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Jean-Pierre Grand au Midi Libre: "Si l’UMP ne veut plus de nous, on ne fera pas une jaunisse"

Dans une interview publiée lundi dans Midi-Libre, le député UMP de l’Hérault Jean-Pierre Grand a réaffirmé son soutien à Dominique de Villepin, qui devrait prochainement dévoiler les grandes lignes du parti politique issu de son club éponyme.

Interrogé sur les rapports entre l’UMP et les villepinistes, l’élu a déclaré: « S’ils ne veulent plus de nous, on n’en fera pas une jaunisse », parlant par ailleurs d’ »engouement autour des clubs Villepin ».

Jean-Pierre Grand a en outre indiqué qu’il vivait les critiques de ses collègues de l’UMP « dans la plus grande indifférence ». « Aujourd’hui, passer une heure dans une réunion de parti politique, c’est perdre une heure », a-t-il aussi ironisé.

Midi Libre: Comment analysez-vous aujourd’hui les résultats de l’UMP lors des régionales ?

Jean-Pierre Grand: Le résultat a été ce qu’il devait être. La campagne violente contre Georges Frêche a déplu à l’opinion. On peut reprocher beaucoup de choses à Georges Frêche mais pas son bilan. Les gens voient ses réalisations, ils savent que ça ne s’est pas fait tout seul.

L’UMP a-t-elle présenté le bon candidat ?

Avec n’importe quel candidat, vu le contexte national, ça aurait peu changé. Mais le score est dramatiquement bas. Il y avait un double écueil : le rejet de la gouvernance Sarkozy puis, localement, la campagne UMP, sans ligne ni stratégie. Alors, même si la région est à gauche, un score en dessous de 30 % est humiliant. Couderc nous a oubliés, nous n’avons pas été associés à la campagne ou à la composition de la liste. C’est sa façon de faire. Honnêtement, je m’en fiche un peu.

Désormais, une nouvelle génération veut s’imposer.

Ce n’est pas une question de génération, mais de vision. Formation, tourisme, agriculture sont nos piliers et je n’ai entendu aucun grand développement sur ces sujets durant la campagne. Et le vieillissement ? Il faut s’y préparer, il va y avoir dans notre région un grand déplacement de ces populations depuis la Côte d’Azur. Après c’est un problème de volonté politique, pas d’étiquette.

Cette vision, vous la trouvez chez Dominique de Villepin ?

Tout à fait, il est un espoir pour la France, pour sa place dans le XXIe siècle. C’est un homme d’État qui ne va pas se brader pour un siège de député ou de sénateur. Je souhaite qu’il soit candidat à la présidentielle de 2012.

Georges Tron, un Villepiniste, appelé au gouvernement…

L’ouverture ? Des scalps à la ceinture du président de la République, ça n’a aucune incidence sur la politique nationale. Il aurait pu, en période de crise, ouvrir en vue d’une grande politique qui rassemble. Mais pour ça, il faut prendre des gens porteurs d’un projet et non pas les maillons faibles de chaque camp.

Vivez-vous bien les critiques de vos collègues UMP qui disent que vous êtes dans l’opposition ?

Je le vis dans la plus grande indifférence. Je suis enraciné depuis longtemps dans mon territoire et je mesure combien les gens s’éloignent des partis politiques. Aujourd’hui, passer une heure dans une réunion de parti politique, c’est perdre une heure. Il n’y a plus de jus, plus d’envie, rien.

Pourtant, vous lancez un mouvement avec Villepin…

Oui, parce qu’avec l’engouement autour des clubs Villepin, nous ne pouvions plus rester en forme associative. Ça représente un réseau d’environ 20 000 personnes, c’est pas mal comme base pour un mouvement qui ne sera lancé que le 19 juin.

Ce jour-là, vous quittez l’UMP ?

On fait un rassemblement, que les gens viennent de partout, c’est le principe. Pour l’instant, nous restons dans le groupe parlementaire UMP. Ça ne pose pas de problème majeur. Après, à l’UMP, il ne se passe rien, alors s’ils ne veulent plus de nous, on n’en fera pas une jaunisse.

Votre statut de député soutien de Villepin vous a apporté une notoriété, les sollicitations de médias nationaux. Valorisant ?

Ça permet de faire valoir ses positions. Il faut être prudent aussi, éviter les polémiques inutiles, garder un discours à un bon niveau.

Vous serez candidat à votre propre succession pour les législatives de 2012 ?

Je ne vois pas pourquoi je ne le serais pas. Je fais un travail de terrain, je suis très enraciné dans ma circonscription, porteur d’une sensibilité sur le plan national, et pas dans une logique de parti.

Ça vous rapproche de Frêche ?

On s’entend pour bien travailler. Parce que pour avancer, sur le Tram par exemple, si j’avais dû attendre que mes petits camarades de l’UMP soient élus à Montpellier, je ne serais pas arrivé ! Et quand les collectivités qu’il préside répondent présent à une volonté commune de servir l’intérêt général, pourquoi ne travaillerions-nous pas ensemble ? Seuls les petits politiciens de quartier s’en émeuvent…

Quels projets pour Castelnau ?

Castelnau, j’y trouve mon bonheur politique. On réalise du concret. J’y suis élu depuis 27 ans et j’ai inscrit Castelnau dans la modernité. Il faut encore réaliser 800 logements sociaux. Je veux faire les choses bien, il me faudra cinq ans. Castelnau comptera alors 20 000 habitants.

Votre opinion sur la réforme des collectivités territoriales ?

Elle est extrêmement inquiétante et je ne la voterai pas en l’état des choses. Avec ce projet, on affaiblit le conseil général et le conseil régional, en leur enlevant la possibilité de lever l’impôt. Et je reste très inquiet pour les communes. L’État se trompe en affaiblissant les collectivités territoriales car elles ont été exemplaires dans la crise, en maintenant un haut niveau d’investissement.

Source: Propos recueillis par Vincent Coste et Gil Lorfèvre (Midi Libre)

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