Jean-Louis Debré, Jacques Chirac et Dominique de Villepin aux
obsèques d’Henri Cuq, le lundi 14 juin à Houdan (Yvelines)
Le député UMP des Yvelines et ancien ministre chiraquien Henri Cuq est mort, vendredi 11 juin, à Paris à l’âge de 68 ans des suites d’une longue maladie.
Dans un communiqué, l’ancien président Jacques Chirac a exprimé sa « peine infinie »: « Avec Henri Cuq disparaît un ami intime, un soutien indéfectible de près de 40 ans », déclare dans un communiqué M. Chirac, qui s’est rendu auprès de la famille de son ancien ministre sitôt après sa rencontre avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine.
« Rencontré en Corrèze en 1972, nous avons immédiatement été attirés l’un vers l’autre. Sa franchise, sa finesse, son pragmatisme et surtout la fermeté de ses convictions m’ont toujours impressionné », relate l’ancien chef de l’Etat. Il salue également le parlementaire « expérimenté et écouté, régulièrement réélu pendant plus de 20 ans dans sa circonscription des Yvelines » et qui « excella » dans ses fonctions de ministre des Relations avec le Parlement.
« Fidélité, volonté, passion de l’Etat et du service, amour de la France, il avait toutes les qualités d’un vrai gaulliste, sans jamais oublier d’être un simple ami des hommes », affirme aussi M. Chirac.
Le député (UMP) des Yvelines et ancien ministre chiraquien Henri Cuq est mort, ce vendredi à Paris, à l’âge de 68 ans des suites d’une longue maladie.
Fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac, Henri Cuq fut député, de l’Ariège puis des Yvelines depuis 1986, avec un intermède comme ministre délégué chargé des relations avec le Parlement de 2004 à 2007.
Né le 12 mars 1942 à Toulouse, diplômé de l’IEP, de l’Institut d’études internationales et de l’Institut de criminologie de la faculté de droit de Toulouse, il commence sa carrière comme commissaire de police à Rennes (1968-72), avant de devenir directeur départemental des renseignements généraux de la Corrèze (1972-77) et commissaire divisionnaire de la police nationale en 1981.
Chef de cabinet de Chirac à la mairie de Paris de 1979 à 1981, il dirige ensuite de 1984 à 1986 la délégation générale pour l’amélioration de la sécurité des Parisiens.
Il est une des voix du « gaullisme social », notamment quand il dénonce, en avril 1996, dans un rapport de 70 pages sur un sujet tabou, les « zones de non-droit » que constituent, à ses yeux, certains foyers de travailleurs immigrés, estimant que les conditions de vie y sont « alarmantes ».
Député (RPR) de l’Ariège de 1986 à 1988, il est depuis député (RPR puis UMP) des Yvelines. En 1998, il est vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation des fonds publics en Corse.
Au RPR, Cuq est chargé des questions de sécurité, puis des petites et moyennes entreprises, avant de devenir membre du bureau politique (1998-2002).
En mars 2004, il est nommé ministre délégué aux relations avec le Parlement dans le gouvernement Raffarin, fonction qu’il conservera auprès de Dominique de Villepin de 2005 à 2007. En juin 2007, il avait été réélu dès le premier tour.
Sa fidélité, quasi-inconditionnelle à Jacques Chirac, le pousse à créer et présider en 2008 l’Association Avec le Président Chirac. A ses côtés, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, l’ancienne ministre de l’Outre-Mer, Brigitte Girardin, et l’actuel ministre du Budget, François Baroin.
Il fait partie des députés de la majorité, rares au début du quinquennat, qui n’hésitent pas à afficher leur indépendance, et à lancer des critiques touchant directement ou indirectement Nicolas Sarkozy.
Le moment le plus fort fut juillet 2008. Il est, avec le président du MoDem, François Bayrou, un des parlementaires qui ont dénoncé les « marchandages » et les « pressions » de l’exécutif pour faire adopter au Congrès la réforme de la Constitution. « Il y a des débauchages et des médiocrités. On nous dit qu’il faut revaloriser le Parlement. Or, on fait des pressions inacceptables. Des députés ont été convaincus de changer de vote en étant achetés ou contre la promesse d’un maroquin », déclare-t-il alors.
Lors d »une de ses dernières interventions publiques le 18 décembre 2009, il estimait « surréaliste » la mise en examen du Président Chirac, estimant que « ce nouvel épisode procédural confinait au harcèlement judiciaire ».
En janvier dernier, sur son blog, Henri Cuq avait pris fait et cause pour Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream. « La relaxe de Dominique de Villepin m’a réjoui. Après cinq années d’épreuve, cette décision lave de tout soupçon l’ancien Premier Ministre, avec qui j’ai eu l’honneur de travailler pendant 2 ans. (…) Aujourd’hui, le Parquet fait appel. Cette décision, de toute évidence dictée, s’apparente incontestablement à de l’acharnement judiciaire, pour ne pas dire politique », écrivait-t-il.
Les réactions
Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a salué la mémoire d’Henri Cuq, en soulignant dans un communiqué sa « fidélité » aux « valeurs du gaullisme » et son « sens inné des rapports humains ». Nicolas Sarkozy a également vanté la « loyauté sans faille » d’Henri Cuq vis-à-vis de Jacques Chirac. « Ceux qui l’ont côtoyé savent que son amitié, une fois offerte, était définitive », conclut-il.
De son côté, le Premier ministre François Fillon a salué « la fidélité sans faille » aux valeurs républicaines et gaullistes d’Henri Cuq ainsi que sa « loyauté intransigeante » à Jacques Chirac. « Tous ceux qui l’ont connu garderont le souvenir d’un homme d’une fidélité sans faille à ses convictions républicaines et gaullistes. Ils se souviendront de sa loyauté intransigeante à l’égard du président Jacques Chirac, dont il fut l’un des compagnons les plus dévoués », a déclaré M. Fillon dans un communiqué. « Par son écoute et son sens chaleureux des relations humaines, Henri Cuq fut un parlementaire écouté et respecté. Il fut un ministre délégué aux Relations avec le Parlement apprécié sur tous les bancs du Parlement », a-t-il ajouté.
L’UMP a rendu hommage à l’ancien ministre, saluant la mémoire d’ »un homme pleinement engagé » et « d’une grande compétence » et dont l’existence fut « entièrement tournée vers les autres au service de son pays », écrit le parti majoritaire dans un communiqué. « Homme de convictions et de fidélité, figure politique reconnue, il laisse à tous ceux qui l’ont côtoyé l’image d’un homme politique de caractère, à la grande compétence, et d’un ministre estimé des parlementaires », ajoute-t-il adressant « à toute sa famille et à ses proches « ses condoléances et sa sympathie attristée ».
Bernard Accoyer (UMP), président de l’Assemblée nationale : « Toujours disponible et à l’écoute de ses collègues, Henri Cuq était un homme de conviction, chaleureux et convivial. Parlementaire exemplaire, il était très apprécié de ses collègues. De famille gaulliste, il restera toujours fidèle à son idéal ».
Henri de Raincourt, ministre des Relations avec le Parlement : « Inlassable serviteur de la Nation, il assuma tout au long de sa vie ses responsabilités avec dévouement et passion (…) Henri Cuq gardera une place particulière dans la mémoire des personnes l’ayant côtoyé et dans le grand livre de l’histoire du Parlement ».
Le ministre du Budget, François Baroin, a exprimé dans un communiqué sa « très grande tristesse » après « le décès de son ami Henri Cuq » et rendu « hommage à la mémoire de ce grand serviteur de l’Etat, homme d’honneur et d’engagement qui resta toute sa vie fidèle à ses valeurs. Henri Cuq laissera, pour tous ceux qui l’ont connu, le souvenir d’un homme chaleureux et humain qui a toujours agi avec courage et ténacité au service de la République ».
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, « perd aujourd’hui un ami ». « Homme de fidélité et de contact, chiraquien de coeur, Henri Cuq aura marqué le Parlement. C’est une figure et une mémoire de l’Assemblée qui disparaît. Sa générosité, sa chaleur humaine et son engagement lui permettaient de rapprocher les hommes, au-delà des clivages ».
Jean-Pierre Bel, sénateur de l’Ariège et président du groupe PS à la Haute Assemblée: « Ancien député de l’Ariège attaché à notre département, Henri était avant tout un ami. Par-delà nos différences politiques, j’ai toujours eu une grande considération et beaucoup de respect pour son engagement au service de la France. Sa carrière est éloquente. Elle démontre à quel point il était un homme de valeur et un grand Républicain ».
Sources: Agence France Presse et France 2