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Dominique de Villepin, invité de Thierry Guerrier dans C à Dire sur France 5

Dominique de Villepin était, mardi dernier, l’invité de Thierry Guerrier dans C à Dire sur France 5. Au menu de son intervention: politique étrangère, retraites et présidentielle de 2012…

« J’ai une passion pour la France et ce que j’ai souhaité, tout au long des dernières années, c’est d’aller à la rencontre des Français, les entendre, connaître leurs préoccupations, connaître leurs difficultés au quotidien.

Ce n’est une surprise pour personne: les Français souffrent et malheureusement, la politique est beaucoup trop éloignée de leur vie quotidienne », déclare Dominique de Villepin à quelques jours du grand rassemblement de la Halle Freyssinet au cours duquel il lancera son mouvement politique: « c’est une démarche avec les Français que je veux engager. C’est un chemin pour véritablement modifier la façon de faire de la politique, telle que nous la pratiquons trop souvent habituellement. »

« Nous sommes en 2010, et la politique qui est mise en place ne fonctionne pas. Il suffit de regarder le niveau du chômage, le blocage des réformes, la situation de l’endettement, des déficits. On ne dit pas la vérité aux Français quand on chipote sur rigueur ou pas rigueur. Regardons ce que font les Allemands et surtout, rassemblons les Français sur une ligne convergente avec notre principale partenaire allemand, car tout ce que nous ferons qui nous éloignera de la politique allemande nous affaiblira », poursuit-il.

En Afghanistan, « nous sommes dans l’impasse et nous refusons de voir la réalité des choses », poursuit notre invité. « Il n’y a pas de victoire militaire possible, et l’ensemble de nos soldats sont devant ce qu’il y a de plus difficile pour un militaire : une mission qu’ils ne peuvent pas remplir. Tout simplement parce qu’aujourd’hui, une véritable stratégie en Afghanistan passerait par l’économique, le social, la reconquête des cœurs dans les provinces : là où les militaires sont les plus mal placés », puisqu’ils « sont perçus comme des forces d’occupation ».

« Nous en sommes au 44e soldat français qui a perdu la vie, hier. C’est un véritable drame pour nos soldats que de se retrouver dans une telle situation d’impuissance, alors même que la France est sans doute le premier pays à avoir tiré les leçons de l’histoire (…) Nous l’avons fait en Algérie, au Viet-nâm, en Irak, et nous recommençons les mêmes erreurs, tout simplement parce que la France n’est pas capable d’affirmer son indépendance et d’ouvrir une nouvelle voie, qui est celle de la paix dans cette région. »

« Il faut être aujourd’hui dans une démarche de responsabilité », c’est-à-dire qu’il faut « fixer un calendrier raisonnable » de retrait des forces armées. « Il ne s’agit pas de partir du jour au lendemain, mais de dire : ’Dans douze ou dix-huit mois, nous aurons quitté le territoire afghan’. Le président Obama lui-même s’est fixé un calendrier, et il ne pourra pas le tenir, pas plus qu’en Irak. La France doit prendre l’initiative. Et le meilleur service que nous pourrions rendre à l’Afghanistan et aux alliés, c’est de partir », estime Dominique de Villepin.

Enfin, sur le dossier de la réforme des retraites, Dominique de Villepin estime qu’ »un vrai projet doit jouer sur certaines variables, mais il doit apporter des garanties de justice (…) Il ne faut pas se contenter de la méthode comptable. Il y a bien sûr une urgence, qui est de trouver des financements pour faire face aux 30 milliards de déficit de cette année et des années qui vont venir ». Mais il faut ensuite « présenter cette garantie de justice aux Français, sur le niveau des pensions notamment ».

« La méthode de l’effeuillage » pratiquée par le gouvernement « permet de gagner du temps, mais », souligne Dominique de Villepin, elle « crée des ambigüités, peut-être même une certaine lassitude chez les Français. Et à l’heure du rendez-vous, il peut y avoir de mauvaises surprises. (…) »

« Un vrai projet doit, bien sûr, jouer sur certaines variables. Mais il doit apporter des garanties de justice. (…) La réforme doit être globale et la réforme doit s’appuyer sur des garanties de justice et sur un véritable projet de société. On ne peut pas ne pas se soucier du fait que les séniors ne trouvent pas d’emploi après 50 ans, les femmes ont des carrières discontinues, les jeunes rentrent tard sur le marché du travail. (…) Il y a, bien sûr, une urgence qui est de trouver des financements pour faire face aux 30 milliards de déficit de cette année et des années qui vont venir. Deuxième exigence, au-delà de la méthode comptable: présenter cette garantie de justice que l’on donne aux Français: garantie de justice sur le niveau des pensions, garantie de justice sur le fait que l’on va réhausser le niveau des pensions de ceux qui sont les plus défavorisés. »

« Quelle absence de visibilité ! A un moment donné, il faut un dispositif, des garanties de justice et un projet de société. (…) Que le gouvernement prenne ses responsabilités et que les Français sachent, parce que cette confusion est dommageable pour tout le monde. Elle use les nerfs des Français, dans une France, à bien des égards, fatiguée ».

Source: France 5

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