposition de revenu universel a fait un flop. Entre le PS et l’UMP, c’est du côté de Jean-Louis Borloo que l’on regarde. En tout cas pour l’instant.
Bref pour réussir, Dominique de Villepin a besoin d’être dans la surprise. Or il ne surprend plus.
Source: Les Echos
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Lundi 22 heures 30: Clearstream : le parquet requiert 15 mois de prison avec sursis contre Villepin
Quinze mois de prison avec sursis ont été requis lundi contre Dominique de Villepin pour son rôle dans l’affaire Clearstream, des réquisitions qui ont poussé l’ancien Premier ministre à se poser en victime de Nicolas Sarkozy, responsable hiérarchique du parquet.
« Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe », a dénoncé Dominique de Villepin à l’issue du réquisitoire.
« Tout ceci », a-t-il poursuivi, « serait incompréhensible si on oubliai
t que le ministère public est le représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l’autorité du président de la République Nicolas Sarkozy ».
Si la peine requise est plus clémente qu’en première instance — en 2009, le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, avait requis 18 mois avec sursis et 45.000 euros d’amende — l’analyse du ministère public n’a pas bougé d’un iota.
Pour l’avocat général Jean-Louis Perol, Dominique de Villepin s’est rendu coupable de « complicité par abstention », en d’autres termes il aurait dû stopper Jean-Louis Gergorin, l’instigateur d’une dénonciation calomnieuse dont il aurait eu pleinement conscience.
Il y avait « une convergence d’intérêts entre Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin, l’un au sein d’EADS, l’autre au sein de l’UMP », affirme l’avocat général. Il rappelle alors que Nicolas Sarkozy soutenait la candidature à la tête d’EADS de Noël Forgeard, un adversaire de Jean-Louis Gergorin.
Selon cette analyse, le premier aurait donc cherché à écarter Nicolas Sarkozy de la route de l’Elysée, tandis que l’ancien vice-président d’EADS tentait de faire de même avec ses rivaux au sein du groupe aéronautique.
« Il s’agit d’une calomnie d’abord industrielle » qui « se transforme à l’été 2004 en scandale politique », a décrit le représentant du ministère public.
Pour le parquet général, dans cette machination qui a consisté à ajouter des noms, dont celui de Nicolas Sarkozy, sur des listings bancaires afin de les discréditer, « Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud sont comme les deux doigts d’une même main. »
« Jean-Louis Gergorin est un obsédé de la manipulation, a accusé M. Perol. Le second est clairement un escroc professionnel dont la séduction et l’art de s’incruster dans les réseaux de pouvoir sont proprement exceptionnels ».
Dominique de Villepin se serait fait manipuler? Mais, a raillé M. Perol, comment un homme si brillant, « a-t-il pu se laisser berner par le manipulateur compulsif Jean-Louis Gergorin et l’escroc de bas étage Imad Lahoud? »
Pour l’avocat général, Dominique de Villepin a « adhéré au dessein délictuel de Jean-Louis Gergorin ».
Et quand en janvier 2004, il est informé que Nicolas Sarkozy figure sur les listings, c’est pour lui « l’apparition d’un effet d’aubaine », considère M. Perol. Il tient peut-être là le complot qui portera « un coup fatal à son rival ».
Et quand en juillet 2004, il acquiert très clairement « la connaissance de la fausseté des listings », il « s’abstient d’intervenir auprès de Jean-Louis Gergorin ». « Au contraire, (il) s’engage dans une stratégie de dissimulation ». Une attitude condamnable pour le ministère public: l’homme politique avait le pouvoir d’arrêter la calomnie mais s’est abstenu.
Des peines de 15 et 12 mois ferme ont été requises contre Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, ainsi qu’une amende de 45.000 euros.
Le 28 janvier 2010, Dominique de Villepin avait été relaxé, tandis que Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud avaient été condamnés à respectivement 15 et 18 mois de prison ferme, assortis pour chacun d’une amende de 40.000 euros.
Source: Agence France Presse
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Lundi 22 heures: Le reportage de LCP
Dominique de Villepin en appel par LCP
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Lundi 21 heures 30: Clearstream : le parquet requiert 15 mois de prison avec sursis contre Villepin
Le procureur Jean-Louis Pérol a requis, lundi 23 mai, une peine de 15 mois de prison avec sursis contre Dominique de Villepin, en estimant que l’ancien premier ministre était coupable de « complicité de dénonciation calomnieuse par abstention » dans l’affaire Clearstream.
Il a demandé à la cour d’appel de Paris d’infirmer le jugement de relaxe prononcé par le tribunal correctionnel le 28 janvier 2010. « Il revient à la justice de veiller à ce que le fonctionnement de la démocratie ne soit pas perturbé par les manipulations et les coups tordus », a indiqué le procureur.
Villepin dénonce une influence de Sarkozy
Dominique de Villepin a aussitôt réagi en accusant Nicolas Sarkozy d’avoir inspiré les réquisitions du parquet général. « Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe », a-t-il déclaré. « Tout ceci serait incompréhensible si on oublait que le ministère public est représentant du garde des Sceaux placé lui-même sous l’autorité du président de la République Nicolas Sarkozy », a-t-il ajouté.
Le procureur a également requis une peine de 30 mois dont 18 avec sursis et 45 000 euros d’amende contre Jean-Louis Gergorin, l’ex numéro 3 d’EADS qui a notamment reconnu être le corbeau qui a adressé les listings falsifiés au juge Renaud Van Ruymbeke en juillet 2004 et qui a été condamné en première instance à 3 ans, dont 21 mois avec sursis et 40.000 euros d’amende.
Son collègue de l’accusation, Dominique Gaillardot, avait auparavant exhorté la cour à ne pas se « laisser abuser par la fable du corbeau qui veut se faire passer pour le pigeon ». Contre Imad Lahoud, l’ex-trader et informaticien devenu professeur de mathématiques au lycée Chaptal à Paris, condamné par le tribunal à 3 ans, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve et 40 000 euros d’amende, le parquet a requis une peine de 30 mois dont 15 avec sursis et 45 000 euros d’amende.
« Intérêt politique »
Jean-Louis Pérol a tout d’abord justifié longuement le choix du parquet de retenir contre M. de Villepin le seul délit de « complicité de dénonciation calomnieuse par abstention » et non pas « par instruction », comme l’ont soutenu les deux juges d’instruction qui ont renvoyé l’ancien premier ministre devant le tribunal. La complicité « par abstention », a expliqué le procureur « ne se confond pas avec la négligence. Elle traduit la volonté de laisser le délit se commettre » parce que Dominique de Villepin y trouve « un intérêt politique ».
Le 19 juillet 2004, soit après le premier envoi de lettres anonymes à M. Van Ruymbeke, et avant les deux autres envois, M. de Villepin « sait que les listings sont faux. Il sait qui est à l’origine de la dénonciation et il connaît le contenu de la dénonciation », a affirmé M. Pérol. Dès le début, a-t-il souligné, M. de Villepin a eu sur ce dossier Clearstream une « gestion personnelle et secrète ». Evoquant son « culte de la confidentialité », il a rappelé que le ministre des affaires étrangères devenu en 2004 ministre de l’intérieur n’avait informé de cette affaire ni sa collègue ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, ni le premier ministre de l’époque Jean- Pierre Raffarin.
Selon le procureur, M. de Villepin a « dissimulé ce qu’il savait, il a entretenu l’illusion pour que Jean-Louis Gergorin poursuive son œuvre de dénonciation ». A l’appui de sa thèse, Jean-Louis Pérol a rappelé cette phrase notée sur un verbatim du général Rondot, après la réunion que ce dernier avait eu en juillet 2004 avec M. de Villepin et au cours de laquelle le ministre lui aurait dit : « Si nous apparaissons le PR [président de la République] et moi, nous sautons ». « Comment Dominique de Villepin pourrait-il être le seul à continuer à croire à la véracité des listings alors qu’il est le chef de la police ? Comment celui qui a démonté avec brio (à la tribune des Nations unies)
la manipulation des armes de destruction massive en Irak pourrait-il ne pas voir la manipulation organisée par MM. Gergorin et Lahoud ? », a ironisé le procureur.
Source: Le Monde
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Lundi 21 heures 15: Condamnation requise en appel contre Dominique de Villepin
Une peine de 15 mois de prison avec sursis a été requise lundi à Paris contre Dominique de Villepin, jugé en appel pour une manipulation menée en 2004 avec de faux fichiers bancaires de la société Clearstream où figurait le nom de Nicolas Sarkozy.
L’accusation réclame par ailleurs 30 mois de prison dont un an ferme et 45.000 euros d’amende contre l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin, ainsi que 30 mois de prison dont 15 mois fermes contre l’informaticien Imad Lahoud.
Tous deux sont poursuivis pour « dénonciation calomnieuse ».
La défense plaidera mercredi. L’arrêt sera mis en délibéré jusqu’à l’automne.
Blanchi en première instance en 2010, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, âgé de 57 ans, a répliqué qu’il voyait dans ces réquisitions la main de Nicolas Sarkozy, qui a retiré sa constitution de partie civile après le premier procès.
« Après six années d’un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe », a déclaré Dominique de Villepin à la presse.
« Tout ceci serait incompréhensible si on oubliait que le ministère public est représentant du garde des Sceaux placé lui-même sous l’autorité du président de la République Nicolas Sarkozy », a-t-il ajouté.
Il a promis de se « battre au service des Français ».
Cette intrigue qui dure depuis 2006 met aux prises ces deux figures de la droite, susceptibles de s’affronter sur le terrain politique lors de l’élection présidentielle de 2012.
L’avocat général, Jean-Louis Pérol, et un autre avocat général ont pendant près de six heures tenté de démontrer que si la manipulation devait être imputée au duo Gergorin-Lahoud, Dominique de Villepin en était « complice par abstention ».
« Coups tordus »
« La justice est là pour faire en sorte que la démocratie ne soit pas perturbée par des coups tordus », a dit l’avocat général.
Il a imputé à Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, qualifiés « d’association de malfaiteurs » la fabrication conjointe des fausses listes de comptes bancaires. Elles semblaient montrer que des centaines de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes à l’étranger.
La cible première de cette entreprise n’était pas Nicolas Sarkozy, pense l’avocat général, mais les adversaires et rivaux industriels de Jean-Louis Gergorin, dont les noms figuraient aussi sur les listings. Cependant, Dominique de Villepin a selon le magistrat ensuite utilisé cette manoeuvre pour ses propres menées contre Nicolas Sarkozy.
L’avocat général a de nouveau soutenu la thèse d’une « complicité par abstention », notion juridique contestée qui suppose que c’est en s’abstenant de mettre fin aux agissements de Jean-Louis Gergorin, et non par un acte positif, que Dominique de Villepin en est devenu complice.
Jean-Louis Gergorin a contacté Dominique de Villepin en janvier 2004, quand il était aux Affaires étrangères, et ce dernier a déclenché deux enquêtes du spécialiste du renseignement Philippe Rondot et de la DST.
Alors que les doutes sur l’authenticité des listings s’accroissaient , Jean-Louis Gergorin les a remises à un magistrat, Renaud Van Ruymbeke, entre mars et octobre 2004, déclenchant des investigations menaçantes.
« Il ne s’agit pas d’une affaire d’Etat, mais d’une calomnie qui a ensuite gagné le terrain politique », a estimé l’avocat général.
Utilisant contre l’ancien Premier ministre son célèbre discours de l’Onu de 2003 où il s’élevait contre la guerre en Irak, l’avocat général a balayé les objections de Dominique de Villepin, qui assure avoir lui-même été trompé.
« Comment la cour pourrait-elle un instant penser que celui qui a prononcé ce discours (…) celui qui a démonté avec brio la manipulation des armes de destruction massive, que cette intelligence a été manipulée » ? », a-t-il dit.
Source: Reuters
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Lundi 21 heures: Le reportage de BFM TV
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