Proche de Dominique de Villepin (il fut son ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche), le député-maire UMP de Vannes, François Goulard, appelle à suspendre le bouclier fiscal « le temps de la crise ».
Les Echos: Pourquoi faudrait-il retoucher le bouclier fiscal ?
François Goulard: Il y a des moments de la vie politique où on ne peut faire abstraction des circonstances. Des mesures qui sont bonnes lorsque l’économie est en régime de croisière, c’est-à-dire en croissance, ne le sont plus forcément en raison de la crise. Il faut bouger. Il faut sortir la CSG et la CRDS du calcul du bouclier fiscal et ramener son taux de 50 % à 60 % le temps de la crise. Un bouclier fiscal, oui, mais pas trop généreux. Dans sa forme actuelle, il apparaît comme un symbole d’iniquité et d’injustice : il permet à des hautes fortunes d’avoir une imposition très faible. Et il empêche tout prélèvement complémentaire qui viendrait toucher l’ensemble des Français, une perspective qui apparaît aujourd’hui fort probable. Je ne vois pas comment on pourra échapper à des majorations des prélèvements.
Pourquoi ne pas aller jusqu’à réclamer sa suppression ?
Je ne suis pas socialiste. Le bouclier fiscal, j’y suis favorable dans son principe. Je n’oublie pas que c’est Dominique de Villepin qui l’avait instauré. C’est un bon principe économique et la gauche a tort de réclamer sa suppression définitive. Le suspendre, oui, l’aménager, oui, mais le supprimer, non. Ce serait une erreur économique. Même s’il faut bien avouer que le bouclier fiscal n’a pas suffi à faire revenir en France l’argent des grandes fortunes qui s’étaient expatriées, l’excès de fiscalité est négatif sur le plan économique.
Politiquement, l’exécutif peut-il reculer sur un principe « fondateur » de sa politique ?
L’erreur a été de le présenter comme fondateur. La loi Tepa n’est pas une loi fondatrice, ce n’est même pas une grande réforme fiscale. En présentant comme essentiels des textes qui n’avaient rien de fondateur, en survendant ses réformes, Nicolas Sarkozy s’est mis dans une impasse. Il a lui-même placé le piège dans lequel il est pris.
Source: Propos recueillis par Pierre-Alain Furbury pour Les Echos