D. de Villepin : Une politique « inefficace, indigne et dangereuse »
Dominique de Villepin boit du petit lait. Le durcissement de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, notamment envers les Roms, offre à l’ancien Premier ministre un boulevard pour s’afficher en héritier de la droite traditionnelle. « Je ne pourrai certainement pas soutenir la poursuite d’une politique inefficace, indigne et dangereuse », a attaqué, d’entrée de jeu, l’ancien chef du gouvernement, mardi matin, sur RTL. « Je laisse la rupture à Nicolas Sarkozy », a-t-il poursuivi, prônant, à l’inverse, le « rassemblement de tous les Français ».
Prenant à partie l’ONU, dont certains membres ont critiqué un manque de volonté politique française en matière de discriminations, et l’Église, dont le pape Benoît XVI a sévèrement rappelé à l’ordre Paris, dimanche, exhortant les pèlerins français à accueillir les hommes de toutes origines, Dominique de Villepin a qualifié d’ »indigne » la politique menée actuellement. « C’est une politique indigne. C’est une stratégie électorale qui a pour but d’activer le clivage entre la droite et la gauche. Cette politique n’apportera rien au quotidien des Français », a lancé l’ancien locataire de Matignon, avant de s’adresser directement à ceux dont il convoite les suffrages : « Est-ce que les gaullistes, les démocrates chrétiens, les catholiques sociaux se retrouvent dans cette politique ? »
« Déni de réalité »
« Je suis favorable à politique de sécurité renforcée dans notre pays », a toutefois concédé Dominique de Villepin, admettant que, de 2002 à 2007, la majorité avait marqué « des points » dans la lutte contre l’insécurité. Mais, selon lui, tout a changé en 2007, année de l’élection de Nicolas Sarkozy. « Cette politique n’est pas la politique de la droite. Nous sommes en 2010. Il y a 600.000 jeunes qui rentrent sur le marché du travail et qui, pour beaucoup, ne vont pas trouver d’emploi. Nous devrions être tous ensemble. Et malgré cela, nous recherchons des boucs émissaires, nous dénonçons des populations », s’est désolé Dominique de Villepin, qui a associé à son cri « un certain nombre de ministres qui sont malheureux et mal à l’aise ».
« François Fillon ne peut pas être très à l’aise avec cette politique-là », s’est avancé son prédécesseur. « Je pense que la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie n’est pas très à l’aise non plus », a-t-il poursuivi. Avant d’étendre le cercle des mécontents à certains ténors de la majorité. « Vous pensez qu’Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac se retrouvent dans la politique qui est menée ? » Villepin cogne fort. Il parle de « déni de réalité », estime que l’UMP est « tirée vers l’extrême droite », juge que la France est « abaissée » et conclut : « La droite française ne peut pas se retrouver dans la politique qui est menée. » Quant à l’apparente contradiction entre ses critiques virulentes contre la majorité et son renouvellement récent de cotisation à l’UMP, le fondateur de République solidaire assume. « Je mène le combat à l’intérieur et à l’extérieur. »
Source: Le Point