Dominique de Villepin a réitéré lundi soir ses propos sur Nicolas Sarkozy, qu’il avait qualifié la veille de « problème » pour la France, en se disant « l’interprète » de ce « que pensent une majorité de Français ».
« Je vais tous les jours à la rencontre des Français et je suis dans ce que j’ai dit dimanche, hier, l’interprète (…) de ce que pensent une majorité de Français », a expliqué l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac (2005-2007), invité sur le plateau du Grand Journal de Canal+.
« Je le redis, Nicolas Sarkozy n’est pas mon problème. C’est un des problèmes de la France », a insisté Dominique de Villepin, ajoutant que « sa politique d’injustice, de confusion, d’alignement, n’est pas dans l’intéret de notre pays ».
« Pourquoi pensez-vous que la réaction dans le microcosme politique et dans l’entourage du président de la République serait si violente s’il n’y avait pas là quelque chose qu’ils savent et qui les inquiète », a-t-il fait valoir, avant de paraphraser les paroles d’une chanson de Guy Béart: « celui qui dit la vérité sera exécuté ».
L’ex Premier ministre a également invoqué le général de Gaulle, dont il se réclame, et dont le quarantième anniversaire de la mort doit être commémoré mardi.
Interrogé sur la présidentielle de 2012, pour laquelle il ne s’est pas encore déclaré officiellement, M. de Villepin a souhaité « que Nicolas Sarkozy ne soit pas candidat ».
« Je ne crois pas que ses idées puissent l’emporter en 2012″, a-t-il ajouté, disant qu’ »il ferait en sorte qu’il y ait une candidature alternative ».
Source: AFP
Retrouvez la vidéo de son intervention au Grand Journal de Canal+ en cliquant ici.
Réactions:
- Brigitte Girardin: « Villepin restera à l’UMP »
Brigitte Girardin, Secrétaire Générale de République Solidaire a réfuté l’idée que le président de République Solidaire puisse quitter l’UMP, après sa nouvelle charge virulente, dimanche, contre Nicolas Sarkozy, qui a suscité colère ou embarras à l’UMP.
« Je ne vois pas pourquoi Dominique de Villepin, qui est membre de droit de l’UMP, quitterait ce parti dont il a toujours été adhérent en tant que membre fondateur avec Jacques Chirac et Alain Juppé », a expliqué l’ancienne ministre interrogée par l’AFP. « Au contraire, a-t-elle dit, il continuera à faire entendre sa voix ».
Selon les statuts du parti présidentiel, M. de Villepin, en tant qu’ex-Premier ministre, est de toute façon membre de droit du bureau politique, instance exécutive de l’UMP.
« Aujourd’hui beaucoup à l’UMP ressentent un malaise après certaines dérives vers les thèses du Front national », a-t-elle ajouté, en référence à l’inflexion sécuritaire de la politique de Nicolas Sarkozy et à la polémique autour des Roms, cet été.
« En se mettant à jour de ses cotisations, cet été, et non pas en réadhérant à l’UMP qu’il n’a jamais quittée, M. de Villepin a voulu envoyer deux messages », a-t-elle encore expliqué.
Le premier s’adressait aux électeurs et militants de l’UMP issus notamment des familles centristes et gaullistes qui « ressentent aujourd’hui ce malaise », et leur signalait qu’ »on ne les abandonne pas », a-t-elle ajouté.
« Le second message en direction des dirigeants du parti présidentiel leur disait +ne vous méprenez pas sur la mise à jour de nos adhésions, on est très critique des dérives de ce parti vers les thèses du Front national+, et on continuera à le faire savoir de l’intérieur », a expliqué Mme Girardin.
Elle a affirmé par ailleurs qu’une « centaine de personnes » avaient adhéré pour la seule journée de dimanche au réseau social de M. de Villepin (Villepincom.net). Le même jour République solidaire (le parti fondé cet été par M. de Villepin) a enregistré un « pic d’adhésion avec une bonne cinquantaine de cotisations nouvelles », a-t-elle ajouté
Source: AFP
- Jean-Pierre Grand: « Totalement solidaire »
Jean-Pierre Grand, fidèle parmi les fidèles, se dit « totalement solidaire » de son mentor. « Ce qu’il dit, c’est ce que les Français nous disent », a-t-il commenté en s’en prenant à M. Copé, dont les propos ne sont « plus ceux de l’œcuménique président du groupe UMP mais déjà ceux du secrétaire général de l’UMP ».
Source: Sudouest.fr
- François Goulard: «Exclure Villepin, ce serait la preuve que l’UMP est un comité de soutien à Sarkozy»
Est-ce que vous soutenez Dominique de Villepin après ses critiques violentes contre Nicolas Sarkozy?
Oui, totalement. Et si on faisait un sondage sur le sujet, les Français ne pourraient qu’être d’accord avec lui. Qui peut, par exemple, défendre ce remaniement annoncé depuis quatre mois qui fait que les ministres ne font plus rien, qu’ils jouent aux paons dans la presse? Qui en est responsable? C’est Nicolas Sarkozy. Par sa conception des institutions, par sa recherche constante des clivages plutôt que le rassemblement, il est un problème pour la France, c’est la réalité. Je rappelle aussi que le mot «problème» n’est pas une injure.
Mais n’est-il pas allé très loin cette fois, vues les critiques émanant de la majorité, et même d’anciens proches de Dominique de Villepin?
Les réactions officielles de ce que Dominique de Villepin appelle «les perroquets apeurés» et qui ont été mises en branle immédiatement sont excessives. J’en connais qui ont critiqué Dominique de Villepin qui tiennent en privé des propos peu amènes sur Nicolas Sarkozy. Quant à Georges Tron ou Bruno Le Maire, ils attendent de savoir s’ils seront conservés ou promus dans le prochain gouvernement. Leur position actuelle est avant tout tactique.
N’est-ce pas dangereux de s’isoler ainsi dans une majorité, dans laquelle il compte déjà beaucoup d’ennemis?
Je ne pense pas que Dominique de Villepin soit isolé. Il était évident que les Sarkozystes allaient réagir vivement, mais que représentent-ils en France désormais? Ils sont sans doute majoritaires à l’UMP, et encore, je dis bien sans doute. Il faut bien qu’à un certain moment quelqu’un parle vrai, quelqu’un parle fort, quelqu’un parle cohérent. Dominique de Villepin est en délicatesse avec l’UMP telle que conçue par Nicolas Sarkozy, mais il reste fidèle à l’UMP de l’origine, celle regroupant les familles gaulliste, sociale et libérale. Et Nicolas Sarkozy n’appartient à aucune de ces familles.
Et s’il était exclu de l’UMP, comme le laisse penser Jean-François Copé, probable futur secrétaire général de l’UMP?
Ça m’amuse qu’il dise ça. L’exclure, ce serait la preuve que l’UMP n’est plus un parti politique mais un comité de soutien à Nicolas Sarkozy. C’est un parti instrumentalisé par le chef de l’Etat, au point que c’est lui qui en nomme le principal responsable. Je ne dis pas que d’autres chefs d’Etat n’ont pas eu une influence sur ces sujets là, mais que ce soit le secrétaire général de l’UMP qui dise lui-même que ce sera Nicolas Sarkozy qui choisira… Personne ne s’en étonne mais nommer le patron du principal parti n’est pas dans les attributions du chef de l’Etat. (…)
Source: Propos recueillis par Maud Pierron, 20minutes.fr