En visite à Paris, le juge Garzon, poursuivi en Espagne pour avoir voulu enquêter sur les crimes amnistiés du franquisme, assistait lundi soir à Sciences Po à un Colloque consacré à la justice internationale.
Ce colloque était organisé par l’association étudiante « Jeune République », qui a décerné son prix « Liberté et Démocratie René Cassin », nouvellement créé, au juge Garzon, un « monument de la justice internationale », qui a notamment traqué l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet.
« Il est impossible pour un peuple d’affronter son histoire si la vérité n’a pas été dite », a déclaré l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, un des parrains de l’association Jeune République.
« C’est un moment difficile et délicat, mais cela ne signifie pas que je n’ai pas confiance », a déclaré dans la soirée à la presse le juge Garzon.
« A la fin de ce difficile chemin, la justice s’imposera », a-t-il ajouté, après avoir été longuement applaudi par un amphithéâtre de Sciences Po Paris rempli d’étudiants.
A la tribune se sont aussi succédé juristes, politiques et défenseurs des droits de l’homme qui ont tous salué son engagement pour la « justice universelle », lors d’un colloque sur la justice internationale dont l’invité d’honneur était Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
Cette rencontre était organisée par l’association étudiante « Jeune République », qui a décerné son prix « Liberté et Démocratie René Cassin », nouvellement créé, au juge Garzon, un « monument de la justice internationale », qui a notamment traqué l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet.
René Cassin (1887-1976), prix Nobel de la paix en 1968, a été le rédacteur principal de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948.
Prévu de longue date, cet hommage à Baltasar Garzon, 54 ans, a eu lieu alors que le juge a été suspendu vendredi de ses fonctions, en attendant d’être jugé en Espagne pour avoir voulu enquêter sur les crimes du franquisme, en enfreignant « sciemment », selon ses accusateurs, la loi d’amnistie générale de 1977. Il encourt une peine de vingt ans d’interdiction d’exercice de sa fonction.
L’hommage en était d’autant plus fervent, de nombreux juristes dans le monde estimant que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles.
« Il est impossible pour un peuple d’affronter son histoire si la vérité n’a pas été dite », a déclaré l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, un des parrains de l’association Jeune République.
« Nous avons tous une grande dette à l’égard du juge Garzon », a affirmé Reed Brody, de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch. « L’arrestation de Pinochet a fait tomber des murs d’impunité » un peu partout dans le monde, a-t-il dit, estimant « incroyable qu’en Europe, un juge qui a voulu ouvrir des fosses communes soit poursuivi et suspendu ».
« La CPI a été un immense progrès, il faut la protéger car elle est menacée », a déclaré l’ancienne juge d’instruction Eva Joly, avant d’évoquer le fait que la France n’ait pas encore adopté une loi permettant de poursuivre les auteurs présumés de crimes contre l’humanité conformément au statut de la Cour pénale internationale.
« Je ne comprends pas qu’on n’ait pas le temps de faire cela, alors qu’on a le temps de faire une loi sur la burqa », a-t-elle ajouté.
Sources: Science Po, Association Jeune République, Agence France Presse