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Le mouvement politique de Dominique de Villepin devrait être lancé le samedi 19 juin

Dominique de Villepin devrait faire, ce jeudi, un pas supplémentaire vers 2012. De retour d’un déplacement de quinze jours en Chine, l’ancien premier ministre a convié les journalistes au Press Club à Paris pour tirer les enseignements des élections régionales et annoncer la création d’un mouvement politique. L’opération ne se fera qu’en juin prochain, mais qu’importe, l’ancien premier ministre estime que le scrutin régional lui ouvre un boulevard pour appeler à la refondation politique à droite.

L’échec de la stratégie d’union voulue par le président de la République dès le premier tour, l’effondrement du MoDem, l’abstention massive sont autant de sujets d’espérance pour celui qui rêve d’incarner une alternative à Nicolas Sarkozy. Les Français, selon lui, ont exprimé dans les urnes une inquiétude globale à laquelle ne répondent plus les formations politiques.

Les principales déclarations de Dominique de Villepin lors de sa conférence de presse seront en ligne sur ce blog jeudi après-midi…

Alors que Nicolas Sarkozy a insisté dans son allocution diffusée mercredi, après le conseil des ministres, sur la poursuite des réformes, son adversaire veut insister sur l’absence de lisibilité de la politique du chef de l’Etat. « La réforme pour la réforme sans lisibilité et sans pédagogie est condamnée », explique l’un de ses lieutenants.

Le parti de M. de Villepin prendra naissance le 19 juin, au lendemain du soixante-dixième anniversaire de l’appel du général de Gaulle. Une date symbolique pour celui qui se revendique du gaullisme. L’ancien premier ministre devrait utiliser les structures de Courage République, un parti qu’il avait lancé en toute discrétion en novembre 2006 quand il était à Matignon et qui sommeillait depuis. Son objectif : se doter en vue de l’élection présidentielle de 2012 d’une organisation capable de mener campagne.

Juridiquement son Club Villepin, association loi de 1901, créé en juillet 2009, permettait de recevoir des dons de personnes morales et donc d’entreprises. Le nouveau parti permettra, lui, de collecter des dons de particuliers. « On ne peut pas faire une campagne présidentielle sans parti, sans argent, ni statut », explique Jacques Le Guen, député du Finistère. « C’est une nécessité juridique et financière », ajoute Brigitte Girardin, la présidente du Club. Dans un premier temps, M. de Villepin avait pensé transformer directement son association en parti, mais des questions juridiques et financières l’en ont dissuadé.

Présent sur la quasi-totalité du territoire, le Club Villepin compterait, selon Jean-Pierre Grand 15 000 adhérents. « Notamment beaucoup de maires », assure le député de l’Hérault.

Le nouveau parti villepiniste se veut totalement indépendant de l’UMP. « Il s’agira d’un rassemblement qui dépasse les clivages politiques. Nous ne nous abriterons pas sous l’UMP, nous nous inscrivons dans une démarche gaulliste. Ce ne sera ni une machine anti-UMP ni antisarkozyste, mais un mouvement au service des Français », assure Brigitte Girardin, pour rectifier les rumeurs qui plaçaient cette nouvelle formation politique dans l’orbite du parti majoritaire.

L’opération a été quelque peu gâchée. Même si les proches de Dominique de Villepin tentent d’en diminuer la portée, l’entrée de Georges Tron, l’un des fidèles lieutenants, au gouvernement est une mauvaise nouvelle. Le cercle des élus villepinistes se comptait déjà sur les doigts d’une main, une poignée de grognards qui, chaque mardi, envahissent la Salle des quatre colonnes de l’Assemblée nationale pour entretenir la flamme et servir aux médias ce qu’il faut d’acidité sur la politique de Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Grand, François Goulard, Marie-Anne Montchamp, Jacques Le Guen, Hervé Mariton, Daniel Garrigue, Guy Geoffroy, se relaient.

« Nous sommes peu d’élus, mais Dominique de Villepin ne cherche pas à recruter au Parlement, relativise Jean-Pierre Grand. Ce qu’il vise, c’est le métro de Paris et non les élus. Nous ne sommes pas dans une politique à l’ancienne. » Brigitte Girardin ajoute : « Georges Tron a pris une décision personnelle. Depuis le mois de septembre, il voulait entrer au gouvernement. C’est un balladurien, ce n’est pas un pilier du villepinisme. » Un tout petit caillou dans la chaussure de M. de Villepin.

Source: Sophie Landrin (Le Monde)

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