Plutôt discrets depuis le revers subi par la droite au premier tour des élections régionales, les partisans de Dominique de Villepin critiquent désormais ouvertement la stratégie de Nicolas Sarkozy et de l’UMP.
Contrairement à l’ancien Premier ministre Alain Juppé, qui a estimé que la droite devait s’interroger sur le rythme des réformes et la désaffection des électeurs, le dernier chef de gouvernement de Jacques Chirac est pour l’instant resté coi. Après son passage hyper-médiatisé au Salon de l’Agriculture mi-février, celui qui se pose en alternative à Nicolas Sarkozy à droite est parti en Chine, où il alterne rencontres et conférences, avant un bref passage en Russie.
Son retour est prévu au lendemain du deuxième tour et il livrera son analyse du scrutin et sa stratégie pour la suite lors d’une conférence de presse à Paris jeudi prochain, après avoir fait le point avec ses proches. Mais ces derniers ont déjà livré son analyse.
Le résultat du premier tour, où le Parti socialiste a nettement devancé l’UMP, « pour lui, ce n’est pas une surprise », explique l’un d’eux, le député Georges Tron, qui a eu l’ancien Premier ministre au téléphone mardi. « Il considère qu’il faut donner un cap et une espérance, que ça, c’est mobilisateur », a-t-il dit. Pour l’heure, dans les réunions publiques, les proches de Dominique de Villepin « font le boulot sans état d’âme » dans l’espoir d’endiguer la « vague rose » annoncée.
« Nous n’avons pas à rajouter trop de critiques mais on ne peut pas nier que nos électeurs ont envoyé un message de distance vis-à-vis de la majorité », a déclaré à Jean-Pierre Grand, qui coordonne le « Club Villepin ». La stratégie de l’UMP, le rythme des réformes, la suite du quinquennat, « c’est un débat qui s’ouvre dimanche soir à 20h00″ après le deuxième tour, explique le député de l’Hérault.
« On donne le sentiment que nous sommes sourds »
Même ton mobilisateur chez Hervé Mariton. « Il faut gagner les meilleur score dimanche. Le moment n’est ni à tirer des leçons, ni à en donner », estime le député de la Drôme. « Le moment est à faire la campagne, à dénoncer les failles béantes des majorités sortantes et à défendre intelligemment notre bilan. L’autocritique, ce n’est clairement pas le sujet de l’entre-deux-tours. Il faudra étudier très lucidement les choses après le second tour », ajoute-t-il.
François Fillon et les dirigeants de l’UMP ont renvoyé à l’après-scrutin toute autocritique. Pour un parlementaire villepiniste, ne rien changer entre les deux tours, « c’est la pire des stratégies ». « La majorité est à 25%, ça mérite quand même une réflexion », estime-t-il. « Ils prennent le risque que les abstentionnistes de droite ne reviennent pas voter au deuxième tour ou qu’ils votent mais en prenant un autre bulletin que le nôtre ».
Entre les deux tours, renchérit Georges Tron, « on se comporte comme si on avait dix points d’avance alors qu’il faudrait dire à notre électorat, qui nous a envoyé un message politique en s’abstenant, qu’on l’a entendu ». « On ne mobilise certainement pas en donnant le sentiment qu’on est sourd », ajoute le député de l’Essonne.
Jusqu’aux régionales, remarque-t-il, « on pouvait dire que c’était un troupeau de sept ou huit députés villepinistes qui râlait mais je constate qu’une grande partie de notre électorat râle désormais avec nous ». Pour un ministre, ces voix discordantes ne vont pas tarder à se taire. « Quand les élections législatives se rapprocheront, ils feront moins les malins. Les investitures, ça va vite venir », prévient-il.
Source: Midi Libre