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Dominique de Villepin au Space : "Je ferai comme Chirac, je me battrai personnellement pour vous"

Pendant plus de deux heures, Dominique de Villepin a arpenté les allées du Salon international de l’agriculture à Rennes où il a bénéficié d’un accueil chaleureux mais teinté de scepticisme.

« Huummmm… Il est bon ce pommeau. Et puis ça va : 17° ce n’est pas encore trop alcoolisé.  » Ce jeudi au Space de Rennes, Villepin a fait du Chirac. Certes, les stands visités par l’ex premier-ministre, désormais présidentiable, ne lui ont pas permis d’engloutir des quantités pantagruéliques de charcutailles et autres cochonailles, arrosées de cidre, calva et breuvages du terroir.

« La vache, il est grand quand même ! »

Il n’empêche : le tout nouveau président de République solidaire a semblé très à l’aise au milieu des exposants du salon international de l’agriculture, qu’il a arpenté près de deux heures, entouré d’une bulle médiatique assez dense. Teint halé, sourire avenant, longues enjambées, poignées de mains appuyées. Dominique de Villepin a fait sensation dans les allées du salon, où l’accueil s’est montré globalement favorable : « La vache, il est grand quand même ! » « Bah oui, t’as vu, c’est pas comme l’autre… « 

Seuls moments de flottements : la poignée de main aussi expresse que frileuse échangée avec Jean-Michel Le Métayer. « La seule solution pour le porc, c’est que vous fassiez remonter les prix », a reproché le président de la FNSEA au président du marché au cadran breton, alors qu’il prenait un café avec l’ancien premier-ministre. Ensuite Le Métayer a tourné les talons rapidement, en confiant son courroux à quelques journalistes l’interrogeant en Off sur la destruction du stand de la FNSEA mardi.

Scepticisme ambiant

Villepin s’est également montré prudent lorsque qu’il se trouvait interpelé par des exploitants remontés contre le président de la République. « Bon m’sieur Villepin, il est où Sarko ? », lui a par exemple demandé un exploitant, un poil véhément. Villepin mi-figue, mi-raisin : « Oui, bah là, il est parti en voyage…  » – « On est d’accord m’sieur Villepin, faut qu’il parte. J’ai voté pour lui en 2007, mais là, c’est terminé faut le virer, on est d’accord ? » – « C’est vous qui le dites. » –  » Faut nous promettre que vous ferez vraiment des choses pour nous ? Vous ferez quoi pour nous ? » – « Je ferai comme Chirac, je me battrai personnellement pour vous. « 

Des mots qui n’ont pas forcément permis de renverser le scepticisme ambiant (voir la défiance) des agriculteurs à l’égard des politiques. Un état d’esprit, dopé par la crise profonde que traverse l’agriculture. Ainsi, une fois les poignées de mains serrées, la plupart des personnes croisées continuaient de se montrer très dubitatives sur la capacité des élus de solutionner leur problème. Villepin ? « Ca fait plaisir de le voir. En ce moment, on a l’impression d’être abandonné par les politiques mais je ne vois pas ce qu’il va pouvoir faire », confiait ainsi Jean-Paul, producteur de porc dans le Morbihan. Même son de cloche quelques travées plus loin avec deux éleveurs de Mayenne, gratifiés d’une chaleureuse poignée de main par l’ex premier-ministre : « C’est bien qu’il soit là. Il s’engage à nous défendre. Par contre, je n’y crois pas trop. Venir nous voir c’est bien encore faut-il agir ! »

Source: www.rennes.lemensuel.com

Dans Le Point: Villepin n’est pas décidé à rompre avec l’UMP

« Je suis à l’école de la marine à voile. J’essaie de sentir les vents pour anticiper et répondre aux Français. » Jeudi, le GPS de Dominique de Villepin ne l’a pas guidé au hasard. Pendant plus de quatre heures, le président de République solidaire, qui se pose en défenseur du monde rural depuis plusieurs mois, arpente le salon de l’élevage qui se tient à Rennes jusqu’à la fin de la semaine.

« 2007 a suscité plein d’espoir et de promesses. Mais beaucoup de promesses n’ont pas été tenues et les politiques initiées n’ont pas eu les résultats escomptés », estime le meilleur ennemi de Nicolas Sarkozy. Ainsi ne manque-t-il pas non plus de faire la leçon au président de la République après son violent accrochage avec le patron de la Commission européenne José Manuel Barroso au sujet des expulsions de Roms. « Il faut savoir garder son sang-froid, être maître de soi-même. C’est essentiel », juge l’ancien Premier ministre.

Histoire de valeurs…

2012 n’est jamais loin pour Dominique de Villepin pour qui chaque intervention est l’occasion de se poser comme le trublion de la droite. La politique sécuritaire musclée (re)lancée cet été par le gouvernement lui offre « un véritable boulevard », constate-t-il. Un raisonnement qu’il explique d’ailleurs à la petite centaine de sympathisants venus le rencontrer en fin de journée dans une salle de quartier. « D’un côté, la droite se durcit tandis que de l’autre la gauche campe sur ses positions. Il faut donc allier nos forces et nous rassembler. Je veux que les Français aient du choix en 2012″, lance-t-il. Appelant de ses voeux un rassemblement « sur les valeurs », il affirme ne poser aucune condition à ceux qu’il rencontre ».

Une allusion on ne peut plus claire aux tractations entamées avec le chef de file du MoDem François Bayrou, le président de Debout la République Nicolas Dupont-Aignan ou encore quelques élus du Nouveau Centre en vue de créer un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Mais ces derniers réclament que Dominique de Villepin rende sa carte d’adhérent de l’UMP qu’il a reprise cet été. Et c’est là que ça coince.

… et de racines

Car même si les villepinistes ne manquent jamais de critiquer l’action du chef de l’État, ils cultivent l’ambiguïté sur ce point. « Je ne renie pas mes racines, se justifie ainsi l’ancien lieutenant de Jacques Chirac. Je ne sais pas si je reste à l’UMP par fidélité ou par conviction naïve mais je n’arrive pas à imaginer que ce parti persiste dans l’erreur. » Se voulant optimiste, il poursuit : « J’estime qu’il y a un combat à mener au sein même de l’UMP. Peut-être un jour ce parti rentrera-t-il dans la lumière. » Un de ses fidèles, le député François Goulard, insiste : « Il n’est pas question de quitter l’UMP. Cela nous appartient bien plus qu’à Sarkozy. C’est nous qui sommes fidèles aux valeurs fondatrices du parti. » Un positionnement qui apparaît aussi comme stratégique. « Je ne veux pas me retrouver en l’air comme le MoDem de Bayrou », explique d’ailleurs Dominique de Villepin. Sans oublier qu’en restant au sein du parti majoritaire, l’ancien Premier ministre se garde la possibilité de concourir en cas de primaires internes à l’UMP.

En attendant, à l’Assemblée nationale, les députés villepinistes, même sans groupe, essaient de faire entendre leur différence. Mercredi, lors du vote – très houleux – sur la réforme des retraites, ils se sont abstenus, dénonçant un texte « injuste ».

Source: Ségolène Gros de Larquier (Le Point)

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