Drôle d’anniversaire pour Azouz Begag. Il a eu 53 ans vendredi, mais la tête de liste MoDem en Rhône-Alpes n’était pas vraiment à la fête.
Jeudi, il a porté plainte pour diffamation : la presse locale annonçait le départ de plusieurs de ses colistiers, départ démenti par les principaux intéressés. Mais les blessures existent, tout comme les amertumes de centristes écartés des listes ou écœurés de ses méthodes. « Il est totalement mégalo, parano, cent pour cent incontrôlable et cent pour cent Villepin », se lamente un de ses colistiers.
« J’en prends plein la gueule, ça ne s’arrêtera pas, se désole Azouz Begag. Je vais devoir déjouer les stratégies macabres et suicidaires, et si je fais un mauvais score le 14 mars, les prédateurs diront: “on avait raison, il ne fallait pas le choisir”. » Et comme souvent, pour dire le fond de sa pensée, l’écrivain s’en sort par un jeu de mots: « Bayrou ne m’a pas assez aidé, il m’a dit “fédérez, fédérez”, je croyais qu’il parlait de tennis et de Federer! ».
Azouz Begag bouscule les codes de la politique. Il voudrait même les changer, mais il n’y parvient pas. « Je suis mal à l’aise dans les réunions entre gens bien, entre militants », dit-il. Begag ou les limites de la société civile en politique. « Dès la semaine prochaine, je vais aller avec mon tabouret là où sont les gens, je vais incarner la politique comme le font les conteurs. Les politiques sont des raconteurs, mais qu’ils aillent au pied des immeubles de Vaulx-en-Velin ou de Vénissieux parler de la baisse tendancielle des taux de profit! »
« Je suis sûr que Villepin sera candidat »
L’ancien ministre croit en son destin, il se rêve un jour maire de Lyon, mais en même temps il voit bien que la politique n’est pas son monde. Et quand on l’écoute développer ses axes de campagne, on saisit ses difficultés à se faire adouber : « Il ne faut pas cumuler les mandats et ne les renouveler qu’une fois. Je dis à tous ces politiques: “Vous avez trois mandats, gardez-en un et créez deux emplois.” ça va me créer un fonds d’inimitiés, mais ça suffit, ce décalage avec les gens qui gagnent 1.000 euros. Mon cousin Rachid, quand il a compris que j’allais être tête de liste régionale, il m’a dit “Ça gagne quoi ?”, je lui ai dit, “Dans les 3.000 euros”, il m’a répondu, “Je veux être candidat”. »
Begag assène ses vérités, et tant pis si le président du MoDem est député depuis plus de vingt ans, si certains des propres colistiers de Begag sont des « cumulards ». Son soutien à Dominique de Villepin inquiète dans les rangs centristes, mais Azouz Begag persiste: « On s’appelle souvent, j’étais content qu’il soit blanchi. Je suis sûr que Villepin sera candidat et ce ne serait pas le scandale de l’année 2012 de voir un candidat de cette envergure offrir aux UMPistes déroutés une alternative. » Les propos de Brice Hortefeux sur les « Auvergnats », ceux de Busserau sur les « harkis » comme les débats sur l’identité nationale, la burqa ou la présence d’une candidate voilée énervent cet antisarkozyste patenté. « C’est quoi la prochaine étape, l’interdiction de la barbe? Ça va déraper, prévient Begag. Cette élection, elle… », il s’arrête et se pince le nez.
Source: Cécile Amar (Le Journal du Dimanche)