Ce mercredi a débuté le ballet des parties civiles, avec l’audition notamment de Philippe Delmas, ainsi que du journaliste Edwy Plenel et du magistrat Gilbert Flam.
****
Mercredi 16 heures 30: Clearstream: les parties civiles disent leur amertume
Les parties civiles au procès en appel Clearstream ont rappelé mercredi devant la cour d’appel de Paris qu’elles avaient souffert d’une atteinte à leur réputation, tandis que lors du premier procès, Nicolas Sarkozy, lui-même partie civile, avait éclipsé leur amertume.
En première instance, « le prisme politique a fait qu’on ne s’est intéressé qu’à Dominique de Villepin », a regretté Me Jean-Yves Garaud, en débutant mercredi après-midi le ballet des plaidoiries.
« C’est une affaire qui a causé un préjudice exceptionnel tant à l’ordre public qu’à de nombreuses victimes », a-t-il poursuivi, jugeant que l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, avait lui aussi été « instrumentalisé ».
En première instance, « les différends entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont un peu éludé le vrai débat », a acquiescé Me Jean-Yves Dupeux, qui défend Pierre Martinez, un ancien de Thomson.
Pour les deux conseils, c’est l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, qui est au coeur de tout, un homme d’une intelligence extrême qui a su manipuler « ses pions », d’Imad Lahoud à Dominique de Villepin.
Le client de Me Garaud, Philippe Delmas, avait été interpellé à l’aéroport de Toulouse-Blagnac le 7 mai 2004, alors qu’il assistait aux cérémonies d’inauguration du site d’assemblage de l’Airbus A380. Cet ancien vice-président d’Airbus est la seule personnalité citée dans les listings Clearstream à avoir été placée en garde à vue.
Quelques mois plus tard, on apprenait que les listings avaient été falsifiés afin de faire croire que plusieurs personnes, dont Nicolas Sarkozy, trempaient dans de sombres affaires de corruption.
Pour Me Garaud, Jean-Louis Gergorin est « le seul à avoir le profil pour monter une opération de cette ampleur, le seul à avoir un mobile et à connaître les noms de toutes les victimes ».
A ses yeux, « les noms n’ont pas pu être mis dans les listings par M. Lahoud ». Car certains sont liés « à des conflits anciens et nécessairement secrets » et Imad Lahoud n’a pu en avoir connaissance, « à moins qu’il n’ait hypnotisé Jean-Louis Gergorin et l’ait fait parler dans son sommeil ».
Un point de vue que ne partage pas l’ancien directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel, pour qui c’est Imad Lahoud qui est au coeur de la machination, car le mathématicien « met ce que tout le monde a envie d’entendre dans sa forgerie de faussaire ».
La plupart des parties civiles ont fait appel uniquement contre MM. Gergorin et Lahoud, condamnés respectivement à 15 et 18 mois de prison ferme pour avoir été à l’origine de la manipulation. En revanche, la quasi-totalité a renoncé à faire appel de la relaxe de Dominique de Villepin.
Taxé en première instance d’ »hyper partie civile » par plusieurs autres victimes, Nicolas Sarkozy a renoncé à faire appel. Seul le parquet a maintenu ses accusations contre Dominique de Villepin. Il exposera son point de vue lundi, lors de son réquisitoire.
« Nous avons été pris dans un maelström où il n’y avait qu’une partie civile qui a imposé son agenda au monde judiciaire et au monde politique dans une logique de règlement de compte politique », avait dénoncé dans la matinée Edwy Plenel, en appelant la justice à faire cesser cet « aveuglement ».
Suite des plaidoiries des parties civiles jeudi après-midi et lundi matin.
Source: Agence France Presse
****
Mercredi 13 heures: Clearstream: un agenda « imposé » (Plenel)
Le fondateur du site d’information Internet Mediapart, Edwy Plenel, a regretté mercredi devant la cour d’appel de Paris que Nicolas Sarkozy ait « imposé son agenda » à la justice dans le traitement de l’affaire Clearstream. L’ancien directeur de la rédaction du Monde a demandé à la cour d’aller « au bout de l’intelligibilité de cette affaire » qui, a-t-il rappelé, a fait « 200 à 300 victimes » et non le seul chef de l’Etat.
« Nous avons été pris dans un maelström où il n’y avait qu’une partie civile qui a imposé son agenda au monde judiciaire et au monde politique dans une logique de règlement de compte politique », a dénoncé le journaliste, qui avait déjà tenu ce discours en première instance. « Je voudrais que la justice répare son aveuglement (…) dans la façon d’épouser l’agenda d’une partie civile unique », a-t-il déclaré.
Source: Europe 1
*****
Mercredi 12 heures: Clearstream : un ex-d’Airbus accuse Gergorin
L’ancien vice-président d’Airbus Philippe Delmas a redit mercredi devant la cour d’appel de Paris sa conviction que c’est son ancien rival, Jean-Louis Gergorin, qui a monté l’affaire Clearstream en vue de lui nuire, dans un contexte de rivalité industrielle. « L’affaire Clearstream, c’est la destruction de ma carrière et de ma réputation », a répété Philippe Delmas, dont le nom figure sur les listings bancaires falsifiés, laissant croire qu’il trempait alors dans de sombres affaires de corruption.
Interpellé à l’aéroport de Toulouse-Blagnac le 7 mai 2004, alors qu’il assistait aux cérémonies d’inauguration du site d’assemblage de l’Airbus A380, Philippe Delmas a été la seule personnalité citée dans les listings Clearstream à avoir été placée en garde à vue par le juge Renaud van Ruymbeke. A l’époque, a-t-il raconté mercredi, « je sais instantanément que je dois cela à M. Gergorin. « Pour l’ancien haut responsable d’Airbus, Jean-Louis Gergorin souhaitait, en le salissant, causer par ricochet « un préjudice irrécouvrable à M. Forgeard », alors président d’Airbus. Philippe Delmas faisait alors campagne pour que Noël Forgeard accède à la vice-présidence d’EADS.
« Pourquoi Jean-Louis Gergorin a-t-il choisi d’aller voir le général Philippe Rondot pour qu’il enquête sur les listings ? Réponse de Philippe Delmas : « ce qui l’intéressait dans le général Rondot, c’était sa caution mais pas sa compétence » en informatique ou en finance.Et puis, lorsque le général Rondot a commencé à avoir des doutes, il a vu qu’il était « temps de changer de monture : le juge van Ruymbeke était une cible idéale ». Il lui a donc fait parvenir les listings.
Source: Europe 1
*****
Mardi 18 heures: Le procès Clearstream en appel laisse des interrogations en suspens
La lassitude a commencé à gagner les travées de la cour d’appel de Paris, qui examine depuis bientôt trois semaines l’affaire Clearstream. Alors que la parole est désormais aux parties civiles, l’examen des faits qui s’est achevé lundi n’a pas permis d’apporter d’éléments nouveaux dans cette affaire de dénonciation calomnieuse qui oppose depuis plusieurs années Dominique de Villepin à Nicolas Sarkozy.
Malgré des débats plus sereins qu’en première instance, les mêmes questions demeurent sur l’origine de la manipulation des listings Clearstream et sur le degré d’implication de l’ancien premier ministre.
Le mathématicien Imad Lahoud, qui a reconnu avoir ajouté le nom de Nicolas Sarkozy sur ces fameux listings, a bien tenté de se présenter comme un exécutant « aux mains » de Jean-Louis Gergorin et de Dominique de Villepin. Mais ses versions contradictoires, ses précédentes condamnations pour escroquerie, comme le récit rocambolesque de ses prétendues connaissances des réseaux financiers d’Oussama Ben Laden, ont laissé perplexes les magistrats. « Dans les services, on qualifie ces personnes d’escrocs aux renseignements » a laissé tomber le général Philippe Rondot.
Même son épouse, interrogée sur la véracité de ses dires, a paru gênée aux entournures. « Entre 2000 et 2004, Imad a changé et il a fait beaucoup de bêtises. Aujourd’hui, quand il dit quelque chose, je le crois », a-t-elle avoué.
Face à lui, Jean-Louis Gergorin est présenté comme le cerveau de la manipulation. Cet homme volubile, dont les regards ne cessent d’aller d’un endroit à l’autre de la salle sans jamais se poser, prétend avoir été abusé par Imad Lahoud.
L’ancien vice-président d’EADS – qui porte une lourde responsabilité dans cette affaire puisqu’il a transmis ces listings au général Rondot, en a informé Dominique de Villepin puis les a envoyés au juge Renaud van Ruymbeke – a fait acte de contrition devant la cour, reconnaissant à plusieurs reprises avoir « déraillé », mais il persiste à affirmer avoir agi « de bonne foi ».
Sa participation active dans cette affaire, comme la présence sur les listes de comptes de personnalités ayant un rapport plus ou moins direct avec EADS, laisse néanmoins planer le doute sur son rôle exact.
« Complicité par abstention »
Quant à Dominique de Villepin, fort de sa relaxe en première instance, il continue à nier toute implication dans la dénonciation. Sa défense a été une nouvelle fois mise à mal par le témoignage du général Rondot, en « désaccord » sur plusieurs points avec lui.
Notamment sur celui, central, de la date à laquelle le responsable des renseignements l’aurait informé de la « fausseté des listings ». Dès juillet 2004, affirme le général Rondot. Pas avant le mois d’octobre, maintient Dominique de Villepin.
Or, l’accusation lui reproche précisément une « complicité par abstention », c’est-à-dire d’avoir su qu’il s’agissait d’une calomnie mais de n’avoir rien fait pour l’arrêter.
L’ancien premier ministre a plaidé qu’il n’était pas le seul au gouvernement à avoir été informé. « S’il y a eu abstention, c’est celle de l’État » qui a agi « par précaution », a-t-il plaidé.
Source: La Croix
*****
Lundi 22 heures: Clearstream : Villepin et la DST sur la même ligne
Pierre Bousquet de Florian a dédouané l’ex-Premier ministre au sujet de la véracité des listings.
«Il n’y a aucune volonté de dissimulation ou occultation de ma part.» Hier, en clôture des débats du procès en appel de l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin s’est une fois de plus débattu comme un beau diable, sa problématique étant enfin au centre des débats. A partir de quand l’ancien ministre aurait eu conscience de la fausseté des listings, et quelle fut sa réaction ? Le parquet s’accrochant au délit de «complicité par abstention», c’est la dernière ligne droite qui fait débat, sous le regard de Pierre Bousquet de Florian, ex-directeur de la DST, convoqué comme grand témoin.
«Derrière»
En juillet 2004, Villepin, ministre de l’Intérieur, missionne la DST, deux mois après que le corbeau a transmis les listings à un juge d’instruction. Bousquet minore l’ampleur de l’enquête, «confiée sur le tarmac d’un aéroport, de façon rapide et informelle». Pas vraiment une mission de police politique : «J’étais chargé de rien du tout, mon ministre me demande simplement de « regarder ce qu’il y a derrière », de voir ce qu’il en est.»
Cela donnera une note DST, datée du 21 juillet, qui délivre un premier diagnostic, «peut-être en présence d’un montage complet ou partiel» et «recommande pour l’instant la plus grande prudence». Suivie d’une deuxième, le 24 septembre, ciblant Jean-Louis Gergorin comme le corbeau dans le cadre d’une «guerre des bandes au sein d’EADS».
A la barre, Bousquet multiplie les précautions sur l’exégèse des notes de son service : «Pas de certitude, mais, légère nuance, une conviction (…) ; pas le fruit d’un raisonnement scientifique, mais on était assez sûrs de nous (…) ; c’est toute la différence entre une information orale qu’on partage et un document écrit qui peut rester dans une affaire où tout le monde est prompt à porter plainte pour diffamation ou dénonciation calomnieuse.» Le parquet s’accroche à l’accusation : «Donc la DST savait que les listings étaient faux ?» Bousquet botte encore en touche : «C’est moins simple que cela.»
Au passage, l’ancien directeur du service de renseignements relève qu’il informait Nicolas Sarkozy en temps réel, via le directeur général de la police nationale (DGPN), lequel en référait à Claude Guéant : «Je l’ai fait d’initiative, par loyauté, M. Sarkozy ayant été mon ministre avant M. de Villepin.» Dès juillet 2004, il lui fait savoir que le patronyme de son père figure sur les listings ; en septembre, il lui délivre le contenu d’une note DST faisant état de ses hypothèses sur le corbeau.
«Le frère»
Le terrain déblayé par Pierre Bousquet de Florian, Dominique de Villepin peut se lever et lancer une grande tirade anti-Sarkozy, où l’indignation rivalise avec le comique de répétition. «Le DGPN, et ce n’est pas lui faire injure, a des relations d’amitiés avec lui.» Autre source d’information parallèle, Arnaud Lagardère, employeur de Jean-Louis Gergorin et d’Imad Lahoud : «C’est « le frère » de Nicolas Sarkozy, lequel en savait plus que les autres ministres.»
Enfin, et surtout, le parquet reproche aujourd’hui à Villepin de n’avoir pas alerté à l’époque le même parquet en vue de mettre un terme à la machination. Bousquet ayant narré sa rencontre avec le procureur de la République, le 25 octobre 2004, Villepin peut plastronner derechef : «Yves Bot, et ce n’est pas lui faire injure, est un proche de Nicolas Sarkozy. Le directeur de la DST va le voir à ma demande et lui donne toute information utile. Et qu’en fait le procureur ? Rien ! Il faudra attendre deux ans avant que Jean-Louis Gergorin soit mis en examen. Si aujourd’hui M. Bot n’est pas à mes côtés pour s’expliquer, j’aimerais savoir ce qu’on me re-proche. On réécrit l’histoire.» Petitement, elle est en marche.
Source: Libération