Le second tour confirme la défaite de la droite esquissée dès le premier tour. La gauche obtiendrait 59 % des suffrages dans six régions métropolitaines où elle affrontait la droite en duel, selon l’institut TNS-Sofres/Logica. Dans douze régions théâtres d’une triangulaire avec le Front national, le PS et ses alliés obtiendraient 49 %, contre 33,5 % à la droite et 17,5 % au Front national.
Après cette lourde défaite de l’UMP aux régionales, Dominique de Villepin devrait annoncer jeudi la création « d’un mouvement au service des Français », a indiqué dimanche soir l’entourage de l’ancien Premier ministre.
Dominique de Villepin « va parler jeudi de l’avenir. Il va prendre une initiative », a affirmé à l’AFP la présidente de Club Villepin, Brigitte Girardin, interrogée par l’AFP. « Il devrait annoncer la création d’un mouvement au service des Français », a renchéri un proche de M. Villepin, sans donner plus de détails.
En Chine depuis une dizaine jours, Dominique de Villepin devrait rentrer en France ce lundi. Il a prévu de tenir une conférence de presse jeudi pour exposer sa « vision de l’avenir ». Un autre de ses proches a assuré à l’AFP qu’il pourrait à cette occasion faire part de sa volonté d’élaborer « une autre politique », une « alternative » à ce qui existe.
Selon un sondage CSA/Le Parisien-Aujourd’hui en France-Europe 1 (réalisé par téléphone le 21 mars 2010 sur un échantillon de 2004 personnes âgées de 18 ans et plus), les Français placent Dominique de Villepin en tête de leurs candidats favoris pour représenter l’UMP à l’élection présidentielle de 2012. Avec 16% des résultats exprimés, il devance Nicolas Sarkozy (14%) et François Fillon (13%).
L’annonce était attendue, elle n’en est pas moins symbolique des difficultés qui s’ouvrent pour la droite : Dominique de Villepin annonce dimanche soir qu’il compte fonder un « mouvement au service des Français ». Il devrait annoncer plus formellement jeudi le nom et la tonalité de ce nouveau parti.
L’échec de l’UMP aux régionales signe la fin de la stratégie de liste unique et de parti unique de la droite républicaine, voulue par Nicolas Sarkozy. Si elle avait fonctionnée pour les européennes, cette approche unitaire a cette fois joué un rôle contre-productif en obligeant les électeurs de droite déçus ou critiques à l’égard du sarkozysme à se réfugier dans l’abstention ou le vote FN.
Ce revers électoral a servi certains élus UMP de sensibilités plus gaullistes ou plus centristes que le parti et qui ne pouvaient, jusqu’ici, les exprimer. Dès l’entre-deux-tours, Hervé Morin a ainsi annoncé qu’il comptait lui aussi faire du Nouveau Centre un parti plus autonome. Hervé de Charette lui a emboîté le pas en expliquant, dans Le Monde, que « la France a besoin du centre. La droite est orpheline du centre. L’enjeu de l’après-régionales, c’est la reconstitution de la force politique du centre, qui, avec son originalité et son indépendance, doit apporter sa contribution propre au relèvement du pays ».
Le retour de la sensibilité gaulliste
Dominique de Villepin est mû par d’autres mobiles, dont l’inimitié tenace qu’il voue à Nicolas Sarkozy depuis des années, mais aussi la volonté de reconstituer une droite plus gaulliste, avec une composante sociale plus forte. Il n’est pas le seul. Les « chiraquiens », comme le jeune député de l’Aube François Baroin, relèvent la tête et osent exprimer la nécessité de retrouver cette fibre qui fit l’originalité de la droite française.
A ce titre, un sondage CSA pour Europe 1 devrait aider l’ancien premier ministre dans ses ambitions. Selon cette enquête, réalisée dimanche, 54% des Français attendent de Nicolas Sarkozy qu’il « adopte un style plus présidentiel ». Et pour appuyer cette désaffection pour l’image du chef de l’Etat, celui-ci n’arrive qu’en troisième position comme candidat préféré des Français pour représenter l’UMP en 2012. Seuls 14 % des sondés lui accordent leur préférence, plus que François Fillon, qui obtient 13 %, et surtout moins que… Dominique de Villepin, en tête avec 16 %.
Une chose paraît en tous cas certaine : l’UMP peut se préparer à de longs et intenses débats internes d’ici à 2012.
Source: Samuel Laurent (Le Monde)
La réaction de Marie-Anne Montchamp
« L’exécutif aujourd’hui est dans une impasse », a estimé dimanche soir la député UMP Marie-Anne Montchamp, proche de Dominique de Villepin, à l’issue du second tour des élections régionales.
L’ancienne secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées sous Jean-Pierre Raffarin a estimé sur France-Info qu’il « est dans une impasse car il est beaucoup trop éloigné des préoccupations de nos compatriotes. Il a fait fausse route en agitant des dossiers qui ont semé le trouble et ont contribué à faire vivre le Front national », tels que « la sécurité, l’identité nationale ».
Pour Mme Montchamp, « il faut passer à l’heure de la refondation politique ». « Je crois que l’exécutif doit prendre véritablement la mesure de ce qui s’est produit », a-t-elle souligné, estimant que « des hommes et des femmes capables de porter un mouvement, capables de porter une véritable alternative doivent effectivement s’exprimer, doivent donner des caps nouveaux ».
Ainsi, Dominique de Villepin a, selon elle, « la capacité et la stature à incarner cette alternative » et est « capable de faire vivre ces valeurs républicaines et gaullistes dont nous avons terriblement besoin ».
Concernant l’annonce de la fondation d’un mouvement politique qui devrait être faite par Dominique de Villepin jeudi, Marie-Anne Montchamp évoque « un mouvement » de nature à « donner aux Français des raisons d’espérer »: « C’est vrai que la gauche a gagné, que la droite est défaite, mais est-ce que les Français ont des raisons d’espérer? ».
Madame Montchamp a souhaité « ne pas en rester au niveau politicien de l’organisation de futures alliances mais de retrouver des fondamentaux ». « Il faut véritablement se pencher sur une refondation à droite, parce que si nous en restons simplement au changement de casting, nos électeurs ne s’y retrouveront pas et 2012 pourrait être un peu la copie conforme de 2010″, a-t-elle prévenu.
La réaction de Jean-Pierre Grand
Pour le député villepiniste Jean-Pierre Grand, le « message du peuple français » au soir du second tour des élections régionales est « clair » et il s’adresse au « président de la République et à lui seul ».
La réaction de Nicolas Dupont-Aignan
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République (DLR), a estimé aujourd’hui que la « droite républicaine doit changer » après avoir subi une « déroute », jugeant qu’il n’est plus question que Nicolas Sarkozy soit à sa tête en vue de 2012.
« A défaite historique, sursaut historique ! Ce soir, l’UMP a subi une défaite historique. Le message populaire est clair : les Français ont dit non au sark-autisme ! », écrit le député DLR dans un communiqué.
Selon l’élu gaulliste, les électeurs « ont sanctionné un triple échec: l’échec d’un président partisan, l’échec d’une politique gouvernementale contraire aux engagements de la campagne présidentielle, l’échec de la stratégie du parti unique qui refuse toute diversité à droite ».
« Par conséquent », poursuit le député de l’Essonne, « la question de savoir si le président de la République peut encore conduire sa famille politique à la victoire en 2012 ne se pose même plus ».
« La droite républicaine n’a plus le choix : il lui faut renouveler ses hommes, ses structures, ses méthodes et ses idées, sous peine d’être durablement marginalisée dans le paysage politique français », dit-il estimant qu’il y a « urgence à préparer une alternative politique : un autre président pour une autre politique ».