Les cadres de République solidaire pensent être en mesure de créer à l’Assemblée un groupe indépendant de l’UMP. François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan se disent prêts à leur apporter leur aide.
Entre l’UMP et le mouvement politique lancé en juin par Dominique de Villepin, le divorce se consomme un peu plus chaque jour. Dernière frasque en date des villepinistes, la volonté de créer un groupe alternatif à l’Assemblée, qui leur permettrait d’obtenir des moyens supplémentaires pour faire entendre leur voix, à commencer par un temps de parole réglementaire, des moyens matériels et des dotations financières propres. Depuis la réforme du règlement du 27 mai 2009, la seule condition est de rassembler quinze députés. Pour le moment, seule une petite dizaine de villepinistes est recensée dans l’hémicycle du Palais Bourbon. L’ouverture est donc impérative.
Depuis la mi-juillet, l’entourage de l’ancien premier ministre – la députée Marie-Anne Montchamp en tête – multiplie donc les appels du pied à l’égard des autres déçus du mouvement présidentiel, en particulier ceux du MoDem (François Bayrou) et de Debout la République (Nicolas Dupont-Aignan). La «démarche est engagée, et si elle se concrétise à la rentrée, elle peut rassembler bien au-delà de République solidaire et du MoDem», assure Marie-Anne Montchamp.
«Ce serait un tremblement de terre politique !»
Tous deux contactés par lefigaro.fr, François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan se disent favorables à la proposition. «Tous ceux qui veulent œuvrer à partir de valeurs démocratiques et républicaines ont à faire ensemble», répond le premier, bien que sceptique quant à la volonté réelle des villepinistes de franchir le Rubicon. «En dehors de l’Europe, nous sommes d’accord sur tous les sujets. Un groupe indépendant nous donnerait une force d’expression considérable, et nous permettrait de mettre en danger pour de bon la majorité», assure le second. «Ce serait un tremblement de terre politique !», salive-t-il à l’avance. Et le député-maire essonnais de presser les villepinistes de «prendre leurs responsabilités au plus vite».
Avec les trois députés du MoDem (Bayrou, Lassalle, Aly), les deux députés de Debout la République (Dupont-Aignan, Villain), et les dix villepinistes (Montchamp, Le Guen, Goulard, Grand, Warsmann, Geoffroy, Raison, Ueberschlag et Garrigue), les «anti-Sarkozy de la droite» seraient alors quinze. Tout juste de quoi créer un groupe en théorie, mais pas assez dans la pratique, où disposer d’une vingtaine de députés au minimum est recommandé.
Le pas franchi à l’automne ?
Tout en se défendant d’«être dans une tactique politicienne», Marie-Anne Montchamp assure avoir le soutien feutré de plusieurs membres du groupe UMP, en dehors de la dizaine de villepinistes déjà déclarée. «Beaucoup d’entre eux viennent me dire qu’ils sont d’accord avec moi sur de nombreuses positions. Mais quand il s’agit d’aller plus loin, ils disent qu’ils ne le peuvent pas», se désole le député Jean Lassalle, contacté par lefigaro.fr.
Pour Marie-Anne Montchamp, l’examen à l’automne de la loi de finances, dont le but est de fixer les recettes et les dépenses de l’Etat, sera un moment décisif. «A un moment, il faudra bien arrêter de regarder les trains passer sans rien dire», prévient-elle.
Source: Bastien Hugues (Le Figaro)