Dominique de Villepin rencontrait, mercredi soir, des élus et des représentants d’association des quartiers d’Île-de-France, au Café de la Place, situé dans le 18ème arrondissement de Paris.
Rencontre avec des élus et acteurs associatifs des quartiers
envoyé par clubvillepin
Sécurité, intégration, éducation… Dominique de Villepin a appelé les élus et les jeunes présents autour de lui à s’engager « pour faire bouger les choses ». « Nous devons tirer les leçons de ce qui a été fait depuis trente ans et qui n’a pas marché », a-t-il souligné, considérant « la question sociale » comme « centrale ».
Interrogé en marge de cette rencontre sur le débat autour du bouclier fiscal, l’ancien Premier Ministre a souligné que sa suspension relève du « bon sens » afin de permettre une meilleure répartition des efforts, rappelant que le bouclier fiscal créé en 2006 sous son gouvernement était plafonné à 60% et que depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, le plafond a été abaissé à 39%.
« Ils ont intégré la CSG et la CRDS ce qui fait un bouclier fiscal à 39% : entre 60% qui était l’idée initiale et 39%, il y a un décalage immense », a déploré Dominique de Villepin.
La rencontre avec les élus et les associations d’Île-de-France
Ils étaient une cinquantaine de jeunes à s’être donné rendez-vous au « café de la Place » dans le 18e pour dialoguer avec l’ancien Premier ministre sur les banquettes d’un café, entouré d’un parterre de journalistes.
Selon plusieurs témoignages, l’ex-ministre de l’Intérieur disposerait d’une cote de sympathie chez certains jeunes issus de l’immigration pour s’être opposé à la guerre en Irak en février 2003 à l’ONU. « Alors que les musulmans étaient montrés du doigt, son discours a beaucoup touché les gens d’origine maghrébine », a expliqué à l’AFP l’un des participants.
« J’ai eu le sentiment de porter les valeurs de la France », a fait valoir Dominique de Villepin.
S’ensuit un dialogue de deux heures avec des jeunes qui interrogent le candidat virtuel à la présidentielle sur ses idées pour la banlieue.
« Nous devons tirer les leçons de ce qui a été fait depuis trente ans et qui n’a pas marché », dit-il en dénonçant « un pouvoir enfermé dans ses certitudes (…) qui pensait pouvoir régler les problèmes à coup de millions en regardant vers le bas ». « Il faut travailler sur la confiance, le partenariat avec les élus, les associations », a plaidé l’ex-Premier ministre.
Dénonçant « la stigmatisation » d’un débat « équivoque » sur l’identité nationale, il dit considérer « la question sociale » comme « centrale » citant notamment le fort chômage des jeunes en banlieue et la mauvaise desserte des quartiers en transport public.
« Il faut inventer des leviers pour accélérer le développement économique des quartier », dit-il en proposant de consacrer les rez-de-chaussée d’immeuble à l’accueil d’activités économiques. Il suggère également d’associer les petites entreprises locales aux appels d’offre sur le développement des quartiers et défend un meilleur accès aux services publics, notamment en matière d’orientation. Il propose également des pôles emplois capables d’apporter une réponse adaptée aux jeunes des banlieues.
En matière de sécurité, M. de Villepin explique ne pas vouloir faire d’idéologie et propose d’associer la vidéosurveillance, prônée par la droite, à la police de proximité, chère à la gauche.
Défendant l’égalité des chances par l’éducation, M. de Villepin s’est en revanche déclaré hostile à la politique des quotas : « Je ne crois pas aux élus, aux citoyens à plusieurs vitesses ». Il s’est également dit contre le vote des étrangers.
Sur le bouclier fiscal
La suspension du bouclier fiscal relève du « bon sens » afin de permettre une meilleure répartition des efforts, a déclaré Dominique de Villepin, abondant ainsi dans le sens de la gauche et d’une partie de la majorité: « C’est le bon sens. Les Français, à un moment où on demande plus d’efforts à chacun, sont en droit d’avoir une juste répartition des efforts », a-t-il dit. « Une juste répartition des efforts, ça veut dire que tout le monde y contribue et que personne n’échappe à cette règle et à cette exigence », a-t-il ajouté devant la presse.
Le bouclier fiscal a été institué en 2006 sous son gouvernement, avec un plafond à 60%. Repris par Nicolas Sarkozy, qui en avait fait une promesse électorale, le dispositif en vigueur actuellement limite à 50% des revenus les impôts dus par un particulier et intègre la CSG et la CRDS, ce qui en fait un bouclier fiscal à 39%. « Entre 60%, taux initial et 39%, il y a un décalage immense », a souligné Dominique de Villepin.
Au lendemain de la défaite de la droite aux élections régionales, de nombreuses voix se sont élevées dans la majorité pour demander la suspension de cette mesure ou son aménagement.
« C’est ce que souhaitent tous les Français, c’est ce que souhaite aujourd’hui la majorité et je m’en félicite, comme quoi de temps en temps cela vaut la peine de persévérer », a dit Dominique de Villepin. « Comment dans une période de crise solliciter l’appui des Français sans organiser une juste répartition des efforts. C’est bien parce que l’effort sera juste qu’on mobilisera tous les citoyens », a expliqué M. de Villepin.
« Faisons en sorte que des gestes forts soient faits concernant les plus aisés par exemple en prévoyant une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu à 45%, en ayant une taxation exceptionnelle parce qu’il s’agit en temps de crise de faire face à une période exceptionnelle et qu’il faut que ceux qui doivent donner l’exemple, donne l’exemple », a-t-il ajouté.
Le débat organisé par le Club Villepin, essentiellement consacré aux problèmes des quartiers défavorisés, coïncidait avec une rencontre entre Nicolas Sarkozy et les parlementaires à l’Elysée. Un « hasard », a assuré l’ancien Premier ministre.
« Il y a toujours d’autres rendez-vous et il y a des rendez-vous qui sont importants, et en particulier ceux qui vous permettent de répondre à des inquiétudes et c’est le cas ce soir », a-t-il dit.
Candidat potentiel à la présidence de la République en 2012, Dominique de Villepin s’est prononcé contre l’organisation de primaires à l’UMP, comme l’a suggéré le secrétaire général du parti présidentiel, Xavier Bertrand. « Ce n’est pas le sujet », a-t-il dit. « Moi, je suis d’une tradition politique qui est celle du gaullisme, qui affirme la responsabilité de ceux qui s’engagent et le choix des Français. C’est pour moi la seule véritable démocratie et la seule véritable exigence en matière politique », a-t-il souligné.
Dominique de Villepin, qui doit créer en juin son propre mouvement politique, s’est aussi prononcé pour des réformes institutionnelles. « Nous sommes dans une impasse institutionnelle, si nous voulons retrouver la voie de l’équilibre et de l’efficacité il faut avancer d’une autre façon. Dans tous ces domaines, il faut changer de politique », a-t-il dit.
Sources: Agence France Presse, Reuters et EPA