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Retraites (3/3): Les lignes de fracture s'affirment à l'ouverture du débat

Les lignes de fracture sur la future réforme des retraites s’affirment, alors que les projections du Conseil d’orientation des retraites ont été publiées mercredi dernier.

La fourchette de déficit va de 38,3 milliards à 40,3 milliards d’euros en 2015, de 40,7 milliards à 48,8 milliards en 2020 et de 56,3 à 79,9 milliards en 2030, toujours selon le scénario retenu, où les variables sont notamment le taux de chômage et la progression de la productivité. Ces nouvelles projections avancent de 20 ans les déficits envisagés en 2007.

Aux effets conjugués du papy-boom et du vieillissement, déjà bien évalués à l’époque, se sont depuis ajoutés ceux de la crise économique qui a ébranlé toute la Sécurité sociale.

9 chiffres révélateurs du débat sur les retraites

  • 10,7 milliards d’euros de déficit en 2010. C’est ce que prévoyait récemment le ministère du travail pour les caisses de l’assurance-vieillesse (CNAV). A ces montants records, il faut ajouter les pertes des régimes de retraites complémentaires des salariés du privé – Agirc et Arrco qui devraient déjà être dans le rouge à hauteur de 3,4 milliards en 2010 – et celle du Fonds de solidarité vieillesse, qui prend notamment en charge les cotisations des chômeurs (4,5 milliards en 2010). De quoi justifier aux yeux du gouvernement une réforme urgente.
  • Plus de 15 millions de retraités en France : ce sont les chiffres pour 2009. L’année passée, la France a accueilli 734.000 nouveaux retraités. Or aujourd’hui, une retraite sur dix n’est pas financée. Et en 2020, deux sur dix ne le seront pas.
  • Plus de 12 millions de retraités du régime général pour environ 17 millions de cotisants. C’est le résultat du baby boom des années d’après-guerre, celui qu’on appelle désormais le papy boom. Et les choses ne devraient pas s’arranger à l’avenir. Selon François Charpentier dans Les Retraites en France et dans le monde, la France comptera en 2030 600 000 personnes actives en moins et 7,1 millions de retraités en plus. Le rapport de 2 cotisants pour 1 inactif en 2000 passerait à 1,1 cotisant pour 1 inactif en 2040.
  • Pension moyenne en brut (base + complémentaire) tous régimes confondus : 1.112 euros par mois en 2008.
  • En 2004, la retraite moyenne était de 1 689 euros par mois pour le public, de 1 065 euros pour les salariés du privé et de 671 euros pour les non-salariés. La différence de traitement entre les salariés du public et du privé sera l’un des points importants de la concertation. Aujourd’hui le montant de la retraite des fonctionnaires reste calculé sur les six derniers mois de traitement, alors qu’on prend en compte les 25 meilleures années pour les salariés du privé. La négociation devra néanmoins tenir compte du fait que les primes ne sont pas intégrées dans le calcul des pensions.
  • Age moyen de liquidation des droits : 61,68 ans. Pour l’instant, c’est la preuve que l’augmentation du nombre d’années de cotisation (en 2003) n’a eu qu’un impact très limité sur l’âge de départ à la retraite qui reste assez faible. Mais à l’avenir, selon les spécialistes, de moins en moins de Français pourront partir à taux plein dès 60 ans. Les salariés retarderont alors d’eux-mêmes leur départ.
  • Durée des cotisations : 40,5 ans. L’argument avancé en 2003 l’est toujours en 2010. Avec l’allongement de la durée de la vie (à 60 ans, l’espérance de vie est de 22,2 ans pour les hommes et de 27 ans pour les femmes, contre respectivement 17,3 ans et 22,4 ans en 1980), le nombre d’années de cotisations doit augmenter. Conformément à la réforme de 2003, la durée de cotisation atteindra 41 ans en 2012. Mais cela restera insuffisant pour régler le déficit des caisses de retraites.
  • 56% des Français hostiles à un report de l’âge de départ à la retraite. 38% d’entre eux se disent d’ailleurs prêts à manifester ou à faire grève pour dénoncer un tel projet, selon un sondage TNS Sofres/Logica pour Europe 1 diffusé en début de semaine dernière.
  • Taux d’emplois des seniors (55-64 ans) : 38,3% en France contre 45,6% dans l’Union européenne. Impossible de passer à côté de cette question primordiale. Augmenter l’âge légale de la retraite sans favoriser l’emploi des seniors n’a pas de sens. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé l’OCDE la semaine dernière. Lier la réforme des retraites avec le « problème majeur » de l’emploi des seniors doit être « au coeur du débat » sur les retraites en France, sinon « il sera difficile d’avancer », ont estimé lundi deux spécialistes des systèmes de retraites au sein de l’organisation.

Source: L’Expansion

Les trois scénarios du Conseil d’Orientation des Retraites

Le Conseil d’orientation des retraites a présenté mercredi dernier, autour de trois scénarios, des prévisions de déficits compris entre 72 et 114 Milliards d’Euros par an en 2050 pour les régimes de retraites.

Dans le premier scénario, le Cor espère un retour au plein-emploi en 2020 -soit un taux de chômage à 4,5%- et sur une productivité en hausse de 1,8% par an. Dans ce cas, si aucune réforme n’est entamée, les experts prévoient un déficit de 38,3 Milliards d’Euros en 2015; 40,7 en 2020; 56,3 en 2030; 69,4 en 2040 et 71,6 Milliards en 2050.

Le deuxième scénario table également sur une reprise progressive du plein-emploi, combinée à une productivité cette fois limitée à 1,5% par an ; Ainsi, le déficit atteindrait 39,4 Milliards d’Euros en 2015; 45,0 en 2020; 70,3 en 2030; 92,3 en 2040 et 102,6 Milliards en 2050.

Enfin, le dernier scénario est aussi le plus pessimiste. Il table sur un chômage à 7% autour de 2020 accompagnée d’une productivité limitée à 1,5% par an. Alors, le déficit serait de 40,3 Milliards en 2015; 48,8 milliards en 2020; 79,9 en 2030; 103,0 en 2040 et 114,4 Milliards en 2050.

Source: Boursier.com

Les lignes de fracture s’affirment sur le dossier des retraites

Les lignes de fracture sur la future réforme des retraites s’affirment en France, où de nouvelles prévisions font craindre un effondrement du système.

Si rien n’est fait, le déficit annuel des régimes passerait de quelque 30 milliards d’euros cette année à environ 40 en 2015 et 72 à 114 milliards en 2050, selon les projections du Conseil d’orientation des retraites (Cor) présentées mercredi dernier.

Face à ces perspectives, le gouvernement a confirmé qu’il privilégiait un allongement de la durée du travail à une hausse des prélèvements, demandée par les syndicats et la gauche. « Quand vous vivez plus longtemps, vous devez passer plus de temps au travail », a dit le ministre du Travail, Eric Woerth, qui veut présenter la réforme en septembre au Parlement. Pour ce faire, il n’exclut ni de relever l’âge légal de la retraite, actuellement de 60 ans, ni d’allonger à nouveau la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension complète (41 ans en 2012), ni de combiner les deux.

Les syndicats ont dit qu’ils s’opposeraient à toute réforme qui pèserait uniquement sur les salariés et les fonctionnaires. La quasi-totalité des syndicats s’oppose au relèvement de l’âge légal – le seul qui l’envisage le conditionnerait à une hausse du taux d’emploi des seniors – tout comme le Parti socialiste, les communistes et le Parti de gauche. Opposés ou très réservés sur un allongement de la durée de cotisation pour une pension complète, tous les syndicats demandent donc au gouvernement d’ouvrir le dossier des ressources, listant de multiples pistes: élargissement des assiettes des cotisations, réduction des exonérations, taxation du capital, etc…

Le Medef, qui plaide pour un recul de l’âge légal, a prévenu qu’il ne voulait pas entendre parler de hausse des prélèvements, une piste que le ministre du Travail, Eric Woerth, a de fait écartée dès le début de la concertation en s’opposant à toute hausse d’impôts et à toute augmentation générale des cotisations, une option également rejetée par le patronat.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé mercredi d’élargir l’assiette des cotisations, de supprimer des dispositions fiscales qui amputent les recettes, et de créer une surtaxe de 10% de l’impôt sur les sociétés acquitté par les banques.

La CGT estime pour sa part possible de trouver 100 milliards d’euros à l’horizon 2050 grâce à une contribution de 8,2% sur les revenus financiers des entreprises, la suppression d’exonérations et d’exemptions, et une modulation des cotisations patron
ales selon la part des salaires dans la valeur ajoutée et le comportement de l’entreprise en matière d’emploi. Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a jugé lundi possible de trouver sans trop de difficultés une vingtaine de milliards d’euros de financement nouveaux, estimant que les effets de la crise ne doivent servir de prétexte « au gouvernement pour justifier les efforts qu’il entend faire porter sur les salariés seulement ».

Les syndicats et la gauche ont d’autre part relativisé les prévisions présentées par le Cor, une instance qui associe partenaires sociaux, parlementaires, représentants de l’Etat et experts, en soulignant que les nouveaux chiffres confortaient le gouvernement.

Le président du Cor, Raphaël Hadas-Lebel, a jugé que les chiffres présentés mercredi ne sont « ni alarmistes ni lénifiants »: « nous ne cherchons pas à fabriquer des épouvantails, nous avons décrit, aussi honnêtement que possible et sans dissimuler les incertitudes de l’exercice, la réalité telle que nous la voyons », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

« La crise a conduit à un creusement rapide et accéléré du déficit », a expliqué Raphaël Hadas-Lebel, soulignant que « l’élément nouveau » par rapport aux projections de 2007, « c’est que ce n’est pas un défi de long terme, mais un défi immédiat », la crise ayant accéléré les déficits. « Notre ambition est de permettre à tous les acteurs de prendre la mesure de ce double défi que le pays doit aborder, celui de la démographie et celui de la crise », a-t-il conclu.

Le Cor présentera début mai des simulations, qui devraient provoquer d’importants débats, d’impact sur les perspectives financières de la modification de paramètres comme l’âge légal ou la durée de cotisation pour une pension complète.

Source: Reuters

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