Marie-Anne Montchamp, porte-parole de République Solidaire, était vendredi soir, l’invitée de Thierry Guerrier sur France 5 dans l’émission C à dire ?!
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Sur l’amendement d’une centaine de députés UMP pour l’abolition du bouclier fiscal (amendement que Marie-Anne Montchamp n’a pas signé)
« D’abord, je continuerai de déposer mes amendements sur la suppression du bouclier fiscal, ça c’est très clair ! (…) Sauf qu’ils proposent une espèce de troc: je supprime le bouclier fiscal, et en même temps, je compense cet effet assez social par un effet plus strict à destination d’un électorat qui pourrait s’en émouvoir, en proposant de supprimer l’ISF. Et ça, je considère que c’est un contre-signal ! Si l’on veut donner un signal de justice sociale, il faut avoir le courage de faire sauter ce verrou qu’est le bouclier fiscal, et ensuite, on se posera la question de la réforme fiscale en tant que de besoin. (…)
Aujourd’hui, le signal que les Français ont besoin d’entendre, c’est que la justice sociale et la justice fiscale, ça fait partie d’un pacte et ça doit être au rendez-vous pour redonner un souffle à la fin de cette législature qui, on le voit bien à travers le projet de budget qui nous est proposé pour la Sécurité Sociale comme pour le budget de l’Etat, arrive au bout de sa logique. On en est à rechercher des mesures extrêmement étroites qui vont taxer les Français parfois assez modestes et qui sont complètement contredites par, effectivement, un bouclier fiscal dont le coût augmente à raison de 120 millions d’euros par an et qui est un contre-signal, en effet, pour tout le pays. (…)
Il aura fallu trois exercices budgétaires pour en arriver là ! Mais tout simplement parce que les Députés de la Majorité, comme tous les Députés du pays, sont en contact avec l’opinion publique. Le weekend, ils sont sur les marchés et ils entendent les Français. (…)
Je pense qu’on n’a pas le choix et si on veut commencer à engager dès 2011 cette indispensable réforme fiscale, il faut faire sauter ce verrou qu’est le bouclier fiscal qui nous empêche d’aller vers toute remise à plat de notre fiscalité.
Quel est le problème? Il faut se redonner des ressources: on est un zinc en bout de piste qui manque de kérosène. Si nous n’avons pas les ressources fiscales, nous n’arriverons pas à proposer aux Français une politique. »
S’il était supprimé, le bouclier fiscal rapporterait « 700 millions, 120 millions chaque année en 2011, en 2012: ça finit par faire pas mal d’argent. Je rappelle que c’est à peu près le déficit annuel de l’hôpital public, hein, pour mémoire. Mais bien sûr, ça ne résout pas le problème de la France, c’est un symbole, c’est un symbole d’inéquité qu’il faut faire sauter. »
Sur la proposition de suppression de l’impôt sur la fortune
« Rien n’interdit d’avoir des mesures de régulation de l’impôt sur la fortune… Mais d’abord, il faudra que l’on m’explique comment on fait, en supprimant l’ISF, pour retrouver 4 milliards de ressources à l’Etat (…) Ca rapporte 4 milliards, ça n’est pas tout à fait un détail. Et puis, par ailleurs, c’est une fiscalité sur le patrimoine, alors qu’on le sait bien, notre fiscalité a un gros souci: c’est qu’elle se concentre sur les revenus du travail, ce qui disqualifie notre pays, ce qui est en contradiction avec le travailler plus. »
Sur l’instauration du bouclier fiscal par Dominique de Villepin
« Pour ce qui concerne le bouclier fiscal, c’est en effet une initiative de Dominique de Villepin. N’oublions pas que Nicolas Sarkozy, accédant à la Présidence de la République, l’a renforcé en l’abaissant à 50%, ce qui n’est pas tout à fait négligeable. Mais surtout, n’oublions pas que la France de 2010 n’a plus rien à voir avec la France de 2007. Et que la crise économique nous met face à des réalités sociales et fiscales qui sont tout autres.
Alors pour ce qui concerne l’ISF, c’est une divergence (avec Dominique de Villepin, NDLR) mais je l’assume. Je pense que les gaullistes sociaux dans lesquels je me reconnais ont besoin de faire entendre un message extrêmement clair: un message d’équité, de justice sociale et de justice fiscale sans lequel on ne pourra pas faire bouger notre fiscalité. »
Sur la réforme des retraites
« Il est indispensable de réformer les retraites. Il est indispensable d’allonger la durée de travail des Français. Nous ne le contestons pas et nous le soutenons. Sauf que, sauf que dans cette réforme sont venues se greffer des injustices qui touchent un certain nombre de nos compatriotes. On a parlé des injustices qui touchent les femmes, mais on pourrait parler de manière plus générale des injustices qui touchent les jeunes générations. Car il a manqué un propos dans cette réforme: c’est de garantir aux jeunes générations le niveau des pensions à terme. Nous n’avons pas aujourd’hui résolu le besoin de financement. Il y a un résidu, y compris à 2018, d’environ 4 ou 5 milliards sur le financement des retraites, et c’est ces 4 ou 5 milliards qui ne sont pas un détail, qui risquent de donner le sentiment aux jeunes générations que leurs pensions seront plus faibles que celles de leurs aînés.
Notre pacte social, c’est notre modèle social et il passe par une solide équité. Notre force en France, c’est notre force sociale. Ne le négligeons jamais ! (…)
J’observe que le gouvernement a déjà proposé des avancées qui sont intéressantes pour les femmes nées entre 50 et 55 et qui auraient élevé un enfant de moins de 3 ans pendant 1 an. Voilà, on voit bien que le gouvernement entend le message de la rue et quelque part, c’est le sens de l’histoire. Mais n’oublions pas ce discours à tenir aux jeunes générations sur leurs pensions ! (…)
Si on est capable d’assurer que par le traitement de la dette future, on assurera le bon niveau de pension aux jeunes générations, alors naturellement, nous ne serons pas obstinés. » Le compromis souhaité par Dominique de Villepin, « il se construit chaque jour, en écoutant la rue. »
Sur la création d’un groupe parlementaire indépendant de l’UMP
« C’est difficile. C’est difficile. On voulait être au rendez-vous le 30 septembre. On n’a pas été en mesure de l’être. Et qu’est-ce qu’on constate? Qu’une centaine de députés votent ensemble un amendement de suppression du bouclier fiscal, on l’a évoqué tout à l’heure, et de l’ISF. Ca veut donc dire que dans la majorité, un tiers de députés républicains sociaux, eh bien, sont prêts à contester, d’une certaine manière, des dogmes ou des positions doctrinales de la majorité. Je pense que parfois, il peut être intéressant de laisser s’exprimer la voix des républicains sociaux et c’est tout le sens de ce groupe qu’on finira par constituer. »