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La journée du 19 juin … vue par la presse (troisième partie)

Fin de la revue des articles de presse consacrés à la journée du 19 juin…

Troisième partie: l’après-19 juin vu par la presse.

Exprimeo: Dominique de Villepin appelle les Français au « sursaut » en 2012

Une réunion publique se définit bien entendu par ce qu’elle est. Elle se définit aussi par ce qu’elle n’est pas. C’est le cas tout particulièrement de la réunion de lancement du Mouvement de Dominique de Villepin samedi 19 juin.

De façon assez étonnante, il y a des moins qui semblent avoir peu retenu l’attention des commentateurs samedi 19 juin.

Et si la réunion du 19 juin se définissait aussi par tout ce qu’elle n’a pas été :

- pas de people : l’UMP avait transformé les réunions publiques en rassemblement de notoriétés du spectacle. Là, les people étaient absents.

- pas de clinquant : l’austérité de la Halle Freyssinet était entièrement assumée.

- pas de succession de discours d’élus : la parole a été donnée à des citoyens qui ont parlé de leur vie quotidienne en effectuant très peu de références à Dominique de Villepin, contrairement aux habitudes où le nombre de citations du leader semble être la préoccupation dominante.

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Les Echos (Pierre-Alain Furbury): Dominique de Villepin appelle les Français au « sursaut » en 2012

« J’ai décidé d’être candidat à la présidence de la République. » Cette phrase, Dominique de Villepin ne l’a pas prononcée, pas plus qu’il n’a cité nommément Nicolas Sarkozy. Mais, devant 6.000 de ses partisans – selon les organisateurs -réunis samedi à la Halle Freyssinet, à Paris, l’ancien Premier ministre n’a guère laissé planer le doute sur les ambitions de son nouveau parti, baptisé « République solidaire » : « changer le cours des choses » en 2012. « Une alternative est indispensable Je m’engage. J’en mesure toute l’audace . C’est le temps du sursaut », a-t-il martelé, pendant que ses troupes scandaient « Villepin président ! » Et le dernier chef de gouvernement de Jacques Chirac d’insister, en prenant des accents très gaulliens pour mieux faire le parallèle avec l’anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 : « Quelque chose se lève à nouveau en France, quelque chose qui ne cessera jamais, au fil des mois, de grandir ». La résistance, donc, au sarkozysme, accusé d’avoir fait « reculer » les libertés publiques et mis la France « à bout de souffle ».

Soucieux de « rassembler » les déçus de 2007, conscient que son espace politique est restreint entre un Nicolas Sarkozy toujours haut dans les intentions de vote et un François Bayrou qui se recentre, Dominique de Villepin a multiplié les appels du pied, tous azimuts. Avec une prédilection pour ces « orphelins de la République » qui, notamment dans les banlieues, se réfugient dans l’abstention. A l’attention des électeurs de gauche et plus encore du centre, il a évoqué le « désespoir » des ouvriers, déploré « l’injustice sociale » et le « recul » des libertés, fustigé le « royaume des prébendes et des petits plaçous » et promis de renverser « les bastilles de l’argent ». Un discours qui n’est pas sans rappeler la « fracture sociale » dénoncée par Jacques Chirac lors de la présidentielle de 1995.

Pour les centristes, il a aussi rappelé qu’il avait « réduit les déficits de 20 milliards d’euros » lors de son passage à Matignon et dénoncé, comme François Bayrou, les « connivences » entre le pouvoir et les médias. Mais Dominique de Villepin a voulu laisser la porte ouverte aux sympathisants UMP. Non content de citer Jean-François Copé, Gérard Larcher ou Jean-Louis Borloo, il a souhaité une hausse de la durée légale du travail. « Nous devons revenir, ce qui n’a jamais été fait, sur la loi sur les 35 heures », a-t-il insisté.

Reste à savoir si ce discours permettra à Dominique de Villepin de progresser dans les sondages pour apparaître, in fine, comme une alternative crédible. Le risque existe qu’il ne soit perçu, aux yeux des Français, que par l’antisarkozysme. « Ce nouveau parti n’a qu’un objectif : servir l’ambition et les rancoeurs d’un homme », a assené dans un communiqué Marc-Philippe Daubresse, membre du gouvernement et secrétaire général adjoint de l’UMP.

L’ex-Premier ministre le sait, qui a assuré qu’il n’avait « aucune rancune » et ne s’engageait pas « par opposition à qui que ce soit ». Et qui a pris soin de faire quelques propositions, de la création d’un quota de jeunes dans les grandes entreprises à la « sanctuarisation » du budget de l’éducation, en passant par l’élection de « conseils de quartiers », la retraite à points ou une réforme fiscale (nouvelle tranche d’impôt sur le revenu, suppression de l’ISF et du bouclier fiscal). « Une certaine idée de la France », a-t-il glissé. Dominique de Villepin va aussi devoir faire fonctionner son parti avec peu de moyens financiers et peu de troupes. Ce week-end, il n’a enregistré qu’un seul ralliement surprise, en la personne de son ancien ministre Azouz Begag. Qui, au nom de la « double culture », conserve en parallèle sa carte du Modem…

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Dauphiné Libéré: Dominique de Villepin lance sa République Solidaire

Ce sera donc « République solidaire » : Dominique de Villepin a officialisé en grande pompe hier devant plusieurs milliers de sympathisants le lancement de son mouvement. Objectif : offrir une alternative à la politique de « division » de Nicolas Sarkozy.

« Pour réhabiliter la politique, il faut imaginer un mouvement neuf, indépendant. Non pas un parti de plus, mais un mouvement de mission », a résumé l’ancien Premier ministre à la Halle Freyssinet à Paris (XIIIe), disant s’adresser « en particulier à ceux qui se sentent orphelins de la République ».

« Ce mouvement, j’en prends la présidence. Je m’engage parce que je pense que les Français ont besoin d’une autre voie », a-t-il expliqué, faisant ainsi un pas de plus vers une candidature en 2012.

Parmi les 6 000 supporteurs présents revendiqués par le club Villepin, figuraient les anciens ministres de Jacques Chirac, Azouz Begag (MoDem) et Nelly Ollin, ainsi que les membres de sa garde rapprochée : les députés UMP François Goulard, Jacques Le Guen, Jean-Pierre Grand ou Marie-Anne Montchamp, qui sera la porte-parole.

Prenant des accents gaulliens, au lendemain du 70e anniversaire de l’appel du 18 juin, Dominique de Villepin s’est situé dans la lignée des grands résistants « qui ont répondu en 1940 à l’appel d’un général inconnu » et des « citoyens des états généraux luttant en 1789 contre l’absolutisme ». Dans un discours d’une heure, l’ex-Premier ministre a ramassé plusieurs mois de critiques envers Nicolas Sarkozy : « Quand la France divise, ce n’est pas la France . Nous sommes confrontés à un déni de réalité, entre ce que vivent les Français et ce que disent nos dirigeants ».

« Nous n’acceptons pas que soit démonté brique par brique ce qui fonde notre République », a-t-il lancé sous les applaudissements. Il a notamment dénoncé une « logique des boucs émissaires » avec le débat sur l’identité nationale, une atteinte à « l’indépendance » de la France avec son retour « dans le commandement intégré de l’Otan », et une « fuite en avant sécuritaire » quand « le Kärcher tient lieu de politique » dans les quartiers sensibles.

Au chapitre des propositions, il a prôné « un président au-dessus de la mêlée » avec « des ministres » qui ne soient « pas aux ordres des conseillers politiques de l’Élysée ». Il a défendu une rigueur économique « juste et partagée » et critiqué la réforme des retraites.

Pour réformer la France, il a proposé « à tous les républicains
un engagement solidaire » pour les « dix prochaines années » une manière de se projeter au-delà d’un unique quinquennat. « J’ai besoin de vous, de votre courage pour changer le cours des choses, pour engager le sursaut de la France »

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Exprimeo: Dominique de Villepin et l’élection nouvelle

Bon nombre des réactions sur la stratégie de Dominique de Villepin sont de nature à susciter des interrogations majeures sur les capacités ou la volonté de certains analystes à intégrer des données nouvelles qui marquent pourtant d’autres campagnes actuelles.

5 questions fondamentales suscitent actuellement des réactions qui méritent des développements particuliers.

1) La place de l’argent dans les campagnes électorales : il est « reproché » à Dominique de Villepin de ne pas avoir les « moyens financiers » d’une campagne. L’argent a toujours été « le nerf de la guerre » mais l’argent ne permet pas d’acheter la victoire. De surcroît, la campagne de 2012 va intervenir soit en pleine crise soit au début de la sortie de celle-ci. Par conséquent, la dépense électorale reposera sur une « légitimité fragile ». Dépenser sera délicat. La dépense « politique » sera probablement perçue comme une preuve d’évasion de la crise. Les candidats « de l’argent » devront surveiller la discrétion de la dépense s’ils ne veulent pas encourir un redoutable « effet boomerang ».

Pour l’ancien Premier Ministre, il n’y a pas là un handicap réel. La seule question est de savoir si ce candidat franchira le seuil de crédibilité financière pour faire vivre un nouveau style de campagne.

2) Sur ce seuil, il y a une seconde critique qui est formulée et dont le contenu s’avère surprenant. La candidature de Dominique de Villepin serait délicate financièrement faute d’argent public et faute de « gros donateurs ». Ces deux supposées faiblesses peuvent être des atouts considérables si le candidat montre que lui ne « dépense pas de l’argent public » et que « faute de gros donateurs » il est libre de « pressions » ultérieures éventuelles.

Son enjeu sera de donner naissance à la « contribution civique volontaire » : une participation des citoyens donc le financement par le grand nombre. La mensualisation de donations, les recettes de produits dérivés peuvent entièrement changer la donne.

3) troisième grief : il serait fragile parce qu’il ne compte que peu de parlementaires. Mais les parlementaires suscitent les critiques de l’opinion. C’est aujourd’hui, pour partie à tort, l’une des professions qui doit lutter contre une image de marque désastreuse. Comment reprocher à un candidat de ne pas s’afficher avec des représentants d’une profession que l’opinion veut sanctionner ?

4) Quatrième grief : il partirait trop tôt. Ramené à la vie économique, il occupe un segment de marché qui n’était pas occupé : la « nouvelle république ». Le premier est toujours gagnant lorsqu’il s’agit d’occuper un nouveau segment de marché et le second est toujours le premier … des perdants parce qu’il va devoir montrer sa différence, faire vivre ses plus … ce qui est encore plus difficile. Là encore, son timing de capamgne semble l’avantager plus que le desservir.

5) Cinquième grief : …

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Exprimeo: Dominique de Villepin à l’assaut des bastilles

Dominique de Villepin a réussi son 19 juin. Plus de 6 500 personnes enthousiastes ont été a ses côtés pour donner naissance à la « République solidaire ».

Dans toute démocratie, la naissance d’une nouvelle formation politique est un temps fort important. La création de « République solidaire » n’échappe pas à cette tradition.

Ce fut une fête qui a apporté des acquis incontestables clarifiant également les prochains rendez-vous.

Tout d’abord, ce fut une fête. Ce constat est le succès des bénévoles, une équipe de plus de 400 personnes qui a remarquablement organisé la journée. Cette équipe, composée essentiellement de jeunes, a travaillé dans la bonne humeur, la politesse, le sens du service. Il y avait manifestement du « coeur à l’ouvrage ». Il est vrai que l’exemple était donné y compris par Arthur de Villepin qui, t-shirt et jeans noirs, n’a pas ménagé ses efforts tout au long de la journée donnant l’exemple dans une discrétion et une simplicité remarquables. Ce fut le cas aussi d’Hugues Renson, fils de Cécile Renson, l’un des témoins, qui a coordonné les groupes de volontaires avec sympathie, gentillesse et efficacité.

Cette fête a été ensuite le produit d’une participation qui peut réalistement être évaluée à plus de 6 500 participants. Ce chiffre dénote une très forte mobilisation dans des circonstances actuelles générales de désaffection civique. Mais surtout, tous les participants sont venus à leurs frais et non pas à partir par exemple de cars affrêtés par un parti politique.

Ensuite, ce fut un rendez-vous de la diversité. Quand la « délégation » de l’Essone s’est arrêtée devant l’entrée au centre de la Halle, l’ambiance a changé. L’enthousiasme a encore gagné plusieurs niveaux. Car il y avait manifestement du plaisir à partager ces instants entre des personnes qui, dans d’autres circonstances, auraient eu peu d’occasions de se croiser et encore moins d’échanger dans le plaisir d’être ensemble. L’une des cornes de brumes apportée par l’un des participants a changé de beaucoup de mains passant comme témoin d’une unité retrouvée et dans la joie.

Enfin, le discours a levé les dernières interrogations. Beaucoup a été fait pour démobiliser y compris les allusions à des entrées gouvernementales. Le discours du 19 juin n’est pas prononcé pour objectif de terminer le chemin au … Quai d’Orsay.

Tous ces acquis établissent des actifs forts : – les bénévoles sont là en nombre et mobilisés avec efficacité, – la cohabitation de la diversité s’est déroulée dans la joie, – la rupture est consommée, – la campagne pour 2012 est engagée sur le fond.

Il reste désormais à structurer le nouveau Mouvement, lui donner son « identité » singulière par rapport aux partis politiques classiques. C’est l’étape des prochaines semaines. Mais la course est bien lancée.

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Journal du Dimanche (Soazig Quéméner): Dominique de Villepin clame son indépendance

Il n’aura pas été nécessaire d’organiser la claque. « De toute manière, on n’avait pas les moyens d’affréter des bus », sourit le député du Morbihan François Goulard. Plusieurs milliers de personnes sont venues porter samedi sur les fonts baptismaux République solidaire, le mouvement « gaulliste » et « indépendant » de Dominique de Villepin. « Nous espérions 3.000 personnes, vous êtes plus du double », a triomphé Brigitte Girardin, la nouvelle secrétaire générale du parti.

La Halle Freyssinet, vaste espace industriel situé face à la Bibliothèque François-Mitterrand, a donc accueilli la « fête à la République » promise par les proches de Villepin. Un rassemblement structuré autour d’un discours unique mais fleuve, scandé par l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, interrompu à de nombreuses reprises par ces cris: « Villepin président! ».

Au menu, sans surprise, en ce lendemain de commémoration de l’appel du 18-Juin, l’exaltation des valeurs gaullistes, d’une certaine idée de la France. Celle des « citoyens qui, en juin 1789, donnèrent la force aux états généraux de résister face à l’absolutisme » ; « des artisans et des ouvriers qui se levèrent en 1830 pour défendre la liberté de la presse » ; « des hommes de coeur de tous bords qui se dressèrent contre l’injustice faite à un petit capitaine de l’armée française parce qu’il était juif ».

Mais aussi quelques propositions
rassembleuses: « Que les ministres soient réellement patrons de leurs administrations » et non « aux ordres des conseillers politiques de l’Elysée » ; « rompre le lien hiérarchique entre le parquet et le pouvoir politique » ; « augmenter la durée légale du travail, dans chaque entreprise de plus de 500 salariés, avoir un pourcentage de jeunes de moins de 25 ans au travail… ».

Au passage, de nombreuses références à Jacques Chirac et une reprise sans le dire du thème de la fracture sociale. Pas de quoi réellement chatouiller la sensibilité politique d’une assemblée certes beaucoup plus mélangée qu’une réunion de l’UMP – on y notait la présence d’une délégation « La Banlieue avec Villepin » venue de l’Essonne – mais qui comptait tout de même beaucoup d’adhérents du parti présidentiel. Venus en observateurs, comme ce membre d’un cabinet ministériel, ou en groupies, comme cette dame d’une cinquantaine d’années. Appelons-la Marie, elle refuse de donner son véritable prénom. L’allure très BCBG, elle a épinglé un badge Je kiffe Dominique de Villepin à son revers. « Je suis venue parce que je n’ai pas eu de réponse à mes demandes, notamment au niveau des réformes. » Elle n’en dira pas plus, peinant visiblement à assumer sa transgression. On entend une dame discuter avec ses voisins, presque énamourée: « Et puis lui, il voit tellement plus haut que les autres! »

Francis, agent d’assurances venu en voiture de Montluçon, était adhérent du RPF de Charles Pasqua. Il est là « pour participer à la création de ce qui provoquera le grand changement de 2012″. Il pense que « Villepin a la stature d’un homme d’Etat, avec un pragmatisme et une intelligence hors du commun » ; et puis, de toute manière, il est « dans un tel état de déception vis-à-vis de Nicolas Sarkozy… ».

Vincent, chef d’entreprise, renchérit: « Pour la première fois depuis trois ans, nous avons un homme politique qui représente ce que nous pensons. La confiance avec les politiques a été rompue, lui peut la récréer. » Jean-Pierre, militaire retraité, enfonce le clou: « Sous l’autorité de Dominique de Villepin, il y a une force considérable d’opposition au pouvoir totalitaire actuel qui se met en place. » Jamais pourtant, samedi, le nouveau président de République solidaire n’a cité nommément le chef de l’Etat. Offrant suffisamment de références pour contenter son auditoire: « Nous n’accepterons pas qu’un gouvernement instrumentalise la peur de l’autre, la peur de l’immigré, la peur de l’étranger, la peur de l’islam, dans le déni de la vocation de la France. Nous n’accepterons pas qu’un gouvernement se lance dans une fuite en avant sécuritaire et que le Kärcher tienne lieu de politique dans le déni des réalités économiques et sociales. »

Mais faisant dans le même temps un petit pas vers un armistice. « A 56 ans, je ne m’engage pas par ambition, encore moins par opposition à qui que ce soit, a-t-il expliqué. J’ai écarté toute rancune. Je m’engage parce que les Français ont besoin d’une autre voix.  » Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Georges Tron, ami de Villepin mais absent hier, livre son exégèse de ce discours dont il avait parlé vendredi soir avec son auteur: « Ce n’est pas un discours qui le coupe de la majorité. Il est dans une logique d’indépendance, mais pas de conflit. » Reste à savoir si les futurs adhérents de République solidaire seront de cet avis.

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Le Bien Public (Eric Revel): Anelka et la « République solidaire »

La politique et le sport peuvent parfois se télescoper avec force. Le même jour où Anelka quitte l’équipe de France pour insultes à l’encontre de Raymond Domenech, Dominique de Villepin lance son mouvement politique. Aucun rapport a priori entre les deux événements. Sauf que la piteuse sortie du joueur de football de l’équipe est le symbole même de Bleus qui auront, tout au long de cette Coupe du monde, manqué totalement de solidarité.

L’ancien Premier ministre a baptisé son club « République solidaire », justement. Au-delà de la gesticulation de celui qui veut croiser le « fer politique » avec Nicolas Sarkozy pour 2012, il y a dans ce retour du mot « solidaire » accolé à celui de « république » une évidence : la société française donne parfois le sentiment de se déliter par manque d’envie d’être ensemble et solidaire.

La politique et le football ont en commun la nécessité d’avoir un capitaine qui tienne l’équipe. Le onze tricolore ne donne pas l’image d’être une équipe mais une somme d’individualités. La République française doit toujours faire briller ses valeurs d’égalité et de fraternité. « Il y a un traître dans notre groupe », a dit hier Patrice Evra, le capitaine de l’équipe de France lors d’une conférence de presse après l’exclusion d’Anelka. Nous sommes loin de nos valeurs.

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Agence France Presse: Pour Dominique de Villepin, une nouvelle réforme des retraites sera nécessaire en 2020

Dominique de Villepin a « regretté » samedi que le gouvernement « ne privilégie pas l’allongement de la durée des cotisation sur le report de l’âge légal de départ à la retraite » et qu’ »en l’état du projet, une nouvelle réforme sera nécessaire en 2020″.

« Je regrette que le gouvernement ne privilégie pas l’allongement de la durée des cotisations sur le report de l’âge légal de départ à la retraite (…), qu’on ne sécurise pas durablement et complètement les retraites à l’horizon de 20 ans. En l’état du projet, une nouvelle réforme sera nécessaire en 2020″, a déclaré l’ex-Premier ministre à Paris dans le discours fondateur de son mouvement politique baptisé « République solidaire ».

Il a estimé que « c’est seulement par le courage et la justice que nous pourrons conduire dans le rassemblement les réformes sociales dont le pays à besoin ».

Il a proposé d’ »avancer vers un régime unique pour tous les Français, y compris les fonctionnaires, un régime par point ou chacun pourra se constituer ses droits à la retraite et avoir avoir accès à une retraite à la carte ».

« Allonger la durée du temps de travail, on ne peut pas faire autrement quand l’espérance de vie s’est tant allongée » a-t-il fait remarquer, rappelant qu’ »aligner public et privé est une mesure d’équité dans notre pays ».

« Je regrette vivement que la réforme n’aille pas assez loin dans la justice concernant les carrières longues » a-t-il aussi déclaré.

Le Président Nicolas Sarkozy avait ouvert la voie vendredi à des « évolutions » de son projet de réforme des retraites, sur son volet pénibilité notamment. Le ministre du Travail Eric Woerth a clairement exclu de revenir sur la mesure phare du projet, le recul à 62 ans de l’âge légal, qui permettra de dégager la moitié de l’effort de redressement du système à l’horizon 2018.

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L’Express (Violette Robinet): La République solidaire de Villepin est lancée

Sous les cris de « Villepin, Président! Villepin, Président! », l’ex-Premier ministre a mis sur pieds son mouvement samedi soir: la République Solidaire.

« Un mouvement neuf », « un mouvement indépendant », « non pas un parti de plus, mais un mouvement de rassemblement, au dessus des partis, ouvert à tous… Ce samedi 19 juin, devant quelques 6000 personnes -selon les organisateurs- une poignée de ses plus fidèles soutiens et des centaines de journalistes français et étrangers, Dominique de Villepin donne le coup d’envoi de son mouvement, de sa République Solidaire.

Dans la Halle Freyssinet, dans le 13e arrondissement de Paris, quelques banderoles « La Dordogne avec Villepin », ou encore « Bergerac avec Villepin ». La foule, largement vêtue de t-shirts blancs portant l’inscrpition « Tous solidaires » et de badges « Je soutiens Dominique
de Villepin », entonne une série de « Villepin Président! Villepin Président! »

Durant près d’une heure et demie, sans dire mot de sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, celui-ci se pose en « alternative ». A qui? Si le nom de son éternel rival, Nicolas Sarkozy, n’est jamais prononcé, le discours de l’ancien Premier ministre est empreint d’attaques à l’adresse du chef de l’Etat. « Nous n’acceptons pas les dérives du débat sur l’identité nationale », « nous n’acceptons pas les petits jeux tactiques de l’ouverture », « nous n’acceptons pas qu’un gouvernement se lance dans une fuite en avant sécuritaire et que le karcher tienne lieu de politique », lance Dominique de Villepin. Avant d’enfoncer le clou: « Le rendez-vous présidentiel de 2007 a été une occasion perdue de dénouer le drame des divisions françaises ».

L’ex-locataire de Matignon élabore d’ailleurs une liste de pistes, tendance droite sociale, de « Bastilles à renverser » et de « choix refondateurs » à opérer pour réconcilier les Français, « restaurer la confiance » et retrouver la voix de la France dans le monde. Parmi les priorités évoquées: une rigueur assumée, la bataille de l’emploi, les retraites, les banlieues, la réconciliation des mémoires, une justice et des médias indépendants ou encore l’environnement.

Ebauche de programme présidentiel? Pour ces trois Parisiennes, la cinquantaine, venues voir l’ex-Premier ministre par curiosité, cela ne fait aucun doute. « Ca donne l’impression d’être déjà un discours électoral. Et il ratisse large », confie l’une d’elles. Et de glisser: « D’ailleurs la population aussi est ratissée. Ca n’est pas homogène ».  » Il y a des gens du 16e et de banlieue. Est-ce que ça va prendre? », abonde Larbi, 30 ans, enseignant en économie, pour qui Dominique de Villepin en ce 19 juin s’est montré « fidèle à lui-même, animateur des foules, avec de belles phrases ». De là à adhérer au mouvement mis sur pieds? « Quand on le voit sur scène, on est un peu plus convaincu. Mais j’attends de voir. L’homme, j’y adhère, le mouvement je ne sais pas ». Au vu du nombre d’admirateurs avides d’une poignée de main de l’ex-Premier ministre à sa sortie, certains semblent bien moins sceptiques.

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La Dépêche (Jean-Pierre Bédéï): Dominique de Villepin lance son mouvement

ominique de Villepin sera-t-il candidat à la présidentielle ? Il n’a rien dévoilé de ses intentions hier à la Halle Freyssinet de Paris, devant 5 000 militants enthousiastes, lors du meeting fondateur de son parti, République solidaire. En revanche, ses supporters, qui brassaient une population relativement plus métissée que dans les autres formations politiques, y croient. « Villepin Président », ont-ils scandé à plusieurs reprises.

Certes, on était loin de l’ambiance tonitruante des meetings de la grosse machinerie de l’UMP. Mais avec de faibles moyens, Villepin a réussi à organiser un rassemblement qui le met sur orbite pour 2 012. Car on voit mal comment il pourrait ne pas aller au bout de sa démarche.

Hier, en une heure et dix minutes de discours, Villepin s’est positionné en adversaire de Sarkozy qui n’a rien à envier aux autres opposants au chef de l’État, Bayrou ou Aubry. Sans jamais citer une seule fois le nom de Sarkozy, Villepin a démonté systématiquement la politique menée depuis 2007. Il s’est même permis des allusions sans équivoques : « Nous n’acceptons pas que le karcher tienne lieu de politique dans le déni des réalités économique et sociale. »

Pour le reste, il a dénoncé de manière implacable « les petits jeux tactiques de l’ouverture qui abaissent la politique », « l’écart toujours plus grand entre le discours et les actes », « une politique qui refuse les mots qui fâchent (la rigueur) et qui tient sur la ligne des promesses de 2007 », « les dérives du débat sur l’identité nationale, un « État affaibli, méprisé », une « politique condescendante » dans les banlieues, etc. N’en jetez plus !

La cour de l’Élysée est pleine… Villepin assure pourtant : « A 56 ans, je ne m’engage pas par ambition, encore moins par opposition à qui que ce soit. J’ai écarté toute rancune. » On peut sérieusement en douter en écoutant le réquisitoire au karcher de l’ancien Premier ministre… Villepin veut reprendre « le flambeau de la fidélité républicaine » car il pense qu’une « alternative est possible ». Il a donc dévoilé les contours d’un projet politique qui se veut plus social, plus « républicain ». « Nous n’acceptons pas que soit démonté brique par brique ce qui fonde notre République », a-t-il lancé sous les applaudissements, ajoutant en référence aux récentes polémiques : « La politique, ce n’est pas le cumul de salaires. »

Au chapitre des propositions, il a prôné « un président au-dessus de la mêlée » avec « des ministres « qui ne soient pas aux ordres des conseillers politiques de l’Élysée ». Il a défendu une rigueur économique « juste et partagée », une remise en cause des 35 heures, annonçant qu’une nouvelle réforme des retraites sera « nécessaire en 2 020. »

En Haute-Garonne, les clubs Villepin revendiquent 200 membres. Une vingtaine d’entre eux s’est rendue hier au congrès fondateur de République solidaire. Parmi eux, Roger, 61 ans, membre de l’UMP: «En 2007, j’ai voté pour Sarkozy sans enthousiasme ; ensuite j’ai été déçu par son comportement. Villepin correspond à ma sensibilité gaulliste et il a une stature d’homme d’État. C’est pourquoi je suis là aujourd’hui.» Jean-Charles, 29 ans, ingénieur à Toulouse, ajoute : «J’étais aux États-Unis lorsque Villepin a prononcé son discours à l’Onu. J’étais très fier de ce qu’il a dit. Auparavant je ne m’étais jamais engagé politiquement. Villepin est rassembleur, charismatique et redore les valeurs de justice sociale.» Laurent, 37 ans, artisan à Carmaux, n’avait jamais milité lui non plus : « En 2007, j’avais voté Sarkozy mais il s’est trop pipolisé. Villepin fait passer davantage l’intérêt du pays avant son intérêt personnel.» Paroles de villepinistes !

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La Voix du Nord (Matthieu Verrier): Dominique de Villepin crée son parti et se pose en rassembleur contre Nicolas Sarkozy

Dominique de Villepin a réuni plus de trois mille de ses partisans, hier à Paris, pour lancer son parti politique. L’ancien Premier ministre veut représenter un choix alternatif à Nicolas Sarkozy à droite.

Il a voulu des mots rassembleurs. Dominique de Villepin a annoncé hier à Paris le nom de son parti : République solidaire. À dessein, il a refusé le terme de « parti », pour épargner une image de fermeture à une formation construite pour part sur l’antisarkozisme.

« Il y a un an, nous étions une dizaine au fond d’une cave il y a six mois, nous étions un millier à la maison de l’Amérique latine au-jourd’hui, nous sommes des milliers », a lancé l’ancien Premier ministre, pour mieux souligner ce qu’il sent comme une aspiration populaire à l’origine de son initiative.

Dans l’immense hall industriel, quelque trois mille personnes applaudissent. La foule est bigarrée, venue par curiosité ou par conviction. Amina, visiblement d’une minorité, avait été approchée quelques semaines auparavant, car Dominique de Villepin souhaitait rencontrer des jeunes issus de la diversité. Elle l’avait trouvé d’abord gauche, puis « plutôt bien ».

L’ancien secrétaire général de l’Élysée, jamais élu, a sillonné la France ces derniers mois pour construire sa carrure nationale. Tout au long du discours, ponctué de références aux révolutions françaises, Dominique de Villepin appelle au rassemblement et fustige un gouvernement diviseur.

« Je suis issu de la majorité, mais je ne me reconnais pas dans le
discours et dans les décisions prises par le gouvernement », explique- t-il. Pendant plus d’une heure, il dénonce, exhorte et propose. Il recueille aussi une ovation en citant plusieurs fois le nom de Jacques Chirac. Celui de Nicolas Sarkozy n’est jamais prononcé.

« J’ai écarté toute rancune », assure-t-il. L’échéance de 2012 n’est pas plus évoquée.

Pourtant, l’ambition prospère dans toutes les têtes et sur toutes les langues. Au premier rang sont assis les parlementaires proches de l’orateur.

Marie-Anne Montchamp, porte-parole du mouvement, veut mener « la France sur une voie originale et audacieuse ». La députée assure que son chef est « totalement déterminé » à se présenter à la prochaine présidentielle.

« L’UMP était condamnée à disparaître, renchérit son collègue Jacques Le Guen, car elle n’a pas su respecter les sensibilités. » L’objectif de République solidaire est ainsi de rassembler le courant social et gaulliste de la droite.

Azouz Begag est présent. L’ancien ministre à l’Égalité des chances de Villepin avait rejoint François Bayrou. Il entend garder sa carte au MoDem. Les doubles appartenances devraient demeurer nombreuses, la plupart des parlementaires ayant en effet prévu de rester à l’UMP. Ce qui n’empêche pas Dominique de Villepin d’appeler à un « mouvement indépendant ».

Dans l’immédiat, le député Daniel Garrigue (ex-UMP) veut constituer un groupe à l’Assemblée nationale pour donner une vie concrète au mouvement. Au risque de pencher vers la politique partisane.

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Ouest France (Michel Urvoy): Dominique de Villepin fait un grand pas vers 2012

Machine à rassembler, mais aussi à nuire à ses rivaux, la « République solidaire » est dorénavant sur les rails. Mais il en faudra bien plus pour être faiseur de roi en 2012.

D’abord, et c’est assez rare pour être noté, on est accueilli par les « bonjour » et les « bienvenue » d’un service d’ordre courtois, revêtu de T-shirts blancs griffés d’un grand « V » rouge, « V » comme Villepin, comme le « Z » de Zorro. Une puissante musique rock’n'roll ou disco fait vibrer les poitrines et monter l’ambiance. Des écrans géants projettent des citations de sympathisants, rencontrés aux quatre coins du pays, qui vantent les qualités de leur idole.

Ensuite, on se dit que la foule annoncée ne remplira jamais, ce samedi après-midi, les trois travées de l’immense halle Freyssinet. Au bout de deux heures, les trois mille sympathisants attendus seront cinq mille, venus en train ou en bus.

Parmi eux, Azouz Begag, ancien ministre de Villepin, figure du MoDem, qui pense qu’ « une alliance Bayrou-Villepin et de tous les démocrates qui veulent retrouver le chemin de la France républicaine, c’est une alliance gagnante pour 2012. ».

Surtout, à l’image de Begag, on est surpris de découvrir une foule très métissée, souvent venue des quartiers sensibles, comme ce groupe de jeunes qui tentent d’accrocher une banderole du 9-1 assez inattendue : « La banlieue avec Villepin ! ». Sur l’estrade de moquette grise, des femmes surtout, présidentes d’associations ou d’organisation non-gouvernementales (ONG), des représentants de la « diversité », racontent leur mal-être.

C’est ici, dans cet univers de béton brut de décoffrage, célèbre pour accueillir de grands défilés de mode, que Dominique de Villepin a choisi de lancer son appel du 19 juin et son mouvement « République solidaire ».

Pendant que Pierre Laurent succède à Marie-George Buffet, à la tête du Parti communiste dans une relative indifférence, 248 journalistes ont effectué le déplacement. Pour écouter la bête politique. Pour sentir s’il ira jusqu’au bout.

Solennel, grave, la voix dure, l’intonation gaullienne, Dominique de Villepin, comme toujours, déchaîne ses admirateurs. Autour d’un thème, le rassemblement. Tout y passe, la politique étrangère (« Où sont les propositions de la France ? ») les « clivages diabolisant qui abaissent la politique », « les dérives du débat sur l’identité »… « Quelque chose se lève à nouveau en France. Quelque chose qui ne cessera au fil des mois de grandir. »

Les députés de l’Ouest (Marc Bernier, François Goulard et Jacques Le Guen) boivent du petit-lait. « On ne peut pas prendre une telle initiative, commente Goulard, si on n’a pas l’intention d’aller plus loin. » Azouz Begag s’amuse : « On a perdu avec Domenech, on va gagner avec Dominique ! » Sauf que Villepin n’a pas de troupes. Pas encore d’adhérents. Peu de parlementaires, surtout depuis que Georges Tron est entré au gouvernement et qu’Hervé Mariton a déclaré forfait. Pas d’argent. Comme prudemment dit Le Guen, « on a mis un pied dans l’eau. »

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