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France: croissance en panne en 2009 et au point mort au 1er trimestre 2010

La croissance française a été de seulement 0,1% au premier trimestre 2010, selon une première estimation publiée mercredi dernier par l’Insee, qui a également revu en nette baisse les performances de l’économie hexagonale depuis l’éclatement de la crise internationale.

Selon ces chiffres révisés, le produit intérieur brut (PIB) de la France n’a progressé que de 0,1% sur l’ensemble de 2008, contre +0,3% annoncé précédemment. Quant à la récession historique enregistrée en 2009, initialement évaluée à -2,2%, elle est encore plus sévère que prévue avec une chute du PIB de 2,5%.

Pour cette année, le gouvernement mise officiellement sur une croissance de 1,4%, un objectif qui risque désormais d’être très difficile à remplir.

Dans ses dernières prévisions actualisées en mars, l’Insee tablait sur une croissance molle de 0,2% au premier trimestre, puis de 0,3% au deuxième. Sur cette base, il aurait fallu que le PIB gagne 0,5 à 0,6% sur chacun des deux derniers trimestres de 2010 pour atteindre la prévision de croissance du gouvernement.

Ces chiffres constituent une véritable douche froide pour l’économie française. Il y a trois mois, la France se félicitait d’avoir échappé au ralentissement économique ambiant, affichant l’une des meilleures performances économiques de la zone euro pour le dernier trimestre 2009 (+0,6% de hausse du produit intérieur brut, révisé aujourd’hui à +0,5%). Aujourd’hui c’est l’inverse. Le PIB français n’a progressé que de 0,1% au premier trimestre 2010 selon l’Insee, contre +0,2% en moyenne dans la zone euro. En comparaison, le PIB allemand a gagné 0,2% et le PIB italien 0,5%.

La consommation des ménages au point mort

C’est peut être le plus inquiétant : entre janvier et mars, la consommation des ménages a calé (+0% après +0,9% au dernier trimestre 2009). Il fallait s’y attendre : contrecoup de la suppression de la prime à la casse, les achats d’automobiles ont chuté de 11,5% sur le trimestre, affectant lourdement les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés (-1,9%). Les dépenses de consommation de services ont légèrement amorti le choc. La France a-t-elle perdu son moteur traditionnel de croissance ?

« Rien ne permet de penser que la consommation va rebondir dans l’année », estime Jean-Christophe Caffet, économiste de Natixis. Plusieurs facteurs pèsent en effet sur le pouvoir d’achat des ménages : le retour de l’inflation (+1,7% en avril sur un an, son plus haut niveau depuis douze mois), la hausse continue du chômage et la fin des mesures de soutien au pouvoir d’achat.

L’investissement poursuit sa contraction

Autre mauvaise nouvelle du premier trimestre : l’investissement des entreprises a chuté (-0,9% par rapport au dernier trimestre 2009) pour le huitième trimestre consécutif, tandis que l’investissement public a perdu 1,2%. Cette forte baisse peut être interprétée comme le reflet d’une baisse progressive des mesures décidées dans le plan de relance.

L’Etat n’a pas prévu de nouveau plan de relance. Il a même annoncé le gel à venir de ses dépenses. Les investissements du grand emprunt, dont les premières sommes seront versées en juin, n’auront que peu d’effets à court terme. Ce n’est donc pas la dépense publique qui va tirer la croissance française cette année.

Du côté des entreprises, l’enquête trimestrielle d’avril de l’Insee indique que les industriels prévoient d’augmenter leurs investissements de 6% en 2010. Jean-Christophe Caffet n’y croit pas trop : même si les indicateurs avancés indiquent une accélération de la croissance de l’activité du secteur privé en avril, les entreprises vont rester « très prudentes et ne procèderont à des investissements qu’à la marge », explique-t-il.

Le cycle des stocks est loin d’être achevé

La croissance du PIB français au quatrième trimestre2009 s’expliquait en grande partie par la contribution très fortement positive des stocks (+0,9%). Mais le processus de ralentissement du déstockage a marqué une pause début 2010 : la contribution des variations de stocks à la croissance est redevenue légèrement négative au premier trimestre (-0,1%). L’éventuel restockage des entreprises sera sans doute une clé de la croissance française cette année.

La bonne surprise des exportations

Sans le commerce extérieur, le PIB aurait reculé de 0,3% au premier trimestre. Les exportations ont en effet progressé de 3,9% sur la période. Et comme la progression des importations est très modérée (+2%), la contribution du commerce extérieure à la croissance a atteint 0,4 points. La preuve que la France bénéficie quand même un peu de la reprise vigoureuse du commerce mondiale. La faiblesse de l’euro devrait encourager la bonne tenue du commerce extérieur au cours des prochains trimestres. « Les exportations seront probablement le seul vrai moteur de la croissance française cette année », prédit Jean-Christophe Caffet.

Sources: Agence France Presse et L’Expansion

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