Abandonné par George Tron et Marie-Anne Montchamp, fidèles soutiens, Dominique de Villepin apparaît isolé sur la scène politique. Mais contrairement à l’impression parfois donnée dans les médias, l’ex-Premier ministre bouge encore et parvient à faire le plein dans son parti République solidaire, plutôt actif après seulement 6 mois de vie.
« Isolé », « solitaire ». Voilà sans doute les deux adjectifs les plus utilisés pour (dis)qualifier Dominique de Villepin. Au fil des mois et des remaniements, l’ancien Premier ministre de Chirac a perdu plusieurs de ses soutiens. En mars dernier, le dévoué George Tron retourne sa veste pour un obscur secrétariat à la Fonction publique. Mi-novembre, c’est au tour de Marie-Anne Montchamp, alors porte-parole de République solidaire (RS), de se transformer en Ganelon des temps modernes en acceptant le portefeuille fumeux de secrétaire d’Etat associée au ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Sarkozy aurait-il réussi à dépecer l’animal politique Villepin ? Si ses détracteurs et une bonne partie des médias l’affirment, la vivacité de la base militante et sympathisante de République solidaire oblige à nuancer l’idée d’un Villepin esseulé.
Lancé le 19 juin 2010, « RS compte déjà 22 000 membres », a fièrement assuré Brigitte Girardin lors du Conseil national du mouvement le 4 décembre. Le chiffre pourrait faire sourire à côté des 253 000 adhérents revendiqués par l’UMP du temps de Xavier Bertrand (un nombre à géométrie variable ). Mais République solidaire a été créée il y a tout juste six mois et la campagne présidentielle durant laquelle les partis enregistrent de forts pics d’adhésion pourrait réserver le même sort au mouvement de Villepin.
En attendant, pour fédérer et peser en 2012, les militants et cadres de RS maillent consciencieusement le territoire. A chaque département sa fédération, composée de quatre cadres du parti : un responsable de fédération, un responsable de la mobilisation citoyenne, un responsable des Jeunes solidaires et un responsable du réseau social villepincom.net. « Nous n’avons pas un seul département sans fédération, s’enthousiasme la secrétaire générale du parti. De plus, beaucoup de maires de petites communes nous ont rejoints et certains sont même responsables de fédération. L’antenne de l’Aveyron par exemple est présidée par le maire de Curan. » De quoi faciliter la récolte des cinq cents signatures le moment venu.
Autre atout, le site Villepincom.net lancé en septembre 2009 et animé par Christophe Carignano, journaliste de formation, se targue de recenser 10 000 membres. Soit seulement 6 000 de moins que les Créateurs de possible, le réseau social de l’UMP. « Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, avertit Benoît Thieulin, co-président de la Netscouade. L’interactivité, le nombre de posts envoyés, de groupes constitués sont les vrais indicateurs de la vivacité d’un réseau social. » Et justement, alors que le dernier billet posté sur les Créateurs de possible date du 20 septembre, Villepincom.net dénombre deux à trois vidéos mises en ligne quotidiennement et au moins un nouvel article par jour, la majorité publiés par de simples membres. De plus, « seuls 15 à 20 % des membres du réseau sont adhérents à République solidaire », souligne Christophe Carignano. On peut donc imaginer que les 80 % restants représentent une réserve de voix supplémentaires à ajouter aux adhérents de RS.
Reste l’épineux problème des soutiens parlementaires. Avec les débauchages successifs de Tron et Montchamp, les députés villepinistes se réduisent comme peau de chagrin. L’échec du groupe à l’Assemblée n’a pourtant pas empêché les restants d’adopter un positionnement commun à la suite du discours de politique générale de François Fillon. Les sept députés villepinistes se sont abstenus de voter la confiance au Premier ministre. La question du nombre de députés ne semble pas inquiéter Brigitte Girardin : « Dominique de Villepin et moi-même avons fait la campagne de Chirac en 95, au départ il n’avait aucun parlementaire derrière lui et ça ne l’a pas empêché de gagner. L’important c’est les Français. » Villepin outragé, Villepin martyrisé mais Villepin malgré tout entouré et toujours dans la course ?
Source: Laureline Dupont – Marianne