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Notre procès Clearstream: sixième journée

Poursuite des audiences ce jeudi, avec les questions du parquet au général Rondot.

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Jeudi 23 heures: Clearstream : quand Villepin s’emporte

Avocats, magistrats du parquet, prévenus, ils n’avaient tous qu’un feuillet à la main jeudi : la photocopie des notes prises par le général Rondot le 19 juillet 2004. Et cette feuille blanche brûle les mains. Avant de plonger dans son contenu, il faut se remémorer le contexte. Depuis quelques semaines, le dossier Clearstream tourne au scandale nauséabond. Il paraît de plus en plus évident que les élucubrations sur une corruption dans laquelle tremperait un bon paquet de l’élite française ne tiennent pas la route.

Mais, désormais, elles n’agitent plus seulement les cerveaux surchauffés de l’informaticien Imad Lahoud, du vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin et du maître espion Philippe Rondot. Outre Dominique de Villepin, passé en mars du Quai d’Orsay à la Place Beauvau, Michèle Alliot-Marie, à la Défense, est au courant et le juge Van Ruymbeke reçoit depuis fin avril les missives du «corbeau». Aujourd’hui, Dominique de Villepin est donc soupçonné de s’être rendu coupable de «complicité de dénonciation calomnieuse» par abstention. Autrement dit de pas avoir stoppé une machination dont il aurait compris les secrets de fabrication.

Or qu’écrit donc l’officier de renseignement sur son entretien avec le ministre de l’Intérieur le 19 juillet ? «Mes vérifications ne sont pas venues étayer les thèses de Jean-Louis Gergorin. Doutes et interrogations demeurent. Risque que le président de la République soit atteint. Il y a sans doute une part de vérité. Demander à JLG (Jean-Louis Gergorin) de ne plus bouger.» Et, en marge, cette phrase attribuée à Dominique de Villepin : «Si nous apparaissons le PR (président de la République) et moi, nous sautons.»

«J’ai agi selon des principes»

Explications de ce style télégraphique par l’auteur de la note : «Je n’ai alors pas de doutes sur la fausseté des listings mais sur l’origine du montage. C’est ce que je dis à Dominique de Villepin. Lui me répond : “Il y a sans doute une part de vérité.”» Quittant sa chaise sans y être invité, l’ancien premier ministre s’empare du micro. Bien décidé à ne pas endosser ce rôle de pyromane : «Je veux bien qu’on fasse des hypothèses sur ce qui s’est dit (…). Est-ce que je saisirais la DST en juillet (comme il l’a fait) si j’avais la moindre connaissance de la fausseté des listings ? Dans quel but ? Je ne sais pas aujourd’hui ce qu’on me reproche dans cette affaire. J’ai agi selon des principes et je n’y ai jamais dérogé !». Le général Rondot, placide face à la colère qui enfle à son côté droit : «Cette mention “Si nous apparaissons le PR et loi, nous sautons”, ce sont les propos du ministre que j’ai entendus ce jour-là.» Me Olivier Metzner, défenseur de Villepin, ne veut pas en rester là : «Vous faites état à M. de Villepin de votre “certitude” sur la fausseté des listings ?»

«Oui !

- Pourtant, vous nous avez dit hier qu’en octobre M. de Villepin avait encore des doutes.

- Vous interprétez !»

Mais, quelques instants plus tard, le général l’admet, le 15 octobre, le ministre lui confie : «Maintenant, c’est sûr !» À Dominique de Villepin, maintenant, d’exposer sa thèse : «En juillet 2004, la rumeur court dans Paris que le président de la République et moi sommes responsables d’une manipulation (…). Dès l’origine, nous savons que Nicolas Sarkozy et son entourage mettent la pression pour désigner comme coupables Jacques Chirac et moi-même. Cela visait le sommet de l’État.» D’où, selon l’ex-premier ministre, cette retranscription de «l’esprit de la conversation» par Philippe Rondot. Le débit s’accélère, le ton monte encore d’un cran : «S’il n’y avait pas eu une véritable tentative d’instrumentalisation de la justice, nous n’en serions pas là !» Cette fois-ci, le prévenu n’a pas besoin de prononcer le nom de Nicolas Sarkozy. Tout le monde a compris.

Source: Le Figaro

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Jeudi 21 heures 30: Passe d’armes entre Villepin et Rondot

« Cette affaire est folle et j’ai l’impression qu’elle nous rend fous », lâche, jeudi à la barre, le général Philippe Rondot, au deuxième jour de son audition dans le procès Clearstream II. Au cours de l’audience, le militaire a longuement ferraillé avec Dominique de Villepin, prévenu dans cette affaire. Les deux autres hommes dans le box des accusés : Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin sont, eux, restés presque silencieux.

Rondot charge Villepin – Toujours aussi raide que la veille, le général Rondot, missionné en 2004 pour enquêter sur la véracité des listings Clearstream, réafirme d’abord avoir eu connaissance de leur falsification dès juillet 2004. C’est à cette période, qu’il assure également avoir averti Dominique de Villepin. Ce point est central pour l’accusation qui affirme que l’ex-ministre, alerté de la calomnie, aurait pu y mettre fin. Le 19 juillet 2004, lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur, « j’informe Dominique de Villepin de la certitude, j’insiste sur ce mot, que nous avons de la fausseté des listings », assène ainsi le général Rondot.

Dominique de Villepin s’agace alors : « Moi, je veux bien qu’on fasse des hypothèses, tonne-t-il, mais ce n’est absolument pas ce qui est dit » dans les notes du militaire. Ces hypothèses sont « farfelues ». « Est-ce que j’aurais saisi le général Rondot si j’étais au courant de la fausseté des listings ?! Je ne sais toujours pas aujourd’hui ce qu’on me reproche. Comme ministre, j’ai obéi à des principes et je n’y ai jamais dérogé ! »

« Qu’a fait le ministère de la Défense »

Villepin charge MAM- Alors que le parquet accuse le ministre de l’Intérieur qu’il était en 2004 de ne pas être intervenu pour stopper cette affaire Clearstream, Dominique de Villepin, lui, martèle encore et encore que ce sont tous les services de l’Etat qui ont laissé l’affaire s’entendre, faute d’informations concrètes. « La question qui se pose est : qu’ont fait pendant cette période, le ministère de la Défense (Michèle Alliot-Marie) qui a sous ses ordres la DGSE, le ministère de l’Economie et des Finances (Nicolas Sarkozy) alors qu’une chambre de compensation est mise en cause ?. Qu’ont fait les services de la Défense pour éclairer les hautes instances de l’Etat à l’époque ? », s’interroge ainsi Dominique de Villepin, soulignant que son ministère n’était pas le seul à être au courant de l’affaire.

Et l’ex-ministre enfonce le clou : « Il est impensable que le ministre de la Défense n’ait pas rendu compte aux hautes instances de l’Etat de cette affaire. Je veux bien rendre des comptes et je suis même ravi de le faire. Mais le fonctionnement de l’Etat, ce n’est pas tout pour l’un, rien pour les autres. Ce n’est pas aléatoire. Chacun a ses responsabilités ». Michèle Alliot-Marie appréciera.

« Sarkozy et son entourage »

Villepin charge Sarkozy – Lors d’une réunion en juillet 2004, le général Rondot est également sûr d’une chose que Dominique de Villepin lui a dit : « si moi et le président de la République apparaissons, nous sautons ».

A l’énoncé de cette phrase, Dominique de Villepin a comme bondi de sa chaise : « Cette phrase évoque, pour moi, un entretien avec Nicolas Sarkozy qui m’avait assuré, à l’époque, que si moi et le président apparaissions dans cette affaire, nous allions avoir des ennuis. Lors de ce mois de juillet, il a un bruit dans Paris qui court : le président et Dominique de Villepin sont responsables. Nicolas Sarkozy et son entourage mettent la pression pour désigner d’emblée le président et moi-même comme les coupables. Cela devient pour moi une inquiétude politique et médiatique. Et le général Rondot évoque ce risque (médiatique) lors de notre entretien et ou
i sur le fond je suis en accord absolu avec Rondot. Il s’agit bien d’un risque d’Etat, un risque pour le président et moi », martèle Dominique de Villepin qui sur la forme met en cause la phrase de Philippe Rondot.

« La prise de notes est un exercice difficile. Il notait à la volée, sur son ventre, ça peut parfois conduire à différentes interprétations », dit-il. « Je vous dis cela avec tout le respect que je porte au talent du général Rondot ». Evidemment.

Source: Europe 1, Hélène Favier

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Jeudi 19 heures 45: Clearstream : Villepin charge Sarkozy et Michèle Alliot-Marie

Le général Rondot, qui a enquêté sur l’affaire Clearstream, a réaffirmé avoir eu connaissance de la falsification des listings dès juillet 2004 et en avoir averti immédiatement l’ancien Premier ministre. Ce que nie Dominique de Villepin. Ce point est central pour l’accusation qui affirme qu’alerté de la calomnie, il aurait pu y mettre fin.

Dominique de Villepin cherche l’effet boomerang. « Je veux bien rendre des comptes et je suis ravi de le faire mais le fonctionnement de l’Etat n’est pas aléatoire. Chaque ministère doit rendre des comptes ». Au mois de juillet 2004, l’affaire Clearstream est sorti dans la presse. Un « corbeau » (aujourd’hui l’on sait que c’est Jean-Louis Gergorin) alimente le juge Renaud Van Ruymbeke de faux listings Clearstream laissant apparaître des noms d’hommes politiques dont celui de Nicolas Sarkozy. « La question qui se pose est : qu’ont fait pendant cette période, le ministère de la Défense (dirigé à l’époque par Michèle Alliot-Marie, NDLR) qui a sous ses ordres la DGSE, le ministère de l’Economie et des Finances (dirigé lui par Nicolas Sarkozy) alors qu’une chambre de compensation est mise en cause ?», s’insurge l’ancien Premier ministre, relaxé en première instance mais renvoyé sur appel du parquet pour « complicité de dénonciation calomnieuse ». Le parquet le soupçonne d’avoir laissé l’affaire s’étendre alors que, ministre de l’Intérieur en 2004, il savait que les listings étaient faux.

« Dès le début on m’a montré du doigt… »

« A cette époque, il y a début d’instrumentalisation », continue Dominique de Villepin devant la cour. Et l’ancien Premier ministre enfourche son cheval de bataille : « Nous savons que Nicolas Sarkozy et son entourage désignent dès l’origine des coupables, (…) dès le début on m’a montré du doigt et la trace du doigt a été assez forte pour que l’on se retrouve ici six ans après », clame Dominique de Villepin.

La cour vient d’aborder la réunion du 19 juillet 2004 au ministère de l’Intérieur entre Dominique de Villepin et le général Rondot. A cette époque, l’officier rentre de Suisse où les autorités viennent d’opérer des vérifications qui l’ont convaincu que les listings ont été falsifiés. «J’informe Dominique de Villepin de la certitude, j’insiste sur ce mot, que nous avons Philippe Marland (le directeur de cabinet de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, NDLR) et moi-même de la fausseté des listings», assène le général Rondot. Au cours de cette rencontre d’après la note du militaire, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac aurait dit « si nous apparaissons le PR (président de la République, NDLR) et moi nous sautons ».

Une pointe de mépris

Toujours aussi droit, le général Rondot aborde cette note avec des pincettes. Il ne veut pas être mêlé à cette affaire qui devient, à l’époque « politique », et l’on sent chez le vieux général une pointe de mépris. Mais il tient tête à Dominique de Villepin qui nie a voir eu connaissance à cette époque de la fausseté des listings. Ce point est central pour l’accusation qui affirme que le prévenu, alerté de la calomnie, aurait pu y mettre fin.

«Est-ce que j’aurais saisi le général Rondot si j’étais au courant de la fausseté des listings? ! (…) Je ne sais toujours pas aujourd’hui ce qu’on me reproche. Comme ministre, j’ai obéi à des principes et je n’y ai jamais dérogé !». Il se rassoit. Solennel. La salle fait silence.

Imperturbable, le général Rondot reprend sa place derrière le pupitre. «Bon, je poursuis…». Le 19 juillet « je n’ai pas de doute sur la fausseté des listings mais mes doutes et interrogations demeurent sur l’origine du montage. Je me réfère au risque que le président de la République soit atteint », explique le général.

« Nous étions inquiet d’une instrumentalisation qui se confirme aujourd’hui »

Dominique de Villepin qui a trouvé sa ligne de défense attaque aussitôt : « Je suis d’accord avec le sens général de la note de Philippe Rondot, mes inquiétudes sont politiques et médiatiques », explique l’ex-Premier ministre « à l’époque, Nicolas Sarkozy et son entourage désigne d’emblée la responsabilité de Jacques Chirac et la mienne. Nous étions inquiet d’une instrumentalisation qui se confirme aujourd’hui », répète-t-il.

Les avocats des prévenus s’agitent, lèvent leurs manches, s’envoient des dates, des notes, la présidente peine à rétablir un peu d’ordre… Le public dans la grande chambre de la cour d’appel de Paris, lui, est comme le général Rondot en 2004, il continue à avoir des doutes tant le scénario et le mobile de l’intrigue Clearstream restent flous, autant que ces cibles réelles. Les listes comportaient en effet d’autres noms célèbres à gauche, dont celui du socialiste Dominique Strauss-Kahn, ainsi que les noms des rivaux industriels de Jean-Louis Gergorin.

Source: Les Echos, Valérie de Senneville

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Jeudi 19 heures 30: La colère de Dominique de Villepin au procès Clearstream

Le général Philippe Rondot a continué jeudi à décortiquer face à la cour d’appel de Paris les carnets où il a consigné les épisodes-clés de l’affaire Clearstream, mettant une nouvelle fois à rude épreuve la défense de Dominique de Villepin qui a fini par sortir de ses gonds. L’ancien agent de renseignement a troqué son costume anthracite contre l’ensemble kaki qu’il avait étrenné en première instance. Si la tenue a changé, l’aplomb est resté le même. Le militaire, qui a enquêté sur l’affaire Clearstream, a réaffirmé avoir eu connaissance de la falsification des listings dès juillet 2004 et en avoir averti immédiatement l’ancien Premier ministre. Ce que nie Dominique de Villepin. Ce point est central pour l’accusation, qui affirme que le prévenu, alerté de la calomnie, aurait pu y mettre fin.

À cette époque, l’officier rentre de Suisse où les autorités viennent d’opérer des vérifications qui l’ont convaincu que les listings ont été falsifiés et que certains noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, y ont été ajoutés pour les discréditer. Le 19 juillet 2004, lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur, « j’informe Dominique de Villepin de la certitude, j’insiste sur ce mot, que nous avons Philippe Marland (le directeur de cabinet de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ndlr) et moi-même de la fausseté des listings », assène le général Rondot. Dans une note qu’il a rédigée juste après, l’officier écrit : « Mes vérifications ne sont pas venues étayer la thèse de Jean-Louis Gergorin. Mes doutes et interrogations demeurent. » Plus loin, il cite une remarque qu’aurait eue alors Dominique de Villepin : « Si nous apparaissons, le PR (le président de la République, ndlr) et moi, nous sautons. »

« Je ne sais toujours pas, aujourd’hui, ce qu’on me reproche »

Philippe Rondot a redit jeudi, mais cette fois avec une indéboulonnable assurance, qu’il était alors convaincu que « les listings étaient faux ». « Mes doutes et interrogations concernent seulement l’origine du montage et comment ça s’est passé. » Pour Dominique de Villepin, c’en est trop. Lui qui, depuis
mercredi, redoublait de courtoisie à l’égard du général, sort de ses gonds. « Moi, je veux bien qu’on fasse des hypothèses, tonne-t-il, mais ce n’est absolument pas ce qui est dit » dans les notes du militaire. Ces déclarations sont « farfelues ». « Est-ce que j’aurais saisi le général Rondot si j’étais au courant de la fausseté des listings ?! (…) Je ne sais toujours pas aujourd’hui ce qu’on me reproche. Comme ministre, j’ai obéi à des principes et je n’y ai jamais dérogé ! » Il se rassoit. Solennel. La salle fait silence.

Imperturbable, le général Rondot reprend sa place derrière le pupitre. « Bon, je poursuis… » Quelques minutes plus tard, l’ancien diplomate repart à l’assaut pour contester la citation qui lui est attribuée sur le président et lui-même qui « sauteraient », semble-t-il, si on apprenait leur rôle dans la dénonciation calomnieuse. Il la reconnaît mais en modifie l’interprétation. C’est qu’à l’époque, rappelle-t-il, « il y a des gens dans Paris qui disent que c’est le président de la République et Dominique de Villepin qui sont les responsables d’une manipulation. (…) Mes inquiétudes, elles sont politiques et médiatiques, au vu de ce qui circule car nous savons que Nicolas Sarkozy et son entourage désignent » des responsables. « Il y a eu dès l’origine l’impression qu’il y avait des coupables, le président de la République et moi-même. » Le général Rondot aurait mal compris, car « la prise de notes est un exercice difficile. Il notait à la volée, sur son ventre, ça peut parfois conduire à différentes interprétations », dit Dominique de Villepin, qui immédiatement rassure en un large sourire : « Je vous dis cela avec tout le respect que je porte au talent du général Rondot. »

Source: Le Point

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Jeudi 19 heures:Clearstream: affrontement Rondot/Villepin

Dominique de Villepin a été mis en difficulté jeudi par le général Philippe Rondot, qui a contredit à plusieurs reprises l’ancien Premier ministre devant la cour d’appel de Paris où est rejugée l’affaire Clearstream.

Le militaire âgé de 74 ans assure que M. de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, s’est prévalu d’instructions du président Jacques Chirac pour lui demander d’enquêter sur d’éventuelles menaces de réseaux mafieux avec en toile de fond la chambre de compensation Clearstream.

Ce que n’a cessé de démentir Dominique de Villepin, assurant avoir évoqué un cadre plus général fixé par le chef de l’Etat en matière de moralisation de la vie politique. « S’il y a une instruction présidentielle, on claque les talons, on s’exécute et on apporte », s’est-il énervé.

Inflexible, le militaire a tenu bon. Cette instruction présidentielle ne lui a jamais été démentie, même lorsqu’il s’en est ouvert au directeur de cabinet de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a-t-il affirmé.

« Mme Michèle Alliot-Marie a eu connaissance de cette affaire-là. Je ne sais pas ce qu’elle a entrepris. Je ne sais pas ce qu’elle a dit à M. Dominique de Villepin. Je ne sais pas ce qu’elle a pu dire ou ne pas dire au président de la République. Elle ne m’a pas dit d’arrêter », s’est justifié le général Rondot.

En juillet 2004, le militaire obtient la confirmation de la fausseté des informations des listings après vérification auprès des services secrets suisses. Le 19 juillet, il rencontre Dominique de Villepin, devenu ministre de l’Intérieur.

L’une de ses notes, saisies au cours de l’enquête, relate cet entretien. A la barre, il explique avoir informé le ministre de l’Intérieur (et le directeur de cabinet du ministre de la Défense) de la falsification des listings et de l’existence d’un « montage ». Mais, dit-il, Dominique de Villepin croit encore à cette affaire.

C’est sur une toute petite phrase de cette note que les deux hommes vont s’affronter. « Si nous apparaissons le PR et moi nous sautons ». Phrase qui peut se lire: Dominique de Villepin est un manipulateur. Si le général a déclaré ne pas l’avoir interprétée de cette façon, il a maintenu contre vents et marées qu’elle avait été prononcée par M. de Villepin.

A la barre, le président du groupe politique République solidaire hausse le ton, agite ses bras, dit que cette phrase se rapporte à une scène avec Nicolas Sarkozy qu’il situe… en octobre 2004. L’actuel chef de l’Etat aurait promis « un sort funeste » à l’ancien président et son Premier ministre s’ils avaient pris part à cette manipulation.

Face au général qui refuse d’être pris pour un menteur, il acquiesce à l’esprit de la conversation. Mais essaie de persuader la cour que la « prise de notes à la volée » du militaire a pu être imparfaite.

Les débats se poursuivaient dans la soirée.

Source: AP

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Jeudi 16 heures: Le général Rondot: cette affaire Clearstream «nous rend fous!»

«Cette affaire est folle et j’ai l’impression qu’elle nous rend fous!» a regretté jeudi le général Philippe Rondot, au deuxième jour de sa déposition devant la cour d’appel de Paris, qui rejuge l’affaire Clearstream.

«Je me demande aujourd’hui ce que je peux croire, au vu de ce que j’ai entendu», a encore dit l’officier, pressé de questions par les divers avocats du dossier.

Le général Rondot, qui a enquêté sur les listings Clearstream en 2003 et 2004 afin de déterminer si des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient ou non des comptes occultes à l’étranger, a commencé à témoigner mercredi, contredisant à de nombreuses reprises la parole de Dominique de Villepin, soupçonné de «complicité de dénonciation calomnieuse».

Jeudi, le militaire a poursuivi son entreprise involontaire de démolition de Dominique de Villepin. Il a notamment reparlé des instructions présidentielles dont se serait recommandé l’ancien ministre des Affaires étrangères pour demander à Jean-Louis Gergorin de saisir un juge de l’affaire Clearstream.

Jean-Louis Gergorin lui en aurait fait part mai 2004, soit quelques semaines après avoir alerté le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke des listings.

Dans une note du 26 mai 2004, le général Rondot rapporte les propos que lui aurait tenu Jean-Louis Gergorin. Dominique de Villepin se serait alors montré «jubilatoire» et «soucieux de ne pas apparaître dans le scénario».

«Je me souviens que Dominique de Villepin était plus que satisfait qu’un juge compétent aille se saisir de cette affaire», a déclaré jeudi l’ancien vice-président d’EADS.

Le général Rondot a témoigné que Jean-Louis Gergorin lui avait alors bien parlé d’une instruction de Dominique de Villepin.

Un point de nouveau contesté par le président de République solidaire. Concernant «la prétendue instruction» d’aller voir un juge, «je ne sais toujours pas de quoi on parle». Quant aux rencontres qu’il auraient eues avec Jean-Louis Gergorin après le 9 janvier 2004, elles n’ont tout simplement jamais eu lieu, selon lui.

Et puis, a-t-il souri,«il serait intéressant de savoir ce que cette affaire serait devenue si Jean-Louis Gergorin était allé voir un autre juge, M. Courroye par exemple…» Avant d’être procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye était juge d’instruction à Paris. C’est à cette époque qu’il s’est rapproché de Nicolas Sarkozy.

Source: AFP

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