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Interview de François Goulard sur BFM Radio

Interviewé mercerdi dernier sur BFM Radio, le député villepiniste du Morbihan estime que Nicolas Sarkozy se présente non pas comme un rassembleur, mais comme un homme politique soucieux de sa réélection éventuelle en 2012.

Emmanuel Couasnon : On vous classe parmi les villepinistes…

François Goulard : A juste titre.

L’été n’est pas de tout repos pour la majorité. Où en sont vos relations avec l’UMP?

Il ne faut pas réduire l’UMP à Sarkozy et aux sarkozystes. Aujourd’hui, l’UMP est un parti qui a maintenant une histoire, qui résulte d’une tradition politique de plusieurs partis. Et donc s’il y a des divergences de fond avec un certain nombre de pratiques à l’heure actuelle du Gouvernement, ce n’est pas pour autant que nous ne restons pas UMP. L’UMP n’appartient pas à une catégorie, n’appartient pas à un homme, n’appartient pas aux sarkozystes. L’UMP est un mouvement durable aux racines anciennes dans notre vie politique. Et donc je crois que les villepinistes incarnent aujourd’hui une partie de l’UMP.

Vous voulez quand même créer un groupe alternatif à l’Assemblée, c’est une idée qui a été lancée en tout cas. L’été est difficile quand même pour cette majorité avec la crise du lait, on en parle beaucoup aujourd’hui, avec le thème de la sécurité aussi qui semble diviser un peu… Qui divise en tout cas au moins la presse, qui se déchaîne contre certains ministres. Et le tout avec une rentrée qu’on nous promet, notamment du côté des syndicats, particulièrement agitée. Comment vivez-vous cela, malgré le fait que vous soyez en vacances comme beaucoup ?

Comme beaucoup, mais en même temps, ça n’empêche pas de suivre l’actualité et de rencontrer un certain nombre de nos compatriotes. C’est vrai que l’on peut prévoir malheureusement une rentrée assez difficile. Je crois que la raison principale est que nous avons aujourd’hui un certain nombre de problèmes majeurs devant nous qui ne sont pas réglés. D’abord, les retraites : même si le projet a été présenté, tout n’est pas fait. Ensuite, les comptes publics avec l’accumulation des déficits de la dette publique qui appelle des réformes d’envergure.

Tout cela supposerait d’avoir un président de la République qui soit un rassembleur et qui explique aux Français quelles sont les perspectives, quelles sont les difficultés et comment on peut en sortir. Or, et je le déplore profondément, le chef de l’Etat s’est présenté cet été devant les Français, non pas comme un rassembleur, mais comme un homme politique soucieux de sa réélection éventuelle en 2012. Et il a cherché beaucoup plus à cliver la vie politique, à faire en sorte que les uns se situent dans un camp et les autres dans un autre, les deux étant totalement antagonistes. Tout cela au lieu de tenter cet effort de rassemblement qui me parait extrêmement nécessaire.

Donc dans cette perspective là, je crains que la rentrée soit difficile parce qu’un bon nombre de Français risquent de ne pas comprendre ce qui est présenté par le Gouvernement, et risquent de le classer dans un camp au lieu d’adhérer à ce qui pourrait être une politique d’intérêt général.

Pour vous on ne parle pas des vrais sujets ? On ne parle pas du financement de la réforme des retraites, on ne parle pas des déficits ? La sécurité n’est pas forcément une priorité pour les français ?

Je ne dis pas que la sécurité n’est pas une priorité. Bien sûr que la sécurité est un domaine essentiel de l’action de l’Etat. Mais c’est la manière dont on en parle… Parce que les mesures qui ont été annoncées, cette déchéance de nationalité, ces sanctions pénales à l’égard de parents d’enfants mineurs délinquants, tous les gens qui sont un peu informés, savent très bien que ce n’est pas possible, que ca n’entrera pas en vigueur, qu’il y a des obstacles juridiques, des obstacles fondamentaux de règles de Droit.

Et donc, on a vraiment le sentiment que sur un sujet qui est un sujet grave, on a des réactions qui sont de type politicien et qui relèvent beaucoup plus d’une campagne électorale que de la conduite des affaires de l’Etat. C’est ça qui est dommageable et c’est ça qui risque de faire que les Français n’adhèrent pas à une politique d’ensemble.

(…)

Source: BFM Radio

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