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Retour sur l'intervention de Dominique de Villepin au Grand Journal de Canal+ (1/2)

Candidature à l’élection présidentielle, rencontres avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, poussée du Front National: retour sur l’intervention de Dominique de Villepin dans le Grand Journal de Canal+, lundi dernier…

Sur la date de l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle

Je l’ai dit, c’est une décision qui se prend au moment où la campagne s’engage véritablement, c’est-à-dire pas avant la fin de l’année. (…) Je ne dis pas comme Dominique Strauss-Kahn: « j’ai pris ma décision, mais je n’en parle pas ». (…)

Il y a une différence fondamentale entre la candidature de Jean-Pierre Chevènement en 2002 et la mienne. (…) Jean-Pierre Chevènement avait accompagné Lionel Jospin pendant toute une période du mandat des 5 années de Lionel Jospin. (…) Moi depuis 2007, je dis la même chose, je préviens de la catastrophe qui se prépare et en particulier de la montée du Front National, du risque de laisser l’injustice sociale non traitée. Et je propose des solutions. Donc, on ne peut pas dire que je prends les uns et les autres par surprise. (…)

Je ne suis pas élu, mais ça n’empêche pas de le devenir. (…) Je ne suis plus membre de l’UMP, puisque à l’expiration de l’année 2010, je n’ai pas renouvelé ma carte.

Sur ses deux rencontres avec Nicolas Sarkozy

Deux fois en 10 jours sur les mêmes sujets. (…) Vous permettez que je vous explique? (…) J’ai aussi parlé de politique intérieure. J’ai mis en garde contre un débat sur l’islam ou sur la laïcité qui, dans cette période, ne manquerait pas d’être perçu comme une atteinte aux musulmans dans notre pays. Donc j’ai parlé de politique intérieure, j’ai alerté contre la montée d’un risque d’injustice sociale qui alimente le Front National, le Front National qui vit des renoncements des grands partis politiques dans notre pays. Donc nous avons parlé de politique intérieure, je vous rassure. (…)

Sur les rumeurs qui avaient couru d’une possible nomination de Dominique de Villepin au Quai d’Orsay

D’emblée, j’ai indiqué au Président de la République que je n’étais là ni pour accepter une mission ni pour accepter un maroquin et c’est pour ça que je me suis permis de dire à la sortie que ce rendez-vous était sans aucune ambiguïté.

Ce rendez-vous répondait à une urgence qui est la crise lybienne. J’ai proposé lors du premier rendez-vous la tenue d’un sommet extraordinaire de l’Union Européenne, sommet qui s’est déroulé un peu plus tard et juste avant ce sommet, Nicolas Sarkozy m’a dit: « quelles seraient les propositions que vous feriez devant cette échéance? » (…)

La situation est difficile sur le plan international. Quand on est en responsabilité, on a toujours besoin de débattre avec des gens qui ont une expérience, une connaissance dans les sujets qui sont évoqués.

Sur le risque d’un 21 avril à l’envers en cas de candidature de Dominique de Villepin

Ah, je considère que cet argument ne vaut en rien. Pour une raison simple, et je l’ai dit au Président de la République: aujourd’hui, tout est fait pour le Front National monte. Et depuis le débat sur l’identité nationale, depuis la question des Roms jusqu’à ce débat sur l’Islam et la laïcité, on part du principe qu’en mettant en avant, en pointant du doigt un certain nombre de sujets de ce type identitaire, on répond aux préoccupations des Français. J’ai la conviction exactement inverse ! Ma conviction, c’est que les Français se posent des problèmes d’emploi, se posent des problèmes d’avenir de leurs enfants, des problèmes de pouvoir d’achat, et que c’est à cette inquiétude là qu’il faut répondre ! (…)

A l’évidence, si Nicolas Sarkozy continue dans ce sens là, il portera, comme le gouvernement, la responsabilité d’une progression du Front National. Je veux croire qu’aujourd’hui, c’est en grande partie de l’exaspération, une colère qui s’exprime dans l’opinion vis-à-vis du Front National et qu’on marque comme ça son rejet de la politique, son rejet d’une certaine forme de politique. Je veux penser que les Français y regarderont à deux fois avant de voter pour le Front National qui propose de la sortie de l’euro, qui propose de bouter les émigrés dehors: autant de réponses qui n’en sont pas et qui sont très éloignées de la réalité des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans notre pays.

Nous avons aujourd’hui (nous parlions tout à l’heure de la crise lybienne, de ce qui se passe de fantastique dans le monde arabe), un vrai problème, nous Français, de rapport au monde: nous ne comprenons pas ce qui se passe dans le monde ! Ce qui est quand même grave pour un pays comme la France qui est le pays des Droits de l’Homme, le pays de la Révolution de 89, le pays qui a porté une vision universelle des Droits de l’Homme à travers la planète. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas ce qui se passe. Donc je pense que réconcilier les Français avec le monde, leur expliquer ce qui se passe, leur faire comprendre qu’il y a les mouvements des peuples, qu’il y a des évolutions dans les sociétés mondiales extrêmement importantes, c’est aujourd’hui un devoir.

Sur la possibilité d’un accord électoral avec le Front National

Un accord électoral, non ! Non, tout simplement parce que les valeurs portées par le Front National ne sont pas, à mon sens, les valeurs républicaines, les valeurs de la République et que le Front National se nourrit des renoncements, des peurs et, de ce fait, désigne des boucs-émissaires au sein de la société française, c’est-à-dire qu’il divise les Français. Et tout ce qui divise les Français doit être combattu !

A suivre…

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