Print Shortlink

Dominique de Villepin au Grand Jury: "Pourquoi avons-nous tant de réformes et si peu de résultats ?"

« Pourquoi avons-nous tant de réformes et si peu de résultats? » La question que Dominique de Villepin s’est lui-même posée et à laquelle, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, il a voulu répondre, aurait dû le conduire à citer Nicolas Sarkozy. Une heure durant, l’ancien premier ministre a bien pris garde de ne jamais prononcer le nom de son ennemi intime.

Il n’en a pas moins taillé en pièces la politique menée par « l’équipe au pouvoir depuis 2007″ et la gouvernance du chef de l’État. La gouvernance et pas son style. « J’ai soigneusement évité d’aborder ces questions », botte-t-il en touche. Pas besoin, selon lui, de s’étendre: « la religion des Français est déjà faite », se borne-t-il à répondre, déplorant que « le message n’a pas été compris ».

Autre « message » qui passe mal, selon Villepin, celui des régionales. La majorité a procédé à quelques « réaménagements techniques » et « quelques annonces », notamment sur la taxe carbone, explique-t-il. « Je ne crois pas que le message des Français était celui-là, conclut-il. Je n’ai pas le sentiment que la réponse est à la hauteur des enjeux. »

Cette « surdité » de l’État aux attentes des Français, Villepin l’explique par le « déséquilibre des institutions ». À l’instar de Martine Aubry, il s’interroge sur l’opportunité du quinquennat, auquel il assure n’avoir « jamais été favorable ».

Mais au-delà des règles institutionnelles, c’est la pratique de la présidence Sarkozy qu’il met en procès: « la mise en avant du président de la République ne lui permet pas revenir à une pratique constitutionnelle plus conforme » et sa « trop grande personnalisation » dans l’action menée l’empêche d’être celui qui fait « la synthèse des contraires ».

« Quand le président s’expose au quotidien sur toutes les affaires, quand il se place en situation de prendre tous les coups, poursuit-il, comment peut-il être l’arbitre? » Dominique de Villepin trace alors le portrait d’une présidence idéale. Elle passe par un « pacte républicain » qui réunisse droite et gauche sur « l’objectif de réduction des déficits ». Idéaliste? Il s’en défend.

À droite comme à gauche « nous avons constaté les limites de nos politiques respectives », assure-t-il. Pour preuve de cette convergence, il avance les réflexions de François Hollande et Jean-François Copé en faveur d’une fiscalité « plus juste ».

Quand il lui est rappelé que c’est lui, premier ministre de Jacques Chirac, qui a créé le bouclier fiscal, il ne se démonte pas. Le bouclier fiscal qu’il a mis en place était à 60%. « En 2007, il a été porté à 50% en incluant CSG et CRDS », ce qui revient « à 38% », selon lui. « Entre les deux, il y a un monde », conclut-il en brocardant ce « cadeau fait aux riches », premier geste du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

« Si la politique qui est menée n’est pas changée, nous n’aurons pas de résultats et l’équipe qui mène cette politique devra rendre des comptes », estime-t-il, tout en considérant que « la question de l’élection présidentielle est prématurée ».

D’ici là, il y aura l’appel du procès Clearstream. Le ton se calme soudain: « Cette affaire ne m’a en rien gêné jusqu’à présent, je ne vois pas pourquoi elle me gênerait. »

Puis il retrouve le sourire et souligne que le procureur de la République Jean-Claude Marin et l’ancien conseiller justice de l’Élysée Patrick Houart font partie de la promotion de la Légion d’honneur. « Joyeuses Pâques », conclut-il.

Source: Jean-Baptiste Garat (Le Figaro)

Ecrire un Commentaire