« Comment qualifier les nouveaux projets de Nicolas Sarkozy ?
Voilà en réalité une surenchère sécuritaire qui part de loin, d’autant plus étonnante qu’elle pose des problèmes constitutionnels graves. Elle avait commencé, cette surenchère, avec la création du ministère de l’Identité Nationale, s’était prolongée avec le débat sur « l’identité nationale » qui s’est révélé calamiteux.
Aujourd’hui, ce n’est pas une provocation, ni même une incitation à la polémique dont il s’agit, mais bel et bien de l’expression d’une position de fond. En créant le statut de bannis de la République, le chef de l’Etat exprime un clivage entre deux conceptions de la République. Cette fois, nous sommes au coeur du débat.
Selon le président, il y a d’un côté les citoyens à part entière, les citoyens modèles ; et de l’autre, les bannis. Militants de République Solidaire, nous sommes à l’opposé de cette conception : c’est précisément parce que nous sommes tous dans la république unie et indivisible que les institutions peuvent sanctionner les délits.
Position démagogique de l’Elysée, oui, répétons-le, même dans des cas gravissimes d’atteinte à la République, par exemple l’assassinat du préfet Erignac, la déchéance de la nationalité n’est pas requise. Alors pourquoi concevoir une procédure martiale d’exception, utilisée si rarement au cours de notre histoire ?
En prenant ces positions sur la déchéance nationale, Nicolas Sarkozy ne répond pas aux exigences des Français qui attendent, eux, des solutions à l’insécurité, certainement pas la stigmatisation de populations. L’insécurité est une vraie question qu’il faut traiter avec de vrais moyens, à l’aide d’une révision générale des politiques publiques (RGPP) raisonnable, en soutenant la justice, en soutenant les fonctionnaires qui sont sur le terrain et non avec expédients. Tout le reste est, redisons-le, démagogie.
République Solidaire assumera ce débat, car nous sentons de la part du Président de la République une évidente volonté de clivage, sur de nombreux autres sujets aussi, le budget par exemple. D’un côté, notre vision d’un pays rassemblé permettant d’affronter ensemble les difficultés économiques : de l’autre, une approche par palier, en créant des catégories d’exception, avec le maintien doctrinaire du bouclier fiscal qui protège une petite partie de la population alors qu’on demande des efforts aux autres Français…
Nous allons jouer notre rôle et cela peut nous amener à constituer notre propre groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale. En dehors de l’UMP. »
Source: Tribune de Marie-Anne Montchamp, députée du Val de Marne et porte-parole de République Solidaire