L’abstention record pronostiquée par les sondages est bien au rendez-vous du premier tour des élections régionales: environ 52% des quelque 44,2 millions d’électeurs français n’ont pas voté dimanche, soit plus d’un sur deux, contre 39,16% au premier tour des régionales de 2004. Le taux d’abstention était de 51,84% à 20h30, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur basés sur 72,26% des résultats.
Le taux d’abstention enregistré dimanche s’inscrit dans une tendance à la hausse confirmée en juin dernier par les élections européennes, qui avaient été boudées par 59,37% des inscrits, après 57,21% en 2004, 53,24% en 1999 et 47,29% en 1994. Le record absolu en la matière reste détenu par le référendum pour le quinquennat de 2000, où 69,8% des électeurs ne s’étaient pas déplacés.
« La faible participation ne permet pas de tirer un enseignement national », a immédiatement analysé le Premier ministre François Fillon, relativisant la portée de ce scrutin de dimension régionale, comme l’avait fait avant lui le président Nicolas Sarkozy. Evoquant les abstentionnistes, au nombre « sans doute important », la Première secrétaire du PS Martine Aubry a quant à elle estimé qu’ils pouvaient « donner de la force à un vote d’espoir et à un vote de protection dimanche prochain en votant pour les listes de gauche ».
Les appels à la mobilisation lancés à gauche comme droite ces derniers jours n’y ont donc rien fait. En cette période de crise économique et de défiance à l’égard de la classe politique, la campagne des élections régionales n’a pas passionné les Français. Ce désintérêt peut s’expliquer par la difficulté qu’ont les électeurs à identifier les enjeux concrets du scrutin, mais aussi par une perception essentiellement administrative de l’institution régionale, considérée comme éloignée des préoccupations quotidiennes, à la différence de l’échelon municipal.
La campagne régionale, particulièrement atone, a en outre été parasitée par des affaires sans lien avec les dossiers régionaux, du dérapage verbal de l’ex-PS Georges Frêche, président sortant en Languedoc-Roussillon, sur la « tronche pas catholique de Laurent Fabius », aux fausses accusations d’élus UMP contre Ali Soumaré, tête de liste socialiste dans la Val d’Oise.
Conscients des dangers d’une abstention record, l’UMP et le PS ont tenté de remobiliser leurs troupes dans la dernière ligne droite, le premier pour limiter les dégâts d’un scrutin souvent défavorable à la majorité, le second pour mettre en garde l’électorat de gauche contre des sondages optimistes.
« J’appelle à la mobilisation et je dis à chaque électeur de la droite et du centre que chaque voix va compter pour que demain les régions accompagnent l’action du gouvernement », avait lancé M. Fillon. « J’attends une chose, c’est le vote des Français », avait à son tour affirmé Mme Aubry. « Il faut (…) leur dire que, si eux s’abstiennent, Nicolas Sarkozy ne s’abstiendra pas, lui, après le deuxième tour », avait averti la patronne du PS, brandissant la menace d’un « coup de bambou » après le 21 mars.
« La faible participation ne permet pas de tirer un enseignement national », a immédiatement analysé M. Fillon, relativisant la portée de ce scrutin de dimension régionale, comme l’avait fait avant lui le président Nicolas Sarkozy. Evoquant les abstentionnistes, au nombre « sans doute important », Mme Aubry a quant à elle estimé qu’ils pouvaient « donner de la force à un vote d’espoir et à un vote de protection dimanche prochain en votant pour les listes de gauche ».
Le parti présidentiel n’a pas réussi à s’imposer au premier tour, malgré sa stratégie de parti unique…
Une grosse claque. Alors qu’il espérait dépasser les 30% des voix au premier tour, l’UMP ne totalise que de 26% à 29% des voix au niveau national, selon les différents instituts de sondage à 20 heures. Pire, il resterait derrière le PS. (29,1% pour le PS contre 27,3% pour l’UMP selon Opinionway). Un résultat qui traduit non seulement la désaffection des électeurs de droite, mais surtout l’échec de la stratégie de parti unique imposé par Nicolas Sarkozy. Du coup, l’UMP insistait ce dimanche soir non pas sur sa défaite ou sur le score du PS, mais sur l’abstention. Il faut dire qu’avec 52,04% d’abstention selon le ministère de l’Intérieur, l’abstention est «vainqueur par KO» comme le dit l’UMP Laurent Wauquiez. C’est en tous cas le signe que les électeurs, désabusés, n’ont pas pris la peine de se déplacer.
Si les prévisions des sondeurs se confirment, le PS peut donc crier victoire en ce premier tour des régionales. D’autant plus qu’il dispose d’une réserve de voix aussi bien à gauche qu’au centre. Une victoire pour le PS et aussi pour sa secrétaire nationale Martine Aubry, qui va pouvoir faire oublier la façon dont elle est arrivée à la tête du PS et laver l’affront de la défaite aux européennes de l’an dernier: 16,45% des voix et seulement 30.000 voix d’avance sur Europe écologie.
Les socialistes et ses futurs alliés ont cependant peu de temps pour se mettre d’accord sur une liste commune et un programme: les listes pour le second tour doivent être déposer au plus tard mardi à 18 heures en préfecture.
Autre grand gagnant du scrutin: Europe écologie qui peut aussi sabler le champagne. Avec plus de 13% des voix, même si c’est moins que ses 16,28% des Européennes il y a un an, le mouvement devient la 3ème force politique française.
Le Front national a également tiré son épongle du jeu. Le parti frontiste passe allègrement la barre des 10% quand il était crédité ces derniers mois, au niveau national, de 9% des voix. Se score devrait permettre au FN de se maintenir dans des triangulaires dans la moitié des régions. Un maintien qui avait déjà coûté très cher à l’UMP lors des régionales de 2004.
Côté MoDem, l’heure est aussi à la désolation. Oscillant selon les instituts de sondage autour de la barre de 5% des voix, le parti de François Bayrou n’est même pas certain de pouvoir se qualifier pour le second tour.
Sources: Associated Press et 20 Minutes