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Le précurseur (1/9): Dominique de Villepin, dans La cité des hommes

Chaque weekend du mois d’août, retrouvez notre série « Le précurseur »: un florilège d’écrits de Dominique de Villepin choisis par Miss Nicopéia.

Premier épisode ce dimanche 1er août, sur le thème du terrorisme.

Après le 11 septembre 2001, les autorités américaines ont très rapidement exprimé leur conviction qu’il existait un lien solide entre l’Irak et le terrorisme, contrairement aux autorités françaises. Le 14 février 2003, en plein cœur de la crise irakienne, le chef des inspecteurs des Nations Unies, Hans Blix, présente au Conseil de sécurité un rapport démontrant qu’aucune preuve d’activité nucléaire et de possessions d’armes interdites n’a été observée en Irak. Alors que les Etats-Unis continuent de soupçonner Bagdad de tricher et envisagent un recours à la force, Dominique de Villepin prononce un plaidoyer pour désarmer l’Irak sans conflit et marque la détermination de la France à demander la poursuite renforcée des inspections.

Extrait de La Cité des hommes, par Dominique de Villepin

« La « guerre contre le terrorisme » est l’exemple même des zones d’ombre entre guerre conventionnelle et opération de police. Elle incarne le vide stratégique et militaire des réponses face à des phénomènes inédits.

Certes, la coopération militaire et policière des Etats contre les groupes terroristes est indispensable, mais elle n’implique pas une confusion de toutes les luttes en un ennemi à l’unité fantasmatique.

Le risque est de donner légitimité et crédibilité à un adversaire avec lequel aucune paix, aucun accord n’est possible puisqu’il ne reconnaît aucune règle autre que la destruction. L’autre risque concerne, plus profondément, la légitimité de notre identité démocratique, la préservation de nos valeurs et l’équilibre de nos libertés fondamentales….

L’instabilité est à la fois le moyen et le but du terrorisme international. Il se nourrit des rivalités entre puissances… (…)

Dans les pays musulmans comme dans les autres, la stratégie est la même: diviser, décrédibiliser, frapper les esprits et pousser à la faute pour élargir ses bases de recrutement et d’endoctrinement.

Le terrorisme islamiste a sa propre mondialisation dans laquelle des espaces différenciés s’offrent à son action: bases arrières préservées par la faiblesse des Etats, en Afghanistan ou au Pakistan; terrains de combat où la lutte pour le contrôle est engagée, dans de nombreux pays musulmans; et enfin espaces de défi, en Occident, où les terroristes tentent de s’ériger en garants d’une cause commune. »

Source: Dominique de Villepin – « La Cité des Hommes », Plon 2009, pp76, 78, 79.

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