Les proches de Villepin sont persuadés que « les dérives sécuritaires » du gouvernement ont braqué une partie de l’UMP et comptent en profiter pour constituer un groupe indépendant avec François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan à l’Assemblée nationale avant le 1er octobre.
L’été a fait « bouger les lignes » et a offert une belle fenêtre de tir aux dissidents de droite. C’est ce que veulent croire les proches de Dominique de Villepin, rassemblés depuis trois mois dans le parti République solidaire (RS). « On veut se recentrer sur le socle républicain, malmené ces derniers temps », explique à Mediapart Marie-Anne Montchamp, la porte-parole du mouvement, citant « la déchéance de la nationalité, la mise en cause des maires, le plus de sécurité avec moins de moyens ». Sur tous ces sujets, les villepinistes sont montés au créneau cet été, qualifiant notamment de « politique de rafle » les expulsions de Roms.
« Le gouvernement nous aide avec ces dérives sécuritaires. On (les dissidents du centre et de la droite) a des histoires différentes et des divergences, mais sur le pacte républicain, l’idée de l’Etat, on partage des vues communes. » Et ce rassemblement passe, pour eux, par la constitution d’un groupe indépendant à l’Assemblée nationale avec Nicolas Dupont-Aignan et François Bayrou. Le projet, lancé avant l’été, est devenu « l’objectif de la rentrée » pour République solidaire. « Si on n’est pas constitués avant le 1er octobre (début de la session parlementaire), ça n’a pas d’intérêt. Tout converge vers cette date », confie Marie-Anne Montchamp.
L’idée est de proposer une « plate-forme politique » qui sera ensuite discutée et amendée avec leurs partenaires. La députée du Val-de-Marne planche pour la rentrée sur un texte « dans un esprit de rassemblement technique pour l’expression de positions». Les villepinistes le reconnaissent, «c’est compliqué, on est juste au niveau du nombre ». Depuis la réforme du règlement du 27 mai 2009, il faut en effet quinze élus pour constituer un groupe. Or, aujourd’hui, les proches (officiels) de l’ancien premier ministre ne dépassent pas la dizaine, après la désolidarisation de Georges Tron (devenu secrétaire d’Etat au logement) et Hervé Mariton (député de la Drôme). Quant au MoDem et à Debout la République, le mouvement de Dupont-Aignan, ils comptent respectivement trois et deux députés.
Mais les villepinistes misent sur le ralliement d’une partie des parlementaires UMP en désaccord avec le virage sécuritaire opéré par Nicolas Sarkozy. « On n’a pas engagé la machine à signatures mais j’ai noté le silence de certains et les réactions d’autres cet été », dit Marie-Anne Montchamp. Ces dernières semaines, des voix à l’UMP se sont en effet ajoutées à celles des villepinistes pour dénoncer l’offensive sécuritaire du gouvernement.
Parmi elles, des poids lourds comme Alain Juppé (sur son blog, il a rappelé que « la priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales »), ou Christine Boutin (dans Le Parisien, elle a estimé que « la stigmatisation de telle ou telle communauté exacerb(ait) la violence »). Mais aussi des parlementaires, comme les députés Yannick Favennec (Mayenne, proche de Jean-François Copé), Marc Bernier (Mayenne), Etienne Pinte et Pierre Cardo (Yvelines), ou encore le sénateur Philippe Dallier (Seine-Saint-Denis, proche de Jean-Pierre Raffarin).
« Le clivage s’est creusé cet été, assure la porte-parole de République solidaire. Deux positions s’affrontent clairement : le sarkozysme strict, une vision de court terme, traditionnelle et droitière, un peu archaïque, avec de la confusion; et une droite plus contemporaine, plus ouverte sur les questions de société, plus rassembleuse de la gauche aux gaullistes. Si on faisait un sondage aujourd’hui, je ne suis pas sûre que la droite sarkozyste serait majoritaire à l’UMP. »
Les proches de Dominique de Villepin espèrent donc faire coaguler ces mécontentements. Marie-Anne Montchamp discutera avec François Bayrou « à la rentrée » et rencontrera Alain Juppé dans les semaines à venir à l’occasion de l’inauguration du centre d’experts de sa fondation de recherche sur la santé mentale, à Bordeaux.
Source: Marine Turchi dans Mediapart (article repris par le site gaullisme.fr)