Un groupe République solidaire à l’Assemblée nationale ? Après le lancement du mouvement de Dominique de Villepin le 19 juin dernier, les députés villepinistes pourraient se réunir en un groupe politique au sein de l’Assemblée. Pas assez nombreux pour former un groupe, dont le seuil est fixé à 15 députés, ils font des appels du pied à François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan. Objectif : Faire entendre leurs voix et peser dans le débat.
Si l’existence de ce groupe politique reste pour l’instant au « conditionnel », selon Marie-Anne Montchamp, députée et porte-parole de République solidaire, sa création pourrait intervenir à la rentrée. Entretien.
Public Sénat: La formation d’un groupe République solidaire à l’Assemblée nationale pourrait-elle voir le jour ?
Marie-Anne Montchamp: Nous ne sommes pas encore dans l’ordre de la mise en oeuvre. Nous partageons les idées de Dominique de Villepin et nous nous sommes engagés à République solidaire. Nous formons une identité politique différente à l’intérieur de la majorité. Et nous constatons qu’avec certains députés nous votons des textes ou des amendements parfois similaires. De là naît la logique de groupe dans le groupe. Nous pourrions nous regrouper. Pour l’instant, ce n’est pas le cas et quand il s’agit de voter des textes de deuxième importance, de formuler un avis différent de la majorité, ça ne prête pas à conséquence. Mais quand il s’agit d’un texte structurant pour la majorité comme pour nous, par exemple le texte sur les retraites, nous souhaiterions davantage que notre vision des choses soit prise en compte. Cela peut nous amener à franchir le pas, c’est-à-dire constituer un groupe politique à part entière.
Quels sont les avantages de la constitution d’un tel groupe ?
Il y a des avantages et aussi des risques. Le risque c’est d’être un groupe de taille encore assez réduite, alors que quand vous êtes dans la majorité, vous avez l’illusion d’un confort. Mais l’avantage pour nous c’est la lisibilité politique et surtout de peser encore plus sur la vie politique à l’Assemblée nationale. Les deux derniers scrutins, les élections régionales et les législatives dans les Yvelines, ont été révélateurs. On voit bien que dans la majorité présidentielle de 2007 des gens manquent à l’appel aujourd’hui. Ils ne se reconnaissent plus dans l’offre politique de l’UMP. C’est brutal mais en 2012 certains ne feront plus le choix de 2007. Si ces proches de l’UMP n’ont pas le sentiment d’être représentés, d’êtres entendus, alors à coup sûr, leur vote pourrait nourrir l’abstention ou d’autres votes que nous pourrions redouter.
Quand sera constituée votre formation ?
Ce serait à l’occasion d’un rendez-vous politique qui montrerait que nos positions ne sont pas conciliables sur des textes majeurs. Nous travaillons avec les collègues villepinistes et c’est un travail âpre. Ce qu’on fait c’est dur. Ce n’est pas une aventure rigolote. On se questionne tout le temps car nous sommes attachés à notre famille politique. Mais c’est la mort dans l’âme que l’on constate son incapacité à entendre les Français et nous ne voulons pas renoncer. Nous ne voulons pas nous résigner en 2012 à un film raté qui amènerait la gauche au pouvoir. Le renoncement c’est quelque chose d’inimaginable.
Avec la formation de ce groupe politique cherchez-vous à mettre des bâtons dans les roues à Nicolas Sarkozy?
Nous agissons sans passion. On regarde les choses avec calme. Notre action c’est de donner une chance à une certaine idée de la droite de rester en capacité de réforme en 2012. Le renoncement se révélerait catastrophique. Etre capable de répondre aux aspirations des Français c’est notre devoir républicain. La vie politique quand on a un mandat électif, un mandat national, c’est un engagement pour son pays, à réformer pour ses compatriotes. On a un devoir de responsabilité.
Un groupe est-il envisageable au Sénat ?
Moi je suis frappée par le vote qui a eu lieu sur la réforme des collectivités locales. Le gouvernement a été battu sur son texte car aucune majorité ne s’est dégagée. J’ai été extrêmement frappé de voir Jean Arthuis, le président de la commission des finances du Sénat, réclamant de nouveau la suppression du bouclier fiscal. De plus, une partie du Sénat sera renouvelée en 2011. C’est un scrutin où risque de sortir une majorité différente. Je me dis que si on ne veut pas faite une voie toute tracée à la gauche, il n’est pas aberrant que des hommes et femmes prennent le risque de déplaire à court terme pour construire à long terme. Les idées avancent même si il n’y a pas de date pour la formation d’un parti République solidaire.
Source: Public Sénat (propos recueillis par Audrey Pelé)