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Retour sur l'intervention de Dominique de Villepin au Grand Journal de Canal+ (2/2)

Suite et fin du verbatim de l’intervention de Dominique de Villepin dans le Grand Journal de Canal+, lundi dernier: l’analyse du Président de République Solidaire sur la situation en Lybie, sa réaction aux propos de Jean-François Copé additionnant les voix de Dominique de Villepin à celle de Nicolas Sarkozy et la question du nucléaire…

Sur la situation en Lybie

Le Président de la République est en initiative. Il a fait des propositions. Malheureusement, une partie de ses propositions ont brouillé le message. Reconnaître le Conseil National de Transition, alors même que nous savions très bien la position des autres Européens n’était pas forcément la meilleure chose à faire. (…) Encore fallait-il s’entendre ou essayer de s’entendre sur les propositions les plus concrètes et les plus susceptibles immédiatement d’avoir un effet.

La zone d’exclusion terrestre comporte une gradation: dans un premier temps, brouiller l’ensemble des communications sur la Lybie, c’est rendre inopérant la capacité de l’aviation lybienne à frapper. Dans un deuxième temps bien sûr, si on veut aller plus loin et immobiliser l’aviation, ça suppose un certain nombre de frappes ciblées. Mais on peut aller progressivement dans l’application de cette zone d’exclusion aérienne, avec l’ensemble des pays européens qui aujourd’hui bénéficient du soutien de la Ligue Arabe. Et la décision prise par la Ligue Arabe est une décision majeure.

Autant nous avons besoin d’un mandat de l’ONU pour frapper des cibles militaires, autant brouiller les communications au-dessus du territoire lybien ne demande vraisemblablement pas un engagement de la part de l’ONU. Donc il y a des actions que nous pouvons faire. Mais vous avez raison, la situation sur le terrain évolue extrêmement rapidement. C’est pour ça que je déplore d’autant les occasions perdues des dernières semaines et les atermoiements d’un certain nombre de pays. Aujourd’hui, quel est le choix?

La France, je le redis, a été en initiative. Si elle avait été moins brouillonne et plus concentrée, elle aurait été peut-être plus efficace. Mais aujourd’hui, le problème se pose en termes différents. Vous l’avez dit, le Colonel Kadhafi est en train de regagner le contrôle de l’ensemble de son territoire. Je crois qu’il y a deux lignes rouges à fixer. La première, c’est qu’il faut tenir sur la ligne du départ du Colonel Kadhafi: c’est difficile. La deuxième, c’est que nous ne pouvons pas accepter regagne toute la région de Benghazi au prix du sang. C’est ce qu’il va vraisemblablement faire, et c’est pour cela que dans l’urgence, il est essentiel que l’ensemble des pays européens puissent tomber d’accord sur les quelques mesures qui permettent d’adresser un signal clair, un signal clair de détermination.

La mise en oeuvre de la zone d’exclusion aérienne, c’est la première mesure. La deuxième, si on se retrouve devant un Colonel Kadhafi qui reprend possession de ce territoire, c’est de signifier la seule possibilité à Kadhafi: c’est un départ négocié.

Le fait qu’il n’y ait pas d’accord ne signifie pas que devant la montée des urgences et la détérioration de la situation, chacun se convainque qu’il doive agir. Donc c’est bien dans ce schéma progressif, dans cette montée progressive de la violence en Lybie qu’on doit se situer. Et la diplomatie, c’est bien de faire en sorte que ce qui est impossible aujourd’hui le devienne demain. Donc je ne crois pas du tout qu’il faut baisser les bras. Il faut placer chacun devant ses responsabilités.

Nous avons réussi à obtenir un certain nombre de choses des Allemands dans le passé. Il faut là aussi se convaincre, avec les Allemands, que quelque chose est possible, sans quoi chacun alors aura à tirer les leçons de ce drame.

Sur les propos de Jean-François Copé ajoutant les voix de Dominique de Villepin à celles de Nicolas Sarkozy

Vous savez, à l’école, on m’a appris qu’une addition se faisait dans le sens de ce qui s’additionne. En l’occurrence, je ne suis pas sûr que ce soit une addition qu’il faille faire. Mais chacun a le droit de s’amuser comme il veut avec l’arithmétique électorale… Ce n’est pas mon cas.

Je crois qu’entre ceux qui ont défendu des idées qui aujourd’hui nous conduisent à l’impasse et ceux qui n’ont cessé de prévenir et de proposer et montrer qu’il y avait un autre chemin, ce n’est pas la même chose. Ce que je peux souhaiter et veux espérer, c’est que ceux qui nous gouvernent, ceux qui sont à la tête de l’UMP en tireront les leçons. Vous savez, en politique, il y a toujours une certaine grandeur à reconnaître qu’on s’est trompé, à reconnaître qu’on n’a pas été dans le bon chemin.

Sur le nucléaire

Nous n’avons pas envisagé un certain nombre d’hypothèses qui aujourd’hui se réalisent. Et c’est vrai quand on voit la séquence: Three Miles Island aux Etats-Unis, le drame de ce qui s’est passé à Tchernobyl (vous me direz dans des circonstances différentes) et ce qui se passe au Japon: nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. A partir de là, je ne dis pas qu’il faut abandonner le nucléaire, je dis: « Posons-nous un certain nombre de questions qui garantissent aux Français une totale sécurité dans ce domaine ! »

Sur un rapprochement avec François Bayrou

Je suis pour le dialogue républicain avec l’ensemble des forces et bien sûr, avec François Bayrou…

Sur les images les plus marquantes du zapping du weekend

Ce sont les images du tsunami, cette marée qui emporte tout sur son passage et devant laquelle l’Homme est bien peu de choses.

Sur le nombre d’adhérents à République Solidaire

25.000 militants et sympathisants ! L’objectif, c’est combien? 62 millions de Français, 63 millions de Français?

Vous savez, les bonnes idées, on a envie de les faire partager. Et dans un moment de gravité comme le moment que nous vivons (on vit quand même une crise financière, une crise économique, une crise sociale, une crise internationale, une crise nucléaire), ça fait beaucoup et je crois qu’il est temps qu’on passe aux choses sérieuses.

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