Burqa, sécurité, retraite, déficit… l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin, qui était jeudi en déplacement à Dijon pour dialoguer avec des patrons de PME-PMI, a pilonné la politique du gouvernement Sarkozy qu’il a accusé d’avoir délaisser l’intérêt général.
Après la banlieue et l’agriculture, Dominique de Villepin, avait choisi d’aborder les questions de l’entreprise devant des patrons de PME-PMI réunis par la CGPME de Bourgogne.
Mais le candidat virtuel pour 2012, qui doit lancer son parti le 19 juin, a profité de la présence de nombreux journalistes pour aborder les grands thèmes d’actualité et se démarquer de Nicolas Sarkozy dont il a notamment dénoncé la « surenchère sécuritaire ». « La République ne doit pas être soumise à des calculs politiciens, à des arrière-pensées », a lancé Dominique de Villepin.
« Le gouvernement doit avoir pour seule boussole l’intérêt général. Une loi soumise au spectacle n’est jamais une bonne loi », a-t-il ajouté. « Comment peut-on réduire les problèmes de la Seine-Saint-Denis à une question sécuritaire, il y a les questions sociales et économiques », a-t-il expliqué à propos du déplacement de Nicolas Sarkozy mardi à Bobigny.
Concernant le projet de loi d’interdiction générale du voile intégral, l’ex-Premier ministre a estimé qu’il fallait être « à la fois très exigeant et prudent ». « Il ne faut pas le faire sur le coup de la passion, de l’émotion. La décision d’une interdiction générale ne me paraît pas conforme aux besoins, je crois qu’il faut éviter de surréagir dans ce domaine », a-t-il dit en plaidant pour une interdiction limitée de la burqa aux services publics.
A propos des retraites, il a proposé de parer au plus pressé : combler un trou de 30 milliards pour 2010. Ensuite, il faut se donner le temps de trouver un consensus sur une réforme de fond, a-t-il dit.
Au sujet de la dette il s’est prononcé pour une réduction du déficit de 0,7% par an pendant 12 ans.
« Tu n’es pas venu tout seul. Tous ces journalistes, c’est un signe de reconnaissance de la politique de Dijon en faveur des PME-PMI », a ironisé François Rebsamen, sénateur-maire PS en accueillant l’ex-Premier ministre à l’hôtel de Ville. Devant quelque 150 chefs d’entreprises, M. de Villepin a plaidé pour que le rôle des PME-PMI soit « mieux reconnu » et leur combat « davantage soutenu » par un « Etat stratégie, doté d’une véritable politique industrielle et de service ».
« On a besoin de réhabiliter la politique, d’en faire un outil de décision et de rassemblement », a-t-il également expliqué.
Accusé de division, Villepin explique défendre « non-pas son camp mais l’intérêt général » : « si je vois un automobiliste allant dans le mur à toute vitesse, mon devoir c’est de lui donner un coup de coude et de lui rappeler les principes du code de la route ». « On est tenu par ses résultats. A l’aune du rendez-vous de 2012, il faudra rendre des comptes sur la politique qui aura été menée et aucune habileté rhétorique ne peut permettre d’éviter ce rendez-vous ».
« C’est pour cela que je tente d’infléchir la politique du gouvernement. On ne peut pas jusqu’au bout jouer aux aveugles, mépriser les Français et contredire la réalité », a-t-il lancé. Selon un sondage Viavoice, les Français font davantage confiance à Dominique de Villepin (24%) qu’à Nicolas Sarkozy (20%) pour représenter la droite au cours des années qui viennent.
Agence France Presse: Dominique de Villepin juge la « surenchère sécuritaire » de Nicolas Sarkozy dangereuse
L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a jugé jeudi que la « surenchère sécuritaire » de Nicolas Sarkozy était « terriblement dangereuse » car elle risquait d’entraîner des « provocations ».
« On va se trouver dans des situations de provocations face auxquelles on aura du mal à répondre. La République ne doit pas être soumise à des calculs politiciens, à des arrière-pensées », a lancé l’ancien ministre de l’Intérieur devant des journalistes lors d’un déplacement à Dijon.
« Le gouvernement doit avoir pour seule boussole l’intérêt général. Une loi soumise au spectacle n’est jamais une bonne loi », a-t-il ajouté.
« Comment peut-on réduire les problèmes de la Seine-Saint-Denis à une question sécuritaire, il y a les questions sociales et économiques », a-t-il notamment expliqué à propos du déplacement de Nicolas Sarkozy mardi à Bobigny.
Concernant le projet de loi d’interdiction générale du voile intégral prôné par le chef de l’Etat, l’ancien Premier ministre a estimé qu’il fallait dans cette affaire être « à la fois très exigeant et prudent ».
« En ce qui concerne notre législation, il ne faut pas le faire sur le coup de la passion, de l’émotion. La décision d’une interdiction générale ne me paraît pas conforme aux besoins, je crois qu’il faut éviter de surréagir dans ce domaine », a dit M. de Villepin.
« Autant il faut marquer clairement qu’il n’y a pas de place pour la burqa dans notre pays, autant il me paraît important de dire que cette burqa est inacceptable dans les services publics, autant une interdiction générale, qui serait difficilement applicable et sans doute poserait des problèmes de constitution, me paraît peu conforme aux besoins d’aujourd’hui », a-t-il fait valoir.
« Il faut éviter à la fois la stigmatisation et les surenchères, éviter de se laisser entraîner dans un cycle qui pourrait être un cycle de provocation et de nouvelles répressions. C’est un risque qu’il faut savoir mesurer et apprécier et, pour toutes ces raisons, je crois il eut été préférable de défendre l’idée d’une interdiction dans les services publics », a conclu M. de Villepin.
Source: Agence France Presse
Le Figaro: Dominique de Villepin, premier contempteur du sarkozysme
Sur la brochure de la CGPME de Côte-d’Or, un regard perçant émerge d’une toison poivre et sel. Il ne s’agit pas du portrait de Dominique de Villepin, invité d’honneur des entrepreneurs bourguignons. Mais de la photographie d’un loup, signée du slogan « le patronat rebelle ». L’ancien premier ministre n’en a pas moins démontré, jeudi à Dijon, qu’il était « rebelle » à la politique menée par Nicolas Sarkozy.
« Rebelle », ainsi, à la « politique sécuritaire, réponse à tout ». Deux jours après le déplacement du président en Seine-Saint-Denis, l’ex-ministre de l’Intérieur met en garde: « Il faut se méfier de tous les excès. » « Comment peut-on réduire les problèmes de la Seine-Saint-Denis à une question de sécurité? », s’interroge-t-il. Selon lui, la burqa, la sécurité, la suppression des allocations familiales relèvent d’une politique de « boucs émissaires qui n’est pas conforme à l’intérêt de notre pays » et conduisent « à la stigmatisation, à la division et à la surenchère ».
Pas étonnant, dès lors, que la suppression des allocations pour les familles dont les enfants sèchent l’école ne lui convienne pas. La mesure, qui existe déjà, était jusqu’à présent « strictement encadrée et contrôlée », notamment par le conseil général. Il craint, avec sa généralisation, qu’ »une famille entière, par exemple une mère seule élevant cinq enfants, ne soit pénalisée pour le comportement d’un seul de ces enfants ».
À défaut d’être efficaces, ces mesures ne répondent-elles pas aux attentes des électeurs de l’UMP? « La République ne doit pas être soumise aux calculs politiciens et aux arrière-pensées, assène-t-il. La République ce n’est pas l’électorat. » Villepin a d’ailleurs son explication du désengouement des Français envers Nicolas Sarkozy: « Quand on a été élu sur “je ferai ce que je dis” et sur des promesses de résultats et qu’on n’a pas de résultats, on a des problèmes. » « La crise n’est pas responsable de tous nos déficits, ajoute-t-il pour enfoncer le clou. À l’aune de 2012, il faudra rendre compte de la politique menée. C’est pour cela que je tente d’infléchir la politique du gouvernement. On ne peut pas jusqu’au bout jouer les aveugles, mépriser les Français et contredire la réalité. » Au risque de « jouer contre son camp? », lui demande un entrepreneur, troublé par tant de hargne. « Si je vois un conducteur aller dans le mur à toute vitesse, mon devoir est de lui donner un coup de coude et de lui rappeler les principes du Code de la route », répond-il.
Le propos est si acide qu’au déjeuner avec les entrepreneurs, le restaurateur Guy Rebsamen, frère du sénateur maire PS de Dijon François Rebsamen, interroge Villepin sur sa « volonté inconsciente de (se) faire Sarkozy ». « Je ne me donnerais pas tant de mal s’il ne s’agissait que de querelle politique », répond l’ancien premier ministre. Mais, poursuit-il, « on ne peut pas mettre dans le même sac les responsables politiques qui ont des résulta
ts et ceux qui n’en ont pas ». Un exemple au hasard? Les déficits. L’ancien premier ministre explique qu’il les a fait reculer entre 2005 et 2007 de 0,7% par an. « Les combats de 2005 nous ont permis de gagner la bataille de 2007″, estime-t-il, revendiquant sa part dans l’élection de Sarkozy. « Nous aurions mieux été inspirés de poursuivre ce combat au lieu d’ouvrir les cordons de la bourse depuis 2007″, ajoute-t-il à regret. Villepin n’a pas attendu pour être un déçu du sarkozysme.
Source: Jean-Baptiste Garat (Le Figaro)
Public Sénat: « Au-dessus des partis »
Après les cochons, les patrons. Dominique de Villepin a passé la journée en Bourgogne ce jeudi. A Dijon, précisément, en terre socialiste… « S’il vient à la mairie, c’est à l’invitation de la CGPME qui tient son assemblée générale dans les murs », explique-t-on à Public Sénat dans l’entourage de François Rebsamen, sénateur-maire PS de la ville. (…)
Entre deux attaques contre Nicolas Sarkozy – il a qualifié la « surenchère sécuritaire’ du Président de ‘dangereuse’ – ce déplacement est le moyen pour l’ancien premier ministre, qui se réclame du général de Gaulle, de construire son image d’homme au dessus des partis. ‘C’est une bonne chose de rencontrer les élus du coin, des élus différents. Ça permet d’être plus intelligent. La recherche de bonnes solutions pour le pays exige aussi de l’ouverture d’esprit et de la curiosité’, fait valoir le député villepiniste de la Drôme Hervé Mariton.
Après François Rebsamen, Dominique de Villepin a rencontré dans l’après-midi le sénateur et président PS de la région, François Patriat. « Comme tous les anciens premiers ministres qui souhaitent me rencontrer, je le rencontre », justifie-t-il. Mais Villepin est un ancien premier ministre un peu plus fréquentable à ses yeux : « Il appartient au courant gaulliste social et à ce titre il n’est pas dans une stratégie de rupture dont on voit les méfaits. C’est quelqu’un avec qui il me semble plus facile de dialoguer. Mais n’y voyez pas de changement d’alliance politique futur ! »
Et si en rencontrant Dominique de Villepin, François Patriat fait involontairement le jeu de l’ex-premier ministre, qu’importe : « Que ça le crédibilise plus, sans doute, mais ma démarche, c’est le protocole républicain. » (…)
Le président de la région Bourgogne espère surtout trouver un allié de circonstance sur la réforme des collectivités locales : « J’ai cru comprendre qu’il avait quelques relais au Parlement. Ils peuvent ne pas être insensibles à cet enjeu majeur lors du vote » des dernières parties de la réforme, notamment sur le mode d’élection. « Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre. »
Source: Public Sénat
L’Est Républicain: « Moi aussi, je suis à la tête d’une petite société »
En Bourgogne, on boit aussi du petit lait. Ainsi les deux sénateurs PS de Côte d’Or, François Rebsamen, maire de Dijon, et François Patriat, président du conseil régional. Le premier accueille hier matin Dominique de Villepin dans son Hôtel de Ville « au nom de la courtoisie républicaine ». Le second, dans l’après-midi, le reçoit dans son Hôtel de Région parce que François Patriat a été secrétaire d’État au Commerce et à l’Artisanat et que le thème de sa visite concerne les PME-PMI, précisément.
En filigrane, tous rigolent. L’ancien Premier ministre, lancé dans son tour de France, parce qu’il peaufine son image « d’ouverture ». Ce qui comble d’aise Patrice Tapie, président de la CGPME qui l’a invité à échanger avec ses chefs d’entreprises locaux, parce qu’il est important « de transcender les clivages politiques qui font chier tout le monde », explique-t-il crûment à la tribune. Les deux parlementaires socialistes, eux, sont d’évidence ravis du « pied de nez » adressé aux sarkozystes du cru.
En Haute-Saône, voici peu, Dominique de Villepin avait raconté aux jeunes agriculteurs qu’il était né dans une ferme. A Dijon, il explique avoir « des racines bourguignonnes ». Avec les petits patrons, il se trouve d’autres points communs. « Je me sens assez proche de vous… », confie-t-il. « Moi aussi, je suis à la tête d’une petite société. J’ai peu de fonds propres, on me le rappelle souvent, et beaucoup d’énergie et de talents sont mobilisés autour de moi pour défendre des convictions car j’ai la volonté d’offrir une alternative. Vous voyez, l’esprit des PME peut exister aussi en politique ».
Consensuel, puisque tel est désormais son credo et son créneau, Dominique de Villepin dénonce les stratégies trop clivantes de Nicolas Sarkozy, sans jamais le citer. Cela vaut pour le sécuritaire et la burqa. « Est-il vraiment opportun de rentrer pour six mois dans une polémique qui va mobiliser le Parlement ? Est-ce le sujet d’aujourd’hui ? »
Lui préférerait une loi limitée à l’interdiction des lieux publics aux femmes voilées, qui soit acceptable par la droite et la gauche, à une prohibition générale. « Si je vois un automobiliste qui va dans le mur à toute vitesse, mon devoir est de lui donner un coup de coude et de lui dire : respectez les limitations ! », insiste-t-il, en pensant au chef de l’État.
Son conseil s’applique également au dossier des retraites. « La démocratie a besoin de tempérance et de sérénité. Mieux vaut un consensus qui nous engage tous pour plusieurs quinquennats que prendre le risque d’une réforme qui pourra paraître mirobolante dans l’instant mais qui sera remise en cause par les suivants… »
Source: Jean-Pierre Tenoux (L’Est Républicain)
Dijonscope: « Une nouvelle façon de faire de la politique »
L’ancien premier ministre a clairement tenu un discours de campagne à l’occasion de sa visite à Dijon jeudi 22 avril 2010. Invité par la CGPME de Côte-d’Or à échanger avec les entrepreneurs locaux tout au long de la journée et reçu par le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, et le président du conseil régional Bourgogne, François Patriat, Dominique de Villepin a verrouillé sa cible sur l’action du gouvernement et du président de la République… Mais avant de repartir sur Paris, ce dernier est tout de même passé voir rapidement les adhérents locaux du Club Villepin. Une réunion interdite d’accès aux médias, afin de préserver l’identité de ses membres, à laquelle dijOnscOpe a finalement pu assister…
« J’ai l’impression que François Rebsamen a l’occasion de filer un coup de main à un opposant à Sarkozy (ndlr : Nicolas)… », estime, un peu amer, un acteur de la politique locale. Il faut dire que le sénateur-maire de Dijon a particulièrement bien reçu Dominique de Villepin, en tête-à-tête d’abord, puis dans la salle de Flore en mairie, où se déroulait l’échange avec la CGPME de Côte-d’Or, avant de rejoindre le déjeuner-débat organisé au restaurant étoilé Le Pré aux Clercs. En fin de journée, c’était au tour de François Patriat, président tout juste réélu du conseil régional de Bourgogne, de recevoir l’invité du jour à Dijon…
« C’est triste de voir s’associer un homme politique de droite avec des hommes politiques de gauche », continue l’interlocuteur, souhaitant rester anonyme. Pas sûr pourtant que Dominique de Villepin ait émis des réticences à visiter ses collègues de l’UMP ; il s’agirait plutôt du contraire : François Sauvadet n’aurait tout simplement pas souhaité lui ouvrir la porte du Conseil général de Côte-d’Or… Quant à Rémi Delatte et Bernard Depierre, les deux députés côte-d’oriens auraient été assez frileux de se montrer aux côtés de l’ex-premier ministre : « Ils nous ont appelés cette semaine pour savoir s’ils pouvaient passer nous voir dans la journée et bien sûr, nous leur avons répondu positivement. Mais vous voyez, finalement ils ne sont pas venus… », note un respo
nsable parisien du Club Villepin.
Qu’auraient-ils pu penser du discours de Dominique de Villepin ? Ce dernier n’a en effet pas tellement mâché ses mots sur la politique menée par l’actuel gouvernement, réagissant notamment au discours de « surenchère sécuritaire » tenu par Nicolas Sarkozy mardi 20 avril 2010 en Seine-Saint-Denis. En insistant notamment sur la burqa, que le président de la République a annoncé mercredi vouloir interdire dans tout l’espace public : « Pourquoi choisir une interdiction générale qui va diviser la classe politique et la société française pendant de longs mois alors qu’une interdiction dans les services publics aurait été à la fois efficace et rassembleuse ? ».
De même, l’ex-premier ministre a critiqué l’idée émise ces derniers jours par le président français, de généraliser la suppression des allocations familiales aux parents dont les enfants sont régulièrement absents, de manière injustifiées, à l’école : « Pourquoi choisir cette option au lieu d’accompagner les familles en difficultés qui, dans certains quartiers, sont confrontées à de vrais problèmes? Avec le risque, dans une famille de cinq enfants, de voir les petits derniers payer pour la bêtise des aînés… ». Dans la même optique, les thèmes du bouclier fiscal, du débat sur l’identité nationale ou encore du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux à la retraite ont été évoqués devant les médias.
Devant la quarantaine d’adhérents côte-d’oriens du Club Villepin rejoints en fin de journée, l’ex-premier ministre a tenu à peu près le même discours : « Faut-il ajouter de la polémique là où nous pourrions trouver des solutions ? Je crois que l’esprit de tout cela n’est pas bon. A vouloir diviser l’ensemble des Français, à vouloir politiser l’ensemble des sujets, on finit par perdre l’essentiel et le résultat, c’est que nous sommes affaiblis quand il s’agit de discuter des sujets tels que les retraites ou la protection sociale. Ces deux années qui nous restent, ces deux années consacrées à faire des choix décisifs pour la France, je crains que de polémique en polémique, on ne resserre pas les rangs d’une majorité aujourd’hui inquiète, du moins pas par l’équilibre et le rassemblement mais par la surenchère. Ce qui n’est jamais de bon conseil en politique… ».
Organisée dans le jardin d’une propriété privée au cœur du vignoble bourguignon, l’entrevue avec les adhérents ne dure que quelques instants, le temps du discours, de quelques poignées de mains et de photos-souvenir. L’ambiance est particulièrement détendue et Dominique de Villepin semble ravi de voir se constituer petit à petit son armée. Mais encore faudrait-il qu’elle sorte de l’ombre… Ayant obtenu le droit d’y assister, la consigne est néanmoins claire pour dijOnscOpe: pas de prise de note ni de photos afin de ne pas effrayer les adhérents qui ne souhaitent pas tous révéler leur identité. »Certaines personnes travaillent dans l’administration et elles craignent des représailles », chuchote-on. Un autre : « Vous vous rendez compte que d’une certaine manière, on doit se cacher ! Et dire que nous sommes en démocratie… ».
« Je crois que c’est exagéré, moi-même je travaille pour une mission intergouvernementale ! », souligne Manuel Demougeot, désigné co-président du Club Villepin en Côte-d’Or avec Jean-Loup Coornaert début avril 2010. Selon lui, le club compteraient une centaine d’adhérents en Côte-d’Or et à peu près autant en Saône-et-Loire : « Cela progresse très vite ; le club n’existe en effet que depuis trois ou quatre mois et les adhésions augmentent chaque jour. Ce sont des orphelins du gaullisme, du centrisme et d’autres qui ont été marqués par le discours du Premier ministre à l’ONU en 2003. Et puis j’ai beaucoup entendu aujourd’hui le fait qu’il est un homme de lettres. Je crois que cela compte beaucoup ».
Le nombre d’adhérents doit impérativement augmenter selon l’ex-Premier ministre : « Le dernier message que je voudrais vous donner aujourd’hui, c’est que lorsqu’on veut s’affirmer en politique, il faut le faire aussi à travers son engagement et sa présence. Nous avons un rendez-vous important le 19 juin, aussi je compte sur votre présence à vous tous et j’espère que vous ferez des petits entre-temps. Parce que nous avons besoin de montrer cette capacité à compter, à peser et à vouloir faire de la politique différemment. Je le dis maintenant depuis de longs mois, il faut offrir au sein même de la majorité, une alternative. Il faut être capable de montrer qu’il y a un autre chemin que celui qui est pris aujourd’hui, qui conduit à l’impasse puisqu’on voit qu’il ne donne pas les résultats espérés et qu’il ne rassemble pas les Français.
Il n’est pas trop tard, il ne faut pas désespérer de la politique, il faut tout simplement marteler notre message avec force et conviction. Il faut montrer que nous sommes aujourd’hui capables de faire nombre, là où s’exprime l’abstention et le désarroi dans un certain nombre de grandes formations. Ce message est un message fort, qui peut modifier l’équation politique. Un simple débat télévisé est bien en train de bouleverser l’histoire britannique. Il suffit d’un tiers que l’on découvre, qui peut-être parfois plus sensé que les leaders traditionnels et tout à coup, on découvre un nouveau visage, une nouvelle façon de faire de la politique. Je pense que tout ceci est bien dans l’esprit de tout ce qu’il nous faut faire ; il faut s’appuyer sur les convictions qui sont les nôtres ; il faut se servir de notre capacité à créer la surprise et du rassemblement. Le faire avec beaucoup de calme et ne céder à aucune polémique. Avançons avec notre détermination sans faille à défendre nos idées. »
Aussi, pour ceux qui douteraient encore de la volonté de Dominique de Villepin à créer son parti en dehors de la majorité présidentielle, un interlocuteur, anonyme toujours, confirme l’hypothèse : « Moi j’ai entendu qu’il s’agissait d’un parti libre et indépendant donc je ne pense pas que le parti s’inscrira dans l’UMP »… Réponse définitive 19 juin 2010.
Source: Hanaë Grimal (Dijonscope)