François Goulard, député villepiniste du Morbihan, était l’invité de RTL Soir mercredi dernier. L’occasion de revenir sur l’examen, en Commission des Finances, du Projet de loi sur les retraites.
RTL Soir: François Goulard, bonjour.
François Goulard: Bonjour !
Vous êtes député UMP du Morbihan, proche de Dominique de Villepin. Les discussions au sein de cette Commission, en pleine tourmente autour d’Eric Woerth sont qualifiés de sereines par la majorité. A gauche, on dit: « ça pèse ». Vous pouvez nous dire quelle est l’ambiance?
Oh, l’ambiance n’est pas une ambiance tout à fait normale pour le travail parlementaire. Je crois qu’il faut le reconnaître très honnêtement. Il y a une tension. Ca amène la majorité à faire bloc, et ça, c’est dommage, parce qu’un texte aussi important que celui-là, dans son passage au Parlement, doit être modifié. Le projet gouvernemental est ce qu’il est: il a sa logique, une partie est largement fondée; il y a aussi des points qui méritent correction. Et le débat parlementaire est là pour ça, sinon le Parlement ne sert à rien.
Or, dans le climat actuel, avec cet arrière-plan de l’affaire Woerth-Bettencourt, la tension est très forte et la majorité a comme réflexe de faire bloc et donc de ne pas toucher à ce texte. Et ça, ça n’est pas bon. Je crois qu’on va faire un assez mauvais travail parlementaire à cause des circonstances politiques que nous connaissons actuellement.
Alors, François Goulard, est-ce qu’il ne faudrait pas suspendre ces travaux, le temps que la justice passe?
Ca peut être très long: le temps de la justice, ce n’est pas le temps politique. Ce qui est vrai, c’est que le gouvernement et le Président de la République ont choisi, j’allais dire, une drôle de manière d’aborder ce sujet des retraites. D’abord, en découpant le débat: le passage en Commission avant la fin de la session et avant les vacances d’été. On reprend en septembre, mais on reprend sur un texte qui ne porte que sur les mesure d’âge, sur les fameux 62 ans et 67 ans. Et puis, on aura après, dans le budget, les mesures financières. Donc on va recommencer ce débat à plusieurs reprises, sans qu’on ait, à chaque moment, la vision d’ensemble qui conviendrait. Donc je trouve que la méthode n’est pas excellente. Et puis le climat, il est ce qu’il est: il n’est pas excellent pour débattre aussi sereinement que possible d’un sujet aussi important. Donc c’est vrai que ça s’est plutôt mal passé.
Moi, j’aurais été partisan d’un remaniement non pas en octobre (en plus, le remaniement, ce sera en plein débat sur les retraites: ce ne sera pas achevé !). Il aurait été beaucoup plus opportun de le faire fin juin pour mettre un terme à toute cette agitation qui tient à quelques personnalités. Sans les mettre en cause, mais objectivement, ça ne contribue pas à améliorer le climat politique à l’heure actuelle.
Alors, François Goulard, le débat est à huis clos, mais il y a Twitter qui permet de connaître les débats dans la salle en temps réel. Ca n’aurait pas été moins hypocrite de rendre tout ça public?
Il vaudrait mieux que ce soit public, parce qu’on sait tout, évidemment, à un moment ou à un autre, et presque en direct, comme vous le disiez, avec les nouvelles technologies. Et puis les députés ont le droit de sortir, donc ils viennent informer les journalistes. Je crois que pour un sujet aussi important, le huis clos n’est pas une bonne solution.