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Dominique de Villepin en Tunisie: "Il reste beaucoup à faire" pour que l'Union pour la Méditerranée donne des résultats concrets

En Tunisie où il participé, mercredi et jeudi, au Forum international de la revue tunisienne « Réalités », Dominique de Villepin a affirmé qu’ »il reste encore beaucoup à faire » pour que l’Union pour la Méditerranée (UPM) permette de lancer des initiatives concrètes de coopération.

Interrogé par ailleurs sur l’interdiction du voile intégral en France, l’ancien Premier Ministre a souligné que le défi de ce débat est d’ »arriver à une sortie du piège de l’instrumentalisation et de l’interprétation religieuse et confessionnelle ». « Plus nous sommes dans une situation difficile, plus il y a la méconnaissance de l’autre, de l’étranger, de l’immigré, plus le risque de dérapage est susceptible de s’accroître », a-t-il analysé en soulignant l’impératif d’être « encore plus vigilants ».

Sur l’Union pour la Méditerranée

Pour Dominique de Villepin, nous ne sommes pas encore « allés suffisamment loin dans la réflexion » pour que l’Union pour la Méditerranée « puisse donner l’impulsion à des projets concrets », grâce auxquels se « renforcent les liens » entre chaque rive de la Mer Méditerranée.

« C’est le travail qu’il faudra faire en juin », a déclaré Dominique de Villepin en référence au Sommet de l’UPM qui se tiendra ce mois-là à Barcelone.

« Il y a un grand potentiel à exploiter si nous sommes capables de développer nos liens », a-t-il souligné, en insistant sur « la volonté, la nécessité et les intérêts mutuels ».

Le Directeur général de l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed), Senén Florensa, a exprimé la même idée, en soulignant de son côté la difficulté de cette initiative de coopération, ainsi que les « opportunités et « l’héritage commun » partagé par tous les Etats de la région.

« On ne parle de rien de moins que de faire une union entre des pays qui, dans certains cas, n’ont même pas de relations diplomatiques entre eux », a souligné Senén Florensa à l’ouverture des conférences qui se tiennent mercredi et jeudi à Hammamet en Tunisie.

Selon Dominique de Villepin, les premiers sujets à aborder en matière de coopération entre l’Europe et l’Afrique doivent être l’accès à l’eau, les transports, la santé et l’énergie.

Dans tous ces domaines existent « des complémentarités entre plusieurs pays » du rivage méditerranéen, mais « jusqu’à présent, les politiques n’ont pas réussi à mettre en synergies ces complémentarités », a souligné l’ancien Premier Ministre.

Une autre vocation de l’Union pour la Méditerranée, c’est de se « transformer en un véritable outil pour dépasser le conflit entre Israël et la Palestine », a affirmé Dominique de Villepin. Cependant, pour y parvenir, « une perspective positive » est nécessaire entre les différentes parties, comme c’est le cas pour les relations traditionnellement tendues entre le Maroc et l’Algérie ou entre le Maghreb et le reste de l’Afrique où les contacts diplomatiques ne sont pas suffisamment développés selon Dominique de Villepin.

Le « dialogue » et la « coopération concrète » sont clés pour donner une impulsion aux relations entre les pays de la zone euro-méditerranée et aborder ainsi « d’une autre façon les divisions politiques qui marquent encore aujourd’hui l’ensemble de la région », a conclu Dominique de Villepin.

Sur le voile intégral en France

Dominique de Villepin, en visite jeudi en Tunisie, a affirmé que le projet de loi prohibant le voile islamique intégral dans l’espace public était l’objet d’un « consensus national ». Il a cependant mis en garde contre le « piège d’une instrumentalisation ».

« Il y a aujourd’hui un consensus sur l’ensemble des Français pour qu’une loi ou une réglementation soit adoptée dans les services publics », a-t-il plaidé en réponse à une question sur le risque de stigmatisation pour les musulmans.

« Je suis heureux de voir que la décision a été prise de donner du temps au débat au sein des assemblées, nous avons besoin de temps pour trouver la solution qui permettra de rassembler très largement la place politique et les Français », a poursuivi M. De Villepin.

Il a cependant mis en garde contre le risque de dérapage et évoqué « en exemple » la loi adoptée sous Jacques Chirac sur l’interdiction du voile et des signes religieux distinctifs à l’école.

Selon lui, le défi à travers le débat actuel en France sur le voile intégral est d’ »arriver à une sortie du piège de l’instrumentalisation et de l’interprétation religieuse et confessionnelle ».

« Evitons d’en faire un débat autour de la religion, évitons de se donner le sentiment de l’instrumentalisation! », a-t-il lancé, soulignant « l’exigence de temps et de consensus sur des questions, qui sont d’intérêt national mais qui dépassent de loin, de par l’écho qu’elles ont, le seul cadre national ».

« Plus nous sommes dans une situation difficile, plus il y a la méconnaissance de l’autre, de l’étranger, de l’immigré, plus le risque de dérapage est susceptible de s’accroître », a-t-il analysé en soulignant l’impératif d’être « encore plus vigilants ».

Le président Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour un projet de loi interdisant le voile intégral qui sera examiné en Conseil des ministres le 19 mai avant d’être renvoyé à l’Assemblée nationale en juillet.

M. De Villepin, qui s’apprête à lancer un parti politique en juin, était l’invité d’un forum international sur le partenariat entre l’Europe, le Maghreb et l’Afrique, à l’initiative du magazine francophone tunisois Réalités.

Sources: EFE et Agence France Presse

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