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Mon procès Clearstream – retour sur une merveilleuse journée

Dans une vidéo mise en ligne jeudi soir par le Club Villepin, Dominique de Villepin a remercié « tous ceux qui, jour après jour, (lui) ont exprimé leur soutien ».

Invité au « 20 heures » de France 2, il a réaffirmé vouloir « proposer une alternative à cette politique qui, selon (lui), ne fonctionne pas », faisant référence au mandat de Nicolas Sarkozy. « le service public, la défense de l’intêret général sont des mots qui ont perdu de leur sens », a-t-il ajouté.


Jeudi 20h38 – Bruno Jeudy dans Le Figaro: Dominique de Villepin rêve d’une revanche politique en 2012

«Je suis heureux que cette affaire soit derrière vous. Cela nous permettra de nous revoir tranquillement.» Jacques Chirac a téléphoné le premier pour féliciter Dominique de Villepin qui fut son premier collaborateur à l’Élysée de 1995 à 2002 avant de devenir son ministre puis son dernier premier ministre. Dans son petit bureau d’avocat, situé près de l’Étoile à Paris, Dominique de Villepin est ému d’entendre, en toute liberté, la voix de celui qu’il appelle encore «Monsieur le président». Pendant plus de deux ans, la justice leur avait interdit d’avoir le moindre contact.

Cela fait à peine deux heures que le tribunal vient de le relaxer. Avant un rapide déjeuner en famille, l’ancien premier ministre est passé d’abord «embrasser» son père. Puis, il s’est enfermé avec quelques amis et anciens collaborateurs pour préparer son intervention dans le journal de 20 heures de France 2. S’il est ému, Dominique de Villepin affiche d’abord un énorme soulagement.

Le voilà donc blanchi. Complètement blanchi. Un scénario idéal qu’au fond il était presque le seul à envisager. «On n’imagine pas combien Dominique a souffert» , confie son ancien ministre François Baroin qui a dîné récemment avec lui.

«L’épreuve» a démarré au lendemain de sa sortie de Matignon avec la perquisition à son domicile. «Une humiliation», répète-t-il à tous ses proches qui le croisent à cette époque. Piqué au vif, Villepin comprend qu’il va devoir se battre dos au mur. On lui conseille de faire durer la procédure. Lui refuse et préfère «aller vite» au procès. Guerrier dans l’âme, il désigne publiquement sa cible : Nicolas Sarkozy. Il ne va cesser pendant deux ans de passer à la moulinette l’action et le style de son rival. Au point de devenir le premier de ses opposants. «Sarkozy a commis une lourde erreur psychologique. Il a transformé Villepin en animal blessé» , raconte un de ses anciens collaborateurs.

Sanglier blessé, Villepin provoque des dégâts. L’homme a le sens de la formule. Le premier, il a dénoncé «l’esprit de cour», thème que la gauche reprendra à son compte. Son objectif : pousser Sarkozy à la faute. Villepin considérera qu’il a atteint son but en entendant à la télévision le président évoquer les «coupables».

Arrivé au tribunal avec sa famille, Villepin en est ressorti jeudi de la même manière. Le sourire en plus et une déclaration en forme de candidature à la présidentielle de 2012 : «C’est vers l’avenir que je veux me tourner pour servir les Français et contribuer dans un esprit de rassemblement au redressement de la France», a-t-il dit, en saluant « le courage du tribunal». «Je n’ai aucune rancœur, aucune rancune. Je veux tourner la page», a-t-il affirmé .

Estimant avoir lavé son honneur devant le tribunal, Villepin veut maintenant reprendre sa place dans le champ politique. «Je ne suis pas mort !», confiait-il avant même son jugement à la journaliste Anna Cabana qui lui consacre un livre (Villepin, la verticale du fou chez Flammarion). Aujourd’hui, seule une petite poignée de fidèles l’entourent. Ses amis – Marie-Anne Montchamp et Jean-Pierre Grand en tête – évoquent ouvertement l’échéance de 2012. Le site Internet du club Villepin a connu, jeudi, une affluence sans précédent : «Mille connexions à la minute», assure un membre. Son programme de déplacements est prêt. Après les régionales, il tiendra un «grand meeting».

Villepin, le non-élu, ira-t-il jusqu’au bout ? «Ils sont irréconciliables», estime Georges Tron, député de l’Essonne et l’un des villepinistes les plus modérés. D’autres amis le poussent à aller au bout de son ambition.

Sarkozy contre Villepin. Villepin contre Sarkozy. Les villepinistes rêvent de ce match auquel ne croient pas les sarkozystes. «Villepin finira comme Marie-France Garaud en 1981», ironisait au début de l’année Patrick Devedjian dans une allusion à la candidature élyséenne de l’ex-collaboratrice de Jacques Chirac.

Une candidature Villepin est-elle crédible ? «Il aura un problème d’argent», pointait le chiraquien Jean-Louis Debré avant les fêtes. «On a les 500 signatures et l’argent. On a déjà un sondage qui, sans rien, nous donne 8%», se réjouit Jean-Pierre Grand. Avec la relaxe, Dominique de Villepin dispose d’un pouvoir de nuisance. Une donne nouvelle à droite. En 2007, Nicolas Sarkozy n’avait pas d’adversaire dans son camp. Il n’est pas certain qu’en 2012 Villepin ne se mette pas sur sa route.

Jeudi 20h15 – France 2: Dominique de Villepin, l’alternative

« J’ai le sentiment que la justice a été rendue », a déclaré Dominique de Villepin jeudi soir sur France 2.

« C’est une page que je veux tourner, je veux servir la France et les Français » a ajouté l’ancien Premier ministre, relaxé jeudi dans l »affaire Clearstream. « Je pourrais aujourd’hui me retourner contre ceux qui m’ont accusé dès le premier jour », mais « je ne le ferai pas ».

Il a aussi dit qu’il « n’imaginait » pas un appel du parquet.

Il a contredit les propos de Nicolas Sarkozy cités par David Pujadas et évoquant « la sévérité de certains attendus » du jugement »: « Ce n’est pas vrai, il n’a pas lu les attendus », », a-t-il martelé. « Ce sont cinq années d’épreuves. La page pour moi est tournée ». Interrogé sur les propos du porte-parole de l’UMP expliquant que « seuls les exécutants » de l’affaire Clearstream avaient « payé », M. de Villepin a dit qu’il ne « répondrai(t) pas à de telles attaques ». »Il faut lire et relire, écouter ce qu’a dit la justice: ce n’est pas une affaire politique », a-t-il insisté. « La politique, c’est aussi de reconnaître la vérité ».

« Je veux offrir une alternative à une politique » qui ne donne pas de résultats qu’il s’agisse de l’emploi, de la compétitivité de la France ou de la dette », a ajouté l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui a dit « se situer au-delà des clivages politiques traditionnels ». « Nous avons besoin d’autres idées, d’autres propositions et c’est sur ce terrain que je veux me situer. Nicolas Sarkozy mène une politique. J’estime, au sein de la majorité, qu’il y a d’autres réponses possibles », a-t-il précisé.

Prié de dire quelle serait sa réaction si le parquet décidait de faire appel de sa relaxe, Dominique de Villepin a répondu : « Le parquet, nous le savons tous, c’est la garde des Sceaux et c’est le président de la République. » « Donc, je n’imagine pas un instant qu’à travers une décision aussi claire, une décision qui ne laisse place à aucun doute… », a-t-il dit. Nicolas Sarkozy, partie civile au procès, qui l’accusait d’être l’instigateur du complot et parlait de « coupables », a renoncé à faire appel, mais seul le procureur, qu’il a sous son autorité indirecte, peut le faire, et ce, dans les dix jours.

Dominique de Villepin n’a pas voulu dire s’il considérait la voie libre pour se présenter à l’élection présidentielle de 2012. « La préoccupation qui est la mienne, ce n’est pas 2012, la préoccupation qui es
t la mienne, c’est 2010, c’est aujourd’hui, c’est les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, c’est la nécessité de savoir quelle est la meilleure politique à mener », a-t-il expliqué.

Je veux « offrir une alternative à une politique qui ne produit pas de résultat, qu’il s’agisse de l’emploi, de la compétitivité de la France ou de la dette. Je veux me situer au delà des clivages. »

« Nous avons besoin d’autres idées, d’autres propositions, et c’est sur ce terrain que je veux me poser », a-t-il ajouté, estimant « qu’au sein de la majorité, que sur l’échiquier politique, il y a d’autres réponses possibles ».

Dominique de Villepin a affirmé qu’il n’avait « jamais été un homme politique professionnel ». « J’ai été en politique pour défendre des convictions et on peut penser que ce sont ces convictions, cette détermination, cet engagement qui ont fait peur », a-t-il soutenu.

Il s’est également défini comme un « gaulliste » qui souhaite se « situer au-delà des clivages partisans traditionnels ». Il a dit avoir eu Jacques Chirac au téléphone jeudi après-midi, après sa relaxe dans l’affaire Clearstream. « C’est vrai que toutes ces années, le contact quotidien qui avait été le mien pendant vingt ans avec Jacques Chirac m’a manqué. Et c’était pour moi un grand plaisir que de pouvoir lui parler », a-t-il reconnu.

Jeudi 19h50 – Ouest France: La réaction de François Goulard.

« À titre personnel, je suis très heureux de cette relaxe. Cette épreuve a beaucoup marqué Dominique de Villepin. Il a vécu douloureusement cette période et ces accusations injustes. C’est un vrai soulagement.

« Pour les magistrats, il fallait oser ! En droit, j’en étais convaincu, il n’y avait aucun doute possible. Il n’y avait pas matière à condamnation.

« Ces trois juges ont eu du cran face à un parquet vindicatif et à une partie civile qui était quand même le chef de l’État. Ces magistrats sont indépendants.

« Politiquement, cette relaxe change la donne. C’est une vraie libération pour Dominique de Villepin et les Français. Ceux qui l’ont présenté comme un homme de machination ont menti.

« 2012 ? Il est encore trop tôt pour parler de la Présidentielle. Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy ont des points de désaccord importants. L’ancien premier ministre sera, maintenant, plus audible politiquement. »

Jeudi 19h43 – Nouvel Observateur: Me Herzog rumine…

« Le ou les commanditaires n’ont pas été condamnés » dans l’affaire Clearstream, a déploré jeudi l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, soulignant que seuls « deux lampistes ont été condamnés à des peines de prison lourdes et à des peines de prison ferme ».

Et ce alors « que ni l’un ni l’autre ne connaissent M. Nicolas Sarkozy, que ni l’un ni l’autre ne l’ont rencontré, et que (…) ni l’un ni l’autre n’auraient eu intérêt à faire figurer le nom patronymique de Nagy et Bocsa faussement sur des listings », a rappelé sur RTL le conseil du chef de l’Etat.

« Oui, il y a un complot et deux de ses auteurs sont condamnés », a noté Me Herzog. « Dans cette affaire, le ou les commanditaires n’ont pas été condamnés. La justice a dit qu’il n’y avait pas assez de preuves pour condamner Dominique de Villepin ».

Jeudi 19h41 – Agence France Presse: La réaction de François Baroin

L’ancien ministre chiraquien François Baroin a estimé aujourd’hui que « sur le plan politique, la voix de Dominique de Villepin sera plus entendue puisque son innocence a été proclamée par le tribunal ».

« Nicolas Sarkozy est une victime mais aujourd’hui, Dominique de Villepin, par cette décision qui l’innocente totalement, est une autre victime dans cette affaire, aussi spectaculaire qu’invraisemblable, qui a pollué l’ambiance de la fin de mandat de Jacques Chirac et du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy », a déclaré le député-maire UMP de Troyes.

« A titre personnel et sur le plan amical, je suis très heureux pour Dominique de Villepin, qui a quand même traversé plusieurs années comme un chemin de croix », a-t-il ajouté.

La relaxe de l’ancien premier ministre lui ouvre « un espace nouveau » sur le plan politique et « sa voix sera plus entendue puisque son innocence a été proclamée par le tribunal », selon lui.

C’est aussi « une occasion de tourner la page et de repartir sur de nouvelles bases » au sein de la majorité, et « celui qui peut engager le rassemblement, c’est le président de la République », a souligné François Baroin.

Jeudi 19h24 – La Tribune de Genève: Blanchi, Dominique de Villepin devient le cauchemar de Sarkozy

En acquittant Dominique de Villepin, le Tribunal correctionnel de Paris n’a pas fait de cadeau à Nicolas Sarkozy qui a soufflé ce jeudi ses 55 bougies. Le président français s’était porté partie civile contre son ancien collègue de gouvernement qu’il accusait d’avoir fait utiliser en justice des faux comptes bancaires de la société Clearstream, dans le but de le présenter comme un évadé fiscal. Une telle machination aurait été ourdie afin de ruiner les chances de Sarkozy de l’emporter à l’élection présidentielle de 2007.

Ce scénario a donc été déchiré par le président du tribunal Dominique Pauthe et ses deux juges assesseurs, Mmes Cécile Louis-Loyant et Marina Ingelman. Jeudi vers midi, ces magistrats ont acquitté (le terme utilisé en France est «relaxé») l’ancien premier ministre, le lavant ainsi de toutes les accusations retenues par le procureur. En résumé, les magistrats correctionnels n’ont trouvé dans le dossier aucune preuve démontrant que Villepin connaissait le caractère fallacieux des documents bancaires dont certains mettaient en cause Nicolas Sarkozy.

De même, les juges ne suivent pas le procureur Marin dans sa vertigineuse acrobatie juridique tendant à soutenir une «complicité de dénonciation calomnieuse par omission». En d’autres termes, Dominique de Villepin aurait dû avertir le juge d’instruction van Ruymbeke de la fausseté des documents. Les magistrats estiment, au contraire «qu’il  n’est pas démontré qu’une intervention de sa part (…) aurait pu faire obstacle à la poursuite des dites dénonciations».

Le tribunal a rédigé un scénario fort différent qui relève d’une aventure des Pieds Nickelés plus que du complot politique. Le premier rôle principal est tenu par l’informaticien Imad Lahoud, présenté par les juges comme «un menteur invétéré, un metteur en scène insatiable et un comploteur infatigable». Afin d’entrer dans les bonnes grâces de Jean-Louis Gergorin, alors vice-président du puissant groupe aéronautique EADS, l’informaticien lui a donné des documents contrefaits afin d’alimenter ses fantasmes de complot.

Lahoud est condamné à 3 ans de prison, (18 mois avec sursis, 18 ferme) et 40 000 euros d’amende. Nantis de ces documents qu’il savait faux, selon le tribunal, Gergorin a alerté Villepin et le juge van Ruymbeke. Pour les magistrats, le second rôle principal — Jean-Louis Gergorin — est doté «d’une personnalité particulièrement nuisible et inquiétante en raison d’une duplicité exceptionnelle». Le tribunal le condamne à trois ans de prison (15 mois ferme, 21 avec sursis) et 40 000 euros d’amende.

Le stagiaire d’une société d’audit qui a fourni à Lahoud et au journaliste-écrivain Denis Robert de vrais relevés de compte est condamné à 4 mois de prison avec sursis. Quant à Denis Robert, il bénéficie lui aussi d’un acquittement.

A la sortie, radieux, bronzé et vainqueur, Dominique de Villepin s’est avancé vers la forêt des micros et caméra
s pour annoncer: «Je veux servir les Français et contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la France».

Jeudi 19h21 – Nouvel Observateur: Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il dit qu’il ne fera pas appel?

Peu après avoir refusé de commenter le jugement rendu dans l’affaire Cleasrtream, Nicolas Sarkozy s’est fendu d’une déclaration : « Le tribunal a considéré que le rôle de M. Dominique de Villepin dans la manipulation ne pouvait pas être prouvé. J’en prends acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant ».

Le chef de l’Etat a ajouté que ce jugement lui donnait « satisfaction » et qu’il ne « ferai(t) pas appel de la décision du tribunal correctionnel ».

Pourquoi ajouter qu’il ne « fera pas appel » ? Nicolas Sarkozy est avocat de formation et il sait forcément qu’il n’a pas le droit d’interjeter appel au pénal. Cette déclaration a d’ailleurs été faite par communiqué, ce qui exclut toute précipitation et absence de réflexion face au sujet. L’hypothèse de l’ignorance écartée, cette phrase apparaît alors extrêmement sibylline.

Sans tomber dans l’étude psychanalytique de bas-étage, il est légitime de questionner le sens d’une telle déclaration.

Le chef de l’Etat, en affirmant qu’il ne ferait pas appel, voulait-il dire qu’il n’allait pas demander au Parquet de faire appel du jugement, et ce, malgré la relaxe de son meilleur ennemi Dominique de Villepin ? Garant de l’indépendance de la justice, le président de la République ne peut pas donner d’instructions au parquet. Aurait-il seulement envisagé une telle possibilité ?

Autre interprétation possible : Nicolas Sarkozy, en déclarant qu’il ne ferait appel bien qu’il n’en ait pas le droit, montre son acceptation du jugement. Sa « satisfaction » pour reprendre ses propres mots. Il tente de faire sortir du tour politique où il l’avait lui-même emmenée. Dès lors, un appel du parquet pourrait paraître dénué de toute influence politique. En apparence seulement. Car, un appel du parquet apparaîtrait évidemment comme un acharnement politique.

Le chef de l’Etat a toutefois souligné « la sévérité de certains attendus » concernant l’ex-Premier ministre. Une manière de souligner à demi-mots qu’il y a matière pour le parquet d’interjeter appel ?

Ou un nouveau lapsus, comme lorsqu’il a employé le mot « coupables » pour parler des prévenus ?

Jeudi 18h48 – La Croix: Quelles leçons judiciaires tirer de la relaxe de Dominique de Villepin ?

Alors que les avocats de l’ancien premier ministre avaient fustigé l’inégalité des armes existant entre leur client et le chef de l’État – partie civile au procès –, le jugement de jeudi 28 janvier renvoie l’image d’une justice indépendante du pouvoir exécutif. C’est en tout cas l’opinion de Denis Salas, Secrétaire général de l’Association française pour l’histoire de la justice.

« Trois enseignements peuvent être tirés du procès Clearstream. Il vient d’abord rappeler le décalage existant entre, d’un côté, les polémiques politiciennes et, de l’autre, le mode de règlement des contentieux judiciaires. Alors que Nicolas Sarkozy avait de manière hâtive ramené les prévenus au rang de “coupables” – et notamment Dominique de Villepin –, les juges du tribunal correctionnel de Paris se sont, eux, obligés à fonder en droit leur décision. Ils ont pris le temps de délibérer (plus de trois mois), ont tranché de manière collégiale à la majorité et ont ensuite amplement motivé leur jugement.

Il n’est qu’à voir la longueur et la précision de leurs attendus pour se convaincre du sérieux de cette décision. On est loin des querelles politiciennes et des stratégies médiatiques savamment élaborées de part et d’autre. C’est de ce type de jugement, fondé et argumenté pénalement, que l’ordre judiciaire tire toute sa légitimité.

Deuxième enseignement : la relaxe de Dominique de Villepin vient rappeler l’indépendance dont bénéficient les juges du siège. Autant le procureur (Jean-Claude Marin, en l’espèce) est hiérarchiquement dépendant du ministère de la justice et plus largement du pouvoir politique, autant les trois juges ayant eu à trancher le fond de l’affaire jouissent, eux, d’une vraie liberté. Leur jugement, en allant à l’encontre du réquisitoire du ministère public concernant Dominique de Villepin, en est sans doute la meilleure illustration.

Troisième leçon du procès Clearstream : le décalage entre les pièces collectées par les magistrats instructeurs et la relaxe finalement prononcée démontre le rôle décisif joué par l’audience. Les juges d’instruction et le procureur estimaient sans doute disposer de charges suffisantes pour pouvoir renvoyer Dominique de Villepin devant la justice. Reste qu’il faut toujours attendre l’audition des prévenus devant le tribunal pour véritablement évaluer leur culpabilité. C’est aussi et surtout à partir de ces éléments-là que le tribunal élabore sa propre opinion. »

Jeudi 18h46 – Le Point: La réaction de l’hyper-partie civile

Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il prenait acte du jugement dans le procès Clearstream, qui se solde notamment par la relaxe de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin . « Le tribunal a considéré que le rôle de Monsieur Dominique de Villepin dans la manipulation ne pouvait être prouvé. J’en prends acte, tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant », note-t-il dans un communiqué de presse diffusé par l’Élysée.

Le président de la République, faute d’une condamnation de celui qu’il avait lui-même élevé au rang de principal protagoniste dans cette affaire de manipulation de faux listings, préfère mettre un terme à un duel judiciaire à l’origine de remous à l’UMP et de railleries à gauche. Il déclare même qu’il ne fera « pas appel » du jugement. Un raccourci, puisque cette prérogative est interdite à la partie civile, sauf pour contester d’éventuels dommages et intérêts.

Le tribunal a « reconnu une manipulation grave  » et « en a tiré la conclusion que les auteurs de ladite manipulation devaient être sanctionnés par une peine de prison ferme, y compris pour l’un d’eux, qui n’avait pourtant pas d’antécédent judiciaire », a-t-il aussi relevé. « Le jugement me donne satisfaction, même si, ne connaissant personnellement aucun des condamnés, ne les ayant jamais rencontrés, je ne nourris à leur endroit aucun ressentiment, et je m’interroge encore sur leurs motivations », a poursuivi Nicolas Sarkozy. « Je m’étais constitué partie civile parce que je voulais que ces agissements soient portés à la connaissance des Français, qu’ils soient sanctionnés afin que nul n’ait la tentation de se livrer à l’avenir à de telles pratiques qui déshonorent la démocratie », a-t-il également déclaré.

Jeudi 18h22 – Le Point: Les phrases fortes du jugement Clearstream

Voici quelques phrases fortes, sélectionnées parmi les 326 pages du jugement Clearstream, rendu jeudi par le tribunal correctionnel de Paris.

1/ Concernant Dominique de Villepin :

« S’il n’est pas démontré de façon indubitable que le président de la République ait effectivement donné des instructions spécifiques à son ministre des Affaires étrangères, il est en revanche établi que ce dernier s’est à tout le moins prévalu devant Jean-Louis Gergorin et le général Rondot de propos du président » (Jacques Chirac, ndlr).

L’intervention de Dominique de Villepin lors du placement en garde à vue d’Imad Lahoud le 25 mars 2004 « reflète (son) état d’esprit à cette époque, à savoir son souci de ménager et de protéger une source s
usceptible de contribuer à la manifestation de la vérité relative à un réseau de corruption, pressentant l’avantage politique qu’il pourrait tirer de cette révélation, dans un contexte de rivalité notoire au sein du gouvernement ».

« Dominique de Villepin n’ayant eu aucune certitude jusqu’au 4 octobre 2004, quant à la fausseté des faits dénoncés par le corbeau, il n’est pas démontré qu’une intervention de sa part tant auprès du juge Van Ruymbeke que du procureur de la République de Paris aurait pu faire obstacle à la poursuite des dénonciations ».

« Il ne résulte pas de la persistance de relations étroites et anciennes entre Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin que celui-ci, fût-il ministre de la République, ait pu avoir un quelconque ascendant sur Jean-Louis Gergorin, le mettant en situation d’intervenir auprès de lui avec succès et prévenir ainsi la réitération par ce dernier du délit de dénonciation calomnieuse ».

2/ Concernant Jean-Louis Gergorin :

« L’expérience de Jean-Louis Gergorin dans l’activité de renseignement et ses responsabilités importantes au sein du groupe EADS devaient l’inciter, sinon à prendre ses distances vis-à-vis d’Imad Lahoud, du moins à s’assurer d’emblée et par tous moyens de la pertinence des informations qu’il lui fournissait ».

Il « n’a rien fait pour mettre un terme aux effets dévastateurs de la dénonciation dont il a été l’initiateur ».

« Jean-Louis Gergorin ne peut faire croire au tribunal que l’emballement, à défaut d’une naïveté impensable, lui aurait fait perdre ses plus élémentaires et anciennes règles de prudence ».

« Les excuses ou explications d’aveuglement de Jean-Louis Gergorin ne sont pas recevables tant l’instruction et les débats ont révélé sa particulière mauvaise foi et son exceptionnelle aptitude à retourner les situations en sa faveur ».

« Il a agi pour satisfaire des intérêts personnels sous couvert de la défense de ceux d’EADS et du groupe Lagardère et des impératifs de sécurité nationale ». « Il a été rapidement habité par une intention de nuire en partie sous l’influence pernicieuse et néfaste d’Imad Lahoud ».

Il « a su instrumentaliser les autorités ».

Il a été « seul à maîtriser le processus labyrinthique de la calomnie ». « Dès l’apparition des premières fuites médiatiques et des premiers remous dans la presse, il a fui ses responsabilités en abandonnant le bateau ivre de la calomnie, se disant lui-même victime de cette déferlante médiatique ».

« Jean-Louis Gergorin doit être considéré comme pleinement responsable de ses actes qui sont révélateurs d’une personnalité particulièrement nuisible et inquiétante en raison d’une duplicité exceptionnelle qu’il a manifestée dès les prémices des dénonciations jusqu’au terme des débats ».

3/ Concernant Imad Lahoud :

« Les innombrables déclarations contradictoires d’Imad Lahoud au cours de l’information font de lui un menteur invétéré, un metteur en scène insatiable et un comploteur infatigable. »

Jeudi 17h53 – Jean-Marie Pontaut dans L’Express: Les dessous judiciaires de la relaxe de Dominique de Villepin

Décryptage d’une décision favorable à l’ancien premier ministre au détriment de l’actuel président de la République.

Pour comprendre le jugement de relaxe qu’a obtenu Dominique de Villepin, il faut revenir aux accusations portées à l’encontre de l’ancien premier ministre de Jacques Chirac par la justice. Elles proviennent en fait de deux sources distinctes, d’une part, les juges, Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, qui ont mené l’instruction pour « dénonciation calmonieuse », d’autre part, le réquisitoire du parquet de Paris rédigé et prononcé à l’audience correctionnalle par le procureur Jean-Claude Marin.

L’enquête des juges

Les investigations des deux juges tendaient à mettre sérieusement en cause l’attitude de Dominique de Villepin. Selon leur enquête, dès que l’ancien premier ministre a été informé de l’existence des listings Clearstream, (documents mettant en cause des personnalités dont Nicolas Sarkozy), il aurait tout mis en oeuvre pour aider son ami Jean-Louis Gergorin, ex-vice-président d’EADS, à développer ses accusations. Pour cela, il se serait même prévalu d’un feu vert du président de la République, Jacques Chirac. Dans le même temps, Villepin a demandé au général Philippe Rondot d’enquêter secrètement sur cette affaire pour connaître la réalité de ces faits.

Les juges voulaient prouver que derrière ces décisions se cachait un but politique. Pour porter atteinte à Sarkozy alors candidat présumé à l’élection présidentielle de 2007, Villepin aurait encouragé en permanence Gergorin à divulguer des allégations, tout en sachant qu’elles étaient fausses. Il aurait même été jusqu’à lui donner l’ordre d’aller informer le juge Renaud Van Ruymbeke de cette affaire.

Or, le tribunal estime que rien ne prouve que l’ancien Premier ministre était au courant de la fausseté de ces listes. S’il relève que Dominique de Villepin s’est montré « réceptif et particulièrement intéressé » à ces soi-disant listings indiquant que Nicolas Sarkozy possèderait un compte à l’étranger, il n’a jamais eu, selon les juges, la preuve qu’ils étaient faux.

Tout au contraire, le tribunal relève les multiples hésitations et va-et-vient du général Rondot qui fait en permanence état de ses doutes. Finalement, ce n’est qu’en juillet, à l’issue d’un voyage en Suisse, et surtout en octobre, que le général dira clairement à Dominique de Villepin que cette affaire est un montage.

De la même façon, le tribunal met en doute les affirmations de Jean-Louis Gergorin. Il estime qu’il n’avance pas la preuve que Villepin lui ait demandé, comme il le prétend, d’avertir le juge Van Ruymbeke. Dans les attendus du jugement, le tribunal stipule que Gergorin a « instrumentalisé » Dominique de Villepin, ce qui est « le propre des jugements malveillants ».

Gergorin a également, toujours selon le tribunal, instrumentalisé la justice en la personne de Renaud Van Ruymbeke. Ce dernier, dans son enquête, a pu établir définitivement que ces listes étaient fausses. Donc, selon le tribunal, rien ne prouve que Dominique de Villepin ait -du moins d’une façon répréhensible pénalement- été complice d’une dénonciation calomnieuse.

Le réquisitoire du parquet

Le réquisitoire du parquet de Paris n’avait pas non plus retenu cette complicité de dénonciation calomnieuse « par instruction ». Il estimait à son tour que rien ne prouvait la complicité active de Dominique de Villepin à cette campagne de diffamation. Il avait donc abandonné cette partie des poursuites.

En revanche, le ministère public entendait prouver que Villepin était complice de cette diffamation « par abstention ». Ce qui signifie en clair, que si l’ancien Premier ministre n’avait pas participé à la campagne dans un premier temps, il aurait du, à partir du mois de juillet 2004, dénoncer ces faits à la justice. Il savait alors, selon le procureur de Paris, que ces listes étaient fauses. En sorte, on lui reproche de s’être tu.

La qualification pénale par absentention est extrêmement rare et très difficile à déterminer . Comment prouver que quelqu’un n’a pas fait quelque chose qu’il aurait dû faire ? L’accusation sous-entendait qu’à partir du mois de juillet 2004- alors que l’affaire sort dans la presse- Villepin savait que les faits étaient faux et qu’il avait la capacité, comme dit la justice, d’empêcher « la commission de l’infraction ». Là aussi, le tribunal estime que les éléments d’appréciation de Dominique de Villepin, n’étaient pas définitifs. Il s’appuie, pour relaxer l’anci
en Premier ministre, sur le fait que plusieurs notes de la DST font état des doutes du service de renseignement. Jusqu’en octobre 2004 encore, le service de contre-espionnage émet de sérieuses réserves sur cette affaire mais estime que c’est à la justice de démontrer sa fausseté. Par ailleurs, au mois de juillet, Dominique de Villepin aura pour la première fois un dialogue avec le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Elle aussi estime fortement qu’il s’agit de manipulations mais n’a pas de certitudes absolues.

De plus, dernière pierre dans le jardin des juges d’instruction et du parquet, le tribunal estime que la dénonciation à cette époque des faits frauduleux n’aurait eu aucune conséquence sur la suite de l’affaire. Les lettres anonymes, à l’origine de la dénonciation, étaient parvenues à Renaud Van Ruymbeke en avril.

C’est en réponse à ces deux arguments juridiques que le tribunal relaxe Dominique de Villepin.

Reste à savoir ce que va faire le parquet. Le procureur Jean-Claude Marin dispose de dix jours pour faire appel de la décision concernant la relaxe de Villepin. S’il tranchait en faveur de l’appel, il ouvrirait la voie à une nouvelle audience devant la cour d’appel d’ici un an. Option à haut risque : si la seconde juridiction confirmait la relaxe du tribunal, ce serait un camouflet de plus pour le parquet de Paris, pour les deux juges d’instruction et évidemment pour l’hôte de l’Elysée. Est-ce pour cela que Nicolas Sarkozy a fait savoir dès cet après-midi et en contravention avec le droit (une partie civile ne peut pas faire appel) qu’il ne souhaitait pas à titre personnel faire appel? Sur RTL, son avocat, Me Thierry Herzog, a spécifié dans la soirée que le président serait « absent d’un éventuel procès en appel », c’est-à-dire qu’il ne se constituerait pas partie civile.

Jeudi 17h20 – Blog de Michel Deléan, Le Journal du Dimanche: Pourquoi Nicolas Sarkozy a perdu

Il n’y a pas eu de croc de boucher. Blanchi dans l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin peut parader en habits de martyr, puis revêtir sa belle armure de héros et foncer vers une campagne présidentielle qui le galvanise. La guerre des droites aura-t-elle lieu ? Peut-être… Les leçons du jugement prononcé ce jeudi au Palais de Justice de Paris sont autres.

Les juges de la XI° chambre correctionnelle ont d’abord rappelé une évidence parfois oubliée : on ne peut condamner sans preuve. Certes, l’instruction et les débats ont montré que Villepin n’a pas dit toute la vérité au sujet de Clearstream. Oui, il a certainement laissé se dérouler une affaire qui pouvait – collatéralement – nuire à son rival Sarkozy. Mais comme l’a rappelé le président Dominique Pauthe, rien ne permet d’affirmer que Villepin a pris une part active au complot, qu’il ait su avec certitude que les listings étaient faux, ou même qu’il ait eu la possibilité de stopper la manip s’il l’avait voulu. Ce jugement ravit les avocats de l’ancien Premier ministre (Henri Leclerc, Olivier Metzner, Olivier d’Antin et Luc Brossolet) : selon eux, un éventuel procès en appel de Villepin serait quasiment gagné d’avance.

Ce que rappelle le jugement, c’est que l’affaire Clearstream est d’abord née de règlements de comptes paranoïaques dans les milieux de l’aéronautique. Des centaines de noms ont été rajoutés sur les listings trafiqués, pas seulement ceux de Nagy et Bocsa (le patronyme complet du Président est Sarkozy de Nagy-Bocsa). En somme, il peut s’agir d’une affaire Gergorin-Lahoud, certainement pas d’une affaire Villepin. L’autre leçon de ce jugement, c’est que le poids considérable mis dans la balance par Nicolas Sarkozy n’a pas opéré. Il faut savoir que la haine de Nicolas Sarkozy tient au fait qu’il est persuadé que Villepin animait un « cabinet noir » chiraquien voué à lui nuire. Outre Cleastream, il tient cette équipe pour responsable des rumeurs colportées sur son couple à l’époque où il était marié à Cécilia. Arrive Clearstream. Ivre de rage, Sarkozy promet le fameux « croc de boucher » à Villepin. Il porte plainte en tant que ministre de l’Intérieur, puis exige de nouvelles poursuites pour « faux », tout en mettant une certaine pression sur la hiérarchie policière pour pousser les feux de l’enquête. Elu président de la République, Nicolas Sarkozy ne renonce pas pour autant à sa constitution de partie civile, envoyant au contraire son avocat et ami Thierry Herzog le représenter haut et fort au procès. Comme si cela ne suffisait pas, le Président parle des « coupables » alors que les débats suivent leur cours…

Au final, la relaxe de Villepin ne peut que résonner comme un véritable camouflet pour Nicolas Sarkozy. Jeudi après-midi, dans un communiqué, le président de la République a « pris acte » de la relaxe de Villepin, en relevant « la sévérité de certains attendus » concernant l’ex-Premier ministre, et a annoncé qu’il ne ferait « pas appel ». Un communiqué stupéfiant : Nicolas Sarkozy, partie civile, n’a de toute façon pas le droit d’interjeter appel au pénal, ce droit étant réservé aux seuls prévenus et au parquet…

Le parquet de Paris, qui penchait pour faire appel du jugement avant le communiqué de l’Elysée, devrait bientôt s’exprimer sur cette affaire épineuse. Mais au moment où le projet de réforme de la justice vise à donner plus de poids à un parquet soumis au pouvoir exécutif, on peut considérer que le jugement de l’affaire Clearstream est aussi une victoire des juges chargés de dire le droit.

Jeudi 17h16 – Agence France Presse: Le triomphe modeste des villepinistes

Les députés UMP villepinistes affichaient jeudi un triomphe modeste après la relaxe de leur mentor dans l’affaire Clearstream, même s’ils voient plus que jamais en Dominique de Villepin celui qui doit construire une « alternative » à Nicolas Sarkozy en 2012.

C’est un moment de soulagement. Au-delà, je pense qu’il faut que l’événement soit vécu comme une opportunité, pour la majorité, de tourner la page d’une mauvaise histoire », a aussitôt réagi Hervé Mariton dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Jouer l’apaisement et surtout pas de triomphalisme avaient été les mots d’ordre passés, en début de semaine, lors de la réunion des villepinistes autour de l’ex-Premier ministre.

« Essayons de construire quelque chose de plus intelligent que ce qu’on a fait ces dernières semaines (…) J’émets le souhait que cette page torturée de la vie politique française soit refermée » car ce n’était « bon » ni « pour l’image des institutions ni pour le climat dans la majorité », a renchéri Georges Tron.

Mais si officiellement, on veut « jeter la rancune à la rivière » – une formule chère à Valéry Giscard d’Estaing qui n’a pour autant jamais pardonné à Jacques Chirac après la « trahison » de 1981- les villepinistes ne sont pas près d’oublier « l’acharnement » de l’Elysée dans cette affaire.

« Il faut saluer le courage des juges qui ont fait fi des pressions », a noté François Goulard. Ils « ont montré que la justice pouvait faire preuve d’un véritable esprit d’indépendance », acquiesce Jacques Le Guen.

Et si les députés sarkozystes rasaient les murs, le soulagement et la joie -discrète- étaient de mise dans le camp villepiniste, les bouteilles de champagne circulant dans les couloirs du Palais-Bourbon.

Tous se tournent désormais vers l’après-procès et en particulier la présidentielle de 2012, avec la transformation envisagée du Club Villepin en parti politique.

« Ce n’est qu’un obstacle franchi sur une route qui sera longue. Nous avons peu de moyens, nous aurons des attaques… », a lancé M. Goulard. « L’homme d’Etat Dominique de Villepin peut désormais totalement se consacrer au service de la Fran
ce en rassemblant les Français autour d?un projet de société (…) plus juste et plus humain », a réagi Jean-Pierre Grand.

« Villepin a un rôle considérable à jouer dans notre pays, dans la construction d’un pôle gaulliste et républicain », ajoute l’ex-UMP Daniel Garrigue, désormais député « d’opposition ». « Maintenant, nous allons faire de la politique et construire cette alternative » pour « 2012″, prévient même Marie-Anne Montchamp.

Les villepinistes ironisent aussi sur la « bonne nouvelle » tombée le jour des 55 ans de Nicolas Sarkozy. « Ah, au fait, bon anniversaire, monsieur le président ! » a claironné l’un d’eux.

Jeudi 17h04 – Le Parisien: Objectif 2012 pour Dominique de Villepin

Une victoire judiciaire mais aussi une victoire politique. La relaxe de Dominique de Villepin dans le procès Clearstream, où Nicolas Sarkozy s’était constitué partie civile, lui ouvre la voie pour la présidentielle de 2012.

Dès le départ, Dominique de Villepin «a eu l’habileté de politiser cette affaire judiciaire à un moment où les Français s’interrogeaient sur l’exercice de la fonction présidentielle», explique le politologue Stéphane Rozes. Il poursuit : «Dorénavant son avenir politique s’éclaircit. En même temps, il est singulier, car il est le seul au sein de la majorité qui se situe explicitement comme une alternative politique à Nicolas Sarkozy» pour 2012. «Plus d’ailleurs sur la manière d’occuper la fonction présidentielle et la méthode de réforme, que sur le contenu», ajoute le politologue : pour l’heure Dominique de Villepin, «c’est d’abord un verbe, une image, qui en tout semble l’opposé de Nicolas Sarkzoy.»

Jamais été élu au suffrage universel, il s’appuie pour l’instant sur ses «amis» s’organisent autour de son club politique politique avec 8 000 adhérents revendiqués jusqu’ici en France et à l’étranger. Le réseau social qu’il a lancé sur clubvillepin.fr «ouvert à tous» pourrait prendre de l’ampleur. Ce jeudi après-midi, le site a explosé. «Il était totalement saturé avec plus de 1 000 connexions à la minute. Il est rétabli mais ça ne marche pas très bien. Le serveur ne peut plus tout absorber», a indiqué la présidente de Club Villepin, Brigitte Girardin, ancienne ministre de l’Outre-mer de Jacques Chirac.

A moyen terme, une antenne du club devrait s’ouvrir d’ici à l’été prochain dans chaque département. Un corpus de propositions alternatives devrait être conçu avant la fin de l’année, selon le site Mediapart. Brigitte Girardin compte aussi sur les dissensions au sein de l’UMP, une fois le combat des régionales terminé.

Pour le député villepiniste, Jean-Pierre Grand, l’ancien chef de la diplomatie française «est un homme d’Etat qui représente une alternative, il peut rassembler très largement, au-delà de son camp historique.» «Je vois l’accueil populaire qui lui est fait sur le terrain, j’entends les gens dirent Il fait président!», explique-t-il à Mediapart en faisant référence à son déplacement à Bondy, en Seine-Saint-Denis, le 19 janvier. D’autant que «Bayrou est devenu une composante de l’union de la gauche», poursuit-il, polémiste.

A gauche, le député socialiste Arnaud Montebourg qui s’est réjoui de la relaxe de l’ancien Premier ministre, a estimé que Dominique de Villepin était désormais «très bien placé pour proposer une autre solution à droite». «Des députés UMP de la majorité avec qui nous avons des relations cordiales disent tous les jours qu’ils ne peuvent plus accepter la façon dont la France est gouvernée», a-il expliqué.

Jeudi 16h42 – Scribd: L’intégralité du jugement

Le jugement du procès Clearstream en intégralité est à consulter en cliquant ici.

Jeudi 16h30 – Agence France Presse: « Une bonne nouvelle pour la République »

Le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca s’est réjoui jeudi de la relaxe de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream, la qualifiant de « bonne nouvelle pour la République » qui « ne pourra qu’assainir les relations au sein de la majorité présidentielle ».

« Il faut se réjouir que l’ancien Premier ministre de la France soit lavé de tous soupçons, ce qui ne pourra qu’assainir les relations au sein de la majorité présidentielle », note M. Luca dans un communiqué.

Jeudi 16h40 – Le Journal de Saône et Loire: « Un événement considérable pour notre pays »

Arnaud Montebourg a estimé jeudi que la relaxe de Dominique de Villepin était un « événement considérable pour notre pays » et que l’ancien Premier ministre était désormais « très bien placé pour proposer une autre solution à droite ».

« Le président de la République a, dans cette affaire, instrumentalisé la justice pour régler des comptes », a déclaré Arnaud Montebourg dans les couloirs de l’Assemblée.

« Il vient d’être violemment démenti par un juge indépendant et son tribunal.C’est la preuve que Sarkozy a utilisé la justice pour éliminer un rival politique », a-t-il dit.

« Cette leçon devra être entendue par le pouvoir: le pouvoir exécutif ne doit pas mettre ses pattes sales dans le fonctionnement quotidien de la justice.Le président n’a rien à faire dans les procès, il n’est pas une partie dans la justice, il est le garant de la justice ».

Le député de Saône-et-Loire a par ailleurs estimé que Dominique de Villepin était « très bien placé pour proposer une autre solution à droite » après « les persécutions que le pouvoir lui a fait subir ».

« Des députés UMP de la majorité avec qui nous avons des relations cordiales disent tous les jours qu’ils ne peuvent plus accepter la façon dont la France est gouvernée.Une perspective s’ouvre pour une autre solution à droite; c’est un événement considérable pour notre pays », a-t-il ajouté.

Jeudi 16h15 – Le Point TV: La réaction de Jean-Pierre Grand

Jeudi 16h15 – Le Point TV: La réaction d’Hervé Mariton

Jeudi 15h53 – Profession Politique: La réaction de Georges Tron

Pour le député Georges Tron, proche de Dominique de Villepin, si la relaxe de ce dernier ne doit pas avoir de conséquences politiques, elle doit quand même forcer la majorité à changer « son organisation ».

Profession Politique: Comme réagissez-vous à la relaxe de Dominique de Villepin dans le procès Clearstream ?

Georges Tron: Je suis très heureux pour Dominique de Villepin, qui a été injustement sali, et qui a été justement blanchi. C’est un événement, un moment de bonheur pour lui et ceux qui l’entourent, même si cela reste un fait mineur pour les Français, par rapport aux difficultés qu’ils vivent
au quotidien.

Quelles sont les conséquences politiques de ce jugement ?

Il ne faut pas faire d’extrapolation politique de ce jugement. Quand on se sert de la justice à des fins politiques, cela ne marche jamais. Mais nous (les villepinistes, ndlr) serons désormais attentifs à la place que l’on nous accordera au sein de la majorité, ainsi qu’à son organisation future.

C’est-à-dire ?

Nous ne voulons plus être ostracisés. Nous voulons que l’expression de Dominique de Villepin et de ses proches soit désormais mieux prise en compte au sein de la majorité.

Jeudi 15h19 – Le Journal du Dimanche: Une claque pour Nicolas Sarkozy

Cadeau au goût amer pour Nicolas Sarkozy le jour de son 55e anniversaire. La relaxe dans l’affaire Clearstream de Dominique de Villepin prononcée par le tribunal jeudi matin, sonne comme un véritable revers pour le chef de l’Etat.

Il suffisait de voir le visage fermé de Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, après l’énoncé du jugement, pour comprendre que le camp du président de la République encaissait le coup durement. L’avocat a d’ailleurs quitté rapidement, et sans un mot, le Palais de justice. Au même moment, à l’Elysée, Nicolas Sarkozy esquivait une question qui lui était posée et refusait de réagir à chaud.

« Attendons de connaître les éléments avant de les commenter », s’est-il d’abord contenté de déclarer en marge d’une conférence sur les déficits. Un communiqué officiel est tombé quelques minutes plus tard dans lequel Nicolas Sarkozy exprime sa « satisfaction » du jugement, estimant qu’une « manipulation grave » a été reconnue et que ses auteurs ont été sanctionnés.

Concernant la relaxe de Dominique de Villepin qu’il voulait jadis voir pendu à un « croc de boucher », le chef de l’Etat « prend acte tout en notant la sévérité de certains attendus le concernant » et indique qu’il ne fera « pas appel de la décision du Tribunal correctionnel ».

Pour le chef de l’Etat qui s’était porté partie civile « parce qu(‘il voulait) que ces agissements soient portés à la connaissance des Français », ce qui a été légitimé par le tribunal -une première-, l’issue de ce premier procès Clearstream est sans aucun doute une défaite politique sévère. Dans un lapsus qui avait fait couler beaucoup d’encre, Nicolas Sarkozy avait clairement indiqué le fond de sa pensée. Dominique de Villepin, « coupable », devait être condamné. Les juges en ont décidé autrement.

Pour Noël Mamère, ils ont même ainsi adressé un « bras d’honneur » au président de la République, soupçonné par certains d’avoir voulu instrumentaliser la justice. Quoi qu’il en soit de la réalité de cette instrumentalisation, Nicolas Sarkozy ne sort pas indemne de cette affaire aux yeux du grand public. Le procès Clearstream, présenté comme un procès politique par les défenseurs de Dominique de Villepin, a tourné en faveur de ces derniers. C’est une victoire judiciaire pour l’ancien Premier ministre. Ce sont également des points marqués sur le plan politique.

Politiquement, avec un Dominique de Villepin condamné, Nicolas Sarkozy aurait été conforté dans sa position d’unique leader crédible à droite dans l’optique de 2012. La relaxe de l’ancien Premier ministre replace incontestablement ce dernier sur l’échiquier. Il ne s’en cachait pas ces dernières semaines, il l’a confirmé jeudi matin, Dominique de Villepin entend désormais « servir la France et contribuer au redressement de la France ». Pour beaucoup, en premier lieu ses supporters, cela doit se traduire par des ambitions présidentielles. Reste pour cela à l’ancien bras droit de Jacques Chirac de montrer sa capacité à exploiter cette victoire judiciaire. Dans le duel Sarkozy-Villepin, un nouveau chapitre s’ouvre.

Jeudi 15h01 – Le Télégramme: La réaction de Jacques Le Guen

Jacques Le Guen a passé « une heure et demie » hier avec Dominique de Villepin pour « discuter des différentes possibilités du jugement ». Le député finistérien, fidèle partisan de l’ancien premier ministre, a appris ce midi la décision du tribunal.

« C’est un soulagement, une victoire de Villepin dans un combat qu’il a su mener de manière droite et franchement sans animosité. confiait-il en début d’après-midi. On ne peut être que satisfait de la décision des magistrats et les remercier pour le travail qu’ils ont effectués ».

Jeudi 14h47 – L’Express: Dominique de Villepin, et maintenant?

En attendant la décision du parquet de faire appel ou pas de la relaxe de Dominique de Villepin, ce dernier peut se projeter vers 2012. Entouré de ses fidèles, il affute sa stratégie.

Dix jours. C’est le temps dont dispose le Parquet pour faire appel de la relaxe prononcée à l’encontre de Dominique de Villepin ce jeudi 28 janvier par le tribunal correctionnel de Paris. Si Nicolas Sarkozy, partie civile dans l’affaire Clearstream, a annoncé ne pas vouloir faire appel (ce dont il n’avait de toute façon pas le droit, mis à part pour des dommages et intérêts), le procureur Jean-Claude Marin, qui avait requis 18 mois de prison avec sursis, suivra-t-il le même chemin?

La veille du jugement, les proches de l’ancien Premier ministre s’attendaient, en cas de relaxe, à un appel du Parquet. « L’Elysée voudra occuper l’espace médiatique du 20 heures jeudi soir et ne pas laisser Villepin apparaître comme le vainqueur du jour », anticipait le député du Morbihan, François Goulard. « DDV » sera en effet l’invité de David Pujadas ce jeudi au 20 heures de France 2.

Pour Nicolas Sarkozy, voir son ennemi rejugé en appel comporte un avantage – laisser Villepin mariner un an de plus dans l’incertitude judiciaire- et un inconvénient, majeur: lui offrir une nouvelle tribune pour développer ses accusations de justice politique. Une arme dont l’ancien Premier ministre a fait son miel depuis le début du procès en septembre 2009.

Quelle que soit la décision des magistrats, Dominique de Villepin, fort de cette victoire en première instance, peut désormais se projeter entièrement vers son but avoué: se présenter contre Sarkozy en 2012. « Cet accident judiciaire a déclenché dans l’opinion une demande pour le développement d’une alternative politique », explique Marie-Anne Montchamp, autre proche de Dominique de Villepin dont elle fut sécrétaire d’Etat. Mercredi, la députée de Val-de-Marne ajoutait: « Pour Villepin, ce jugement n’est ni une fin, ni un commencement. »

Depuis des mois, Dominique de Villepin ne manque pas une occasion de faire entendre sa différence, relayée par la dizaine de députés qui se réclament de lui. Sur la politique étrangère, bien sûr, lui qui fut en 2003 à la tribune des Nations unies le héraut de l’indépendance française vis-à-vis des Etats-Unis. « Les autres divergences avec le gouvernement actuel reposent sur deux blocs fondamentaux: la défense des valeurs républicaines et l’exigence de justice sociale », rappelle Brigitte Girardin, la présidente du Club Villepin.

Cheville ouvrière de la reconquête villepiniste, l’association revendique près de 8000 adhérents, dont 4000 inscrits sur le réseau social Villepincom et compte avoir un comité dans chaque département d’ici à l’été 2010. Pas vraiment de taille à lutter avec la machine sarkozyste.

Il n’empêche, son déplacement récent à Bondy a montré sa popularité, mêmes chez les plus défavorisés. Les Villepinistes prennent un malin plaisir à souligner l’engouement des Français d’origine maghrébine pour le natif de Rabat. « Lors d’une visite d’Eric Besson à la Courneuve pour un débat sur l’identité nationale, un participant avait rappelé ne s’être jamais senti aussi français que lors du di
scours de Dominique de Villepin à l’ONU en 2003″, avance Brigitte Girardin.

Le 15 février, l’ancien bras doit de Jacques Chirac à l’Elysée sera avec un autre fidèle, Jacques le Guen, dans le Finistère pour parler ruralité et excellence agricole. Un rythme de deux visites par mois est prévue.

A côté de cet investissement sur le terrain, huit groupes de travail sont à l’oeuvre, autour d’intellectuels comme l’historien Jean-Paul Bled. « Il s’agit de nourrir notre réflexion pour faire des propositions avant la fin de l’année, explique Brigitte Girardin. Ce club, c’est un travail de fond. »

A terme, le Club Villepin devrait troquer son statut d’association pour ceux de parti politique, seul capable de recevoir des financements pour une campagne. « Chaque chose en son temps, la question ne se posera que lorsqu’on partira en campagne », temporise la présidente du Club.

D’autant que pour les fidèles, il faudra alors choisir entre l’appartenance à l’UMP et le ralliement au parti villepiniste. Pour l’heure, le mouvement dirigé par Xavier Bertrand applique les consignes de l’Elysée, qui considère à juste titre Villepin comme une menace pour 2012: éviter l’affrontement en feignant l’indifférence. « A l’Assemblée, on ne nous manifeste pas d’hostilité particulière mais on nous écarte systématiquement des dossiers importants, remarque François Goulard. Jean-François Copé est assez habile pour n’être ni hostile ni complaisant. »

« Moi, je parle scrupuleusement de l’intérieur de la majorité, assure Marie-Anne Montchamp. Ceux qui se mettraient à nous combattre comme des hérétiques commettraient une faute caractérisée. »

Jeudi 14h28 – L’Express: La synthèse du jugement du procès Clearstream

C’est un jugement de 326 pages qu’a lu pendant deux heures dans une salle glaciale le président du tribunal, relayé par son assesseur, ce jeudi matin en épilogue de l’affaire Clearstream. Le jugement, rendu le jour de l’anniversaire de Nicolas Sarkozy, partie civile dans le procès, est le suivant:

Dominique de Villepin :

Relaxe pour l’ancien Premier ministre pour tous les chefs d’accusation. Du délit de complicité de dénonciation calomieuse, au recel. Au cours d’une lecture interminable des attendus, le tribunal a été tenté de requalifier les faits de complicité par abstention et non par instruction. « En ne faisant rien, DDV a-t-il permis à la dénonciation de continuer? », demande le président. « On vient de créer le délit de ne rien faire », a commenté Me Metzner, l’avocat de Villepin pendant la lecture des attendus. « Cette affaire est montée à l’envers. On part du mobile pour arriver aux faits. » Mais le tribunal n’aura finalement pas condamné Villepin. A la lecture du jugement, on applaudit dans la grande salle. A sa sortie, l’ex-Premier ministre est ovationné par ses fans et se lance dans un discours.

Une peine de 18 mois de prison avec sursis et une amende de 45.000 euros avait été requises à l’encontre de l’ancien Premier ministre, soupçonné de « complicité par abstention de dénonciation calomnieuse » pour ne pas avoir prévenu Nicolas Sarkozy que son nom figurait sur de faux listings de comptes à l’étranger.

Jean-Louis Gergorin :

Au cours d’une lecture très sévère des attendus contre lui, il est décrit comme « de mauvaise foi », « pas crédible »: « Gergorin n’a rien fait pour arrêter la dénonciation dont il était l’auteur ». Il est déclaré coupable du délit de dénonciation calomnieuse. Il a été relaxé pour le délit de faux mais coupable d’usage de faux et de recel.

Peine: 3 ans dont 21 mois avec sursis, amende de 40000 euros. Le procureur avait requis le 20 octobre 2009 3 ans de prison, dont la moitié ferme. Il fait appel.

Imad Lahoud :

Il a fourni « une aide déterminante » au délit de dénonciation calomnieuse, établit le jugement. Le falsificateur des listings c’est lui. Il est déclaré coupable de complicité de dénonciation calomnieuse.

Peine: 3 ans dont 18 mois avec sursis, 40000 euros d’amende. Le procureur de Paris avait requis deux ans de prison dont 18 mois ferme. Il fait appel.

Florian Bourges:

Il est reconnu coupable du délit d’abus de confiance.

Peine: 4 mois de prison avec sursis.

Le journaliste Denis Robert est relaxé.

Alors que Thierry Herzog, l’avocat du Président a quitté le palais de justice sans un mot, Dominique de Villepin est ovationné par ses partisans.

Jeudi 14h25 – Exprimeo: Dominique de Villepin et le devoir d’éthique

La relaxe de Dominique de Villepin lui crée davantage de devoirs que de droits. Parmi les devoirs figurent le besoin d’éthique et l’exigence de nouvelle gouvernance publique. Ce sont là ses deux prochains rendez-vous majeurs.

D’abord, cette décision doit être respectée. La Justice vient de démontrer un esprit d’indépendance qui l’honore. Il eût été souhaitable qu’il en fut de même dans d’autres circonstances. Il serait utile qu’il en soit ainsi dans d’autres occasions.

Si la décision avait été la sanction, les cris sur la « justice aux ordres » auraient été nombreux. Ce qui compte c’est l’assurance d’une décision prise pour de seules considérations de droit. Sur ces considérations de droit, l’assurance d’une relaxe était solide dans le temps. Ce temps a été court et il est bon qu’il en soit ainsi.

L’essentiel s’ouvre maintenant.

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Jeudi 14h08 – Raphaëlle Bacqué dans Le Monde: Villepin-Sarkozy, le jour d’après

Il est passé par tous les stades. L’angoisse face aux rumeurs qui n’ont pas cessé depuis la fin du procès Clearstream : « Sarkozy veut me déchiqueter ! » L’orgueil insensé parce que, dans la rue, dix personnes l’avaient applaudi : « Cela ne changera rien à mon avenir politique ! » L’humiliation aussi, au souvenir de sa femme Marie-Laure prenant le bras d’un ami en suppliant : « Je vous en prie, sortez-le de là ! »

Mardi 26 janvier, lorsqu’il a fallu préparer ses mots avec ses avocats, Dominique de Villepin a soigneusement tout pesé. La relaxe. La condamnation. L’entre-deux. Le mercredi, il a laissé décanter. Puis il a prévenu ses supporters qu’il enjamberait son jugement, jeudi 28 janvier, pour ne penser aussitôt qu’au jour d’après : « Quoi qu’il arrive, je continue. Je n’ai pas le choix. »

A l’Elysée, on a connu pendant des mois les mêmes montagnes russes. A la Toussaint, l’avocat du chef de l’Etat, Thierry Herzog, avait croisé à La Baule l’un des quatre défenseurs de Villepin, Luc Brossolet. Après un café, ils ont avoué la même certitude : « C’est cinquante/cinquante. » Les amis du chef de l’Etat ont donc alterné les humeurs. Cru à coup sûr que Villepin serait condamné, comme un cadeau offert à Nicolas Sarkozy le jour de ses 55 ans : « Bon anniversaire, mister président ! » Imaginé avec inquiétude une relaxe dont ils rendaient déjà responsable le procureur Jean-Claude Marin autant que le président du tribunal, Dominique Pauthe. Ils ont fini par se rassurer en évoquant le jour d’après : « Villepin ? C’est du bruit médiatique, assure Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée. Il n’a pas de parti, pas d’argent, pratiquement pas de parlementaires. Personne ne le suivra ! »

Ce lendemain domine tout, tant, au fond, l’affrontement entre les deux hommes est devenu boursouflé, irrationnel et parfois même ridicule. Une affaire de mots et de poses. Mais qui peut avoir de l’impact. Même s’il ne reste à Dominique de Villepin que son verbe, celui-ci pe
ut faire perdre à Nicolas Sarkozy les quelques points nécessaires, à droite, pour une éventuelle réélection.

Pour le reste, les troupes sont minces. L’été 2099, lorsque l’ancien premier ministre a demandé à Brigitte Girardin de monter des clubs en son nom, les premiers supporters se sont réunis pendant des mois dans une cave voûtée, certes classée, mais humide et sombre, du quartier du Marais. La première réunion publique, le 27 octobre 2009, a été lancée à l’économie. 10 000 euros pour louer la Maison de l’Amérique latine, un éclairage catastrophique et 1 300 fans, dont une douzaine de parlementaires. Depuis un mois, les Clubs Villepin ont trouvé refuge dans un petit appartement de la place Henri-Bergson tout près de l’église Saint-Augustin, au cœur de Paris. Mais les bienfaiteurs sont encore rares. Suspendus jusqu’ici au jugement Clearstream.

Villepin lui-même est hésitant. Son métier d’avocat-conseil auprès de quelques entreprises comme Veolia ou du gouvernement bulgare, ses conférences à l’étranger lui rapportent de quoi vivre confortablement et rémunérer ses avocats. Lors du procès, il a déclaré 29 000 euros d’honoraires par mois. Le coût global de sa défense est évalué autour de 70 000 euros. Mais, dans ces tâches-là, il n’a pas le sentiment d’exister. Il a cependant décidé de prendre ses propres bureaux dans un hôtel particulier et d’abandonner ceux prêtés par son ami, l’avocat d’affaires Serge-Antoine Tchekhoff, avenue Foch. Il a passé ses vacances de Noël à Gstaad, où se trouvaient certains de ses clients.

Il reste pour autant profondément ambivalent sur les rituels de la bourgeoisie. Les amis qu’il a dans les milieux littéraires ou artistiques n’ont jamais cru qu’il puisse s’abîmer dans un milieu politique qu’il méprise. Les quelques élus qui lui sont fidèles, eux, ont compris le contraire. François Goulard raconte volontiers que lorsqu’il a affirmé en souriant à Villepin : « Je suis certain que tu seras candidat en 2012. Et tout aussi certain que s’il n’y avait pas eu le procès, tu ne l’aurais pas été », Villepin a souri franchement : « Tu as tout compris. » Devant la journaliste Anna Cabana, qui l’a vu régulièrement ces derniers mois pour écrire son livre La Verticale du fou (Flammarion), il a éructé : « Je ne suis pas mort ! » avant de se comparer à un « chef de réseau entre 1940 et 1944″. Nicolas Sarkozy, quoi qu’il en soit, prend au sérieux sa capacité de nuisance médiatique. Politiquement, il le sait dépouillé de presque tout. Dans les Clubs Villepin, on évite de parler par téléphone, convaincu d’être écouté par des oreilles indiscrètes. Mais il n’est pas rare que les réunions prennent l’allure d’une amicale où chacun raconte le blocage supposé de sa carrière par les sarkozystes.

Brigitte Girardin, ancienne ministre de l’outre-mer et présidente des Clubs, affirme ainsi que la seule proposition qui lui a été faite, « contre les usages du milieu politique », souligne-t-elle, a été sa réintégration au Quai d’Orsay à son indice de début de carrière. Au ministère des DOM-TOM, sur le mur où sont exposées les photos des anciens ministres, elle certifie que son portrait a été enlevé.

Le conseiller d’Etat Philippe Mettoux, ex-conseiller justice à Matignon sous Villepin et coordinateur de sa défense dans Clearstream, a vu à deux reprises ses propositions de rejoindre une entreprise privée s’évanouir en fumée, du fait, jure-t-il, de sa proximité avec l’ancien premier ministre. L’historien Benoît Yvert, ami cher et ancien directeur du livre au ministère de la culture, se souvient encore de la visite d’Emmanuelle Mignon, alors conseillère du président de la République, chargée de le sonder sur une éventuelle promotion en même temps que sur la persistance de son amitié pour Villepin.

Le député du Finistère, Jacques Le Guen, a été écarté de la tête de liste aux régionales en Bretagne au profit de Bernadette Malgorn, ex-secrétaire générale du ministère de l’intérieur. Marie-Anne Montchamp, députée du Val-de-Marne, a vu sa circonscription disparaître dans le redécoupage électoral. Et Jean-Pierre Grand, député de l’Hérault, assure que les sarkozystes ont juré d’avoir sa peau aux législatives de 2012. Dominique de Villepin lui-même fustige « les médias du groupe Lagardère ou TF1, qui mènent campagne dans une stratégie faite pour (l’)éliminer ».

Cela pourrait suffire à dissuader n’importe qui. Mais voilà, répètent Nicolas Sarkozy et ses amis, « Villepin est fou » ! Dans leur esprit, cela suppose qu’il ne convient pas seulement de le gérer en stratège rationnel, les yeux braqués sur ses maigres troupes. Combien de fois ont-ils explosé devant des journalistes qui persistaient à interroger l’ancien premier ministre : « Evidemment, vous le trouvez beau ! » Comme s’il s’agissait d’abord de contrer une image… Ou un style.

Villepin a des audaces qui n’appartiennent qu’à lui seul et une détermination effectivement au-delà de la raison. Imprévisible, en un mot. L’Elysée a longtemps cru que la perspective du jugement Clearstream paralyserait sa parole publique. Erreur psychologique. « Il n’a demandé l’avis de personne pour repartir en politique », reconnaît Philippe Mettoux. Et s’est vite autodésigné comme « le meilleur opposant au président ».

Face à la justice, il n’a cessé de souligner volontairement ce qu’il considère comme des humiliations inutiles. Soumis à un contrôle judiciaire qui lui interdit de rencontrer Jacques Chirac, il a croisé celui-ci à plusieurs reprises. La dernière fois, quai Malaquais, leurs voitures se sont retrouvées côte à côte. Les chauffeurs ont pilé net. L’ancien président et son ancien premier ministre sont sortis pour s’embrasser sous les yeux des badauds prenant des photos. Dans l’heure, Dominique de Villepin a appelé ses juges pour souligner lui-même son infraction à la règle qui lui avait été imposée.

Luc Brossolet, Olivier d’Antin, Olivier Metzner et Henri Leclerc, les avocats de l’ancien premier ministre, ont appris à connaître son caractère. Ils en sourient parfois lorsque Me d’Antin se lance dans une imitation parfaite de leur client. Combien de fois ont-ils vu Dominique de Villepin se lever d’un jet, remonter sa ceinture comme on ajuste une armure et partir dans une diatribe : « Je vais leur dire qui est vraiment Nicolas Sarkozy, je vais leur dire qui est ce type ! » Souvent, ils ont pensé alors : « On court vers l’abîme ! » Puis Dominique de Villepin se rasseyait en souriant: « C’était juste un test… » Depuis, ils ont abandonné l’idée de lui donner le moindre conseil sur sa conduite politique. Il ne le suivrait pas.

Jusqu’à la dernière minute, ils n’ont pas su si Villepin ferait appel en cas de condamnation. Quelques jours avant le jugement, l’ancien premier ministre assurait, vaguement las : « Il n’y a pas de fatalité à se laisser guider par la haine ou à persévérer dans la bêtise. » Avant de prévoir avec ses amis politiques, comme si de rien n’était, un déplacement dans le Finistère, le 15 février. Lorsqu’on lui demande s’il fera tout pour contrer Nicolas Sarkozy en 2012, il assure : « Je n’ai pas le goût de l’Apocalypse. » Dans la minute qui suit, le voilà remonté sur ses grands chevaux : « Je ne suis pas intimidable ! Je ne céderai rien ! » Avant de soupirer ces quelques mots, qui signent son contentement d’être le seul partenaire valable d’un duel présidentiel : « Le vrai problème de Sarkozy, au fond, c’est qu’il m’aime trop… »

Jeudi 13h58 – Associated Press: « Un jugement d’une clarté remarquable »

Me Olivier Metzner, défenseur de Dominique de Villepin, s’est réjoui jeudi d’un « jugement qu’une clarté remarquable » dans le procès Clearstream, qui montre que l’ancien Premier ministre était « de bonne foi ».

Selon l’avocat, la relaxe de l’ancien Premier ministre met fin « à une campagn
e de dénigrement qui a duré trop longtemps et parfois sous la voix d’une des plus hautes autorités de l’Etat français », a-t-il dit, sans citer le président Nicolas Sarkozy.

Me Metzner a dit se réjouir que « justice ait été rendue, que justice ait été faite après des années au cours desquelles on a bafoué l’innocence de Dominique de Villepin. Elle est aujourd’hui reconnue dans des conditions tout à fait incontestables, c’est-à-dire par le tribunal qui (…) a retenu qu’aucun élément n’existait contre Dominique de Villepin ni sur le plan matériel ni sur le plan moral. Non seulement il est de bonne foi, mais il n’a matériellement commis aucune infraction ».

L’avocat a estimé que « le jugement est d’une clarté remarquable et il est intéressant de montrer aujourd’hui que la justice a voulu être indépendante, à l’abri de toute pression et elles ont été nombreuses dans ce dossier ».

Jeudi 13h58 – Un SMS d’un proche de Dominique de Villepin: « Merci »

« (…) Merci à toi d’avoir été avec nous dans cette épreuve. (…) ».

J’offre ces remerciements à tous les lecteurs fidèles du blog 2villepin. Ils les méritent tout autant que moi.

Jeudi 13h55 – Challenges: La réaction de Me Olivier Metzner

Jeudi 13h17 – Le Monde: Les réactions de Guy Geoffroy et Nicolas Dupont-Aignan

Guy Geoffroy (UMP, villepiniste): « L’essentiel est là. Il fallait que la justice passe, la justice est passée. Je suis très heureux pour Dominique de Villepin et je pense qu’avec cette décision, la majorité doit trouver des moyens nouveaux et supplémentaires pour parler de l’avenir ».

Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonnne, président de Debout la République (DLR), sur Public Sénat : « c’est une victoire de l’indépendance de la justice » et « un camouflet pour ceux qui avaient voulu instrumentaliser ce procès et en faire un procès politique ». Si Dominique de Villepin « avait été condamné, ça n’aurait pas été un handicap, contrairement à ce qu’on croit » pour la présidentielle de 2012, a-t-il jugé. « Mais il est vrai que ça simplifie la tâche de Dominique de Villepin, qui n’aura pas en permanence à se justifier de quelque chose. Ça simplifie son avenir ».

Jeudi 13h14 – Le Monde: « Se tourner vers l’avenir pour servir les Français »

Dominique de Villepin a salué, jeudi, juste après avoir eu connaissance de sa relaxe dans le procès Clearstream, le « courage » du tribunal correctionnel de Paris. Dans une courte déclaration à la presse à sa sortie de la salle d’audience, l’ancien premier ministre a expliqué qu’il souhaitait désormais se « tourner vers l’avenir pour servir les Français ».

« Après plusieurs années d’épreuve, mon innocence a été reconnue », s’est réjoui M. de Villepin, qui était accusé de complicité de dénonciation calomnieuse.

« Je salue le courage du tribunal, qui a su faire triompher la justice et le droit sur la politique. Je suis fier d’être le citoyen d’un pays, la France, où l’esprit d’indépendance reste vivant. Je n’ai aucune rancœur, aucune rancune », a-t-il dit devant les caméras.

« J’ai été blessé par l’image que l’on a voulu donner de la politique, de l’engagement qui a été le mien pendant trente ans, et c’est vers l’avenir que je veux me tourner pour servir les Français et contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la France », a ajouté l’ex-chef de gouvernement, qui depuis quelques mois ne cache plus ses ambitions présidentielles pour 2012.

Jeudi 13h – France 2: Le 13 heures de France 2

Jeudi 12h30 – Un appel de mon ami Denis: « Il est relaxé ! »

« Il est relaxé. C’est émouvant », me dit l’auteur du feuilleton Le nouveau président.

Jeudi 12h27 – Un SMS de mon ami Léo: « Yees ! »

Dominique de Villepin est relaxé.

Jeudi 11h42 – Le Journal du Dimanche: La lecture du jugement se poursuit

Le tribunal correctionnel de Paris déclare régulière la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy. Dans leur jugement de l’affaire, les magistrats ont repoussé la demande de l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, qui demandait l’invalidation de cette constitution de partie civile, au motif que le président a autorité sur une partie de la magistrature et bénéficie d’une immunité pénale.

Florian Bourges a été reconnu coupable d’abus de confiance pour avoir remis à Imad Lahoud les listings Clearstream qu’il savait pourtant confidentiels.

Le journaliste Denis Robert a été relaxé par le tribunal qui a suivi les requisitions du procureur de Paris. Il avait mené l’enquête sur de prétendues pratiques douteuses au sein de la multinationale.

L’ancien diplomate Jean-Louis Gergorin a été déclaré coupable de dénonciation calomnieuse, diffamation, délit de recel et abus de confiance. Il a en revanche été relaxé de l’accusation de « délit de faux ». L’ancien vice-président d’EADS avait été accusé d’avoir transmis des fichiers falsifiés à la justice.

Imad Lahoud a été déclaré coupable de complicité de dénonciation calomnieuse. Les peines des prévenus sont prononcées à la fin de l’énoncé du jugement.

Jeudi 11h15 – Challenges: « Les valeurs qu’il défend sont les miennes »

Jeudi 10h30 – I-Télé: Dominique de Villepin arrive au Tribunal

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