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Dominique de Villepin, invité des Questions du mercredi sur France Inter


De Villepin à l'ONU : un grand moment pour Abd Al Malik
envoyé par franceinter

Dominique de Villepin était l’invité de Jean-François Achilli dans Les Questions du mercredi, sur France Inter. L’occasion d’un dialogue riche avec le rappeur et poète Abd Al Malik.

Celui-ci a qualifié a notamment qualifié le discours de Dominique de Villepin à l’ONU contre la guerre en Irak de « moment hyper-important dans les banlieues ».

Dominique de villepin est revenu au cours de cette émission sur les thèmes d’actualité, notamment la reforme des retraites, le débat sur l’identité nationale et le port du voile intégral.


L’intégralité de l’émission en vidéo


Questions du mercredi, Dominique de Villepin
envoyé par franceinter

Dominique de Villepin sur la réforme des retraites

Interrogé sur la réforme des retraites, Dominique de Villepin a estimé que cette réforme devait s’inscrire « dans la durée » et qu’imaginer qu’elle serait réglée d’ici 2012 était « une farce ».

« Il faut inscrire notre action dans la durée, il n’y a pas de remède magique », a-t-il affirmé sur France Inter. « L’idée que nous allons d’ici la fin du quinquennat régler le problème des retraites est une farce. Soyons sérieux (…) Ce n’est pas une réforme que nous allons faire en 15 jours, et peut-être même pas en six mois ».

Pour Dominique de Villepin, la réforme promise par le gouvernement Fillon doit « poser les premières pierres » et permettre « de revenir dans la durée à un équilibre ». « Il y a eu quatre réformes depuis 1983, donc nous aurons plusieurs réformes dans le temps qui adapteront la situation », a-t-il jugé.

Lundi, le ministre du Travail Eric Woerth avait précisé qu’un premier document d’orientation devrait être présenté mi-mai, suivi d’un projet de texte détaillé mi-juin, avant un passage en conseil des ministres en juillet et au Parlement début septembre.

Abd al Malik dans le Journal du Dimanche: « Impliquer les habitants des banlieues »

Le rappeur Abd al Malik lance une prophétie qu’il aimerait auto-réalisatrice: La guerre des banlieues n’aura pas lieu, titre de son dernier livre. Un récit initiatique, en partie autobiographique, dans lequel un délinquant de cité, passé par la case prison, se reconstruit en rencontrant l’islam. L’occasion de parler des banlieues et de l’identité nationale. Rencontre.

Le Journal du Dimanche: Vous dressez un panorama assez noir de la banlieue, comparée à « une bombe atomique en devenir ». Pourquoi ce titre?

Abd al Malik: Je crois beaucoup en l’invocation des choses. En disant « la guerre des banlieues n’aura pas lieu », on travaille déjà à ce qu’elle n’ait pas lieu. J’ai dans l’idée que l’on peut transcender les situations les plus difficiles. Potentiellement, tout est là pour qu’on puisse le faire. Mais il faut qu’on prenne une fois pour toutes la mesure de ce qui se passe en banlieue. Mon livre est un avertissement. Il dit: nous sommes à un carrefour dont peuvent émerger des choses négatives ou positives. Maintenant, telle est la question: est-ce qu’on veut faire bouger les choses?

Votre question s’adresse aux individus autant qu’aux politiques. Une position qui tranche avec celles d’autres rappeurs…

Ce livre est une sorte de compte initiatique moderne. Je crois que notre destin collectif est fait de cheminements individuels, qu’il faut d’abord résoudre la crise des valeurs, poser des fondations morales pour vivre ensemble. Voilà le point de départ. C’est vrai pour moi, pour les journalistes, pour l’homme politique qui nous dit à longueur de journée ce qu’il faut faire, alors que lui-même n’est pas dans une attitude de respect et de dialogue. Et c’est vrai pour le jeune de cité qui dit qu’on ne le respecte pas mais qui ne se respecte pas lui-même.

Mais en même temps, vous écrivez « c’est trop facile de dire il faut se bouger »…

Oui, c’est trop simple. Les dirigeants ont le devoir de tenir compte de ceux qui sont les plus fragiles, donc des habitants des banlieues. Qui permet la concordance des différences, le vivre ensemble? Ce sont les politiques. Mais cela ne veut pas dire que ceux qu’on va aider doivent être dans une attitude de victimisation. Il y a la main qu’on tend et la main tendue, cela fonctionne dans les deux sens.

Plus concrètement, que doivent faire les politiques?

D’abord se regarder dans une glace et se demander pourquoi ils font de la politique. Est-ce pour le bien collectif, parce qu’ils ont « mal aux autres » comme disait Jacques Brel, ou pour leur carrière individuelle? Ensuite, cesser de distiller la peur et des contre-vérités à portée électoraliste. Enfin, il faut peut-être reconnaître qu’ils n’ont pas trouvé les outils pour résoudre les problèmes de banlieue. Il est temps de se tourner vers les habitants eux-mêmes, les questionner, les impliquer. Il y a des associations, des parents, des gens qui aiment leur pays et qui ont envie d’améliorer leur contexte. Les gens des cités ont des réponses à donner.

Dans le cas de votre personnage, c’est le soufisme qui offre une porte de sortie. Est-il difficile de parler de parler d’islam aujourd’hui?

J’avais envie d’amener de la clarté. Car, actuellement, quand on nous parle d’islam, on nous parle de géopolitique, de problèmes sociaux…. Or l’islam, c’est une spiritualité, c’est quelque chose qui nous pacifie, nous rend honnête, qui nous fait aimer l’autre. L’islam ne peut être que quelque chose de positif dans la vie d’un être. Sinon, ce n’est pas l’islam, voilà mon message. Certes, il y a des gens qui se réclament de l’islam qui sont des terroristes. Mais on ne dit pas que tous les chrétiens sont pédophiles à cause des prêtres déviants. On ne peut pas mettre le raisonnement en pilote automatique dès qu’il s’agit d’islam.

Comment avez-vous vécu le débat sur la burqa?

J’ai vécu ce débat comme une véritable agression (silence). La burqa ne concerne que quelques centaines de personnes et on l’a utilisée pour stigmatiser toute une communauté de croyance, toute une partie de la population. Pour aviver des peurs et opposer les citoyens les uns aux autres. C’est gravissime. Et l’on voit bien le résultat avec la remontée du Front national aux dernières élections.

Vous défendez au contraire la place de l’islam dans la république…

L’islam comme le christianisme ou le judaïsme fait parti de l’identité nationale. Et il s’épanouit parfaitement dans la république puisque c’est quelque chose qui doit se vivre dans l’intime. Ce merveilleux concept de république laïque nous permet d’avancer ensemble. Voilà notre identité: l’esprit républicain, l’envie de bâtir un projet commun quelques soient nos croyances.

Ce livre est donc votre contribution au débat sur l’identité nationale?

Ce débat aurait pu être un merveilleux moment pour créer du lien mais on l’a utilisé pour mettre de l’huile sur le feu. Il faut désormais regarder la réalité dans sa diversité pour que la France soit en phase avec ce qu’elle est et ce qu’elle est en train de devenir. Il ne s’agit pas seulement d’accepter l’autre, mais de comprendre que la différence est une richesse. Le nier, c’est nier la force du singularisme!

Est-ce que vous n’en avez pas marre d’être la bonne conscience du rap? Votre discours peut sembler assez consensuel…

Je ne peux pas me travestir, je suis ainsi. Je ne glorifie pas la délinquance, la violence, je suis un vrai pacifiste, j’essaye d’être moral -mais pas moralisateur. Et si, être consensuel, c’est être ce que je suis, j’assume. Parler de valeur, d’égalité, de
fraternité, peut sembler une évidence. Mais puisque ces principes ne sont pas appliqués, il faut peut-être revenir au commencement. Et tout ca, je l’exprime dans le rap, qui est mon art. Je peux vous parler de Camus comme de Mos Def ou de Kaynie West. Je suis le fils de mon époque!

Avez-vous pensé à entrer en politique?

Non! Je suis un saltimbanque, un troubadour. Mon arme, c’est la musique, la littérature. Mais l’art travaille les imaginaires, c’est peut-être le dernier lieu de résistance. Il permet de changer le regard sur l’autre et la banlieue. C’est pour cela que je suis là. A chacun son travail. Mon discours va au-delà des clivages. Et les réponses à donner aussi. On le voit bien: la gauche et la droite se sont alternées et les problèmes ont perdurés, voire se sont aggravés.

Quels sont vos projets?

J’ai encore envie d’écrire des histoires, d’une façon ou d’une autre. D’ailleurs, c’est par la littérature – que j’ai étudié comme la philosophie – que je suis rentré dans le rap. J’essaye d’être un touche-à-tout comme mes modèles, Camus et Sartre, que j’admire autant que Jacques Brel et Juliette Greco, des références absolues, qui disent des choses avec leurs tripes, des artistes courageux et qui donnent du courage. Que Juliette Greco (qui a écrit le prologue de son livre et partage un duo avec lui, ndlr) me considère de ceux-là, c’est un immense honneur.

Source: Dailymotion France Inter, Associated Press et Journal du Dimanche

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