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"David Cameron: le test de crédibilité", par Hervé Mariton

Alors que la Grande-Bretagne vient d’entrer dans une nouvelle ère politique avec l’arrivée au 10 Downing Street du Conservateur David Cameron, Hervé Mariton (qui a suivi de près les élections législatives britanniques, en se rendant sur place pendant la campagne) nous livre, en exclusivité, son sentiment sur les défis qui attendent le nouveau Premier Ministre britannique, pour son pays et pour l’Europe.

« Le défi de tout nouveau gouvernement est de ne pas décevoir. David Cameron devra ne pas décevoir ses électeurs, ne pas décevoir ses alliés, ne pas décevoir son pays. Ce sera un test de solidité et de crédibilité.

Les électeurs conservateurs que j’ai rencontrés pendant la campagne me sont apparus avec des idées simples et claires. L’assainissement de la situation des finances publiques est attendue. Ce point est tellement évident que l’on n’attend pas que la coalition conservateurs/libéraux puisse s’abîmer sur ce point. Les conservateurs ont eu l’honnêteté d’un discours très courageux sur la baisse des dépenses publiques pendant la campagne. L’intensité de ce courage contre-balance la justesse de leur victoire. Le pacte populaire est alors, sur ce point, solide. Les électeurs ont envie de faire la chasse aux abus, fraudes en toute sorte. Demande populiste? Non, exigence raisonnable dans une démocratie. Il ne faut pas alors que l’alliance provoque de la mollesse. La question de l’immigration est un sujet de divergence entre libéraux et conservateurs. C’est un vrai défi de définir alors une politique et le pire serait que le Royaume Uni n’en ait pas. S’agissant de la défense, les conservateurs ont déjà gagné et les libéraux ont mis de côté leurs doutes sur la dissuasion. C’est une belle victoire.

Pour ne pas décevoir ses alliés, le danger serait que Cameron se concentre sur le style. Si cela ne devait rien enlever à la solidité de l’action, ce ne serait pas grave. Est-ce possible? Bien sûr, Nick Clegg ressemble beaucoup à David Cameron (physiquement, même si la cravate est nécessairement de couleur différente), mais Cameron ressemble si peu aux électeurs libéraux et surtout ses propres électeurs leur ressemblent si peu. Je pense qu’il faut assumer ces différences. Dit autrement, l’enjeu, pour la solidité du vote conservateur, n’est pas de courir après les libéraux, mais d’être soi-même, loyal dans l’alliance, fidèle à ses convictions.

Ne pas décevoir son pays, c’est déjà se faire entendre au delà du jardin électoral de l’Angleterre. Les conservateurs n’ont qu’un député en Ecosse et sont très minoritaires au Pays de Galles; ils vont devoir asseoir leur légitimité, celle de la responsabilité du pouvoir, dans des contrées où ils ne sont pas élus. Ne pas décevoir, c’est aussi porter une relation féconde avec l’Europe. David Cameron, comme souvent les Britanniques, privilégie le bilatéral au multilatéral. Nous devons, sur le continent, assumer de convaincre en bilatéral pour construire du multilatéral et nos amis britanniques doivent concevoir, très « matter of fact », qu’il leur faut tenir leur rôle à Bruxelles. On doit pouvoir avancer et progresser, dans l’intérêt de tous.

On est sans doute sorti de la passion vouée à Tony Blair et du mystère accordé à Gordon Brown. Une relation plus objective n’est pas nécessairement moins féconde. »

Hervé Mariton, ancien ministre, député-maire de Crest (Drôme), président du Club Réforme et Modernité

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