A l’occasion de sa venue à Dijon, interview de Dominique de Villepin au quotidien bourguignon Le Bien Public, et compte-rendu de la visite de l’ancien Premier Ministre qui a notamment proposé qu’un « pacte de croissance » national soit passé avec les PME.
Pour Dominique de Villepin, « ce qui va se passer en France dans les 10 ans sera déterminant pour les 5 siècles à venir. »
Le Bien Public: Quel est l’objectif de votre déplacement en Côte-d’Or ?
Dominique de Villepin: Je viens à l’invitation de la CGPME départementale pour aborder la situation des petites et moyennes entreprises dans la période actuelle.
Votre club dans le département sera également officiellement lancé ce jeudi. Quelle sera sa mission ?
L’idée des clubs est de développer une réflexion et des propositions pour apporter une véritable réponse alternative à la politique menée aujourd’hui. J’ai la conviction que celle-ci n’apporte pas de résultats suffisants et qu’elle n’est pas assez respectueuse d’un certain nombre d’exigences indispensables, en particulier en ce qui concerne l’équilibre institutionnel et la justice sociale.
Vous rencontrez aussi le président du conseil régional et le maire de Dijon, tous les deux socialistes. Et personne à droite, comme le président du conseil général par exemple ?
Je viens pour une mission spécifique qui est la rencontre avec la CGPME. Je salue, et c’est normal, c’est la tradition républicaine, le maire de Dijon. Et je serai heureux de rencontrer les présidents du conseil régional et général dans la mesure de leurs disponibilités. C’est comme ça, il n’y a rien d’autre que l’expression d’une volonté républicaine.
Quels seront les thèmes abordés avec eux ?
D’une manière générale, ce qui m’intéresse, qu’il s’agisse d’élus ou de responsables locaux, c’est d’avoir leur sentiment sur la situation économique et sociale, mieux connaître la situation des Français et des Françaises telle qu’ils la ressentent au quotidien. C’est vraiment tout l’intérêt de mes déplacements à travers la France : essayer de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontées nos régions et chacun de nos départements avec leurs spécificités. Il est important pour moi d’écouter, de recueillir des avis, de mieux connaître les initiatives susceptibles de répondre aux attentes de nos compatriotes.
En Côte-d’Or, les principaux élus de l’UMP ne voient pas qui pourrait rejoindre votre mouvement. Et vous, vous en voyez ?
Je ne suis pas du tout dans une démarche partisane. Je ne suis pas là pour faire basculer tel ou tel élu… mais pour rassembler les Français qui le souhaitent au-delà des clivages partisans. Ma démarche est une démarche de propositions et d’alternative. Nous ne sommes pas dans le temps de l’élection, mais dans celui de la réflexion et de la proposition. Chaque chose en son temps et je crois qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
Jean-Pierre Soisson nous a confié il y a quelques semaines vous avoir proposé de constituer un tandem dans l’Yonne lors des dernières législatives : vous, en tant que candidat, et lui en tant que suppléant. Pourquoi avoir refusé ?
Je connais bien Jean-Pierre Soisson… Il se trouve que ma famille est implantée en Bourgogne depuis très longtemps et que mon père y a une maison. J’ai donc été très sensible à sa proposition, mais au lendemain de Matignon, ma démarche n’était pas celle-ci. Mon ambition à cette époque était de créer une fondation pour la paix. L’histoire en a voulu autrement. En sortant de Matignon, je voulais découvrir autre chose.
Certains vous reprochent de n’avoir jamais été élu. Allez-vous vous présenter aux cantonales de l’an prochain ?
Je l’ai dit, je souhaite aller à la rencontre des Français. Je choisirai donc le moment venu les élections qui me paraissent les plus appropriées.
Et si c’était les cantonales, cela pourrait-il être dans l’Yonne ?
Non, non. Rassurez-vous, je n’ai pas de projet concernant les cantonales.
Alors, serez-vous candidat à l’élection présidentielle ?
Ecoutez, nous en reparlerons (rires).
Source: Propos recueillis par Cyrille Bignault (Le Bien Public)
Le compte-rendu de la visite de Dominique de Villepin publié dans Le Bien Public daté du vendredi 23 avril
Dominique de Villepin peaufine son costume de présidentiable. Il était hier à Dijon à l’invitation de la CGPME de Côte-d’Or.
En Haute-Saône, en Bretagne, en région parisienne… Dominique de Villepin multiplie les déplacements en France « pour aller à la rencontre des Français ». L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac était hier dans l’agglomération dijonnaise. Et c’est en marchant qu’il s’est rendu de la gare à la mairie, histoire de serrer quelques mains aux passants qui, dans l’ensemble, étaient mi-amusés, mi-surpris.
Un déplacement qui n’a pas manqué d’interpeller ces derniers jours certains élus locaux à droite, sachant qu’il allait rencontrer les deux principaux élus socialistes du département. « C’est la tradition républicaine », a répondu, la main sur le cœur, le sénateur-maire PS de Dijon, François Rebsamen, qui l’a reçu dans son bureau pour un entretien privé. Même son de cloche du côté du président du conseil régional, François Patriat, croisé un peu plus tard à la Région. L’ancien ministre des PME du gouvernement Jospin aimerait bien trouver en Dominique de Villepin un allié face à la réforme des collectivités territoriales. Ces considérations politiques mises à part, le vrai thème de ce déplacement, après tout, restait les petites et moyennes entreprises.
La journée était organisée par la CGPME de Côte-d’Or. Un joli coup pour son président Patrice Tapie. Et si ce fut le fil conducteur du programme avec échanges avec les patrons et visite de l’entreprise Régis-Martelet, Dominique de Villepin est apparu durant toute la journée comme un véritable homme politique en campagne, s’efforçant de se placer au-dessus des partis. « Il y a aujourd’hui une exigence fondamentale », a-t-il lancé. « Il faut faire le consensus autour d’enjeux d’intérêts nationaux comme les retraites, la protection sociale ou la réforme fiscale ».
Et si l’ancien locataire de Matignon veut rassembler, il n’en a pas moins délivré quelques critiques bien senties à l’égard de Nicolas Sarkozy qui « délaisse » justement cet intérêt général, et pire encore, dont « la surenchère sécuritaire est terriblement dangereuse ». Voilà pour le ton. Il ne lui reste plus qu’une structure pour porter son ambition. Et voilà qu’il lance son propre parti le 19 juin. Un parti au sein de l’UMP ?
PME : des pistes… pour un futur programme ?
Si Dominique de Villepin a écouté les témoignages et les doléances des chefs d’entreprise, il est aussi venu avec des propositions. Ainsi, il souhaite qu’un « pacte de croissance » national soit passé avec les PME. Il reposerait sur trois piliers.
Pour le premier, « l’accès au financement », D. de Villepin suggère de réformer l’impôt sur les sociétés et notamment « l’instauration d’un taux réduit sur les bénéfices réinvestis dans l’entreprise », de mobiliser une partie du gisement que représente l’assurance-vie (1 365 milliards d’euros), de mettre des outils de financement obligataire pour les PME, mais aussi de « permettre au système bancaire de faire son métier de base, le crédit en réorientant les modalités de calcul relatives aux exigences de fonds propres bancaires ».
Le 2e pilier serait « l’allégement des contraintes de procédures ». Là encore, l’ancien Premier ministre a donné des pistes.
Le 3e, « la redéfinition des règles du jeu et la prise en compte des spécificités des PME ». De vraies bases pour un programme présidentiel…
Source: Cyrille Bignault (Le Bien Public)
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