Dominique de Villepin
envoyé par franceinter
L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a appelé jeudi Nicolas Sarkozy à exercer « son métier de président » avec « mesure », sans chercher à « exploiter politiquement » le dossier des Roms à Bruxelles avec une nouvelle surenchère.
Roms
Selon des sénateurs UMP, Nicolas Sarkozy devrait prendre la parole jeudi devant ses pairs européens pour justifier sa politique vis-à-vis des Roms, sévèrement épinglée par la Commission et le Parlement européens.
« Je souhaite que la journée d’aujourd’hui à Bruxelles ne soit pas une journée où l’on cherche à exploiter politiquement la situation à des fins partisanes pour marquer un point en surenchérissant une nouvelle fois », a expliqué M. de Villepin (UMP) sur France Inter.
Le président de République solidaire (RS) a estimé qu’il fallait au contraire tout faire « pour remettre les choses dans le droit chemin, que la France applique le droit, qu’on tire les leçons des dernières semaines et que les esprits s’apaisent ».
« Aucun d’entre nous ne peut se réjouir de la situation actuelle », a-t-il dit en appelant Nicolas Sarkozy à « faire son métier de président ».
« Un président, c’est un arbitre, c’est un sage, c’est un homme qui défend l’équilibre. Je souhaite que cet esprit de mesure bien français soit défendu au sommet de l’Etat », a-t-il expliqué.
L’ex-Premier ministre a également regretté la volonté de Nicolas Sarkozy « d’utiliser des mots, des signes, des gestes pour marquer un clivage politique très fort entre la droite et la gauche et mettre la sécurité au coeur des débats ».
Rappelant la distinction opérée par le chef de l’Etat dans son discours de Grenoble entre « citoyens français et citoyens d’origine étrangère », l’ex-Premier ministre a posé la question de « l’exploitation politique » du « ciblage d’une communauté ».
« On voit bien que ce n’est pas l’efficacité de l’action qui est visée. Le retour de la plupart de ceux qui sont expulsés ne fait aucun doute », a-t-il fait valoir.
Retraites
L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a estimé jeudi que le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer avait « été une nouvelle fois mal inspiré » en interrompant les débats sur les retraites, comme en 2006 où il avait poussé à l’interruption des débats sur le CPE.
« Le désordre parlementaire d’hier est dû à la volonté de précipiter les choses », a estimé M. de Villepin sur France Inter à propos de l’interruption des débats sur les retraites par le président Accoyer et les très vives réactions dans les rangs de l’opposition qui ont suivi.
« J’ai connu (la même situation, ndlr) moi-même lors de la réforme du CPE », a rappelé l’ex-Premier ministre en référence à ce projet de loi controversé adopté par l’Assemblée avec la procédure d’urgence du 49.3 avant d’être retiré après de nombreuses manifestations d’étudiants et lycéens, soutenus par des salariés, partis politiques et syndicats.
« Je note que c’est la même personne qui a pris ou poussé à la même décision », a-t-il souligné en rappelant que M. Accoyer était à l’époque du CPE, président du groupe UMP à l’Assemblée.
« Il m’avait appelé en début d’après-midi en disant, +je ne tiens plus mon groupe, il faut impérativement que l’on procède à un vote d’urgence+, ce qui a conduit à une décision que je regrette aujourd’hui », a expliqué M. de Villepin. Il a précisé que le président de l’Assemblée de l’époque « Jean-Louis Debré était convaincu qu’il ne fallait pas recourir à cette procédure ».
Bernard Accoyer « a été mal inspiré à l’époque. Je le regrette tout en assumant totalement la responsabilité de ce qui a été fait ».
Hier, « il a été une nouvelle fois mal inspiré. Je crois que les quelques heures supplémentaires auraient peut-être contribué à plus de sérénité », a-t-il estimé.
Le président de République Solidaire (RS) a par ailleurs expliqué que cette réforme des retraites pouvait encore évoluer car les débats se poursuivent au Sénat. « Une grosse réforme des retraites est encore possible », a-t-il commenté.
La priorité est selon lui de supprimer le passage de la retraite à taux plein à 67 ans, ce qui pénalise « avant tout les précaires », considère-t-il. Cette décision aurait un coût de 6 milliards d’euros, une somme qui pourrait être compensée par la taxation des revenus du capital et notamment des stocks-options, propose Dominique de Villepin.
« Cette réforme, a minima, sera fragile puisqu’elle ne couvre pas tous les moyens de financement. Et qu’elle risque de faire le jeu de la retraite par capitalisation. Il faut donc avoir l’ambition d’une grande réforme de société et pas seulement pour des raisons comptables », explique par ailleurs le président de République Solidaire.
Source: AFP, Le Télégramme