Dans une lettre mise en ligne mardi 15 juin sur le site Internet de son Club, Dominique de Villepin demande à ses sympathisants d’ignorer les « entraves », « pressions » et autres « manœuvres » visant selon lui à empêcher la naissance de sa formation politique. L’ancien premier ministre doit lancer samedi 19 juin à Paris un mouvement qu’il présente comme une « alternative » dans le paysage politique français.
« A l’heure où se multiplient les entraves, les pressions et les manœuvres pour empêcher la naissance de notre mouvement, notre rendez-vous du 19 juin prend une importance politique encore plus grande », écrit-il dans une lettre manuscrite. « L’enjeu est essentiel puisqu’il s’agit d’une alternative », ajoute-t-il.
« Tout est fait pour faire en sorte que cela ne soit pas une réussite », dit une responsable du Club Villepin, parlant « de petites mesquineries et des coups bas ». « Notre réseau social a été attaqué il y a une semaine et 150 noms ont été effacés. On a dû l’interrompre pour stopper cette destruction et des militants qui tractent pour le 19 mai ont subi des contrôles d’identité », a-t-on expliqué.
On s’étonne que les responsables de la halle Freyssinet où doit se dérouler samedi la manifestation (XIIIe arrondissement de Paris) aient reçu une visite de l’inspection du travail.
Des élus villepinistes ont été reçus ces derniers temps à l’Elysée, ce que certains considèrent comme une manœuvre. D’autres pensent que le déjeuner, mardi 15 juin, entre Nicolas Sarkozy et l’ancien président Jacques Chirac, proche de Dominique de Villepin, n’était pas dû au hasard. « C’est de bonne guerre mais on sent quand même des petites manœuvres, et on sent aussi que ce n’est pas fini, sans être parano », dit-on dans l’entourage de Dominique de Villepin.
Pour Jean-Pierre Grand, « les députés proches de Dominique de Villepin qui sont convoqués un à un à l’Elysée, c’est quand même énorme. Et c’est difficile de ne pas y aller car un député villepiniste est un républicain, bien sûr ». Lui-même n’a pas été convoqué, car il se dit « irrécupérable ».
Ainsi, plusieurs proches de Dominique de Villepin ont été récemment reçus par Nicolas Sarkozy à l’Elysée, dont les députés François Goulard, Marie-Anne Montchamp, Guy Geoffroy et Hervé Mariton.
« Le président m’a demandé si je souhaitais le voir et j’ai répondu favorablement », a dit à l’AFP François Goulard. « Mais ce n’est pas une proposition de rendez-vous qui change quoi que ce soit à mes convictions ».
En ce qui le concerne, Hervé Mariton a annoncé qu’il ne suivrait pas son mentor dans son futur parti, considérant « plus utile de continuer à porter un regard exigeant et libre au sein de l’UMP ». « C’est un choix un peu délicat mais c’est un choix de liberté », soutien le député de la Drôme. « J’ai considéré qu’il y avait des différences qui ne me permettaient pas d’arriver dans un parti au moment de sa création, dans des conditions où évidemment je devais être appelé à prendre des responsabilités importantes », a-t-il ajouté.
Pour Jean-Pierre Grand, le déjeuner entre Chirac et Sarkozy peut être interprété de diverses façons. « Que le président Chirac déjeune avec Nicolas Sarkozy, ça me paraît normal. Mais en le médiatisant comme ça, ils veulent montrer que Chirac est proche de Sarkozy, et tout le monde sait que ce n’est pas vrai, donc il n’y a pas de problème », a-t-il dit. « Nous, on aime trop Chirac pour l’instrumentaliser », ajoute un membre du club Villepin.
Autre accusation de villepinistes: un membre de l’entourage du président ferait pression pour faire annuler des contrats signé par Dominique de Villepin avec le Qatar en qualité d’avocat.
« On a prévu un groupe électrogène pour samedi, car on pourrait nous couper l’électricité », affirme une proche de Dominique de Villepin.
« En même temps, tout cela est rassurant, car cela prouve que l’on nous prend au sérieux, que notre mouvement pèse, suscite un engouement ».
« Votre présence personnelle samedi prochain sera la marque d’un engagement fort, de la fidélité à nos valeurs, de notre détermination à défendre nos idées et nos propositions pour la France », déclare M. de Villepin dans sa lettre mise en ligne sur le site du Club Villepin.
Sources: Club Villepin, Le Monde, Agence France Presse et Reuters