« Nous dérivons de manière inéluctable vers une autre rive. »
En ce mois d’août, la poignée d’élus de République solidaire (RS) – le mouvement récemment créé par Dominique de Villepin – se sent de plus en plus « mal à l’aise » au sein du groupe UMP. Et même si l’ex-Premier ministre vient de renouveler sa carte au parti majoritaire, l’émancipation apparaît presque comme une nécessité, voire une opportunité.
« Cette séparation ne se fera pas dans la joie mais dans la douleur », affirme au Point.fr la députée UMP Marie-Anne Montchamp, porte-parole de RS.
Le tour de vis sécuritaire du gouvernement fournit une nouvelle fenêtre de tir aux villepinistes. Depuis plusieurs jours, certains d’entre eux s’emportent contre les phrases « chocs » des ministres liant immigration et insécurité, contre la réforme du code de la nationalité française ou encore contre le démantèlement des camps illégaux de Roms.
« Cette politique est choquante. Les problèmes de sécurité ne tiennent pas à quelques camps de Roms. On donne des gages à une partie de l’opinion pour une efficacité à peu près nulle », tonne l’élu du Morbihan François Goulard, interrogé par Le Parisien/Aujourd’hui en France.
Jean-Pierre Grand : « Cette politique de démembrement des camps illégaux tourne à l’ignoble. » Le député UMP de l’Hérault a même adressé, début août, un courrier à Nicolas Sarkozy, l’appelant « à revoir sa politique » en matière d’accueil des gens du voyage.
À l’instar de l’opposition, les villepinistes promettent eux aussi de « lutter de toutes leurs forces » contre les dispositions qui faciliteront la déchéance de la nationalité française. D’autant plus qu’à République solidaire, « on n’est pas dupes ».
« L’UMP essaie de construire un barrage pour limiter la fuite des déçus de l’UMP qui ont voté Sarkozy en 2007. C’est un calcul tactique, insiste Marie-Anne Montchamp. Est-ce que Sarkozy a demandé la déchéance de la nationalité française lors de l’affaire de l’assassinat du préfet Érignac ? » On l’aura compris, ce virage à droite toute du gouvernement n’est guère du goût des proches de Villepin…
Déjà, avant l’été, les partisans de l’ancien chef du gouvernement avaient marqué leur différence sur le dossier des retraites. En vain, ils avaient tenté d’amender le texte, qu’ils jugent « ni équilibré dans son financement, ni juste ». Des critiques de fond sur deux gros dossiers de la rentrée, des critiques de forme pour exister à droite.
Avec ce positionnement, les villepinistes lancent les grandes manoeuvres afin de rallier de nouveaux élus à leur cause et de constituer un groupe à l’Assemblée. Pour l’instant, il n’y aurait que huit députés prêts à débarquer sur « l’autre rive » à la rentrée, tandis qu’il faut être quinze au minimum pour créer un groupe. « Une poignée de députés UMP sont à deux doigts de nous rejoindre », assure-t-on à République solidaire.
Source: Le Point (Ségolène Gros de Larquier)